Il connaissait bien le Stade Toulousain pour y avoir entraîné les Reichel et Crabos pendant 9 ans. Après 4 années passées à Tournefeuille auprès des Belascain, Philippe Gleyze revient donc dans la maison rouge et noire, mais pour entraîner l’équipe féminine cette fois, brillamment promue en Top 8. Avec Pierre Marty à ses côtés, le sémillant coach espère bien faire grandir encore un peu plus un groupe qui va découvrir l’élite nationale (par Jonah Lomu)
Philippe, comment es-tu arrivé au Stade Toulousain Féminin ?
En bus, ligne 70, arrêt stade Ernest-Wallon, un jour où Tisseo n’était pas en grève (rires). Plus sérieusement, depuis la coupe Coupe du monde 2014 et l’épopée des joueuses de Nathalie Amiel, qui fait partie des meilleurs éléments qu’il m’ait été donné d’entraîner, j’ai remis un œil intéressé sur une pratique métamorphosée par rapport à ce que j’avais connu par le passé. Ayant remis un pied au Stade Toulousain pour coacher l’équipe de mon fils Enzo en U10, cela s’est fait naturellement.
PUBLICITÉ
Que comptes-tu apporter à cette équipe ?
De l’humilité et de l’ambition. Un paradoxe, un de plus, diront ceux qui me connaissent le mieux. De l’humilité, car lorsqu’une équipe, qui plus est jeune, n’a pas perdu un match depuis très longtemps, elle a immanquablement tendance à se prendre pour une autre. Comme a dit Guy Novés quelques minutes après le titre de 94 conquis avec quelques jeunes loups : »Ce soir on est champion, demain matin, on ne l’est plus ». Et puis mon éducation gersoise m’incite toujours à la méfiance et la réserve. Par contre, de l’ambition au niveau du jeu pour deux raisons : d’abord, je ne sais faire pratiquer que ma culture toulousaine du jeu de mouvement et de plus, beaucoup de filles du groupe sont d’anciennes U20 et aspirent à passer le cap de la grande équipe de France à moyen terme. Donc je leur dois d’être techniquement et stratégiquement ambitieux.
PUBLICITÉ
Qu’as changé cette montée en Top 8 pour cette équipe ?
Avant tout les frais générés par les déplacements lointains et notre budget n’est malheureusement pas encore a même de suivre le rythme. J’en profite pour rappeler à d’éventuels investisseurs que nous sommes structurés de telle sorte que nous pouvons leur faire bénéficier de notre réseau toulousain et de notre savoir-faire en communication pour associer leur image à nos couleurs. Ce qui a changé aussi et ce sera malheureusement déterminant, voire rédhibitoire, c’est l’obligation de ne pas dépasser 7 licences jaunes* sur la feuille de match et là, cela nous pose un gros problème tant la montée a été plus rapide que prévue. Je suis favorable à cette règle car elle oblige les clubs à former des jeunes, mais nous en serons victimes cette année. Nous ne sommes pas certains de pouvoir aller à Montpellier le 20 Septembre ou en tout cas, pas dans de bonnes conditions.
Quid des recrues ?
Nous avons opéré par touches chirurgicales. Nous avons récupéré un espoir français au poste de 10, Camille Imart (Saint-Orens) mais dont on ne sait pas quand et comment elle reviendra de sa grave blessure au genou. Séraphine Okemba (ailière-Saracens) et Latoya Blackwood, une internationale Canadienne. Voilà pour l’essentiel même si le recrutement n’est pas tout à fait bouclé, je pense. Le co-président David Gérard (avec Gérard Berthous) s’y affaire.
Compte tenu de tous ces éléments, quels sont les objectifs ?
L’objectif va être surtout d’apprendre. Je souhaite que la confrontation avec toutes ces belles équipes que nous avons vu sur France 4 et Eurosport l’an passé, nous amène à grandir et être prêtes quand nous n’aurons plus ce gros problème de licence Jaunes. Si l’on finit 7ème, le contrat sera rempli et si l’on peut ramener quelques selfies dédicacés ou autographes de nos déplacements dans l’élite, nous serons heureux.
*Le règlement impose à chaque club d’avoir un minimum de 4 licences blanches (licenciées au club depuis plus de 3 ans) et surtout l’obligation de ne pas dépasser 7 jaunes (licenciées de moins de 3 ans au club) En plus, il ne faut pas avoir plus de 11 oranges (débutantes, étrangères…). Le Stade Toulousain Féminin a beaucoup recruté il y a deux ans, donc les filles concernées n’ont pas encore basculé en licence blanche.