C’est l’histoire d’un Belge… pas comme les autres. Celle de Florian Piron, qui dès l’âge de 5 ans, s’intéresse au ballon ovale plus qu’au ballon rond, du côté de… Waterloo. Le trois-quarts ne se doutait pas encore qu’il allait devenir international quelques années plus tard. Ni voyager autant, en France… (par Jonah Lomu)
Florian, peux-tu nous conter ton parcours rugbystique tout d’abord ?
J’ai commencé le rugby à 5 ans, en Belgique à l’ASUB Waterloo, grâce à mon premier entraîneur Yves Dubois, qui était intervenu dans mon école à ce moment là. Mes parents ne voulaient pas que je fasse du rugby et pensaient que c’était une lubie, qui me passerait. L’année d’après, j’ai remis le sujet sur la table, ils ont dit « ok on va essayer », je suis revenu de l’entraînement plein de boue et de « bobo », mes parents étaient convaincus que je n’aimerais pas. Alors qu’en fait, j’étais le plus heureux du monde (rires).
Tu as gravi les échelons rapidement ensuite…
Disons que j’ai fait toutes mes classes jusqu’en séniors dans mon club de Waterloo, où j’ai tout connu oui. Nous avons été deux fois champions de Belgique. J’ai intégré ensuite le centre de formation belge à 15 ans, qui est l’équivalent d’un pôle espoir français. J’ai fait quelques tests pour y rentrer justement, mais sans réussite. Je suis donc resté en Belgique, mais dans un autre club, à Liège. J’ai décidé ensuite de venir en France, et j’ai signé à Chartres où je suis resté quelques années avant de rejoindre l’ES Catalane, à Argelès Sur Mer.
En parallèle, tu as mené une carrière internationale avec la Belgique, que peux-tu nous en dire ?
C’est un grand honneur oui. Honnêtement, je pense que nous avons une équipe nationale incroyable :le mélange de joueurs pro, semi-pro ou amateurs y est unique et extraordinaire. Tout le monde donne son maximum et la cohésion qui en ressort est vraiment unique. Il faut vraiment le vivre pour le comprendre. On est souvent critiqué ou moqué, car on est « la plus petite équipe » sur le papier et aussi parce que nous n’avons que très peu de budget comparé aux ogres Russes, Géorgiens, Roumains, Espagnols et même Portugais. Néanmoins, quand tu arrives à mettre le bonus offensif à la Russie qui jouait en coupe du monde six mois plus tôt, tu comprends qu’il se passe un truc incroyable dans cette équipe.
Pourquoi arrêter la sélection alors ?
Avec la crise, plus l’arrêt des championnats et des entraînements, sans oublier ma formation, j’avais peur de faire la saison de trop et j’ai pris la décision d’arrêter de jouer. J’espérais beaucoup jouer le match de barrage avec la Belgique (contre les Pays Bas, le 29 mai prochain) mais malheureusement il y a beaucoup de beau monde devant moi à mon poste, et c’est logiquement que je n’ai pas été repris dans le groupe. C’est une petite déception de sortir par cette porte, et de ne pas avoir eu de dernier match ni en club, ni en sélection, mais c’est comme cela.
De là à arrêter de jouer complètement…
Je ne pensais pas arrêter de jouer au rugby, pas du tout. Lors de la crise sanitaire, quelques jours avant le premier confinement, nous étions en sélection avec la Belgique à quelques heures de notre départ pour la Roumanie (dernier match du VI Nations B) et sur le chemin pour l’aéroport le manager nous a prévenu du « report » du match. Je devais être sur la feuille et cela aurait été peut être mon dernier match avec la Belgique. J’étais loin d’imaginer que presque 2 ans plus tard, la situation serait presque identique et que je n’aurais pas joué depuis.
Quel est LE souvenir que tu garderas de tes matchs internationaux ?
Il y en a beaucoup, mais je pense à cette anecdote qui peut tout résumer. Le jour du match contre la Russie, le capitaine est parti en courant après le match car il était de garde le lendemain et ne pouvait pas rester, je ne sais même pas s’il a pu se doucher. Donc, pour revenir à la question, je dirai les moments de partage et de rencontre, magiques et inoubliables. Sportivement, je vais dire que le titre de champion d’Europe C en Moldavie restera un moment incroyable, tout comme ma première vraie sélection contre la Suède couronnée de deux essais.
Que vas-tu faire maintenant ?
Je suis en formation DEJEPS rugby à Montpellier que je vais terminer et j’espère, valider dans les prochaines semaines. J’y suis avec Sébastien Bertank et cela m’a vraiment donné envie de devenir entraîneur. Ce que j’ai fait avec les juniors de l’ESC, que vous avez mis en avant grâce à un Koh-Lanta à notre sauce (rires). C’est un groupe de jeunes très « atta-chiant », comme tout adolescent, mais et vit une période très particulière. Je devais donc tout mettre en œuvre pour essayer de les satisfaire malgré la crise. On a vraiment essayé de créer quelque chose avec eux, et je pense que s’ils en prennent conscience cela pourra être bénéfique plus tard sur et en dehors du terrain. J’aurais aimé faire un championnat complet avec eux mais je compte bien en croiser quelques-uns sur les terrains plus tard. L’EDR est assez bien structurée grâce aux éducateurs et dirigeants. Les bénévoles sont vraiment concernés et se démènent énormément. J’espère que la crise ne les découragera pas et que le club pourra de nouveau compter sur eux, car sans bénévoles les clubs ne peuvent pas exister.
Tu annonces que tu quittes l’ES Catalane pour un nouveau challenge…
Oui, je déménage pour aller à l‘Union Barbezieux-Jonzac en Fédérale 2. J’y occuperai le poste d’entraîneur seniors des lignes 3/4 et responsable de l’EDR également. Je vais passer également en alternance, une formation sur la préparation mentale. Les challenges seront nombreux et c’est ce qui est excitant, créer une cohésion et un projet de club à Barbezieux qui corresponde à mes valeurs. Développer cette ressource de la préparation mentale et espérer obtenir de très bons résultats avec les séniors tout en déclinant le projet sur l’EDR.
Pourquoi ce nouveau club?
Pour être honnête, ce n’était pas dans mes perspectives, et comme je te l’ai dit, j’espérais jouer encore un peu … Mais Guillaume Ajac, l’ancien sélectionneur de la Belgique et actuel manager de l’UBJ, m’a contacté. On a réfléchi avec ma conjointe et vu la situation sanitaire, on s’est lancé dans ce nouveau challenge.
Tu es encore jeune, tu aurais pu être entraîneur-joueur ?
Guillaume (Ajac) me l’a proposé en effet, mais je pense sincèrement qu’il faut être très fort pour faire les deux en même temps, et je n’ai pas cette prétention, ni la compétence. De plus, je veux me donner à 100% dans le projet d’entraîner. Jouer en même temps ne m’aurait pas permis cet investissement. C’est pourquoi l‘offre de l’UBJ, le projet, les valeurs et les personnes avec qui je vais collaborer, ont fini par me convaincre.
Donc dans quelques années, on te retrouvera comme futur entraîneur de la Belgique ?
(Rires) Pour l’instant, on en est loin, mais ce serait un rêve, donc utopiquement, oui bien évidement. J’adorerais être le 2ème coach à amener la sélection en coupe du monde. Car le premier sera très certainement Fred Cocqu, l’actuel sélectionneur, c’est tout le mal que je peux lui souhaiter en tout cas. Je vais dans un premier temps profiter au maximum pour engranger de l’expérience et des souvenirs avec l’UBJ. Et si je suis pas trop mauvais, j’espère m’ouvrir quelques portes du monde pro, qui est si compliqué à intégrer, mais qui reste un objectif, à long terme.
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