On a beau se dire qu’on est tout juste au début de la saison (à raison) et que ladite saison sera longue (toujours à raison), les deux adversaires du jour ont déjà deux visions différentes de celle-ci. Avec deux défaites de rang, l’avenir de Valence est déjà brumeux sans pour autant avoir à rougir de ses prestations. Sur le papier, la réception d’Albi, un des cadors de la poule 2 et du niveau, n’augurait donc rien de bon. Surtout que les Albigeois restent sur une large victoire contre Nafarroa (73-22) lors de la deuxième journée… (résumé et photos par Wildon)
Bien qu’armés des meilleures intentions, les joueurs d’Olivier Laurent se heurtent à des Albigeois décidés à rapidement imposer leur domination. Et la première poussée offensive des Tarnais à les allures d’un raid qu’un hussard n’aurait pas renié, Tavalea plongeant au final dans l’en-but valencien pour un essai que Caminati bonifie tranquillement (3e, 0-7). Dans les secondes qui suivent, Bouyxou manque de prendre les premiers points pour Valence, sa pénalité, trop juste, passant sous la barre (5e). Caminati manque, lui, de creuser l’écart en ratant également sa pénalité (9e). Partie remise, car aux trois points vendangés, Albi en prend sept de mieux. Sur un ballon à suivre, le trois-quart tarnais Thomas Lacelle vient mettre sous pression Franck Fresneda, qui s’emmêle les pinceaux et laisse le ballon dans les pieds de Lacelle qui le pousse jusque dans l’en-but pour mieux l’aplatir. Caminati finit le job sans trembler (12e, 0-14).
Alors que cela sent la valise à plein nez, Valence d’Agen réagit à l’orgueil et impose un gros temps fort aux Albigeois, un quart d’heure sous pression, mais qui reste stérile. Courbant l’échine et bloquant toutes les offensives tarn-et-garonnaises, les Albigeois contre-attaquent brutalement avec un superbe numéro de soliste signé Nabaro dont l’action provoque une pénalité que Caminati passe entre les barres (27e, 0-17).
Quand Valence d’Agen fait douter Albi…
A ce moment de la rencontre, on se dit que le Sporting va passer en mode rouleau-compresseur, d’autant que les oranges et les citrons sont encore loin à la pendule. Sur le bord du terrain, le coach valencien Olivier Laurent, appelle ses joueurs à la patience et à continuer de travailler l’adversaire. « Ça va payer, les gars, Ça va payer ! » répète-t-il depuis sa zone technique. Méthode Coué ou don d’ubiquité ? Toujours est-il que les Valenciens s’installent à nouveau dans le camp tarnaise, le travail de sape et de patience des locaux est enfin récompensé par un bel essai en coin signé Jason Deschamps. Même si Bouyxou, décidément en panne d’efficacité, dévisse complètement sa tentative de transformation (33e, 5-17).
Quoi qu’il en soit, Deschamps a rallumé la flamme. Valence met Albi sur le reculoir, joue, ose, tente, et pousse les Albigeois qui subissent les attaques au près des pensionnaires de Baylet. Tant et si bien qu’Albi va à la faute. William Whetton écopant d’un carton jaune (36e). La sanction est immédiate puisque Valence met en marche une « cocotte minute » qui pousse Dulay en terre promise, Bouyxou trouvant (enfin) le chemin des perches pour deux point de mieux juste avant la pause (37e, 12-17).
Le réalisme froid d’Albi
Mais les espoirs d’une « remontada » valencienne vont être froidement douchés dès la reprise. Comme en première période, Albi frappe après seulement trois minutes de jeu avec un essai signé Paul Farret, non transformé (43e, 12-22). L’horloge tourne désormais avec des locaux au cœur chaud face à des Albigeois à la froide gestion du score. L’écart athlétique entre les deux formations s’accentue à mesure les minutes filent et que la fatigue se creuse. Les impacts sont plus rudes, on voit les joueurs de Valence souffrir de la chaleur, des placages ou des rucks. Genoux en terre, joueurs allongés sur la pelouse, ça passe ou ça casse à chaque action. Et ça casse plutôt sévère pour Jason Deschamps, parti en contre-attaque depuis ses « vingt-deux » mais qui prend un placage « dolby-stéréo », découpé par deux Albigeois qui l’attendaient au milieu du terrain. L’ailier tarn-et-garonnais, le genou en vrac, doit sortir du terrain, soutenu par son staff médical.
Les attaques valenciennes restent valeureuses mais vaines. Et une nouvelle fois, Albi fait parler son réalisme froid avec une superbe combinaison en touche. Feltrin joue l’engagement, profite d’une feinte de son alignement pour servir Calas qui prend admirablement l’intervalle crée. Il s’enfonce dans la défense adverse déstabilisée, fixe son adversaire et sert Feltrin, dans un superbe « une-deux » que n’aurait pas boudé un footeux, pour un essai en coin, non transformé (72e, 12-27). Plus rien ne viendra changer le cours de ce match, pas même le carton jaune à l’encontre de l’albigeois Hermet (40e +3). Albi s’impose en toute logique, assumant son rôle de favori malgré un jeu parfois en mode attentiste ou alternatif, laissant Valence d’Agen dans le fond du classement. Malgré tous leurs efforts restés vains, les Valenciens au cœur chaud avaient sans le doute le cœur gros.
Les réactions
Arnaud Méla, entraîneur d’Albi
Rugby Amateur : Peut-on parler d’une victoire large ou d’une victoire contrariée ?
AM : (Il soupire) Large au score, oui… Après, l’équipe a les moyens de faire mieux et surtout les moyens d’aller prendre un point de bonus sur un match comme celui-ci. Je suis quand même satisfait du résultat parce qu’en face, on savait qu’il fallait qu’ils gagnent et qu’ils seraient prêts, qu’on serait attendus. On a été bons par séquences. Il faut qu’on arrive à tenir un niveau de jeu plus constant, car on a été un peu fébrile. Le week-end dernier, on fait 100% sur la touche, aujourd’hui, on n’a pas été bons. Et pour la mêlée, c’est l’inverse. Il faudra qu’on arrive à faire un match plein pour une fois.
RA : Pourtant, à 0-14 après dix minutes de jeu, cela partait plutôt bien, non ?
AM : Oui, mais on s’est relâché derrière. J’ai vraiment besoin que les joueurs expérimentés, les cadres, montrent l’exemple sur des matches comme celui d’aujourd’hui. Ce n’est pas aux jeunes de montrer l’exemple, c’est aux vieux. J’attends autre chose.
Olivier Laurent, entraîneur de Valence d’Agen :
RA : Quel sentiment prédomine après une telle défaite ?
OL : Je savais que cette équipe d’Albi, il fallait la jouer, la prendre sur la conquête, ce que vous avez pu voir pendant trente-deux minutes [en première période]. Dès qu’on a eu la main sur le ballon, dès qu’on a pu mettre du rythme, ça a marché. Maintenant, on avait nos deux talonneurs titulaires sur le flanc, on a joué avec un « petit » de dix-neuf ans et demi. On a trois touches importantes en première mi-temps comme en seconde, sur des moments-clés où ils commencent à lâcher, on se perd le ballon (sic). Trois ou quatre détails comme ceux-là qui nous pénalisent. Et en seconde mi-temps, on prend un essai beaucoup trop rapidement. Je l’avais pourtant dit à mes joueurs : « Attention sur le début de seconde mi-temps, c’est ce qui fera basculer le match d’un côté ou de l’autre. ». Ça n’a pas raté. Je pense que les Albigeois ne sont pas aussi bien que ça à la mi-temps… On vient de marquer deux essais, on est en train de remonter sur eux, dans la tête on est bien, on est en train de remettre la main sur le ballon, ils prennent un carton [jaune], ils sont dans le dur, cela se voit et on n’en profite pas. Ils ont maîtrisé leur sujet, ils n’ont pas fait grand-chose, attendant qu’on fasse tomber les ballons pour les jouer en contre-attaque.
RA : Finalement, que retenir de positif de cette défaite ? D’avoir tenu tête à une équipe comme Albi ?
OL : Non, face à des équipes comme Albi, ne pas pouvoir exister, ne pas pouvoir tenir tête, c’est trop « plat ». On manque d’énergie ou d’agressivité. On fait tomber des ballons, on est trop facile sur les contacts. On n’est pas encore « dedans », on est à 20% de notre potentiel offensif, ce n’est pas normal. Sur des matches comme ça, il faut mettre du rythme, de la folie, du jeu mais à quinze. Et le problème, c’est qu’on a toujours joué « un par un ». Avec une équipe en place comme Albi, on n’existe pas.
RA : Même si on se dit que ce n’est que le début de la saison et que celle-ci sera longue, le problème est que cela fait trois défaites en autant de matches. A quel moment la situation pourrait devenir sérieuse ?
OL : A la fin de la saison ! Il ne faut se prendre pour des spectateurs du Top 14 devant la télévision et qui n’ont jamais touché un ballon, il faut être un peu lucide. Quand j’ai vu le premier « bloc de quatre », j’ai coché un match : celui de Bagnères-de-Bigorre. Tu vas à Anglet qui a fait un huitième de finale l’an dernier et qui s’est renforcé avec quatre joueurs qui ont connu le Top 14 ; derrière, tu reçois Albi puis tu vas à Saint-Jean-de-Luz [dimanche prochain] qui est sur trois victoires consécutives, qui a fait un quart de finale de championnat de France l’année dernière et qui s’est bien renforcé. C’est trop compliqué. Tu peux dire ce que tu veux, tu peux clamer qu’Albi, il faut les battre chez toi, oui c’est facile à dire. Sur le papier, c’est jouable, oui… Mais Albi aujourd’hui [dimanche], quand tu te présentes face à eux, surtout avec un minot de dix-neuf ans et demi au talon, avec les rotations que l’on a, c’est trop compliqué. Donc, quand est-ce que cela va devenir inquiétant ? A la fin de la saison, quant à un match de la fin, on sera encore relégable. C’est tout.
L’objectif est donc le maintien désormais ?
C’était l’objectif du départ, et nous restons clairement dessus. Et je le dis tous les ans : on cherche d’abord à maintenir le club. Aujourd’hui, on a trois matches et trois défaites dont deux à domicile, oui, c’est un début de saison très compliqué. Dimanche prochain, on va à Saint-Jean-de-Luz, cela fera peut-être quatre. Alors, qu’est-ce qu’on fait ? Et bien on baisse la tête et on continue à travailler. On a tous connu des débuts de saison difficiles comme ça. Après, je l’ai dit à mes joueurs : un groupe de qualité et des garçons de qualité, ce sont ceux qui, dans le dur, sont capables d’aller chercher des ressources. Et pas quand c’est facile. Quand c’est facile, tout le monde sait faire. Mais quand c’est difficile, quand on a des blessés, c’est là qu’on voit des joueurs de qualité.
RA : Justement, en terme de coaching, comment rester mobilisateur et fédérateur ? Comment faire pour que le groupe ne s’enferme pas dans une spirale négative ?
OL : Il faut mettre de la fraîcheur dans les entraînements, concevoir des situations différentes, que les garçons s’approprient le système, que les garçons soient entre eux, vivent ensemble et ne surtout pas rester sur les résultats. Il y a trois saisons, quand on va en finale du championnat de France, je me rappelle très bien, on débute par une victoire contre Anglet et puis derrière, on a deux défaites et tout le monde faisait la gueule (sic), tout le monde se posait des questions et puis finalement, on va en finale et tous ceux qui se posaient des questions étaient très contents. Il faut laisser le temps à ce groupe pour travailler, ça a toujours été comme ça. Et ceux qui partent très vite ne seront pas nécessairement ceux qui seront premiers à la fin, hein ! L’an dernier, Lavaur manque de perdre son dernier match de saison régulière, finit quatrième de sa poule et remporte le titre au final. Tout se joue à un point. Alors oui, battre Albi, sur le papier c’est jouable. Mais sur le terrain, c’est la vraie vie. Donc, je laisse les gens parler, nous on continue de travailler…
LA FEUILLE DE MATCH
A Valence d’Agen – Valence d’Agen – Albi 12-27 (Mi-temps : 12-17)
Pour Valence d’Agen : deux essais de Deschamps (33) et Dulay (37) et une transformation de Bouyxou (37).
Pour Albi : trois essais de Tavalea (8), Lacelle (12) et Feltrin (72), deux transformations (8, 12) et une pénalité de Caminati (27).
Arbitre : Mr Mastoumecq assisté de Mrs Salvat et Roche
Valence d’Agen : Hernandez, Flanquart, Margveliani, Nugent, Samisoni, Gorry (cap), Lescout, Fofana, Dulay, Bouyxou, Deschamps, Lacombe, Meneghini, Fresneda, Tardieu – Remplaçants : Decaunes, Maarman, Salse, Anania, Nassik, Lecareux, Bensalla, Taeae
Albi : Cormenier, Casals, Toetu, Gaillard, André (cap), Whetton, Farret, Tavalea, Bisman, Russell, Nabaro, Bertrand, Mafi, Lacelle, Caminati – Remplaçants : Feltrin, Dedieu, Essid, Calas, Menoret, Hermet, Uruty, Navrozashvili
Laporte doit- être fier d avoir supprimé la poule élite ! Ce mélange d amateurs et de professionnels ne font pas bon ménage où ces scores ne veulent plus rien dire créant la risée des médias et journaux locaux ! Pauvre rugby des champs où pour les favoris se sont de vrais matchs de coupe !!