Match au sommet dans la poule 6 de Fédérale 2. Tournefeuille (4ème, 21 points), auteur d’un début de saison prometteur (avec notamment une victoire et un nul à l’extérieur) recevait Fleurance (1er, 30 points). Des Gersois impressionnants jusqu’alors et crédités de sept victoires en huit matchs (leur seul revers s’étant produit en terre cadurcienne). L’occasion pour les Tournefeuillais de s’étalonner face au leader incontesté et pour les Fleurantins de tester l’invincibilité à domicile de leurs hôtes du jour… (par Marco Matabiau/ Photos Thierry Guilbert).
Les deux équipes attaquaient pied au plancher. Même privés de pièces maitresses dans leurs lignes arrières (les stratèges Couzier et Lagardère, l’ailier Minelli), les Gersois balayaient le terrain et obtenaient une pénalité. L’arrière Villamot (un Gimontois passé par les équipes de jeunes du CO) ouvrait le score des 50 mètres (3 – 0, 2è). Tournefeuille semblait quelque peu crispé en ce début de match. Pour preuve, fait rarissime, l’arrière Lyet relâchait un ballon haut. Cela n’empêchait pas les siens d’égaliser grâce à la botte d’Eridia (3 – 3, 7è). Fleurance pensait reprendre l’avantage sur une nouvelle pénalité de Villamot (11è) mais l’arbitre estimait que le ballon était passé à l’extérieur du poteau gauche. Ce n’était que partie remise.
Après un gros quart d’heure de jeu, alors que les débats se déroulaient à 14 contre 14 (quelques minutes plus tôt, les piliers Tomczak et Abadie avaient écopé d’un carton blanc chacun), le centre fleurantin Espinasse interceptait une longue passe sautée de Gratton. Il cavalait sur plus de 40 mètres avant de servir l’intenable Villamot qui allait conclure en coin. L’arrière visiteur transformait lui-même (10 – 3, 17è). Les locaux ne désarmaient pas et continuaient de dynamiser le moindre ballon. Le demi de mêlée Prat jouait rapidement une pénalité, le ballon arrivait jusqu’à l’aile où Lyet et l’ailier Sirven, au terme d’un superbe un-deux, se jouaient de la défense pour envoyer l’arrière barbu en terre promise. Eridia transformait.
Le jeu restait équilibré, chacune des deux équipes s’employant à faire vivre le ballon et à lui donner de l’air. Après un jeu au pied approximatif des locaux, les Gersois relançaient par Clermont et Villamot. L’action, débutée côté droit, rebondissait côté gauche où Villamot, toujours lui, manoeuvrait un adversaire et décalait Eberland. Ce dernier allait aplatir en coin, ce qui n’empêchait nullement Villamot de transformer (17-10, 36è). Sur le coup de renvoi, Tournefeuille obtenait une pénalité. Des 35 mètres en face, Eridia ramenait les siens à quatre points (17-13, 39è). M. Salles sifflait peu après la pause, bien méritée pour les trente acteurs.
Un final à couper le souffle…
Peu après la reprise, Fleurance se retrouvait à 14: Clermont, un peu juste, tendait le pied et faisait s’entraver Sirven. Bilan: carton jaune et pénalité. Eridia ne se faisait pas prier (17-16, 44è). Les Gersois continuaient de proposer un jeu complet. Pendant ce temps, Tournefeuille faisait le dos rond et s’appuyait sur le jeu au pied de Gratton (d’une longueur remarquable) et Eridia. De quoi faire reposer les « gros » aux moments opportuns. A la 65è, Lyet cédait sa place à Azéma. Entre temps, Eridia avait manqué une pénalité (56è). Il en manquait une seconde (69è). Quand le troisième ligne Ginisty écopait d’un carton jaune pour un plaquage haut sur Eberland (71è), on se disait que les hommes du duo Cettolo-Egéa avaient laissé passer leur chance.
D’autant plus que Fleurance avait vidé son banc « quatre étoiles » (Touton et le Tongien Taufateau pour ne citer qu’eux). Pourtant, ce sont bien les locaux qui allaient inscrire un nouvel essai. Au terme d’une longue séquence de jeu, Eridia, replacé à l’ouverture, délivrait une merveille de coup de pied transversal et envoyait Sirven derrière la ligne. Avec la transformation du même Eridia, Tournefeuille prenait l’avantage pour la première fois de l’après-midi (23 – 17, 75è).
Piqués au vif, les joueurs de Gilles Taché et Raphaël Bastide (l’ex-Auscitain et Columérin) remettaient la main sur le ballon. A quelques secondes du terme, suite à une pénal touche, les Bleu et blanc enchaînaient, notamment autour de Taufateau. Hueber inversait et Themines se glissait dans un trou de souris pour plonger en but. Villamot transformait et redonnait un point d’avance à son équipe (24 – 23, 79è). Les nombreux supporters gersois pensaient sans doute que leurs favoris avaient fait le plus dur et allaient rentrer au bercail avec une victoire laborieuse, mais précieuse. C’était sans compter sur l’abnégation des Tournefeuillais. Après un jeu au pied dans l’axe des visiteurs, Azéma relançait. L’action se poursuivait, le demi de mêlée Lacassagne alternant jeu au près et jeu au large. Peu à peu, la défense visiteuse se désorganisait. Il n’en fallait pas tant à Azéma. Après avoir initié le mouvement, il le concluait d’une course tranchante, transperçant le rideau défensif et donnant ainsi la victoire aux banlieusards toulousains au bout du bout des arrêts de jeu (30-24, 80ème + 3).
Au terme d’un final fantastique qui a vu les les deux équipes inscrire la bagatelle de 3 essais (et 21 points) en huit petites minutes, Tournefeuille s’est donc imposé face à l’armada fleurantine. S’ils peuvent se montrer déçus tant ils semblaient maîtriser la rencontre, notamment sur la fin, les Gersois ont tout de même manqué certaines occasions à des moments clés (deux essais refusés, sans parler des décisions arbitrales contestées). Ils enregistrent leur deuxième défaite de la saison. Malgré le point de bonus défensif, ils perdent la première place de la poule au profit de Lannemezan (vainqueur de Gimont). A signaler tout de même les performances du talonneur Narjissi (l’ancien Agenais qui, à près de 38 printemps, se montre toujours aussi présent dans le combat), du Samoan Muagututia (passé par Auch et le club anglais de Worcester) et de Villamot, feu follet insaisissable (et accessoirement auteur de 14 points).
Pour leur part, les Tournefeuillais ont réalisé un match complet, s’appuyant sur ce jeu de mouvement qui fait leur force depuis de nombreuses années maintenant. Même menés dans les derniers instants, ils ne se sont jamais désunis et ont fait confiance au collectif pour aller chercher une victoire qui semblait leur échapper. Si toute l’équipe est à féliciter, citons le talonneur Marcet (qui, vu le face-à-face qui lui était proposé, avait dû marquer cette date d’une pierre blanche). L’ouvreur Gratton, grâce à son jeu au pied, a souvent permis à son équipe de sortir la tête de l’eau quand l’adversaire se faisait plus pressant. Enfin comment oublier Sirven, virevoltant de bout en bout et dynamiteur en chef des lignes arrières ce dimanche. De bon augure avant un déplacement toujours difficile chez les Aveyronnais de Levezou-Ségala.
Réactions
Laurent Cettolo (Entraîneur, Tournefeuille): « On voulait du suspense, on en a eu. C’est la victoire d’un groupe d’hommes qui me surprend de jour en jour. Ils n’ont pas craqué, ils sont restés solidaires. Je leur tire mon chapeau (…) On a joué contre le vent en première période, on s’est dit que ce serait plus simple en seconde, mais quand on a vu les joueurs qu’ils ont fait entrer, on a vite déchanté. Ils avaient bien organisé leur coaching en laissant sur le banc des pièces maîtresses. Tout cela fait que le match a été très compliqué. C’est pourquoi je tiens encore à féliciter les joueurs pour ce succès. »
Gilles Taché (Entraîneur, Fleurance): « Très déçu par le résultat. Deux équipes qui ont proposé un bon rugby, qui ont joué. On a la chance de repasser devant à la fin et on fait une très grosse faute. On rend un ballon qu’on doit jamais rendre. Aujourd’hui, on a nos deux demis d’ouverture qui sont « pétés » (Couzier et Lagardère), on joue avec des garçons qui jouent 9, qui jouent centre. Malgré cela, on doit gagner. Ensuite, ce qui me met hors de moi, c’est qu’on se fait voler le match. On marque deux essais en première période qui sont valables. L’arbitre dit sur l’un que le joueur rampe et sur l’autre qu’il n’aplatit pas le ballon… alors que les joueurs nous disent qu’ils marquent. Ils n’ont pas de raison de nous mentir. Je suis donc déçu carje pense que notre prestation méritait plus qu’un point de bonus défensif. »
Jérémy Marcet (Talonneur, Tournefeuille): « Une belle réussite avec une belle bande de copains qui est restée solidaire. On a eu quelques difficultés en première période. On a su ne rien lâcher et revenir peu à peu dans le match… et ça nous a souri à la fin car on n’a rien lâchécomme à notre habitude (…) Je pense qu’on est dans une dynamique positive, beaucoup de choses nous réussissent. On ne va rien lâcher. J’espère qu’on sera toujours invaincus à domicile à la fin de la saison. »
Feuille de match
A Tournefeuille (stade municipal): AS Tournefeuille bat AS Fleurantine 30 à 24 (mi-temps: 17 à 13 pour Fleurance).
Arbitrage: M. Gérald Salles (comité Béarn)
Pour Tournefeuille: 3 essais Lyet (22è), Sirven (75è), Azéma (80è + 3), 3 pénalités (7è, 39è, 44è) et 3 transformations Eridia.
Pour Fleurance: 3 essais Villamot (17è), Eberland (36è), Themines (79è), 1 pénalité (2è) et 3 transformations Villamot.
Cartons blancs: à Tournefeuille, Tomczak (14è); à Fleurance, Abadie (14è).
Cartons jaunes: à Tournefeuille, Ginisty (71è); à Fleurance, Clermont (44è).
Composition Tournefeuille: Lyet; Abadie, Desprez, Eridia, Sirven; Gratton (o), Prat (m); Suchaud (cap), Mottais, Ginisty; Clary, Martins; Tomczak, Marcet, Sicre.
Sur le banc: Baboudjian, Gibrac, San, Trémolières, Lacassagne, Dalla Riva, Azéma.
Entraîneurs: Laurent Cettolo et David Egea.
Composition Fleurance: Villamot; Parat, Espinasse, Taché T., Eberland; Themines (o), Vogel (m); Clermont, Muagututia, Courtes; Caceres, Camacho (cap); Menabdishvili, Narjissi, Abadie.
Sur le banc: Pagoaga, Paquier, Chiari, Touton, Taufateau, Hueber, Cantaloup.
Entraîneurs: Gilles Taché et Raphaël Bastide.
Comme dit précédemment le match entre Tournefeuille et Fleurance est a rejoué et sur terrain neutre
Belle rencontre entre deux belles formations qui ont proposé du jeu, dommage certaines décisions arbitrales qui faussent l’issue du match et récompensant le travail des garçons. D’après les « oui dire » un joueur de l’AST a joué alors qu’il n’aurait pas dû affaire à suivre …