Cette cinquième levée du championnat de Fédérale 3 (poule 9) mettait aux prises deux des équipes en forme de ce début de saison, toutes deux créditées de trois succès en quatre rencontres. A domicile, le Coq Léguevinois (3è, 13 points) était passé tout près de l’exploit à Leucate (défaite 23-25) et compter rester maître sur ses terres. Pour sa part, l’Union Athlétique Saverdunoise (5è, 12 points) n’avait jusque-là connu la défaite que chez le leader Salanque Côte Radieuse (27-42, lors de la 3è journée) et se présentait en proche banlieue toulousaine avec l’intention d’y faire un coup… (Par Marco Matabiau/ Photos Alain Montségur)
Coup d’envoi, récupération de l’ailier Toffolon après rebond, ruck, faute de Léguevin: d’entrée, Saverdun ouvrait le score sur une pénalité de… Jalibert (3-0, 1è). Le Coq avait visiblement du mal à entrer dans sa partie, comme le renvoi suivant (direct en touche) tendait à le démontrer. Les visiteurs bénéficiaient d’une nouvelle pénalité suite à un plaquage à deux, mais le maul porté qui s’organisait était bien contré par le pack local (4è). C’était ensuite l’ouvreur Cascarra qui se faisait contrer: Léguevin récupérait grâce à un efficace contre-ruck et Barboteau dégageait finalement les siens (6è).
Après une entame bien difficile, les Haut-Garonnais entraient enfin peu à peu dans la rencontre et grattaient un ballon au sol, ce qui leur octroyait une pénalité que Cascarra transformait (3 – 3, 11è). L’UAS ne s’en laissait pas compter et occupait le terrain grâce au pied de Beneyton, qui en faisait voir de toutes les couleurs à l’arrière-garde locale. L’alignement ariégeois faisait bonne figure dans le sillage du troisième ligne Seddaoui (ex-Castanet) et du capitaine Degas, mais les avants léguevinois répliquaient, notamment par l’obscur travail de l’ex-Saint Lysien (et accessoirement deuxième ligne) Pierre. Saverdun choisissait alors d’écarter le ballon: Jalibert allongeait pour Carvalho, venu de son aile opposée. L’ancien du Hers Lauragais de Marc Didier s’engouffrait et créait la brèche, poussant les joueurs du Coq à la faute. L’option choisie, à savoir la pénal touche, ne donnait rien (23è).
Grâce au vent, les banlieusards toulousains parvenaient toutefois à repousser leurs adversaires loin dans leur camp: en couverture dans ses 22 (et plutôt que de dégager au pied comme le lui demandait coach Idrac depuis le bord), le deuxième ligne Rouch s’essayait à une relance. Malgré un premier plaquage évité (au prix d’un beau pivot au contact), il se retrouvait isolé et concédait une nouvelle pénalité que Cascarra convertissait en points (6-3, 29è). Ce qui ne refroidissait pas pour autant les visiteurs. S’en suivait une longue séquence de conservation, bien orchestrée par la charnière Beneyton – Jalibert. Néanmoins, alors qu’un trois contre un se dessinait sur l’aile gauche et que la défense léguevinoise semblait aux abois, ce diable de Loubrieu sortait de sa boite et interceptait. Au terme d’une course de 90 mètres, l’ailier inscrivait le premier essai de la rencontre entre le barres. Cascarra transformait (13-3, 35è). Le Coq se voyait ensuite privé de son trois-quart centre Boch. Il était remplacé par Julia, habituel demi de mêlée. Une ultime faute saverdunoise dans un maul permettait à Cascarra de creuser l’écart juste avant la pause (16-3, 39è).
Saverdun joue mais s’emmêle, Loubrieu se refait la belle
Avec l’appui du vent, Saverdun attaquait le second acte pied au plancher. Beneyton dynamisait et obtenait une pénalité mais, des 45 mètres, Jalibert ratait la cible (43è). C’est au contraire Léguevin qui accroissait son avance par Cascarra (19-3, 46è). Les Ariégeois tentaient tout pour revenir à la marque, comme ce coup de pied transversal de Jalibert (joué sur un avantage) sous lequel l’ailier Toffolon se précipitait avant d’être repris sur la ligne, mais gâchaient successivement deux lancers en touche. Pragmatique, Léguevin se détachait encore davantage, toujours grâce à la botte de Cascarra (22-3, 53è).
L’UA Saverdunoise continuait de monopoliser le ballon et d’enchainer, mais diverses approximations venaient entraver le bon vouloir des habituels résidents de Paul-Fines. A un peu moins d’un quart d’heure de la fin, les Ariégeois s’approchaient une fois encore dangereusement de l’en-but des locaux. Toutefois, Loubrieu, encore lui, s’interposait sur une sautée de l’arrière Gambin et repartait dans une splendide chevauchée qui se concluait, une fois de plus, entre les perches. Cascarra, impeccable ce dimanche, rajoutait la transformation (29-3, 67è).
Les dernières minutes voyaient Saverdun essayer de franchir la ligne adverse, mais rien n’y faisait. Il faut dire que l’alignement, performant en début de rencontre, ne se montrait plus du tout souverain et enchainait les pertes de balle. Sur une offensive au large côté droit, Gambin décalait Carvalho, mais ce dernier était projeté en touche à deux mètres de la terre promise (72è). Les visiteurs continuaient de faire le siège de la ligne léguevinoise et provoquaient des fautes. Sur l’une d’elles, Bras écopait d’un carton blanc (79è). Les Ariégeois allaient profiter de cette supériorité numérique: pénalité dynamisée, ballon écarté jusqu’au troisième ligne Bayang, qui servait Bezard en bout de ligne. Le trois-quart centre résisitait au plaquage du dernier défenseur et marquait en force. Seguela (en drop s’il vous plait) transformait du bord de touche (29-10, 80è + 1). M. Laviose mettait ensuite un terme définitif à la rencontre.
Dans ce duel entre prétendants aux places qualificatives, Saverdun a beaucoup tenté, tenu le ballon et proposé un jeu intéressant. Cependant, les joueurs de Yannick Idrac et Julien Mir n’ont jamais réussi à réellement déstabiliser leurs adversaires du jour, la faute à de nombreuses approximations et à une défense locale omniprésente. Seddaoui se sera employé à remonter les ballons depuis le fond de terrain et l’ancien Loup du Girou Beneyton aura bien essayé de dynamiser le jeu des siens, mais l’ensemble aura manqué de précision, que ce soit dans le jeu de ligne ou en conquête directe (surtout en seconde période). L’UAS reste néanmoins bien calée en milieu de tableau alors que l’AS Tournefeuille, largement victorieuse ce weekend de Leucate (38 à 19), se présentera à Paul-Fines pour la dernière rencontre du deuxième bloc.
Quatre victoires en cinq matches. On ne peut décemment plus parler d’équipe surprise en évoquant le Coq Léguevinois. Si le précédent succès (à domicile face à Tournefeuille) avait été acquis grâce à un jeu offensif abouti, cette victoire face à Saverdun doit surtout à l’esprit de groupe et à l’abnégation des hommes du duo Sébastien Dupuy-Didier Herrerias. Le plus souvent privés de ballons, les coéquipiers du capitaine Bayol (encore exemplaire ce dimanche) n’ont rien laché. Sans s’affoler, ils ont fait face aux vagues ariégeoises avant de contrer, et de quelle manière, par l’inévitable Loubrieu, auteur d’un doublé. Au classement, les Haut-Garonnais grimpent à la deuxième place de la poule avant de se déplacer à Thuir, battu ce weekend dans le derby catalan à Elne Latour Theza (16-32).
Réactions
Didier Herrerias (Entraîneur, Léguevin): « Je suis très content. Le match pour lequel je suis le plus content cette saison d’ailleurs. Pas par rapport à la façon dont on a joué, mais il faut savoir qu’on a eu une cascade de blessés cette semaine. Huit joueurs du groupe de la une sont indisponibles à ce jour. On se posait encore la question ce matin au réveil musculaire, savoir quelle équipe on allait aligner. Une victoire avec le coeur donc. On a bien défendu, on a pressé et fait déjouer cette équipe de Saverdun, qui est un concurrent direct. Les joueurs vont profiter et nous, on va se tourner vers le périlleux déplacement à Thuir la semaine prochaine ».
Yannick Idrac (Entraîneur, Saverdun): « Trente points.. c’est méga mal payé. Certes, Léguevin a été très performant en défense et sur les phases de ruck, mais je suis frustré car il me semble qu’on a fait beaucoup de jeu et qu’ils se sont nourris de nos fautes. En jouant, on s’expose (…) Les deux essais, ce sont deux interceptions à des moments où on est en position de marquer. Des petites fautes qui coûtent cher, en plus, on a été « moyennas » en touche. C’est la vie, parfois, le dimanche, c’est mal payé ».
Lucas Loubrieu (Ailier, Léguevin): « Pas grand-chose à dire. Comme à chaque fois. Depuis le premier match on le sent. Esprit de groupe, esprit d’équipe. Personne ne sort du lot. Si je fais deux interceptions, c’est parce que Saverdun est sur le reculoir et envoie les ballons sous pression. Chacun fait ce qu’il a à faire. C’est sur cela que l’on compte chaque dimanche ».
Medhi Tami Berezigua (Trois-quart centre, Saverdun): « Forcément frustré. Je pense qu’on domine le match. Deux belles interceptions qui nous font mal. On fait des fautes chez nous, ce qui leur permet de scorer. Au final, 29 à 10 (…) On ne finit pas les coups, on fait des en-avants, on se fait gratter le ballon au sol. Il manque la finition, tout simplement (…) Pour le positif, on a envoyé du jeu, on a été efficaces en défense. Sans ces deux interceptions, je pense qu’on ne prend pas d’essai. On a voulu jouer, ça n’a pas marché, mais ça paiera la prochaine fois ».
Feuille de match
A Léguevin (stade municipal): Coq Léguevinois bat Union Athlétique Saverdunoise 29 à 10 (mi-temps: 16 à 3).
Arbitrage: M. Julien Laviose (Ligue Occitanie).
Cartons blancs: à Léguevin, Bras (79è).
Pour Léguevin: 2 essais Loubrieu 35è, 67è), 5 pénalités (11è, 29è, 39è, 46è, 53è) et 2 transformations Cascarra.
Pour Saverdun: 1 essai Bezard (80è + 1), 1 pénalité Jalibert (1è), 1 tranformation Seguela.
Composition Léguevin: Ancaert; Loubrieu, Boch, Barboteau, Bos; Cascarra (o), Gouguet (m); Antony, Bayol L. (cap), Darche; Ceratti, Pierre; Galaup, Fierro, Imacht.
Sur le banc: Gistau, Ligdamis, Hoareau, Bras, Scholler, Julia, Talau.
Entraîneurs: Sébastien Dupuy et Didier Herrerias.
Composition Saverdun: Gambin; Carvalho, Bezard, Tami Berezigua, Toffolon; Jalibert (o), Beneyton (m); Seddaoui, Dejean, Bayang; Dega (cap), Rouch; Aouari, Roman, Faugères.
Sur le banc: Bassanetti, Manenti, Dumas, Sentenac, Caunes, Seguela, Nicol.
Entraîneurs: Julien Mir et Yannick Idrac.