Déjà promus en Fédérale 1 la saison prochaine, Fleurance et Lannemezan, adversaires de poule durant la saison régulière, se retrouvaient à nouveau, pour la course au titre de champion de France de Fédérale 2. La donne pouvait avoir sensiblement changée. Car si les Gersois sont sortis leaders de la poule 6 et restent invaincus en phase finale (éliminations de Leucate et L’Isle Jourdain pour trois victoires et un nul), les Haut-Pyrénéens se sont présentés sur la pelouse de Jacques-Fouroux à Auch, avec l’envie de faire un « truc », surtout dans ces matchs à élimination directe… où tout est possible. (Résumé et photos par Wildon)
Deux minutes à peine ont été nécessaires pour comprendre que le match serait physique. Très physique même, quand le placage à retardement de Ferras sur Lagardère déclenche une séance de « bourre-pifs » que l’arbitre calme par un carton jaune à l’encontre du lannemezanais (2e). Villamot passe la pénalité (3e, 0-3). Dans la foulée, contre-attaque des joueurs du Plateau et pénalité sifflée en leur faveur que Ducau rate (6e). Animés des meilleures intentions, Lannemezan pèche déjà par un réalisme fragile mais aussi par son indiscipline, et c’est Fleurance qui en profite sur une nouvelle pénalité sifflée en leur faveur, inscrite par Villamot (9e, 0-6). Et si Ducau déflore enfin la marque pour Lannemezan (12e, 3-6), les Gersois vont carrément faire le « break » en profitant d’abord de leur supériorité numérique (13e, carton jaune contre Maylin pour un placage haut), puis par leur réalisme en inscrivant un essai par Couzier. Le tout, au terme d’un très beau temps fort et sur leur première vraie occasion d’essai, Villamot transforme (16e, 3-13).
Loin de se démobiliser, les joueurs du Plateau reviennent au score grâce à deux pénalités de Ducau (26e et 33e) mais Villamot se fait un plaisir de systématiquement marquer dans la foulée (30e et 37e), ce qui maintient les Pyrénéens toujours à distance respectable (9-19). Juste avant la pause, Lannemezan vendange une superbe occasion d’essai quand leur maul porté avance jusqu’à deux mètres de l’en-but gersois mais fait perdre le ballon dans l’ultime action, sur un malencontreux en-avant (40e).
Le réalisme fait la différence
L’indiscipline leur ayant coûté cher dans le premier acte, voici les Lannemezanais obligés de courir après le temps et le score. Leur entame de match est bien meilleure, leurs intentions sont plus offensives, leurs actions plus déliées et les sorties de ballon plus rapides, que ce soit en touche ou sur les regroupements. Dès lors que les Hauts-Pyrénéens peuvent mettre de la vitesse et enchaîner leurs mouvements, on voit pour la première fois Fleurance en difficulté, combler les brèches dans l’urgence et faire les fautes qui vont avec, provoquant une pénalité que Ducau a le bonheur de passer (46e, 12-19).
Selon que vous soyez bleu (Fleurance) ou rouge (Lannemezan), les tribunes du stade Jacques-Fouroux donnent encore plus de la voix, d’autant plus que Fleurance est à nouveau sanctionné : Muagututia prenant dix minutes de banc pour un placage considéré comme « cathédrale » par Mr Carillo après un déblaiement musclé de l’international samoan (48e). A cette infériorité numérique, s’ajoute une nouvelle faute contre eux. Mais le pied de Ducau se fait beaucoup moins précis et rate les perches (51e).
Lannemezan repart à l’attaque, mais subit dès lors la défense haute et très physique des Gersois, lesquels parviennent même à défendre en avançant à de nombreuses reprises. Voilà que les Pyrénéens reculent alors qu’ils ont le ballon ! Fleurance retrouve son réalisme froid et repasse par les coups de pied pour se mettre définitivement à l’abri avec une pénalité transformée par Lagardère (61e, 12-22). Illustrations du manque de réalisme et de l’indiscipline du CAL, Couzier prend le rôle de buteur mais rate la mire à son tour (67e). Puis, dans la foulée, Lannemezan rate un essai qui aurait récompensé un nouveau temps fort mais l’arbitre interrompt l’action quand plusieurs joueurs « plongent » sur les côtés du maul, confondant vitesse et précipitation.
Tout en maîtrise, les Gersois conservent dès lors sereinement leur avance jusqu’au coup de sifflet final de Mr Carillo pendant que, têtes basses et dépités, les Lannemezanais ne pouvaient plus qu’admettre leur défaite, entre la frustration d’être passé à côté de leur match et le réalisme d’avoir manqué… de réalisme.
LES DECLARATIONS
Raphaël Bastide, entraîneur de Fleurance
Rugby Amateur : Vous voici en demies finales après avoir géré votre avance par un jeu au pied efficace…
RB : Tout à fait mais ce n’est pas notre jeu habituel de rendre les ballons au pied, parce qu’on n’est pas trop bons dans ce secteur. Notre jeu est de porter les ballons, de déplacer les joueurs. On l’a vu en seconde mi-temps où on ne porte pas le ballon et on leur rend systématiquement le cuir. Ce n’était pas les consignes données. Oui on a été bon dans le jeu au pied pour les pénalités et transformations mais pour le reste, j’ai la victoire un peu amère parce quand on est en phase finale, il faut jouer son jeu et pas l’inverse.
RA : Cette amertume pourra nourrir un peu plus les regrets de Lannemezan de n’avoir pas pu ou su en profiter car sur au moins deux actions de jeu, ils auraient pu concrétiser leurs actions. Mais vous avez été « sauvés » soit par un en avant, soit par un joueur qui « plonge » ou encore d’un ballon « savonnette » qui vous sauve la mise ?
RB : Oh que oui ! Mais après, ce sont des faits de jeu qui arrivent tous les dimanches. Cela aurait très bien pu nous arriver aussi. C’est la vie d’une équipe, c’est un jour « sans » du buteur, c’est un en-avant à quelques centimètres de la ligne d’essai… cela fait partie du jeu et du rugby. Il faut féliciter Lannemezan qui a su montrer que ce n’était pas qu’un jeu de défense mais qu’ils savent aussi attaquer. Il faut retenir la leçon. On s’en sort bien aujourd’hui. Mais ce ne sera pas à reproduire parce que si on refait la même chose, en jouant sur ce qu’on ne sait pas faire, cela va être très compliqué pour la suite de la compétition.
Jean Bailles, entraîneur de Lannemezan
Rugby Amateur : vous vous inclinez 22-12, votre sentiment ?
JB : Nous perdons le match sur la première période. Nous avons été beaucoup trop indisciplinés puisqu’on prend deux cartons dans les vingt premières minutes de la rencontre. On est passé à côté en première mi-temps. La seconde a été bien meilleure, on a tenu le ballon, mais nous n’avons pas su scorer sur nos temps forts ni avoir la réussite sur les tirs au but. C’est le rugby… La logique de la saison a été respectée même si on a essayé de faire un hold-up cet après-midi. On n’y est pas arrivé (sourires) mais je suis très fier des joueurs et de la saison que nous avons réalisée.
Richard Muagututia, troisième ligne de Fleurance
Rugby Amateur : On a la sensation que vous avez construit votre victoire autour d’un seul essai et qu’ensuite vous avez géré votre avance en contenant Lannemezan notamment par le jeu des pénalités ?
RM : Oui, d’autant plus que cela a été un match très difficile. Nous nous sommes entraînés toute la semaine pour ce genre de rencontre, nous avons joué exactement comme à l’entraînement et nous avons su effectivement gardé notre avance. Nous n’avons jamais oublié de jouer en équipe et c’était le plus important. Nous sommes heureux de cette qualification !
LA FEUILLE DE MATCH
A Auch (stade Jacques Fouroux) – CA Lannemezan – AS Fleurance 12-22
Mi-temps : 9-19
Pour Lannemezan : 4 pénalités de Ducau (12, 26, 33, 46)
Pour Fleurance : 1 essai de Couzier (16), 5 pénalités de Villamot (3, 6, 30, 37) et Lagardère (61e), 1 transformation de Villamot (16)
Arbitre : Mr Carillo
Lannemezan : Gabarre, Ducasse, Rixens, Loutocky, Daste (cap), Ferras, Malaret, Maylin, Pailhé, Sere-Peyrigain, Vanderkerkof, André, Laffitte, Ducau, Dupont – Remplaçants : Rouch, Granja, Piques, Viau, Père, Dupuy, Durancet.
Fleurance : Pagoaga, Narjissi, Menabdishvili, Camacho (cap), Caceres, Touton, Muagututia, Clermont, Bedout, Couzier, Eberland, Lagardère, Espinasse, Cantaloup, Villamot – Remplaçants : Abadie, Capdeville, Chiari, Puydupin, Vogel, Parat, Thémines.