Il y a des moments dans une saison, voire dans une carrière, dont on sait qu’on ne les oubliera jamais. Le club de Grenade enregistrait la qualif de son équipe B et de son invincible équipe Belascain. Quant à l’équipe première, son périple girondin fera date aussi. Pour préparer au mieux leur match retour à Mérignac, les joueurs souhaitaient partir la veille. Le club a accepté de payer un chauffeur sur deux journées, mais ne pouvait guère faire plus. Alors ces mêmes joueurs ont payé leur chambre d’hôtel, pour être frais et dispo le lendemain et défendre le 32-28 du dimanche précédent…
Il faut croire que cette initiative a eu du bon tant l’entame était à l’avantage des Grenadains. Jérémy Andrieu marquait un essai, pendant que Pierre Delpech s’occupait des affaires courantes avec maestria, au pied mais aussi à la main, en inscrivant lui aussi un essai. 0-23, les Mérignacais étaient presque KO debout, mais parvenaient à réduire le score en fin de première période en marquant un essai transformé.
Dans le second acte, les Girondins retrouvent de l’allant et vont marquer deux essais en dix minutes. A vingt minutes de la fin, le score est de 19-26. Mais le maître à jouer de Grenade fait parler son talent une nouvelle fois, et marquera un nouvel essai en plus de points précieux au pied. Score final, 19-31 pour des visiteurs euphoriques, qui font la fierté de leur coach Kiki Géraud. Seil bémol dans ce glorieux périple en terre girondine, la fracture du plancher orbital de Vincent « captain » Destarac. « Choco » se voit contraint de terminer sa saison sur le pré plus tôt que prévu, mais préfère prévenir ses coéquipiers : « Ils ne vont pas se débarrasser de moi comme ça ! je deviens le premier supporter, c’est sûr. C’est rageant pour moi, mais c’est ainsi. Sur le match, j’ai dit au groupe de se lâcher, de laisser les émotions aux vestiaires. Il faisait chaud, il fallait gérer ce paramètre aussi. Il y a eu une belle implication de tout le monde. C’est beau pour un club comme le nôtre de sortir une grosse écurie comme Mérignac. Comme quoi, même sans argent, on arrive à faire de belles choses (rires). Ce week-end restera dans nos mémoires pour le côté sportif, et humain, c’est certain ».
Jérémy Andrieu, l’arrière et premier marqueur d’essai soulignait la qualité de ce groupe : « Les coachs voulaient qu’on se donne les moyens de jouer le match de la montée. On a donc décidé de partir la veille. Chaque joueur a payé sa chambre car le club n’a pas les moyens de faire un truc pareil. Personnellement, c’est la première fois que je fais ça, et ça restera comme un grand moment de ma carrière. Concernant le match, on ne s’est pas posé de questions, il fallait prendre du plaisir et jouer, jouer, et encore jouer. Ca nous sourit rapidement avec une belle attaque en première main, de belles courses de 3/4, que j’ai la chance de conclure. On marque cinq minutes après, avec un gros travail entre Pierre (Delpech) et Lucas, mon frère. Ensuite, on a subi, car on n’a pas su tuer le match avant. On le fait à cinq minutes de la fin, grâce à Pierre qui a marqué son deuxième essai du jour. Un énorme travail de tout le groupe et de tout le staff a fait que l’on a sorti la plus grosse première mi-temps de la saison. Je pense aussi que Mérignac nous on pris un peu trop de haut, une chance pour nous. Maintenant on a 15 jours pour préparer le match des 16èmes ».
Car oui, après Mérignac, il faut vite atterrir pour se tourner vers le prochain adversaire, qui ne sera pas un inconnu : Levézou Ségala. « Ils nous ont gagné deux fois, donc on ne sera pas favoris, mais on n’aura rien à perdre non plus » clame Vincent Destarac. Visiblement, le discours passe plutôt bien sur les bords de la Garonne, car l’équipe B est toujours en lice également, tout comme de fringants Belascain, invaincus, eux aussi qualifiés pour les 8ème de finale du championnat de France.