Insolite : Géraud, licencié dans deux ligues et deux clubs à 250 km d’écart – Si certains hésitent longuement entre deux clubs, Géraud, lui, n’a pas su choisir. Il a donc une double-licence pour la deuxième saison consécutive. Rien de vraiment exceptionnel, penserez-vous, mais c’est la distance entre ses deux équipes, qui pourrait bien vous surprendre. Il alterne en effet entre le RC Saint-Flour, dans le Cantal, proche de chez lui, et l’ESPCV XV, pas loin de… Béziers dans l’Hérault, à 2h30 de route !
« Le rugby, une vraie religion »
Bonjour Géraud, peux-tu tout d’abord te présenter ?
« J’ai 34 ans et je suis agriculteur dans le Cantal, depuis que j’ai repris mon exploitation familiale en 2009. Côté rugby, j’ai d’abord commencé à 20 ans, en loisirs au Rugby Club Pays de Murat, puis l’année d’après, je suis parti en compétition au Rugby Club Massiac. Ensuite, j’ai voulu jouer à un niveau plus élevé. J’ai donc rejoins le Rugby Club Saint-Flour, en Honneur (aujourd’hui Régionale 1). Sur le terrain, j’ai longtemps été première ligne, avant de reculer en n°8. »
Tu as changé de ligne avant de vouloir changer d’air aussi. Tu peux nous raconter…
« L’été dernier, après 13 ans seul à la ferme, j’ai voulu changer un peu d’air et je suis donc parti bosser à côté de Béziers, dans un ranch. C’est là-bas que les dirigeants de l’ESPCV XV, issu d’un rassemblement entre Villeneuve-lès-Béziers et Béziers Cers Portiragnes, sont venus me solliciter, pour les rejoindre.
Et Comme je ne savais pas vraiment comment allait se dérouler mon année rugbystique, j’ai fait une double licence. Très rapidement, j’ai pris beaucoup de plaisir à descendre jouer dans le Biterrois, tellement c’est une terre de rugby. C’est une vraie religion même ! Tout tourne autour de ça, et l’encadrement des clubs est énorme, comparé à ce qu’on a en Auvergne. J’avais l’impression de retrouver l’ambiance de mon petit club de Massiac, avec la structure de Saint-Flour, soit le combo parfait. Et puis, les 3ème mi-temps sont grandioses, mais je n’en dirais pas plus sur ce sujet (rires)… »
« Il y a une à deux divisions d’écart…«
Ça devait être une grosse organisation, pour jouer à 2h30 de chez toi tous les week-ends ?
« J’avais la chance d’avoir un bon ami pour me seconder à la ferme. Certaines semaines, je descendais donc dès le mercredi soir pour l’entraînement et je restais jusqu’au dimanche soir. Pour moi, c’était presque comme des vacances, de partir pour le Sud en pick-up depuis le Cantal. Donc ce n’était pas si compliqué que ça. »
Et dans le jeu, quelles différences y-a-t-il entre les deux régions ?
« Devant, ils jouent un rugby brut, à l’ancienne, et vu que je ne suis pas parmi les plus techniques, ça me plait bien. Je préfère laisser la technique esthétique aux 3/4 (rires). Pour ce qui est du niveau, je pense que les meilleures équipes de Régionale 3, dont on faisait partie avec l’ESPCV XV la saison dernière, valent les réserves des Régionales 1 d’Auvergne. Cette année, j’ai même joué le premier match de Régionale 2, contre Bédarieux et je pense qu’ils étaient aussi forts que mon équipe de Saint-Flour, pourtant une division au-dessus. Je dirais donc qu’il y a une à deux divisions d’écart. »
« J’aimerais amener l’ambiance du Sud dans mon club actuel »
Où joues-tu le plus cette saison ?
« J’ai repris une double-licence, mais je jouerai à Saint-Flour. J’ai simplement fait le premier match de la saison dans le Biterrois, avant de remonter définitivement. En plus de bons moments, j’y ai aussi trouvé ma copine, qui habite désormais avec moi dans le Cantal, donc les allers-retours ne sont plus possible. Bien sûr, c’est un gros pincement au cœur de quitter ce club extraordinaire et mes coéquipiers, mais ma vie n’est pas dans le sud … »
Mais tu y retourneras de temps en temps ?
Oui, oui, mais plus pour faire la bringue que vraiment jouer. Avec deux potes auvergnats, on a déjà coché la date du déplacement d’Aurillac, proche de chez moi, à Béziers, en Pro D2. Autant dire qu’on y retrouvera tous mes coéquipiers héraultais.
On te laisse le mot de la fin…
Je vais essayer d’amener l’ambiance du Sud dans mon club actuel, notamment en m’inscrivant dans l’amicale des joueurs. Et puis surtout, je souhaite à tous les amoureux de ce sport de connaître une année comme celle que je viens de passer, et de franchir le pas, d’aller, pour ceux qui ne sont pas de là-bas, jouer au rugby dans le Sud ou le Sud-Ouest. »