L’histoire est belle, très belle même. L’histoire d’un club qui avait gagné son premier titre en 1979, l’année de sa création, celui du Languedoc. Dix ans plus tard, La Palme retouchait du bois local. Pour ce club tout neuf, l’année 2019 restera unique. Avec une finale perdue contre Corneilhan en finale d’Occitanie, avant de les battre en demi-finale du championnat de France. Et pour cette grande première, les joueurs, le staff et les supporters de l’Espoir Olympique de la Palme, ont pu savourer une victoire mémorable. Les 40 bougies seront soufflées collectivement par tout un village, fier de son équipe. Lons, finaliste malheureux après une superbe saison, a rendu cette finale plus belle encore par sa valeur, sur et en dehors du terrain… (par David Campese, photos Chris Farmer)
La Palme donne le coup d’envoi, léger vent dans le dos. Les intentions sont là. On envoie du jeu et la première attaque finit à l’aile opposée, en touche. Le ton est donné. Lons pour sa première incursion en terrain adverse obtient une pénalité après un ballon porté ravageur. Des 40 mètres, Yoan Minous ouvre le score d’une belle frappe. Thomas Clottes, l’ailier palmiste lui répond aussitôt (3-3). L’enjeu n’éteint pas les intentions de jeu, loin de là, mais les maladresses sont nombreuses. La Palme a la possession, mais Lons défend sa ligne avec acharnement. L’arrière béarnais Lagache a du feu dans les jambes, il relance chaque ballon possible.
A la 20ème minute, il est à l’origine d’un beau mouvement qui permet de voir de beaux enchaînements entre avants et arrières. Le match est équilibré. Mais il en est un qui va prendre un malin plaisir à le déséquilibrer. Johan Ségovia, arrière palmiste qui a lui aussi des fourmis dans les jambes. Il déchire le rideau défensif adverse aux 50m, s’offre un raid solitaire vainqueur après avoir bien manoeuvré son monde. Premier essai du jour, entre les perches (10-3).
Lons accuse le coup, éprouve des difficultés en conquête. Gaël Monier, l’hyperactif troisième ligne aile palmiste, récupère un ballon, et le donne à Ségovia, intenable, qui plonge dans l’en but. Deuxième essai… non ! M. l’arbitre de touche signale un en avant de passe. Le remuant demi de mêlée lonsois, Minvielle, joue une pénalité rapidement, voit le trou, s’engouffre, et provoque une faute. Pénal touche à suivre, ballon bien capté est suivi d’un ballon porté qui avance lentement mais sûrement. L’arbitre siffle une pénalité logique à 15m des poteaux… avant de la retourner pour contestation. Partie remise trois minutes plus tard, Minous se voit offrir une nouvelle chance de ramener les siens au score, et ne s’en prive pas (10-6, 33ème). La Palme remet la main sur le ballon, en profitant des largesses adverses en touche. On croit au deuxième essai, mais Costa pose un pied en touche. Le score reste à 10-6 au moment de regagner les vestiaires.
Le triplé de Ségovia, la victoire en famille…
Lons entame la seconde mi-temps avec un nouveau ballon porté, Minous tente un rasant mais se fait contrer à 10 mètres de la ligne, sans conséquence fâcheuse, mais l’occasion était belle de revenir au acore. La Palme va montrer que le ballon porté n’est pas réservé qu’aux Béarnais, et hérite d’une pénalité en bonne position. Alors que les coachs demandent trois points, les joueurs préfèrent la main, mais font tomber le ballon. Trois minutes plus tard, on prend les mêmes et… on recommence. Pénalité, trois points demandés et… la Palme qui envoie le ballon à l’aile. Les entraîneurs ruminent mais cette fois, l’inspiration est bonne, les décalages se font en bout de ligne et Ségovia, toujours lui, finit le travail pour son deuxième essai du jour, bonifié par Thomas Clottes (17-6, 49ème).
Le score ne bouge pas jusqu’à l’heure de jeu, malgré plusieurs alertes de part et d’autre. La chaleur monte de quelques degrés sur un regroupement. L’arbitre sort un jaune pour Grimal, le talon de La Palme, et Poulain, troisième ligne centre de la Palme. On joue à 14 contre 14, puis 14 contre 13 quand Lanes prend un carton blanc de plus. L’EOP va devoir jouer à un de moins pendant dix minutes.
Un avantage que Lons ne tarde pas à mettre à profit avec son dynamique talonneur Martins, qui conclut une belle séquence de pick and go. 17-13, il reste plus d’un quart d’heure, le banc de touche audois fait la mou quand les supporters Lonsois y croient plus que jamais. Mais ce bel élan est cassé par… un water break. Une deuxième pause fraîcheur qui a le mérite de remettre les idées en place des maritimes. Thomas Clottes se signale dans le jeu courant avant de le faire au pied pour redonner un peu d’air à la Palme (20-13). Lons ne baisse pas les bras, ceux de Laporte-Cathala, troisième ligne aile béarnais, ne chôment pas pour plaquer à tour de… bras.
Ses coéquipiers semblent jeter toutes leurs forces dans la bataille, mais vendangent un trois contre un aux 50m qui aurait pu faire des dégâts. La Palme défend, le seconde ligne Nicolas Vié sort du terrain en titubant. Les impacts sont rudes. le bal des remplaçants se poursuit, les entraîneurs font les cent pas. Le chronomètre du stade Laborie indique la 78ème minute quand Lons lance une énorme offensive. Des percussions, des libérations au contact, des renversements de jeu, des passes vissées dans le bon tempo, des soutiens permanents, des brèches qui s’ouvrent mais colmatées au courage par des Audois, malmenés mais terriblement solidaires en défense. La Palme ne craque pas, et va même s’offrir le luxe de parachever son succès à la toute dernière minute par l’inévitable Ségovia, qui signe là un triplé fabuleux.
L’arbitre siffle la fin du match, 40 ans plus tard, pour son anniversaire, le club de la Palme devient pour la première fois de son histoire champion de France ! Alain Esquirol, Mathieu Sénégas et Claudia Courtoux, dirigeants sur qui repose beaucoup de cette réussite, étaient aux anges. Les supporters aussi. La fête a été belle, et elle risque fort de se prolonger tout l’été. Lons va digérer cette défaite de son côté, sans trop d’amertume car assez logique sur l’ensemble du match, avant de mesurer probablement à quel point la saison a été magnifique aussi. Bravo à tous les acteurs de cette partie. Et de cette saison magnifique.
Réactions
Thierry Toulouse (entraîneur Lons) : la déception est grande bien sûr, même si on a joué contre une belle équipe. Je pense qu’on rate le coche en début de seconde mi-temps, avec ce ballon joué au pied alors qu’on est à 10m de la ligne. On a un peu déjoué… La déception domine forcément, mais on retiendra aussi la superbe saison réalisée avec ce groupe, ces jeunes qu’on a récupéré. On a passé de bons moments, on en passera de nouveaux, j’en suis certain.
Nicolas Pallefranque (3/4 Lons) : C’est toujours une déception de perdre en finale, mais on est tombé sur une belle équipe. Personne n’a fermé le jeu. Le meilleur a gagné, c’est juste dommage qu’on se soit mis à jouer comme on sait le faire, si tard. On va se souhaiter de rejouer une finale et revivre ces moments là, qui sont intenses.
Brandon Grimal (talonneur La Palme) : Je suis arrivé cette année pour rejoindre des collègues, la famille, on est partis de loin et voilà le résultat. Je suis très fier de cette équipe. L’hiver a été compliqué avec des blessures, et puis on a bien travaillé, et ça paye aujourd’hui. Bravo à Lons, belle équipe qui nous a donné du fil à retordre.
Fabien Gleyzes (ouvreur et capitaine La Palme) : Je verse des larmes de joie, je suis trop heureux. Après la défaite en finale d’Occitanie, on avait fait une soirée, et j’avais dit devant tout le monde, les joueurs et les supporters, qu’on allait ramener le bouclier de France. Je suis vraiment aux anges, c’est énorme. Autant te dire qu’on va se fissurer pour fêter ça (rires)
Alain Esquirol (président La Palme) : On ressent beaucoup d’émotions. C’est un jour historique pour le village, pour le club. Il y a deux ans, on n’existait pas, on remonte le club et voilà où nous en sommes aujourd’hui. Je dédie ce titre à tous les anciens qui ont participé à la vie du club, je félicite les joueurs bien sûr, qui n’ont rien lâché, je félicite nos supporters qui nous suivent partout.
Jeannot Ferruggia (entraîneur La Palme) : Je viens de pleurer toutes les larmes de mon corps. Tout d’abord félicitations à cette belle équipe de Lons, qui n’était pas en finale par hasard. Ils nous ont poussé à sortir un gros match, les joueurs ont répondu présent. On a montré un état d’esprit qui nous a permis d’avancer de dimanche en dimanche. On a joué dix maths de phases finales, on en perd un seul, la finale d’Occitanie contre Corneilhan. Mais on a su rebondir. Après noël, on avait des problèmes d’effectif, j’ai dit à mon président que la bateau tangue, mais ne chavire pas encore. On a réussi à surmonter ça, et après une victoire déclic, tout s’est enchaînait. C’est vraiment une immense joie, pour le club, le village, j’ai une pensée pour tous les anciens, qui sont venus nous voir, et à tous ceux qui ne sont plus là malheureusement, et qui auraient sûrement aimé participer à cette fête. C’est la vie, c’est comme ça. Mais je peux vous dire que cette joie est très, très forte car j’avais l’impression qu’on était le Clermont de la 4ème série. On perd en finale régionale cette année, on perd en demie l’an dernier, en 2009, ce titre est vraiment historique.
Laporte Cathala (troisième ligne aile Lons) : On a eu une belle équipe en face. On a fait le maximum, on a tout donné. On a cru qu’on pouvait l’emporter à un quart d’heure de la fin. C’est dur, mais c’est comme ça. J’arrête sur une finale de championnat de France à 33 ans, c’était la première fois pour le club. La déception passera plus tard…
Yoan Minous (ouvreur Lons) : on fait un gros match mais on commet des erreurs dans le jeu, on fait des fautes de mains, l’arbitrage n’a pas été très cohérent je trouve, je suis très déçu. Surtout qu’on a des occasions de marquer en fin de match, et même en début de seconde période. Mais la Palme a fait son match, ils se sont montrés réalistes, c’est une belle équipe, ils méritent leur titre sur l’ensemble du match, bravo à eux.
Alexis Clottes (centre de la Palme) : Il était temps que le match s’arrête car ça piquait sur la fin. Mais on a un groupe énorme de générosité, solidaire. On part de loin, il ne faut pas l’oublier, on finit 5ème de poule, on va chercher un barrage à l’extérieur, qu’on gagne de trois points, et puis c’est le déclic. De là, on a vécu une aventure formidable, le groupe s’est resserré, et on va au bout, avec une équipe de frères. Des frères de sang et des frères d’armes ! La Palme est champion de France !