Saint-Céré (46) avait donc été désigné comme le théâtre de la finale 2018 de fédérale 2 féminine, à mi-chemin entre Toulouse et Périgueux. Les deux villes présentaient deux formations plus que méritantes. Le TCMS d’un côté, une seule défaite au compteur, et le CAPD donc, contraint de disputer deux fois sa demi-finale contre Joué les Tours. Deux victoires à la clé, et le plein de confiance aussi. Le match s’annonçait indécis, il l’a été… jusqu’à la dernière seconde (par David Campese)
Le TCMS voulait parachever sa saison exceptionnelle de la plus belle des manières. En menant 9-0 à la pause grâce à trois pénalités de Moreno, tout semblait bien engagé. Mais Périgueux, loin d’être fatigué par une double demi-finale (la première ayant été rejouée) contre Joué les Tours, démontrait que sa présence en finale était plus que méritée. Au point que la formation dordognote, menée 12-0 (Moreno étant passée par là) au début de la seconde mi-temps, entamait une remontada grâce à deux essais en 12 minutes (49ème et 61ème). Les Toulousaines, inscrivaient une nouvelle pénalité de leur côté, par vous savez qui, préservant leur avance d’une seule unité (15-14). Mais à moins de dix minutes du terme, Hivert, l’arrière capiste, donnait l’avantage pour les Périgourdines, qui voyaient le titre leur tendre les bras au meilleur des moments.
Une fin de match insoutenable…
Cependant, elles allaient commettre l’irréparable, une dernière faute, face aux perches, à la dernière minute. Une dernière occasion en forme d’offrande pour Maëlys « Wilkinson » Moreno donc…ou un cadeau empoisonné allez savoir. La Toulousaine dans sa bulle, insensible à la pression, nous raconte l’action : « Cette dernière pénalité, c’est la plus facile mais également la plus dure. Elle est en face des poteaux. J’en ai mis des bien plus dures pendant le match, mais mentalement je me dis que si je passe celle-là, on gagne. Mais si je la rate…après cette saison, j’ai pas le droit de faire ça. Alors je me suis répétée : « elle passe, elle passe…» jusqu’au moment où… elle est passée (rires). Et là j’ai réalisé, on a gagné. On est championnes de France ! »
Oui, Maëlys offrait les trois derniers points de la partie à ses copines cheminotes, et le titre qui allait avec. Un succès acquis dans la douleur certes, mais qui, au vu de cette saison, remarquable, ponctuée de morceaux de bravoure (notamment cette victoire aux tirs au but contre Toulon), ne doit rien au hasard. Félicitations à Périgueux également, qui n’a pas manqué de courage, ni de qualités. Ces deux équipes ont fait honneur au rugby féminin.
Réactions
Laura Escande (co-entraîneur TCMS) : Quelle saison, et surtout quel match ! On assure la première mi temps avec une grosse défense, une application et un réalisme incroyables. En deuxième, on prend l’eau, on joue à l’envers, Périgueux joue juste et et arrive à remonter 15/17. 8 minutes insoutenables où les filles ont été héroïques et n’ont jamais rien lâché pour arracher cette dernière pénalité au coup de sifflet final. Notre buteuse et joueuse du match, Maëlys, ne tremble pas. Je tenais à souligner une très, très belle équipe de Périgueux, joueuse avec une technique de jeu incroyable, bravo à elles pour cette belle saison, surtout suite au deux demi-finales jouées. De notre côté, bravo à tout le monde : un groupe incroyable, on n’oublie pas les blessées, les supporters, les jeunes, les vieilles… une seule défaite dans la saison, et un staff en or, toujours présent. En clair, une famille. Comme on dit chez nous, TC un jour, TC toujours !
Maeva Levin (10 et capitaine TCMS) : Une saison incroyable ! En septembre on voit arriver au taquet de nouvelles têtes, on a pu faire des entraînements à plus de 30. Pour une équipe féminine de fédérale 2, c’était plus que tout ce qu’on aurait pu espérer. Invaincues sur la phase aller, on fait un début de championnat tonitruant et aucun essai encaissé. Les filles arrivées cette année s’intègrent au groupe à merveille et nous apportent énormément par leur expérience rugbystique et leur état d’esprit. L’hiver, les blessées, les terrains fermés, nous enchaînons les matchs retour à un rythme soutenu, nous laissons également en route quelques points à Grenade après notre 1ère et seule défaite de l’année. Nous finissons logiquement 1ère de poule et sommes qualifiées pour les 8èmes de finale sans passer par les barrages. Nous avons vécu des phases finales intenses et parfois compliquées notamment le quart de finale contre Toulon après une belle remontada et une victoire aux tirs au but. Le premier objectif est atteint : la montée en fédéral 1 mais nous voulions plus et le club aussi ! L’équipe ou comme on dit chez nous « la famille » était plus soudée que jamais. Malgré le décalage de la finale, nous étions prêtes à jouer ce dernier match de la saison, ces dernières 80 min. Nos adversaires de Perigueux nous ont donné du fil à retordre. Nous gagnons sur une pénalité de dernière minute mais nous ne retiendrons que la victoire et le sacre. Une super consécration pour ce groupe et cette équipe ! Je suis fière d’être capitaine de cette équipe du TC qui prône toutes les valeurs du rugby que j’aime, combativité et convivialité. Périgueux avait une très belle équipe aussi, en place tactiquement et physiquement, malgré leur match supplémentaire dans les jambes. Bravo à elles pour cette saison.
Sandra Prévot (1ère ligne, 37 ans et fondatrice de la section féminine du Tcms) : « Il y a 14 ans, on montait notre ‘petite’ équipe de rugby, formée essentiellement d’étudiantes qui avaient envie de poursuivre ce sport, découvert en universitaire, mais qui n’osaient pas pousser la porte des gros clubs. Cela s’est fait au TCMS, avec des dirigeants dévoués et chaque année, on a accueilli de nouvelles joueuses, des étudiantes, des débutantes, des expatriées, leur donnant goût au rugby mais surtout à tout l’esprit qui l’entoure. Le TC, c’est assurément une réussite humaine, cette grande famille à laquelle on reste attachée même quand on la quitte pour vivre ailleurs ou pour évoluer à plus haut niveau. Et cette année, on a offert une belle récompense à cette belle famille ! On est championnes de France ! »
Maëlys Moreno (Dan Carter version féminine) : c’était juste énorme, magique. Je commence à réaliser mais j’ai encore du mal, on l’a fait ! On savait que ces filles de Périgueux nous donneraient beaucoup de fils à retordre, et ça a été le cas. Heureusement on a su relever la tête au moment où il le fallait et ça nous a permis de soulever le bouclier. Je suis tellement fière de ce groupe, qui est si soudé, on est une bande de copines et on s’y est filé toutes ensembles, personne n’a démérité. Tc un jour tc toujours !