A quelques heures du début du Tournoi des Six Nations contre l’Italie ce dimanche à 16h, Rugbyamateur s’est entretenu avec Gaëlle Mignot, nouvelle co-sélectionneur-manager-entraîneur, avec David Ortiz, du XV de France féminin. L’occasion de faire le point sur son mode de fonctionnement et ses objectifs à court, moyen et plus long termes… (par Marco Matabiau)
La nomination de Gaëlle Mignot à la tête de l’équipe nationale ne doit évidemment rien au hasard. L’ancienne internationale (retraitée des terrains depuis juin 2021) a porté à 70 reprises le maillot frappé du Coq (avec deux victoires dans le Tournoi, dont le Grand Chelem de 2014, et deux titres, décernés par World Rugby, de meilleure joueuse de l’année, en 2015 et 2016). L’ex talonneuse du Montpellier Rugby Club (avec lequel elle est sacrée cinq fois championne de France entre 2013 et 2019) et David Ortiz (entre autres ex-entraîneur du SU Agen avec Sylvain Mirande) avaient déjà intégré le staff après le Tournoi des Six Nations 2022, tous deux étaient alors en charge du jeu des avants.
Au terme d’une Coupe du Monde 2022 qui laisse quelques regrets (la France, battue en demi-finale d’un petit point par les futures championnes néo-zélandaises, terminera à la troisième place pour la 7ème fois), Thomas Darracq cède sa place. Ce dernier, pointé du doigt par certaines joueuses, n’avait manifestement plus la confiance absolue des Bleues. Le duo Mignot – Ortiz prend alors le relais : « La Fédération, par l’intermédiaire de Serge Simon et Christophe Reigt, a fait appel à David et moi-même pour rejoindre l’encadrement de l’équipe nationale. Nous ne nous connaissions pas avant de travailler ensemble à la préparation de la Coupe du Monde 2022. Après celle-ci, nous avons donc présenté un projet commun pour prendre la tête de l’Équipe de France. »
« Instaurer dans ce groupe de fortes notions de travail »
La prise de fonction officielle s’est effectuée en décembre 2022. Un programme chargé depuis, puisqu’après le séminaire de deux jours à Toulouse au mois de janvier, les joueuses internationales se sont retrouvées à Capbreton pour un stage plus proche du terrain en février. A quelques jours de l’ouverture du Tournoi, c’est sur la pelouse du Stade Ernest-Argelès de Blagnac que les tricolores ont peaufiné, du 13 au 19 mars, leur préparation pour la rencontre inaugurale face à l’Italie, le dimanche 26 mars au Stade Sergio-Lanfranchi de Parme.
Quant au fonctionnement du binôme, « on a bien sûr commencé par constituer notre staff. On a aussi rencontré les clubs, les responsables du rugby à 7, les pôles académies. On a supervisé de nombreux matchs. Pour ma part, je suis allée à Toulouse, Blagnac, Montpellier et Clermont. Quant à David, il a vu pas mal de matchs à Bordeaux. Sans parler des rencontres que nous avons pu voir en vidéo ».
De quoi effectuer une belle revue d’effectif et composer le meilleur groupe possible. Pas forcément facile, quand on sait que des meneuses telles que Laure Sansus et Safi N’Diaye ont pris leur retraite internationale et que l’ouvreuse Caroline Drouin est retenue par le rugby à 7 : « Nous avons essayé de créer le meilleur mix possible entre les joueuses d’expérience, des nouvelles joueuses performantes dans les académies ou dans le rugby à 7. Certaines filles du groupe n’ont pas la moindre sélection, à l’image de Carla Arbez, l’ouvreuse du Stade Bordelais, ou encore Maëlle Picut, la deuxième ligne blagnacaise. On se base aussi sur la forme du moment ». Avec donc, comme premier objectif, le Tournoi 2023.
Même si la Fédération n’a pas donné d’objectif de résultat, la compétitrice qu’est Gaëlle Mignot ne souhaite nullement jouer les faire-valoir : « On n’a certes pas d’objectif précis, mais on souhaite tout de même performer le plus rapidement possible et poser des bases solides pour les échéances à venir (notamment la Coupe du monde 2025 en Angleterre). On redémarre un nouveau cycle. On aimerait simplement que chacun et chacune soit investi à 10 000%, instaurer dans ce groupe de fortes notions de travail. »
Comme pour confirmer cela, Audrey Forlani, l’expérimentée deuxième ligne blagnacaise, travailleuse et combattante s’il en est, a été nommée capitaine de l’équipe. Enfin, « pour ce qui est du jeu, continuer à nous appuyer sur nos points forts que sont la défense et la conquête tout en tenant davantage le ballon. » Vaste programme.
Pour leur premier Tournoi en charge des Bleues, Gaëlle Mignot et David Ortiz disposeront de deux blocs de travail de trois semaines. Le premier a donc débuté par la semaine de stage à Blagnac avant les rencontres face à l’Italie le 26 mars, puis à l’Irlande le 1er avril au Musgrave Park de Cork.
Suivra une semaine de coupure, histoire pour les filles de se régénérer et de retrouver leurs proches, avant trois nouvelles semaines de travail ponctuées par le triptyque suivant : contre l’Écosse au Stade de la Rabine à Vannes (16 avril), face aux Galloises à Grenoble (Stade des Alpes, 23 avril) avant de terminer face à l’Angleterre (encore une fois favorite de la compétition) le 29 avril dans le temple du rugby qu’est Twickenham.
Une inversion Galles – Angleterre par rapport au Tournoi masculin qui pourrait bien permettre d’assister à une véritable finale sur la pelouse londonienne. Et Gaëlle Mignot de conclure : « On a hâte d’y être!. » Personne n’en doutait.