Il y a un mois très exactement, Fleurance s’était frotté à Tarbes en match amical. Une belle confrontation qui avait permis au staff ciel et blanc de constater que l’état d’esprit était toujours aussi bon, avant d’attaquer une troisième saison en fédérale 1. Ces premières impressions ont été confirmées lors de l’ouverture du championnat avec une victoire bonifiée contre Oloron (38-11). De quoi faire le plein de confiance pour ce premier bloc à l’accent basque… (par David Campese)
A défaut de défier Anglet (touché par le coronavirus), les Gersois se sont rendus dimanche à Saint-Jean de Luz, présentés comme l’ogre de cette poule (avec Tyrosse, Valence d’Agen, ou Auch). Dominateurs avant l’arrêt prématuré du dernier exercice, les Luziens ont, un temps, été pressentis pour rejoindre la nouvelle poule de Nationale. Mais les Basques et leurs dirigeants ont fait preuve d’humilité et de sagesse. Aussi, quand Fleurance se présente au stade du pavillon… bleu, c’est avec la ferme intention de confirmer, tout en étant conscient de la montagne à gravir.
Surtout après un premier essai encaissé au bout de dix minutes. On se disait que les locaux allaient dérouler, mais c’était sans compter sur ce fameux état d’esprit ciel et blanc entrevu au mois d’août. La défense gersoise se montrait intraitable, les attitudes dans les rucks ne trompaient pas non plus. En mêlée fermée, le duel tournait à l’avantage des visiteurs, qui poussaient même jusqu’à inscrire un essai avant la pause, sifflée sur le score de 10-13.
La révolte verte et rouge, forcément attendue, n’aura pas lieu. Pas celle escomptée par les supporters basques en tout cas. Car dès la reprise, leurs protégés se retrouvaient à 14 pour un plaquage jugé dangereux. Une supériorité numérique sanctionnée par le pied précis de Morgan Bouisset, qui enquillait trois pénalités en six minutes (10-22). L’arbitre voyait rouge une deuxième fois dix minutes plus tard, toujours pour un plaquage considéré comme dangereux, et ramenait les débats à 14 contre 14. Les Fleurantins se sont alors appuyés sur les fondamentaux : une défense de fer, qui ne laissera que des miettes, soit deux pénalités encaissées à un quart d’heure du terme (16-22). Malgré une fin de match tendue avec une dernière pénal-touche qui aurait pu inverser le cours de cette rencontre, les locaux sortaient tête basse de leur pré, ce qui ne leur était pas arrivé depuis fort longtemps. Fleurance venait de signer un authentique exploit.
Morgan Bouisset, l’ouvreur gersois, auteur d’une grosse performance, savourait : « Énorme joie oui, car gagner à St Jean de Luz, c’est quand même quelque chose, on va s’en souvenir longtemps ! Ce fut accroché jusqu’à la dernière minute avec cette pénaltouche sur nos 5m, mais on voit que le travail de défense fait à l’entraînement paie en match, et ça, c’est super. Encore une fois, les avants ont fait un gros boulot, surtout en mêlée. Cette victoire nous met en confiance avant le gros derby contre Auch. »
En effet, le grand derby du Gers, prévu le 11 octobre prochain, vaudra le détour. A condition que les conditions sanitaires le permettent. Car la foule des grands jours sera attendue à n’en pas douter à Marius Lacoste. L’occasion de confirmer que l’ASF peut viser plus qu’un maintien cette année. En attendant, Jérôme Lhospital, le nouveau co-président en compagnie de l’incontournable Michel Courtès, est ravi. Celui qui est connu à Fleurance comme étant le tenancier du célèbre café le Centre, lieu de vie majuscule sous les arcades de la cité gersoise, nous livre son sentiment sur cette victoire : « Nous savions que ce déplacement à St Jean De luz n’allait pas être facile, car c’est une équipe qui fait toujours partie du podium en fédéral 1. L’année dernière, ils terminent huitième au niveau du classement national, c’est dire ! Nous savions que St Jean De Luz était une très belle équipe, jeune et dynamique, très, très joueuse. Malgré notre dizaine de blessés dans le groupe de la première, nous avons attaqué ce match avec l’envie de faire un résultat. Avec une grosse mêlée et une grosse défense, on est arrivés à prendre le score avant la pause, et même à 14 contre 14, on a vu que notre banc a fait du bien, surtout en fin de partie, où les garçons ont été héroïques en défense. Si c’est un exploit ? Bien sûr ! Gagner à Saint-Jean de Luz, c’est comme partir du café du Centre sans boire un verre, c’est impossible (rires). Le groupe vit bien, on est à deux victoires en deux matchs, c’est encourageant. Il faut juste que nos espoirs suivent cet exemple, en terme d’investissement. »
Incontestablement, Fleurance a mis de l’huile dans tous les rouages du club, tout en gardant sa nature profonde, et son esprit rugby de clocher. Des huiles essentielles pour un Fleurance nature donc, qui défiera la préfecture du département, dans un derby épique.
De son côté, Saint-Jean de Luz, vainqueur sans trop briller contre Lombez lors de la première journée (32-22), était tombé à Oloron (15-12). Ce revers à domicile, avant la réception de Valence d’Agen le 11 octobre prochain, place les Basques dans une situation d’obligation de résultat. Après avoir été bloqué au péage de l’ASF, il faudra être regonflé à bloc pour prendre l’autoroute qui mène à la qualification printanière…