La finale du Top 8 féminin 2018 aura donc été la dernière du nom. En effet, ce qui est restée une rumeur officieuse pendant plusieurs semaines est devenue une information officielle quelques jours après la finale de l’élite féminine. une élite remodeler avec une nouvelle formule (16 clubs au lieu de huit) qui ne fait visiblement pas que des heureux… (par Clément et Marco)
Adieu le Top 8, bonjour le Top 16 ! Enfin un Top 16, pas au sens d’un Top 14 que l’on connaît chez les messieurs, mais une première division féminine qui sera composée de deux poules de huit équipes. Ainsi, les équipes actuelles sont maintenues bien sûr, et seront rejointes par les quarts de finaliste de la deuxième division. Bordeaux, Caen, Grenoble, Lons, Rouen, Stade Français, Tarbes et Villelongue sont d’ores et déjà promus.
Si l’élite féminine sera constituée de seize équipes, les joueuses ne joueront pas plus de matchs. Comment ? Pendant la période du Six Nations, le championnat sera suspendu pour faire apparaître des tournois de rugby à… 10. Cette réforme, qui n’est pas neutre, n’est pas forcément perçue d’un bon œil par certains entraîneurs à qui nous avons demandé de nous donner leur sentiment. Nous en avons fait de même avec la manager de l’équipe de France.
A noter que ces réactions ont été prises avant la communication des poules jeudi dernier. Les clubs ne savaient donc donc que celles-ci ne seraient pas géographiques. Par exemple, Blagnac et le Stade Toulousain ne sont pas ensemble, Lons et Tarbes non plus, tout comme Caen et Rouen, ou encore Stade Français et Bobigny. Ce qui a fait grincer des dents également…
Damien Couvreur, entraîneur du LMRC Villeneuve d’Ascq : « Les poules seront déterminées en fonction du classement. Lors du vote, la majorité des clubs souhaitaient un élargissement de la poule avec un Top 10 voire dans un futur un Top 12. Mais, au final, on n’est pas écouté et on se retrouve avec un championnat à deux poules. En plus, de janvier à mars, le championnat sera suspendu pour faire une sorte de Coupe de France de rugby à X. Il n’y a aucune réflexion avec les clubs. Ce format n’a aucun intérêt pour nous. On va perdre une année et peut-être des joueuses. Et puis du côté de la visibilité, c’est à n’y rien comprendre. Les sponsors vont se désintéresser de cette formule. Mais aujourd’hui, nous ne sommes pas armés pour s’opposer à la Fédération qui fait ce qu’elle veut. »
Vincent Gabrelle, responsable de l’AC Bobigny 93 féminin : « Comme d’autres entraîneurs, j’étais pour un Top 10 ou un Top 12. Le projet de réforme était voulu par tout le monde mais la discussion n’a été que dans un sens. Il y a déjà un an, la Fédé voulait faire passer leur projet mais ils s’étaient heurtés à l’opposition des clubs. Cette année, ils ont étendu le vote pour avoir plus de voix en leur faveur et nous imposer cette formule. La Fédé veut faire jouer plus de joueuses en élite, seulement le niveau va régresser car il n’y aura pas plus de matchs et les internationales sont toujours absentes pour la sélection. Alors, certes, les équipes de Top 8 ne sont pas professionnelles, mais c’est tout comme. Promouvoir huit équipes en première division est dangereux pour les joueuses et va casser les enjeux. Je crois que l’année dernière le LMRCV a fait un match amical contre le Stade français sans son équipe type, et Villeneuve avaient gagné de cinquante points. La volonté de la Fédération est claire : mettre les clubs de Top 14 et les grosses villes de France en première division. Leur politique n’est pas pour la formation car la deuxième équipe seniors n’est même obligatoire à XV. Elle veut se calquer sur le football où chaque club professionnelle doit avoir une section féminine. Seulement, on va devenir comme le foot féminin avec trois équipes au-dessus, et un championnat peu intéressant. La différence de niveau va être trop importante. »
Vincent Brehonnet, entraîneur du Stade Rennais Rugby : « C’est du grand n’importe quoi. On a été sondé et la majorité des clubs du Top 8 voulait un Top 10 voire un Top 12 progressif. Finalement, on n’a pas été écouté. Le vrai problème est celui du calendrier avec les joueuses sous contrat fédéral. Personnellement, nous avons quatre joueuses concernées et nous ne les avons jamais sous la main. Après, la Fédération s’étonne qu’on recrute des joueuses étrangères mais on en a besoin pour stabiliser l’effectif.Et puis, cette coupure du Six Nations avec un championnat de rugby à X, c’est une hérésie. Pourquoi stopper le VII ? Trois mois sans rugby à XV, ça va être catastrophique pour préparer les phases finales. Tout va pour le XV de France mais on oublie les clubs. Après, il reste une dernière interrogation, celle de la qualité des équipes qui intègrent l’élite féminin. Sont-elles prêtes pour la première division ? Quel sera le niveau du championnat ? »
Patrick Raffy, Entraîneur, Montpellier Rugby Club : « A mon avis, l’idée qu’il y a derrière, c’est d’augmenter le nombre de joueuses à haut niveau tout en essayant de garder une large plage libre pour le Tournoi des Six Nations. Je crois qu’il est très bien de garder deux mois pour l’Equipe de France. C’est la raison pour laquelle le championnat sera organisé en deux poules afin de ne pas multiplier à outrance le nombre de matchs. Cependant, cela risque d’entraîner un peu plus d’hétérogénéité dans les groupes, voire de risques en terme de sécurité pour les joueuses. J’espère qu’il n’y aura pas de différence trop importante. Après il faut attendre et voir comment ça évolue. »
Annick Hayraud, Manager Equipe de France : « C’est une volonté d’élargir le championnat car on s’aperçoit que beaucoup de filles mutent dans très peu de clubs. On se retrouve avec deux ou trois clubs avec beaucoup de moyens. On a déjà des différences avant que le championnat ne débute. L’idée, c’est aussi d’aider les clubs à se structurer, d’éviter que les filles partent de leur club puisqu’on s’aperçoit que ce sont souvent des jeunes joueuses qui, par la suite, manquent de temps de jeu. Pour la filière, cela pose problème puisque ces filles-là ne connaissent pas le haut niveau. Forcément, c’est le côté positif. Le côté négatif, c’est que, sur les deux premières années, il va y avoir des écarts de niveau. C’est néanmoins déjà le cas aujourd’hui en Top 8 et en Armelle Auclair. Sur certains matchs, cela permettra de donner du repos aux internationales et de lancer des jeunes joueuses afin de favoriser la formation. »
Pierre Marty, Entraîneur, Stade Toulousain : « Pour ma part, je ne suis pas du tout fan. Avec tous les entraîneurs du Top 8, on s’était contacté soit par mail soit par téléphone suite à l’envoi par la FFR d’un questionnaire. On avait tous répondu que l’idée, c’était plutôt de faire un Top 10, voire un Top 12 de manière à vraiment tirer tout le monde vers le haut. Je pense au contraire que cette nouvelle formule ne va pas amener le rugby féminin vers le haut niveau. A l’heure actuelle, on sait très bien qu’il y a environ dix équipes qui peuvent « matcher » à ce niveau. Si c’est pour mettre six équipes en difficulté, financière par exemple, ou pour faire courir des risques à certaines joueuses, je n’en vois pas l’utilité. Après, ce sont des gens responsables. Ils ont dû réfléchir, trouver des raisons valables pour le faire. On verra au terme de la saison prochaine s’ils ont eu raison ou pas. Je suis plutôt dubitatif. »
On va vers un championnat pour club élite masculine. Comme au foot. Déjà la messe est dite pour le LMRCV. Départ des entraînneurs et de 11 joueuses. Un souci le foot est un sport national. Dans l’ouest, le nord, le rugby de haut niveau n’existe que parles filles. Finis Lille, Caen, Rennes. Les futures Droin, Ménager, Sartini ne verront jamais le jour. D’autant que pour assurer coup on assassine la formation. Les centres élites devront être mixtes. Pour être centre élite il faut avoir un club référent. Quels seront les référents masculins deLille et Rennes. Pas graves, ils seront déménager sur Paris pour le plus grand bonheur du SF (Tiens, tiens le SF comme par hasard).