Serge Simon, que nous avons interrogé vendredi dernier, n’écartait aucun scénario quant à la suite de la saison en fédérales et en séries (voir l’interview vidéo). « Si continuer à faire jouer des matchs devient un non sens, alors nous prendrions les décisions qui s’imposent » nous avait déclaré le Vice Président de la FFR. Il semblerait que l’arrêt provisoire de la saison 2020-2021 soit devenue bien plus qu’une option…
Alors que le pourcentage de matchs reportés était de 15% il y a quinze jours, il est passé à 25% dimanche dernier. L’évolution du coronavirus, les protocoles sanitaires contraignants, les huis clos partiels et le couvre feu instauré depuis vendredi dernier, pourraient bien avoir raison de la suite des championnats de rugby amateur. C’est en tout cas une option qui prendrait de plus en plus d’épaisseur au sein de la Commission des Epreuves.
Ce weekend pourrait même avoir valeur de test ultime. Les cas positifs et cas contacts sont nombreux, et des reports de matchs déjà actés. Difficile d’imaginer donc une amélioration d’ici mardi prochain, jour où la Fédération pourrait annoncer une suspension provisoire, soumise à l’approbation des clubs. Alain Doucet, président d’une Ligue Occitanie très impactée par le virus et ses conséquences, a bien voulu répondre à nos questions : « J’aurais aimé que d’autres sports se manifestent comme nous, mais ce n’est pas le cas. L’état autorise les rencontres sportives à ce jour que je sache, donc je me suis senti le droit d’interpeler le préfet pour savoir pourquoi on peut jouer, sans avoir accès aux vestiaires. Je me sens responsable de tous les licencié(e)s. Je ne suis pas un terroriste, on respecte les protocoles, les décisions médicales, mais j’aimerais qu’on m’explique comment il serait plus grave de se changer dans les vestiaires, que de se doucher à poil dehors ! Vos photos des joueurs du TEC ont fait le tour de France depuis lundi, tant mieux dans un sens, car elles ont probablement fait bouger les lignes. Alors oui, on s’adapte, et oui, la suspension provisoire du calendrier est à l’étude, je ne vais pas le cacher. »
« Jusqu’à quand ? Si c’est début janvier 2021, on s’adaptera une nouvelle fois… »
N’oublions pas que le président occitan clamait haut et fort il y a un mois que « l’arrêt des compétitons était inenvisageable. » Mais la situation sanitaire s’est tellement dégradée depuis, que les prises de décisions se succèdent en s’adaptant à cette évolution constante. Alain Doucet le souligne bien : « Décider de suspendre les championnats, ce serait d’abord pour respecter les décisions de l’Etat, et puis pour que tout le monde reparte sur un pied d’égalité le plus tôt possible, au niveau sportif. Jusqu’à quand ? …Si c’est début janvier 2021, on s’adaptera une nouvelle fois. En tout cas, on est prêts à répondre à toute éventualité. L’Occitanie est très impactée par le virus, les décisions départementales y sont pourtant différentes. Alors nous avons sondé les clubs. Sur 220 réponses, 183 nous ont répondu qu’ils voulaient continuer à jouer. On va tout faire pour aller dans ce sens, mais il faudra bien se plier à une décision uniformisée pour ne pas nuire à la santé des joueurs, ni à l’équité sportive. L’Occitanie préfigure assez souvent de décisions qui peuvent être prises àl’échelon national, donc nous serons rapidement fixés. »
De son côté, le journal le Progrès fait état d’un contact auprès de Christian Dullin, et la possibilité de supprimer purement et simplement les phases finales prévues au printemps prochain, afin de libérer des dates, et permettre à tous les championnats de pouvoir se terminer jusqu’au mois de juin. Les péréquations, évoquées par Alain Doucet, président de la Ligue Occitanie fin août dernier dans nos colonnes (voir article), semblent d’ores-et-déjà inévitables, compte tenu du nombre de reports de matchs à ce jour. Mais cette option ne serait envisagée qu’en tout dernier recours, la priorité absolue serait donnée à pouvoir terminer la phase de poules.
Se posera alors la question des montées et des descentes, ainsi que la désignation des champions. Nous n’en sommes pas encore là. Alain Doucet confirme tout en apportant une précision : « Nous avons eu un Comité Directeur à la FFR hier, nous avançons pas à pas, en fonction de ce qui nous est imposé. Evoquer le printemps prochain est prématuré, mais il faudra l’aborder bientôt oui. En attendant, les clubs qui font des efforts énormes pour pouvoir recevoir ou se déplacer pour jouer au rugby, nous font remonter que l’on perd toute convivialité, ce qui est l’essence même de notre sport. Donner un sandwich à un joueur qui repart avec son équipe dans le bus sitôt le match fini, à peine lavé, ce n’est pas le rugby. Donc s’il faut faire une pause pour retrouver notre rugby, on en passera par là. »
Confirmation à venir… ou pas. La réponse est attendue très rapidement.