Débuts des phases finales fédérales, retour des matchs couperets, et de… la pluie sur la capitale corrézienne. En effet, pour ce barrage de Fédérale 2, une météo britannique s’était invitée depuis la veille, laissant certains penser que cela donnerait peut-être un avantage aux visiteurs Normands du Havre AC. Cinquième d’une poule 1 largement dominée par le Stade Nantais, le HAC espérait bien faire un coup en terre tulliste pour jouer une montée en Fédérale 1. De son côté, le SCT, quatrième de la poule 8, avait marqué les esprits avec une victoire bonifiée contre Bergerac lors de la dernière journée de la phase régulière. Le duel semblait équilibré sur le papier, restait à le vérifier sur la pelouse, avec une fin de match difficile pour les supporters cardiaques… (Résumé et photos par Jérémy VdC)
Dès l’entame, les deux formations tentent d’imposer leur rythme afin de marquer le territoire. Les Bleus corréziens ont rapidement l’occasion de profiter de fautes havraises dans les rucks, mais Agnoux manque ses deux premières pénalités sous le crachin. Après un temps fort des Ciel et Blanc, tout près d’aplatir après un contre, ce sont bien les visiteurs qui débloquent le score, grâce à une pénalité de Maillard (0-3, 13’). Secoués sur plusieurs temps de jeu, les locaux reprennent le dessus (comme le montre par exemple le raffut de Maury sur Becquet) et recollent au score, Agnoux ayant réglé sa mire (3-3, 18’).
Alors que la pluie cesse, les deux équipes s’offrent chacune plusieurs occasions d’essai, mais des fautes de main ou de bons grattages en défense ne permettent pas de conclure. Peu avant la demi-heure, et après une longue séquence de gagne-terrain au pied, Tulle trouve finalement une première fois la faille. Bien servi par Papon via un coup de pied au ras, l’ailier Rateau pousse au pied pour lui-même et plonge derrière la ligne (10-3, 28’).
La partie se débride encore un peu plus, avec notamment des relances tentées depuis les vingt-deux, de part et d’autre. Si l’ailier tulliste passe tout près d’un doublé en étant envoyé en touche à quelques mères de la ligne, à l’inverse le HAC refait son retard dans la foulée. Trouvé en sortie d’une touche sur la ligne médiane, le centre argentin Cortes trouve un espace dans la défense locale et termine sous les poteaux, non sans avoir raffûté les deux derniers défenseurs tullistes (10-10, 34’). Malgré une dernière tentative côté corrézien, le score en reste là avant la pause.
Hic pour le HAC, Havre de paix pour le SCT
Le deuxième acte débute comme le premier s’était terminé, avec le retour de la pluie, beaucoup d’envie de chaque côté et des buteurs qui en profitent toutefois pour ajouter une pénalité pour chacune des deux équipes (13-13, 50’). Les Normands appuient sur l’accélérateur avant l’heure de jeu, avec plusieurs actions près de l’en-but tulliste, mais Pieton est repris in extremis par Vialle. À force d’insister, les Ciel et Blanc trouvent une nouvelle brèche dans la défense corrézienne ; trouvé sur son aile avec un surnombre, Maillard remonte soixante mètres le long de la ligne pour plonger en coin et donner l’avantage aux siens (13-18, 59’). Sur le renvoi, les Bleus du SCT obtiennent une pénalité, et ne tergiversent pas pour faire une partie du retard (16-18, 61’).
Le dernier quart d’heure est irrespirable pour les deux équipes, entre des Havrais conscients d’être proches de l’exploit avec une solide défense, et des Tullistes sous tension malgré plusieurs beaux temps de jeu dans le camp visiteur. Et alors que le chronomètre égraine les ultimes minutes, le centre local Godfroy trouve un intervalle. Après une remontée de quarante mètres, et face aux deux derniers défenseurs normands, il sert d’une longue passe son ailier Silli, qui termine sa course dans l’en-but adverse (23-18, 79’). Il reste juste assez de temps pour les Ciel et Blanc de remonter la balle, de match, après la sirène, mais la défense locale gratte le ballon, et l’arbitre met fin au suspense. Avec ce court succès au mental, le SC Tulle s’offre la possibilité de continuer ces phases finales, avec un seizième-de-finale aller/retour à venir face au « Goliath » Nantais, et une potentielle montée en Fédérale 1 à aller chercher. À l’inverse, c’est la désillusion pour le HAC, qui espérait mieux finir sa saison…
Les réactions
Fabien Domingo (co-entraîneur du SC Tulle) : «Franchement, il ne fallait pas être cardiaque sur les dernières minutes. Pour être honnête, ça aurait vraiment pu être Le Havre qui l’emporte, vu la physionomie, mais on n’a jamais baissé les bras, jusqu’à la fin. Ça reste un match de phase finale, équilibré, qui ne se joue pas à grand-chose. Cette percée en fin de match, cette longue passe, si on la fait dix fois, ce n’est pas sûr qu’elle arrive au bout à chaque fois, mais là elle termine dans les mains sans problème. On a eu de la réussite. Le Havre est une très belle équipe, on savait qu’ils seraient costauds devant. Les joueurs ont vraiment répondu présents. Maintenant place à Nantes, un autre très gros morceau de la division. On repart pour cinq semaines minimum de travail avec les gars, la saison ne se finit pas maintenant, c’est super. On a galéré pendant la première partie, avant de faire une phase retour bien meilleure, donc on savoure cette qualification. Mais on espère bien pouvoir manger le gâteau en entier ! (rires)»
Jules Godfroy (centre du SC Tulle) : «Évidemment, très content du résultat, mais surtout satisfait de l’investissement de l’équipe sur le match. On a mis beaucoup d’intensité, tout en étant pragmatiques, ce qui nous a parfois fait défaut cette saison. Maintenant, on va pouvoir préparer la venue de Nantes à la maison, un gros morceau au programme. Il faudra qu’il y ait encore plus de monde en tribune, et qu’on sorte un plus gros match encore que celui-là, et on verra bien ce qui se passe après les deux confrontations. Avec un peu de soleil si possible, on ne serait pas contre. Et le plus important : on remercie quand même Brachet ! »
Samy Tazaoui (directeur sportif du Havre AC): «On savait que ça allait se jouer sur des détails. On savait que ce serait compliqué, on n’a pas réussi à le faire. On fait des fautes individuelles qui nous coûtent le match à l’arrivée. Félicitations à Tulle, nous on va continuer à travailler. L’objectif en début de saison, c’était de monter en Fédérale 1. C’est comme ça, c’est le rugby ! »
La feuille de match
Au Stade Alexandre-Cueille de Tulle (19) : Sporting Club Tulle Corrèze 23-18 Le Havre Athlétique Club (mi-temps : 10-10)
Arbitres : M. Vincent Thouron (Ligue Nouvelle-Aquitaine), assisté de Mme Sophie Robert et M. Thomas Semeny (Ligue Nouvelle-Aquitaine)
Pour Tulle : deux essais de Rateau (28’) et Silli (79’), trois pénalités (18’, 48’, 51’) et une transformation (28’) d’Agnoux, une transformation (79’) de Maugein
Pour Le Havre : deux essais de Cortes (34’) et Maillard (59’), deux pénalités (13’, 50’) et une transformation (34’) de Maillard
SC Tulle Corrèze
Agnoux ; Rateau, Godfroy, Fialip, Tarif ; Papon (o) (cap), Maury (m) ; Brachet, Broydé, Freyssinel ; Marut, Farges ; Framont, Pezet, Bessières
Remplaçants : Bousquet, Valade, Manczak, Thomasset, Vialle, Silli, Maugein
Staff : Astorg, Domingo
Buteurs : Agnoux (pénalités : 3/6 ; transformation : 1/1), Maugein (transformation : 1/1)
Le Havre AC
Laboudigue ; Strzalka, Cortes, Flandrin, Maillard ; Adam (o), Le Cornec (m) ; Lourenço (cap), Buzelin, Varin ; Silla, Geffroy ; Le Bodo, Becquet, Pillet
Remplaçants : Smith, Osmani, Niakate, Pieton, Delacoudre, Leblond, Person
Staff : Tazaoui, Cuzack, Djaé
Buteur : Maillard (pénalités : 2/3, transformations : 1/2)
Quelques clichés supplémentaires (album photo complet à retrouver ici)