Après la longue phase de poules, les qualifications des uns et relégations des autres étant connues, voici donc venue l’heure des matches couperets. Ces matchs qui feront les larmes de joie ou de déception, nos récits d’épopées ou de fiascos sportifs, ces quatre-vingt minutes de rêve ou de désillusions, de grandeurs ou de décadences. C’est donc sur les bords du Tarn, que Bressols et Sète s’affrontaient pour une place au soleil (vue la météo, c’était déjà gagné de ce côté-là). Bressols ayant mieux terminé la phase de brassage (3ème) par rapport aux Héraultais (4ème), avait l’avantage du terrain. Certes, sur le papier, les Tarn-et-Garonnais partaient avec ce petit ballottage moral favorable, mais on sait que ce n’est pas toujours un gage de qualification. Les Sétois débarquaient avec des canines longues comme ça, à tracer des sillons sur la pelouse du Stade Municipal bressolais, surtout après avoir résisté au retour en force de Bédarieux pour se qualifier en barrages. Ils débarquaient aussi avec une réputation assez sulfureuse. Une réputation qui, malheureusement, s’est vérifiée… (résumé et photos par Wildon)
Dès l’entame de match, les premières tensions se font jour. Sur le premier regroupement, l’arbitre doit déjà calmer certaines ardeurs, notamment la morsure d’un Sétois sur un avant-bras bressolais (!). Le ton est donné et il ne variera pas de tout le match. C’est surtout l’homme en noir (en bleu pour la circonstance) qui va avoir beaucoup de travail pour éviter que la rencontre ne dégénère un peu trop vite en pugilat sportif plutôt qu’en match de rugby. Si l’on en revient au jeu, c’est Bressols qui ouvre rapidement la marque d’un très beau drop-goal d’Adrien Laplace (2e, 3-0).
L’ouverture du score est suivie par l’ouverture de…la boîte à gifle. Mais aussi des coups bas avec le sentiment que les Héraultais confondent défi physique et provocations. L’arbitre a du boulot donc : après avoir distribué deux cartons jaunes à Moutet (Bressols) et Michel (Sète), il aura appelé quatre fois les deux capitaines avant le quart d’heure de jeu pour leur demander de raisonner les coéquipiers (15e). Puis une cinquième fois (18e) et une sixième fois avant la demi-heure de jeu. Et c’est là que nous avons cessé de compter ces rappels à l’ordre, l’arbitre, pédagogue, ne cessant jamais d’expliquer ses décisions après consultation de ses assistants, et de vouloir maîtriser les ardeurs offensives des uns et des autres. D’où un jeu haché en permanence et de nombreuses minutes passées en palabres et provocations verbales. Sans réel effet positif avec ce plaquage à vide monumental sur Pace (Sète) suivi d’un coup de poing vengeur sur Constantin (Bressols). Deux nouveaux cartons jaunes sont distribués simultanément pour le même Constantin et Duchein, de Sète (18e).
Et le rugby dans tout ceci ? Une pénalité que Laplace passe. Bressols fait le break (21e, 6-0). L’arrêt « fraîcheur » semble, en tout cas, calmer les esprits à défaut de la soif et le jeu se recentre sur le rugby. A la demi-heure de jeu, l’arrière de Bressols, Dougassiès, rate une pénalité à long rayon d’action, tirée depuis le centre du terrain (31e). Dans la minute qui suit, Sète construit (enfin) sa première vraie occasion du match avec un superbe sprint signé Aigoin. Il tape un ballon à suivre pour lui-même mais fait un en-avant en récupérant le cuir dans un rebond favorable.Raté ! Les Héraultais viennent surtout de montrer un visage beaucoup plus plaisant, même si la réussite n’a pas été au bout. Elle ne le sera pas plus dans les minutes qui suivent sur une tentative d’essai en force d’Olivier Duchein que les Sétois revendiquent comme aplati derrière la ligne mais que les arbitres ne voient pas ainsi. L’essai est refusé.
Dans la foulée, Laplace repasse une pénalité en faveur des siens : Bressols se met à l’abri d’un essai transformé adverse (38e, 9-0). Les huit dernières minutes de la première mi-temps (dont quatre dans le temps additionnel) seront littéralement incandescentes pour les Tarn-et-Garonnais. Et si les Héraultais vont pilonner la défense bressolaise, celle-ci parvient à tenir jusqu’au coup de sifflet libérateur de l’arbitre. La mi-temps est là !
La seconde période débute comme la première, avec un nouveau coup de pied victorieux de Laplace qui inscrit sa troisième pénalité de l’après-midi (52e, 12-0). Juste après, Sète fait du coaching en injectant du sang neuf (Ferbiguet, Britto et Fierval) auquel Bressols répond par l’entrée sur la pelouse de « Demba » Pradel. Les débats restent toujours tendus et J. Benamer se fait sortir dix minutes par un autre carton jaune contre Sète (58e). Nouvelle action de jeu, nouvelle faute de Sète, nouvelle occasion pour Bressols : Llopis transforme la pénalité (61e, 15-0). L’écart se creuse.
Les Héraultais, frustrés de ne pas trouver de solution, enragent et malgré les appels au calme de leur banc, multiplient les fautes. Ils répliquent même à l’arbitre. Déjà « cartonné » en première période, Anthony Michel récidive et se fait expulser pour un second carton jaune (68e). Six minutes plus tard, nouvel accrochage et départ de baston sur la pelouse. Cette fois, l’arbitre n’hésite pas : cartons rouges qui expédient Moutet (Bressols) et Duchein (Sète) vers leurs vestiaires respectifs.
Et comment ne pas parler du geste aussi inutile que pitoyable et dangereux que celui de Tui, le Sétois décochant un violent coup de pied entre les omoplates et la tête de Camarasa alors qu’il est au sol. Un choc que tout le stade a pu entendre. L’arbitre ressort le carton rouge direct, Sète est à douze sur la pelouse (75e). Pierre Camarasa nous confiera après la rencontre : « Les Sétois ne sont pas venus pour jouer au rugby, je ne comprends même pas qu’une équipe qui prend autant de cartons rouges, puisse arriver en barrage et faire un cirque pareil… ».
Un cirque oui, mais pas drôle, car il y a bien longtemps qu’on ne parle plus de rugby, ni de plaisir dans ce match. Et pendant que les joueurs de Bressols peuvent célébrer leur victoire en chantant et que les Sétois rentrent au vestiaire bouillonnant de colère et de frustration, on retiendra seulement que la victoire est belle.
Car on n’est vraiment pas sûr que le rugby occitan soit sorti vainqueur de ce barrage…
Les réactions
Sébastien Turon, entraîneur de Bressols
Rugby Amateur : 15-0, la qualification est en poche mais seule la victoire est belle ?
ST : Oui, mais on s’attendait à jouer une équipe très agressive… et on l’a eu. On a eu des difficultés à répondre par le jeu en tombant dans le panneau. L’essentiel en phase finale, c’est de gagner. On ne retiendra donc que le score et la qualification avec un gros derby en perspective dimanche prochain contre Caussade.
Nicolas Bolay, talonneur et capitaine de Bressols
Rugby Amateur : la qualification est acquise, mais que peut-on retenir du contenu de ce match ?
NB : (Il souffle) Brouillon… brouillon… on va retenir la victoire, la bande de potes qui ressort d’un tel match victime d’un paquet d’agressions. On a essayé de ne pas tomber dans leur jeu. Mais ça fait plaisir de passer ce premier tour. Maintenant, on va prendre les matches les uns après les autres, comme on le fait depuis six petites semaines et essayer d’aller faire un coup à Caussade (rires).
Benjamin Lorente, entraîneur de Sète
Rugby Amateur : que retenez-vous de ce match ?
BL : On est passé à travers, une rencontre qui s’est emballée par un arbitrage qui m’a paru plus qu’incohérent et plus que moyen, avec des avantages qui ne se laissent pas selon les équipes, avec des jeux au sol qui ne sont autorisés que pour une équipe, et pas pour l’autre. Est-ce qu’on paye notre réputation ? J’en sais rien. Mais on n’a pas montré un beau visage aujourd’hui et c’est cela surtout notre grosse déception. Maintenant, on va digérer tout ça et jouer en tableau B pour essayer d’aller chercher une place en championnat de France.
LA FEUILLE DE MATCH
A Bressols (Stade Municipal) – AS Bressols – RC Sète 15-0 (Mi-temps : 9-0)
Pour Bressols : 1 drop goal (2) et 3 pénalités (21, 38, 52) de Laplace et 1 pénalité de Llopis (61)
Arbitre : Mr Guinle assisté de Mrs Hattry et Lascombes
Bressols : Vaitanaki, Bolay (cap), Rusch, Kleitz, Moutet, Martin, Constantin, Capmas, Mendez, Laplace, Roux, Pavan, Gairaud, Gibert, Daugassiès – Remplaçants : Camarasa, Pradel, Delmas, Bettiol, Gase, Llopis, Larbaigt
Cartons jaunes : Moutet (10), Constantin (18)
Carton rouge : Moutet (74)
Sète : Casenove, Virenque, Duperon, Sanchez, Renaut, J. Benamer, V. Duchein (cap), A. Michel, O. Duchein, K. Benamer, Bonnet, Pace, Odoard, I. Michel, Aigoin – Remplaçants : Cadet, Tui, Robert, Fierval, Ferbiguet, Britto, Cadenat
Cartons jaunes : A. Michel (10), V. Duchein (18), J. Benamer (58)
Cartons rouges : A. Michel (68), V. Duchein (74), Tui (75)
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