Oloron, stade béni pour Emak Hor, qui, il y a douze mois, y avait soulevé le bouclier de champion de France de Promotion Honneur. Hier, sur la même pelouse et le même score, la même équipe a soulevé celui de régionale 1. L’entente entre les deux villages basques d’Arcangues et Bassussarry a réalisé un doublé historique, en devenant en plus, la première équipe championne de France de Régionale 1… (par David Campese, réactions par Ô Phélie, photos Jean-Marc Lestage pour RugbyAmateur)
Une finale ne se joue pas, elle se gagne. Chaque année, le même rengaine ressurgit, que ce soit chez les vainqueurs ou les vaincus. Emak Hor en fera sûrement un bon usage encore cet été. Champion l’an dernier sur un ultime coup de pied libérateur de l’arrière Jérôme Bainconau depuis le bord de touche alors que le score était de 10-12, les Vert-Blanc-Rouge ont cette fois « attendu » la 78ème minute pour réécrire le même scénario. L’arrière d’Emak Hor, annoncé comme le danger n°1 à surveiller, étant en bien meilleure position pour enquiller les trois points de la gagne.
Vic Bigorre aura pourtant une balle de match : une pénalité à 50 mètres. Loïc Salettis prenait son élan, la frappe était tendue, mais le vent de face freinait un ballon qui effleurait le poteau. Thierry Legal sifflait la fin du match (et la fin de sa carrière d’arbitre par la même occasion).
Emak Hor pouvait exploser de joie, le titre de champion de France venait couronner une saison XXL avec trois boucliers glanés. Champion de son terroir basque, champion de sa région Nouvelle Aquitaine et champion de l’hexagone. Un deuxième titre de champion de France qui en dit long sur le travail de fond de ce club, qui avait déjà touché un bout de bois national de 3ème série en 2018. Un triple double en quelque sorte, et une trajectoire ascendante vers la fédérale 3, qui sera son nouveau terrain de jeu.
Vic Bigorre avait la tête basse mais pouvait la relever après un parcours héroïque durant ces phases finales. A deux minutes près, les Bigourdans, qui n’étaient pas forcément attendus à ce niveau de la compétition, auraient pu être sacrés. Mais vous savez ce que l’on dit, une finale se joue souvent à des détails. Et puis, une finale, elle ne joue pas, elle se gagne. A défaut de ramener le bouclier sur ses terres, les Vicquois ont ramené avec eux tout un village, fier de leurs protégés. Fier d’avoir retrouvé une équipe digne de son passé, qui à n’en pas douter, aura son mot à dire en fédérale 3 également. Emak Hor fait un beau champion, Vic Bigorre, un beau vice-champion
Réactions
Jérôme BANCONAU (arrière Emak Hor, auteur des 13 points de son équipe) : « C’était un match assez engagé mais il y a eu du jeu quand même. Les défenses ont pris le pas sur les attaques. C’était une finale qui se joue comme d’habitude à rien, à un détail. Notre bonne étoile brille encore. Même stade, même score, on a des émotions qui nous reviennent. On est tous très copains. On est peut-être moins costauds que beaucoup de nos adversaires mais on compense par notre solidarité ».
Marc UNHASSOBISCAY (co-entraineur Emak Hor) : « Une entame difficile mais on a su remettre la main sur le ballon. On savait qu’ils avaient des temps faibles en début de seconde période. Ça s’est produit mais on n’ a pas su concrétiser. On ne s’habitue jamais à jouer des finales mais avec l’expérience qu’on a dans ce domaine depuis un an, on ne s’est pas affolés. L’année dernière déjà, ça s’était joué d’un point à la dernière minute. C’est une aventure extraordinaire avec un groupe qui s’est forgé dans la douleur et qui a remporté six titres pour deux montées en un an. Ce sont tous des copains, une vraie famille. Il existe entre eux une amitié fabuleuse qui se voit sur le terrain ».
Laurent BARBE (entraineur adjoint Vic-en-Bigorre) : « C’est une grande déception, au terme d’un gros match face à une belle équipe très en place en défense. Ca ne pouvait se jouer que sur des détails, comme ce petit point qui nous manque à la fin. On a réalisé une très belle saison, le bilan est très bon même s’il nous manque ce bout de bois. Depuis 2017, le club est reparti sur une nouvelle histoire, en 6 ans, tu te retrouves en fédérale 3, c’est quand même énorme. Félicitations à Emak Hor. »
Alexis Boyer (Capitaine de Vic-en-Bigorre) : « Aucun regret, on a essayé de donner le meilleur de nous-même. On aurait pu gagner oui, mai on n’était pas programmés pour cette finale, il nous manque une marche, face à une équipe qui a l’habitude de ces échéances. Ils n’ont jamais tremblé, sont toujours restés dans le match jusqu’à la dernière action. Il faudra gommer ces détails en Fédérale 3, mais je suis très fier de ce groupe. Le bilan est très satisfaisant. On va grandir. »
Laurent Madelaine (Pilier de Vic en Bigorre) : Ça se finit à 1 point, donc c’est compliqué pour nous, surtout que la dernière pénalité passe à rien du tout, mais c’est la loi du sport, il faut un gagnant et un perdant. On en tirera les leçons et je suis persuadé que dans le futur, on reviendra.Maxime Belloc (Trois quarts centre de Emak Hor) : Un match compliqué, on le savait, mais qu’on aurait pu se rendre plus facile en marquant plus de points quand ils se présentaient à nous. On a bien géré le vent il me semble, on gagne d’un point, mais on gagne, et c’est l’essentiel
Franck Pendrié (Vice président de Emak Hor) : Beaucoup de stress comme d’habitude, car avec nos joueurs c‘est toujours pareil. Ils ont des ressources incroyables. Bravo à Vic car ils nous ont donné du fil à retordre, La saison prochaine ? La fédérale 3, un nouveau niveau, c’était notre objectif de début de saison, on avait dit que les boucliers, on s’en fichait, qu’on voulait monter… on monte, mais avec tout de même 3 boucliers. Et un grand merci à RugbyAmateur, car à chaque fois que vous venez, on gagne ! »
Feuille de match
Samedi 25 juin 2023 à Oloron-Sainte-Marie (Pyrénées Atlantiques), Emak Hor Rugby bat l’Union Sportive Vicquoise 13-12 (mi-temps : 7-9) – Arbitre : Thierry Le Gall
Emak Hor Arcangues-Bassussarry : 1 essai Bainconau (28), 2 pénalités Bainconau (48, 78), 1 transformation Bainconau (28)
Vic-en-Bigorre : 4 pénalités Sempe (5, 12, 35), Salettis (68)
EMAK HOR (ARCANGUES-BASSUSSARRY) : Bainconau – Dachary, Azpeitia, Belloc, Garrouteigt – (o) Combes, Meyzenc (m) – Echevest, Ricourt, Carrere – Etchart (cap), Mathieu – Parmentier, Albagnac, Kaspar
Remplaçants : Borda, Laplace, Alzuri, Raux, Etchecelou, Lamaison, Gallais
UNION SPORTIVE VICQUOISE : Soulan – Biescas, Sempe, Salettis, Danglade – (o) Bezecourt, Vasquez (m) – Labadie, Berry, Boyer (cap), Goutaudier, Pilloy – Madeleine, Blanchet, Dayman
Remplaçants : Capdeville, Vincent, Baldes, Susurre, Bordenave, Larose
La petite histoire en plus
Quentin Berry, troisième ligne centre de Vic Bigorre était arrivé en Septembre depuis Paris, en terre bigourdane. Le gaillard est venu un soir à un entraînement pour demander s’il pouvait s’entraîner. Le groupe a vite vu son potentiel, sportif et humain. Les joueurs vicquois se sont donc cotisés pour payer un aller-retour au papa de Quentin, résidant à Paris, afin qu’il assiste à la finale du fiston. Une belle surprise pour le papa, et bien sûr, Quentin.