Ce weekend, la Fédérale 1 reprenait ses droits. Autant dire les choses : le niveau de compétition et d’exigence ayant encore augmenté, il s’agissait de ne pas se rater à la sortie des starting blocks. De tout cela, l’US Saint Sulpicienne en était bien consciente au moment de recevoir le RC Nîmois, l’une des grosses écuries (avec Narbonne, Aubenas et Blagnac pour n’en citer que quelques-unes) de cette poule 3. Huitièmes de finalistes la saison passée, les Gardois avaient opéré quelques modifications, confiant notamment la responsabilité de l’équipe à Armand Mardon et Patrick Escande. Ils arrivaient logiquement avec l’étiquette de favoris sur les bords de la Lèze. On sait néanmoins que s’imposer à Gaston-Sauret n’est jamais chose aisée. Un match de reprise qui promettait donc une belle empoignade… (par Marco Matabiau, photos Sébastien Méric).
Les locaux démarraient pied au plancher dans le sillage de Cabot (replacé en 8) et du trois-quart centre Roquebert. Ils héritaient d’une pénalité que Boyer, des 15 mètres en face, se faisait un plaisir de convertir (3-0, 4è). On allait retrouver ces trois joueurs sur l’essai saint sulpicien quelques minutes plus tard: Roquebert remontait un ballon suite à un jeu au pied long des Gardois, puis Cabot relayait et créait un point de fixation. Sortie rapide pour Boyer qui feintait la passe, utilisant les faux appels de ses coéquipiers pour se frayer un chemin jusqu’à l’en-but après une course d’une bonne trentaine de mètres. L’ouvreur transformait lui-même (10-0, 10è).
Nîmes ne voyait pas le jour et était pénalisé tant par ses imprécisions (touche non trouvée sur une pénalité, en-avant dans la ligne, passes approximatives) que par son flagrant manque d’engagement. La mêlée des visiteurs subissait (deux pénalités concédées avant la 20è) sous les coups de boutoir d’Anthony Roux (ex-Colomiers) et de Caujolle, largement dominateurs face à leurs homologues Nouri et Oliver. Pour ne rien arranger, le talonneur nîmois Marra devait quitter ses camarades, visiblement touché à la cheville. Il était suppléé par Nierat. Même dominés dans la conquête directe, les Gardois trouvaient l’ouverture à la demi-heure: sur une sortie de mêlée rapide, l’ouvreur Chagnaud prolongeait sur Chiker. Il ajustait un judicieux coup de pied rasant « à contre courant », surprenant la défense. Un dernier rebond capricieux trompait l’arrière-garde saint sulpicienne et le trois-quart centre plongeait pour inscrire l’essai. Chagnaud transformait (10-7, 30è).
Nîmes reprenait des couleurs. Sur le renvoi, l’ailier Pichard se fendait d’un slalom géant et d’une fulgurante accélération dans une défense locale débordée. Boyer devait se mettre à la faute et écopait d’un carton jaune (33è). Néanmoins, « Saint Sul » ne cédait rien et repoussait les assauts gardois, menant même un contre par le capitaine Webley et Cabot. Les rouge et vert obtenaient une pénalité que Roquebert transformait (13 – 7). Nîmes ne profitait donc pas de sa supériorité numérique. Pire encore: les Gardois se retrouvaient à leur tour à 14 quand Chagnaud se faisait prendre en flagrant délit de tirage de maillot sur Roquebert alors que le centre « XXL » avait réussi un superbe « petit par-dessus » la défense et qu’une action pleine de promesses semblait se dessiner (40è + 1). Le score n’évoluait cependant plus jusqu’à la pause.
Saint-Sulpice se détache, puis tient bon…
Dès la reprise, les locaux creusaient l’écart sur une nouvelle pénalité de Boyer, sorti de sa pénitence (16 – 7, 42è). Ils ne s’arrêtaient d’ailleurs pas en si bon chemin. Quelques instants plus tard, les avants enchainaient au près, puis Beille venait « main-main » au relais de son deuxième ligne Saux. Faisant tout d’abord parler sa pointe de vitesse, puis sa puissance (il résistait au retour du dernier défenseur, se fendant d’un superbe raffût), l’ailier inscrivait, en coin, un essai plein de détermination. Bien qu’en position délicate, la transformation ne posait aucun souci à Boyer (23 – 7, 46è).
Malgré l’entrée du pilier droit Daniel à la pause, les Gardois continuaient de rencontrer des problèmes en mêlée et concédaient une pénalité. Des 50 mètres, Boyer s’y essayait mais son coup de pied passait juste sous la barre. Il ne manquait en revanche pas la nouvelle occasion qui lui était offerte, des 40 cette fois, pour augmenter l’avance des siens (26-7, 52è). Toujours incapables de réagir, les Nîmois se retrouvaient encore une fois à 14, Daniel ayant visiblement commis un mauvais geste sur un de ses adversaires (55è). Quelques instants plus tard, le staff saint sulpicien remplaçait Caujolle et Roux par Aka et Dufour. Sans y voir quelque lien que ce soit, Nîmes inscrivait un nouvel essai à 20 minutes de la fin: Aleyrangues et le centre Robbe réussissaient un bel une-deux au coeur de la défense pour envoyer le suppléant de Chagnaud derrière la ligne. L’ouvreur transformait lui-même sa réalisation (26 – 14, 61è).
La valse des changements se poursuivait. Cabot était remplacé par Bonaldo et Boyer, légèrement touché à l’épaule, cédait sa place à Doussain. Ce dernier, sur son premier ballon, déposait, d’un maitre coup de pied, le cuir dans le dos de l’ailier gardois Roucoux, permettant à ses avants de souffler un peu. Il faut dire qu’ils en avaient bien besoin, Nîmes se montrant de plus en plus conquérant en mêlée fermée. Pour éviter un retour qu’on pensait jusque là improbable, Fabrice Capdeviolle, Damien Denechaud et Victor Labat faisaient même revenir Caujolle et Roux aux affaires. Les dernières minutes semblaient interminables pour les locaux: même si Salis (auteur d’une belle entrée) grattait un ballon au sol, récupérant au passage une pénalité, Saint Sulpice recevait deux cartons jaunes coup sur coup (Faure à la 79è, Bonaldo à la 80è). Les Gardois en profitaient pour récupérer le bonus défensif: après avoir échoué d’un souffle (Roucoux se faisant propulser en toucher à un petit mètre de l’en-but), c’est finalement Robbe qui, au terme d’une action méthodique et précise, inscrivait le troisième essai nîmois, lui aussi transformé par Aleyrangues (26-21, 80è + 5). Dans la foulée, M. Simon mettait un terme à cette rencontre.
Lors de cette journée inaugurale, l’USSS a encore une fois démontré que venir s’imposer à Gaston-Sauret, quel que soit votre statut, n’est jamais une mince affaire. Grâce à une entame tonitruante, les joueurs de la Lèze ont d’entrée mis la pression sur leurs adversaires, les martyrisant tant en mêlée fermée (Caujolle et Roux ont été souverains) qu’en défense (les troisièmes lignes Fourthies et Fabre se sont multipliés et Roquebert a régné sur le centre du terrain). Mention spéciale enfin à l’artilleur Boyer (18 points) et à Cabot: ce dernier, véritable régulateur du jeu des siens, a montré qu’un numéro huit peut aussi mettre son équipe dans l’avancée en faisant des passes. Côté nîmois, on se satisfera sans doute de ce point de bonus défensif glané en toute fin de rencontre tant il semblait inatteignable à l’heure de jeu. Globalement battus dans le combat direct et dans l’engagement, les hommes d’Armand Mardon et Patrick Escande ont profité de la légère baisse physique des Saint Sulpiciens pour mettre leur jeu en place. On notera les performances du capitaine Alcade, très actif au relais de ses trois-quarts, et du centre Robbe, qui a grandement dynamisé la ligne d’attaque gardoise dès son entrée, provoquant des brèches et monopolysant plusieurs défenseurs à chacune de ses prises de balles. Après ce galop inaugural, les deux équipes se préparent désormais aux joutes futures: Saint Sulpice recevra Roval Drôme XV, un des très gros morceaux de la poule, alors que le RCN accueillera les Gersois de Fleurance au Stade Kaufmann.
Réactions
Damien Denechaud (Entraîneur Saint Sulpice): « On a fait un bon match, on les a pris comme il fallait. On a été plus performants qu’eux sur les phases de ruck, sur le combat de manière générale. C’est une équipe qui veut proposer du jeu, qui est très en place. Face à des équipes comme nous, sans vouloir leur manquer de respect, il faudra un peu plus « y mettre le nez ». A mon avis, on n’aura pas les mêmes au match retour. Ils se seront fait avoir une fois mais pas deux. Quand ils avaient le ballon, ils étaient extrêmement dangereux. On s’est souvent retrouvés aux abois (…) On a cherché à les prendre sur les phases statiques, nous étant renforcés dans ce domaine (…) On considère qu’on a réalisé un exploit aujourd’hui. On va essayer de se préparer pour en produire un autre la semaine prochaine contre Roval Drôme XV. »
Patrick Escande (Entraîneur, Nîmes): « On démarre très mal le match. On prend dix points en dix minutes. Après on déjoue sur certains moments clés. On réussit tout de même à revenir dans le bonus défensif en fin de partie. On est tombés sur une équipe qui joue avec des valeurs certaines de combat (…) Ensuite on prend des cartons jaunes sur des faits de jeu. En mêlée, on a été un peu dominés même si on se reprend sur la fin (…) Le point positif c’est qu’on tient bien le ballon sur la fin de partie, on réussit à respecter certains schémas même si on est encore loin du compte. »
Pierre Cabot (Troisième ligne, Saint Sulpice): « Cette victoire est une grande fierté pour nous. On savait que Nîmes était une grosse équipe de ce championnat, qui s’était qualifiée pour les phases finales l’an passé. On n’a pas eu la préparation que l’on souhaitait avoir. Du coup, on n’était pas très sereins dans la tête. Finalement, on s’est retrouvés sur le terrain avec beaucoup de joueurs qui formaient l’ossature de l’équipe l’an passé. On se connait, on a des repères, c’est ce qui a payé. On rentre bien dans le match. Ensuite, la fin de match est compliquée mais on a recruté des joueurs de première ligne qui nous font énormément de bien cette année (…) La venue notamment d’Anthony (Roux), qui vient de Pro D2 fait beaucoup pour le groupe, Ludo Caujolle confirme son potentiel en se rassurant au contact de ce joueur d’expérience. Forcément quand ça déroule en mêlée, c’est plus simple. »
Charles Robbe (Trois quart centre, Nîmes): « On eu eu beaucoup de mal à entrer dans le match face à une équipe très agressive qui débutait à la maison. On s’attendait à un gros combat. On a vendangé des occasions en première mi-temps, on a commis trop de fautes, on n’a pas scoré. Eux ont été très réalistes. En début de seconde période, on a continué à prendre des points. On s’est réveillés vers la 60è et on a récupéré le point de bonus défensif. Je ne sais pas si beaucoup d’équipes le prendront ici. Après, quand on joue à l’extérieur, la différence se fait souvent dans le combat. On a été largement dominés dans ce domaine. A la fin, ils pourrissent un peu les ballons. Nous, on a deux essais à mettre, c’est compliqué. C’est le jeu. Ils ont su jouer sur leurs valeurs pour l’emporter. Félicitations à eux. »
Maxime Boyer (Demi d’ouverture, Saint Sulpice): « On aurait signé des deux mains pour obtenir un tel résultat. Nîmes est une très grosse équipe qui jouera selon moi le haut du tableau. Cela fait plaisir de gagner pour le premier match à domicile. Ce sont toujours des points qu’on engrange. Je suis très heureux pour l’équipe et pour le club (…) On avait à coeur de faire une grosse entame. Les « gros » ont fait un travail monstrueux. Cela a dégagé des espaces derrière, ce qui a permis aux trois-quarts de s’exprimer et de jouer dans l’avancée, ce qui est toujours plus simple et agréable, notamment quand on joue demi d’ouverture. »
Feuille de match
A Saint Sulpice sur Lèze (Stade Gaston-Sauret): Union Sportive Saint Sulpicienne bat Rugby Club Nîmois 26 à 21 (mi-temps: 13 à 7)
Arbitrage: M. Mickael Simon (Comité Provence) assisté de MM. Vallon et Martin.
Pour Saint Sulpice: 2 essais Boyer (7è), Beille (46è), 4 pénalités Boyer (4è, 42è, 52è), Roquebert (39è), 2 transformations Boyer.
Pour Nîmes: 3 essais Chiker (30è), Aleyrangues (61è), Robbe (80è + 5), 3 transformations Chagnaud (1) et Aleyrangues (2).
Cartons jaunes: pour Saint Sulpice, Boyer (33è), Faure (79è), Bonaldo (80è); pour Nîmes, Chagnaud (40è + 1), Daniel (55è).
Composition des équipes
Saint Sulpice: Gardey; Pit, Vaysse, Roquebert, Beille; Boyer (o), Latapie (m) ; Cabot, Fourthies, Fabre; Webley (cap), Saux; Roux, Viozelange, Caujolle.
Sur le banc: Meneghel, Aka, Faure, Salis, Bonaldo, Dejean, Doussain, Dufour.
Entraîneurs: Fabrice Capdeviolle, Damien Denechaud et Victor Labat.
Nîmes : Darmon; Pichard, Chiker, Max, Jamet; Chagnaud (o), Berger (m); Alcade (cap), Simon, Llabres; Faceries, Gonzalez; Oliver, Marra, Nouri.
Sur le banc: Nierat, Litzer, Orengo, Joubert, Aleyrangues, Robbe, Roucoux, Daniel.
Entraîneurs: Armand Mardon et Patrick Escande.
©Photos Sébastien Méric