C’est une demi-finale de Fédérale 3 inédite et alléchante qui était proposée au nombreux public présent au champêtre Stade Georges-Pivaudran de Souillac. Le Club Athlétique Périgueux Dordogne, grand favori de cette compétition après sa rétrogradation (pour raisons financières) de Fédérale 1 en fin de saison passée, avait tracé sa route sans coup férir: après 18 victoires (en autant de matchs) en phase régulière, les bleu et blanc avaient certes connu des phases finales plus accrochées, s’inclinant notamment au match aller chez le rival dordognot Belves, mais l’expérience et la confiance engrangées au fil de la saison avaient fini par faire la différence. Pour sa part, Tournefeuille faisait quelque peu figure d’invité surprise, même si leur présence à ce niveau de la compétition ne devait absolument rien au hasard. Les banlieusards toulousains ayant successivement éliminé trois premiers de poule (Gruissan, Rieumes et La Valette du Var). Restait à savoir s’ils avaient encore un peu d’essence dans le moteur pour affronter l’armada périgourdine… (par Marco Matabiau).
Dès l’entame, les Périgourdins mettaient la main sur le ballon et enchaînaient les temps de jeu autour du demi de mêlée Brouqui, poussant la ligne de défense tournefeuillaise à se mettre à la faute. Des quinze mètres en face, Bourgeois inaugurait le tableau de marque (3-0, 4è). A la 6ème, Gratton manquait de réussite, sa pénalité des 45 mètres heurtant le poteau droit. Le même Gratton ratait de nouveau la cible à la 10è. Tout un symbole pour les banlieusards toulousains, peut-être crispés par l’enjeu, auteurs de gestes imprécis plutôt inhabituels. Pour ne rien arranger, le troisième ligne Suchaud, qui jusque-là réalisait un très bon début de rencontre, écopait d’un carton blanc. Dans la foulée, Périgueux inscrivait le premier essai : après une touche bien négociée, les avants progressaient et le ballon parvenait jusqu’à Costanzo. Le capitaine mobilisait alors deux défenseurs et parvenait à libérer pour Vergnaud, venu à hauteur. Avec la transformation de Bourgeois, les bleu et blanc prenaient quelque peu le large (10-0, 19è). La réussite continuait à fuir Gratton (deux nouveaux échecs) mais ce sont les Périgourdins qui allaient se retrouver en infériorité numérique, Costanzo recevant un carton jaune pour un plaquage à l’épaule. Tournefeuille n’en demandait pas tant : bien décalé par Desprez, l’ailier Sanchez manœuvrait le dernier défenseur et pointait en coin. Gratton, dans un angle impossible, réglait la mire et transformait (10-7, 30ème). Galvanisés, les hommes du duo Cettolo – Guiraud maintenaient la pression et obtenaient une nouvelle pénalité grâce à l’intenable Sanchez, auteur d’un superbe pressing sur l’arrière Fabe. Plutôt que de la tenter, les Tournefeuillais optaient pour la pénal touche. Mais sans réussite. A la pause, le score restait donc de 10-7 en faveur de Périgueux.
Les contres de Périgueux font mouche
Après cinq minutes de repos bien méritées (le thermomètre flirtait avec les 35 degrés ce dimanche), Tournefeuille reprenait tambour battant, mais Gratton connaissait son cinquième échec de l’après-midi (43è), puis suite à un jeu au pied haut, Lyet volleyait pour Abadie, qui se faisait reprendre à 10 mètres de l’en-but et ne pouvait assurer sa remise intérieur. Les hommes du président Carrère avaient laissé passer leur chance. A la 50è, la sentence tombait. Vergnaud inscrivait son deuxième essai personnel, toujours consécutif à un superbe travail préparatoire de Costanzo (percée, puis service sur un plateau). Avec la transformation, Périgueux reprenait 10 points d’avance (17-7), ce qui coupait les pattes des Tournefeuillais. Ces derniers essayaient bien de réagir mais semblaient s’essouffler. Ils s’exposaient même aux contres de leurs adversaires. Sur l’un d’eux, consécutif à un jeu au pied approximatif, Fabe relançait et trouvait Tallet au soutien. Le centre faisait la différence côté gauche et servait Vergnaud, encore une fois idéalement placé à l’intérieur, pour le «hat trick» de l’ouvreur dordognot. Bourgeois transformait à nouveau (24-7, 65è). Périgueux enfonçait le clou à cinq minutes de la fin grâce à un nouvel essai, collectif celui-ci (29-7, 75è). Mais au terme d’un dernier baroud d’honneur, c’est Tournefeuille qui clôturait la marque grâce à Lyet, venu se porter au soutien de Bardet (29-12, 80è).
Si les Tournefeuillais avaient su, à chacune de leurs sorties en phases finales, déjouer les pronostics et trouver les ressources nécessaires pour s’imposer, ils sont cette fois tombés sur un adversaire plus pragmatique, mieux armé et fort bien organisé, qui les a empêchés de mettre leur jeu en place, étouffant la moindre velléité offensive, notamment grâce à une grande mobilité dans la ligne de défense. On citera tout de même les performances des troisièmes lignes Suchaud (qui a fait avancer les siens à chacune de ses prises de balle) et Bardet (l’ancien de Belves, qui avait sans doute à cœur de réaliser un gros match face au rival périgourdin). Même si cette dernière rencontre peut laisser un petit goût d’inachevé, il ne faut pas en oublier le fantastique parcours effectué lors de ces «playoffs».
Pour sa part, Périgueux, malgré des soucis extra-sportifs (la montée en Fédérale 2 n’a pas été validée, les comptes du club n’ayant visiblement pas été suffisamment assainis), disputera, dans le sillage d’un Costanzo royal, la finale du championnat dimanche prochain contre Tours (vainqueur à l’arrachée des Isérois de Vinay 19-18). Une manière de ponctuer la saison sur une note positive et, faute d’accession à l’échelon supérieur, de valider le travail effectué par ce groupe drivé de main de maître par Thierry Labrousse (l’enfant du pays, ex-Agen, Castres et Brive) et Sébastien Roger.
Les réactions
Thierry Labrousse (Entraîneur, Périgueux): «Mon analyse à chaud, dans tous les sens du terme, c’est que ça a été compliqué. Même si on fait une belle entame, heureusement que Tournefeuille n’enquille pas. Sinon on aurait souffert. Je ne sais pas si l’issue du match aurait été la même. En tous les cas, les garçons ont fait preuve de courage, d’abnégation et d’envie. Ils voulaient absolument cette finale. Sur trois ou quatre actions, ils sont allés se la chercher. Plus le match avançait, plus Tournefeuille s’exposait, plus on a pu exploiter les contres. Notre défense a été héroïque, et quand il n’y a pas de brèches, le résultat final est là (…) On savait que cette équipe avait prévu de nous jouer sur les extérieurs. On avait donc demandé de les bloquer à ce niveau-là. On avait travaillé sur ça. On voulait aussi les prendre devant, puis exploiter les ballons de récupération. On a su le faire puisqu’on marque deux essais sur des actions de ce type. J’espère que ce groupe sera champion dans huit jours.»
Thomas Vergnaud (Demi d’ouverture, Périgueux): «Un gros match de l’ensemble de l’équipe. On a rien lâché. On a bien réussi notre entame, puis on a eu un passage à vide dont notre adversaire a su profiter. En plus, on a tellement subi de galères qu’on se devait, pour nous, pour notre présidente, de se qualifier pour la finale. Maintenant il faut aller la gagner et continuer à porter le club vers le haut. Félicitations à Tournefeuille qui nous a mis en difficulté, même si on a su s’accrocher dans les moments difficiles.
Damien Lyet (Arrière et capitaine, Tournefeuille): «On est tombés sur une très belle équipe de Périgueux, même si on a fait illusion en première mi-temps. On manque de réalisme au pied. On rate des coups à des moments clés du match. Si on marque, on peut être biens. C’est comme ça. Je suis très fier des joueurs, c’était vraiment une belle aventure, une très belle saison. Sur un plan plus personnel, c’est rageant puisque c’est la deuxième demi-finale que je perds. C’est la vie, il y a bien pire. Bon vent à Périgueux pour la finale.»
Laurent Cettolo (Entraîneur, Tournefeuille): «Déçu du résultat final puisque lorsqu’on est à ce niveau-là de la compétition, on rêve d’arriver au bout. On est tombés sur une belle équipe de Périgueux, très complète. On a réussi à rivaliser en première période, même si on n’a pas su scorer pour les faire douter. Du coup, ils restent devant, remarquent, restent en confiance. Par conséquent, ça devient plus dur pour nous aussi (…) Ils ont été présents dans l’engagement, l’agressivité. Mathieu (Gratton) a été imprécis dans ses tentatives aujourd’hui alors que le weekend dernier, c’est lui qui nous fait passer. On a tout de même réalisé une très belle saison. Je suis fier des mecs qui composent ce groupe.»
LA FEUILLE DE MATCH
A Souillac (Stade Georges-Pivaudran): Club Athlétique Périgueux Dordogne bat AS Tournefeuille 29 à 12 (mi-temps: 10 – 7).
Arbitrage: M. Cédric Clave (Armagnac Bigorre) assisté de Julien Martin et Jacques Chapon (Limousin)
Pour Périgueux: 4 essais Vergnaud (19è, 50è, 65è), collectif (75è), 1 pénalité (4è), 3 transformations Bourgeois.
Pour Tournefeuille: 2 essais Sanchez (32è), Lyet (80è), 1 transformation Gratton.
Cartons blancs: à Tournefeuille, Suchaud (17è).
Cartons jaunes: à Périgueux, Costanzo (30è).
Composition Périgueux: Fabe ; Mouret, Bourgeois, Tallet, Sucharaud ; Vergnaud (o), Brouqui (m) ; Donnars, Costanzo (cap), Ginisty ; Rabier, Petrichei ; Leon, Deschamps, Gady.
Sur le banc: Dubreuil, El Mouini, Azri, Rongieras, Labarthe, Barthe, Thizon.
Entraîneurs: Thierry Labrousse et Sébastien Roger.
Composition Tournefeuille: Lyet (cap) ; Sanchez, Desprez, Pinarello, Abadie ; Gratton (o), Lacassagne (m) ; Suchaud, Coudrais, Bardet ; Gonzales, Bilhère Dieuzeide ; Celaya, Marcet, Sicre.
Sur le banc: Goulignac, Marty, Trémolières, Boistard, Teillol, Eridia, Ferrié.
Entraîneurs: Laurent Cettolo et Claude Guiraud.