Une rencontre entre équipes invaincues de la poule 4 doublée d’un derby gersois. Voilà ce qui attendait ce weekend le bouillant public du Stade Marius-Lacoste. A domicile, l’AS Fleurantine comptait bien enchainer après son succès inaugural sur la pelouse du CA Lannemezan (30-25). Pour sa part, après une victoire difficilement acquise aux dépens du Stade Bagnérais (20-18) au Stade du Bourrec (Jacques-Fouroux était encore en réfection), le RC Auch ne souhaitait pas se laisser manoeuvrer, et pourquoi pas effacer la défaite concédée le 10 octobre 2020 (15-10) sur cette même pelouse… (Par Marco Matabiau/ Photos Nathalie Devalle et Thierry Coutens)
Sous le chaud soleil gersois, la parole était d’entrée de jeu donnée aux buteurs, l’ouvreur fleurantin Bouisset (avec l’aide du poteau rentrant) répondant à l’arrière auscitain Vignes (3-3, 5è). Les deux équipes optaient dans un premier temps pour du jeu au pied d’occupation. Dans son camp, le RCA échappait le ballon, et Fleurance en profitait: après un point de fixation près de l’en-but, le deuxième ligne Shalamberidze était servi, tendait le bras et marquait en force. Bouisset transformait (10-3, 13è). Quelques instants plus tard, la mêlée d’Auch se mettait en ordre de marche et gagnait une pénalité, convertie par Vignes (10-6, 19è).
A la demi-heure, Bouisset avait l’occasion de rajouter trois points, mais son coup de pied fuyait les barres (31è). Les trois-quarts locaux allumaient ensuite une première mèche quand Andreu, bien servi par son compère du centre Espinasse (lui-même auteur d’une belle percée), ne pouvait assurer la dernière passe vers Parat, bien contrarié par le placement du défenseur visiteur (32è). Ce n’était que partie remise pour l’ailier fleurantin puisque, quelques instants plus tard, il se retrouvait, bien servi en bout de ligne par son talonneur Toradze, à la conclusion d’une belle action initiée par Andreu (toujours lui) et prolongée entre autres par Pagoaga et Reinhard. Avec la transformation de Bouisset, Fleurance prenait 11 longueurs d’avance (17-6, 34è)
.La mêlée auscitaine mettait à nouveau au supplice sa vis-à-vis. Les Rouge et Blanc poussaient aussi leurs adversaires à la faute dans les rucks, bataillant sur chaque ballon au sol. Bilan: le demi de mêlée Lanave écopait d’un carton jaune pour une faute grossière sur le relayeur adverse à quelques mètres de sa ligne (40è + 1). Juste avant la pause, sur une nouvelle mêlée conquérante, Auch profitait de sa supériorité numérique et écartait rapidement le ballon jusqu’à Vignes qui pointait l’essai en coin (17 – 11, 40è + 4). M. Le Gall sifflait alors une pause bien méritée pour chacun.
Le premier quart d’heure auscitain, le dernier fleurantin
Le début de la seconde période allait voir l’ASF connaître un terrible trou d’air et le RCA faire feu de tout bois. La mêlée visiteuse s’imposait encore et Vignes ne vendangeait pas l’occasion de rajouter trois points (44è). Quelques instants plus tard, toujours par le pied de Vignes, Auch revenait à égalité (17-17). Avant de passer devant dans la foulée. Fleurance cherchait à repousser le danger et poursuivait avec un long jeu au pied d’occupation par l’arrière Ducellier. Son homologue Vignes récupérait aux alentours de ses 40 et optait pour un jeu au pied haut, sous lequel il se précipitait lui-même. A la lutte aérienne avec Bouisset, il prenait le meilleur, retrouvait ses appuis et filait derrière la ligne. Du grand art! Ce même Vignes rajoutait bien évidemment les deux points de la transformation (24-17, 50è), ainsi qu’une nouvelle pénalité sur une énième démonstration de force de sa mêlée (27-17, 55è). En 15 petites minutes, Vignes (et Auch par conséquent) venait d’inscrire 21 points.
Les choses se gâtaient ensuite pour les visiteurs quand le talonneur Bosque écopait d’un carton jaune pour une charge à l’épaule dans un regroupement (59è). Fleurance pensait tenir son essai: l’ailier Cantaloup perçait plein champ avant de se faire reprendre. Reinhard ramassait. Lui aussi repris, il maitrisait mal un dernier « offload » et l’action avortait à la porte de l’en-but (60è). Une fois n’est pas coutume, c’était cette fois-ci la mêlée auscitaine qui se mettait à la faute (une entrée prématurée du droitier Halzuet) et Lanave, désormais en charge du but, marquait trois points de son pied gauche (27-20, 64è). Toujours en supériorité numérique, Fleurance lançait le jeu depuis son camp. Et quel lancement: pivot d’Andreu, redoublée de Bugeat, percées et échanges entre Ducellier et Espinasse. Un ruck s’en suivait, au sortir duquel Lanave s’échappait côté droit avant de servir l’inévitable Parat qui concluait en coin. La transformation, réussie par Lanave dans une position pourtant délicate, permettait aux Fleurantins de revenir à égalité (27-27, 69è). Le public (au sein duquel on pouvait tout de même déplorer l’absence de Cédric Ramond pour la deuxième année consécutive lors de ce derby) était ravi.
Dans les dix dernières minutes, les deux équipes se rendaient coup pour coup, chacune sachant que la moindre erreur lui coûterait le gain de la rencontre. A proximité des 22 adverses, Reinhard se voyait confisquer un ballon après être passé au sol (75è). Ses coéquipiers optaient un peu plus tard pour une pénal touche mais elle était mal négociée (80è). Enfin, le dernier ballon revenait aux Auscitains: ils choisissaient du jeu à une passe, voulant faire craquer la défense des Bleu et Blanc, et pourquoi pas obtenir une dernière pénalité. Que nenni. Au bout du bout des arrêts de jeu, l’ouvreur suppléant Gassiot Bitalis tentait même, du gauche, un drop longue distance… qui passait largement à droite. Sur ce, M. Le Gall mettait un point final à cette rencontre.
Ce derby gersois, qui avait attiré la foule des grands jours (plus de 300 personnes avaient par exemple pris part au repas d’avant-match), a tenu ses promesses et se termine sur un match nul plutôt logique. Intensité physique, incertitude, dramaturgie: tout y était. Après un début poussif, les Auscitains ont bien su relever la tête, s’appuyant notamment sur une mêlée conquérante et une touche performante. A ce petit jeu-là, les plus en vue ont été le pilier géorgien Menabdishvili (de retour face au club dans lequel il a passé cinq saisons) ainsi que le capitaine Clauzade, présent sur tous les points chauds. On ne peut bien évidemment pas passer sous silence la perfomance de l’arrière Vignes, auteur des 27 points de son équipe (et 6 sur 7 au pied). La prochaine journée verra les protégés de Grégory Menkarska et Christophe Bosque (qui n’a pu être présent au match) se mesurer au FC Oloron.
Après avoir démarré tambour battant et pris 11 points d’avance, l’AS Fleurance a connu un terrible passage à vide (coïncidant avec l’exclusion temporaire de Lanave) qui aurait pu lui être fatal. Au contraire, piqués dans leur orgueil, et malgré leurs difficultés en mêlée (ils ont été énormément sanctionnés dans ce domaine), les joueurs de Mickaël Carré et Bernard de Giusti ont su réagir pour revenir dans la partie, notamment sur une action de grande envergure qui devait amener leur ultime essai. Le troisième ligne Reinhard (arrivé de Bergerac à l’intersaison) s’est montré très disponible et à-même d’assurer la continuité du jeu vers ses coéquipiers. Bouisset a été précis au pied (10 points, à 4 sur 5) et le duo de centres Andreu-Espinasse a laissé entrevoir de belles promesses. Enfin, auteur d’un doublé, Parat a montré d’indéniables qualités de vitesse et d’appuis. Prochaine étape : le déplacement (jamais simple) chez les Basques de Saint Jean de Luz.
Réactions
Mickaël Carré (Entraîneur, Fleurance): « Une belle rencontre. On a vu du jeu, de l’engagement. J’ai dit aux joueurs à la fin qu’on le prend comme une victoire. On remonte 10 points en un quart d’heure, et on a presque une occasion pour l’emporter. Après, je veux bien donner du crédit à l’arbitrage, mais sanctionner la mêlée seulement d’un côté, j’estime que ce n’est pas normal. Cet arbitre aime bien la phase statique et il n’a pas regardé l’équipe qui faisait des passes. C’est problématique (…) En début de deuxième mi-temps, on passe à travers en infériorité numérique. On a manqué d’organisation sur le jeu au pied. On prend en plus beaucoup de pénalités sur mêlée, et des points ».
Grégory Menkarska (Entraîneur, Auch): « Un score de parité. On loupe trop de choses en première mi-temps. Ils viennent 4 fois dans notre camp, 4 fois grâce à nous. On aurait peut-être dû avisé. Un joueur qui n’est pas très bien, puis au final, c’est lui qui nous fait basculer le match. Le rugby est ainsi fait. Un derby animé, un peu haché. Positif pour nous. Cette semaine, on fait match nul alors qu’on doit gagner. La semaine passée, on l’emporte face à Bagnères alors qu’on doit presque le perdre. On se remet en route doucement. Des détails à régler: la conservation, des fautes directes, comme au tennis. Il faut qu’on gomme ça, sinon on n’existera pas. On va bien se préparer, on n’a pas de blessés. On va recevoir Oloron. Si ça pouvait tourner et qu’on puisse faire un peu jouer la concurrence, ce serait positif pour tout le monde. On veut plus ».
Morgan Bouisset (Demi d’ouverture, Fleurance): « Un peu déçu du match nul, mais sur l’ensemble, on revient de loin. On fait une bonne première mi-temps, même si on prend un essai dans les arrêts de jeu. En deuxième période, on a un trou noir d’un quart d’heure. On prend 16 points d’affilée, ils prennent 10 points d’avance. On réussit à remonter, à accrocher ce match nul, même si on n’a pas beaucoup eu le ballon. Félicitations au RC Auch qui a fait un bon match ».
Thibault Clauzade (Troisième ligne et capitaine, Auch): « Frustré. On est très bien devant en seconde mi-temps, que ce soit en mêlée ou sur les mauls. On arrive à les faire déjouer. On doit tuer le match avant la fin (…) Quand ils ont été menés, les Fleurantins se sont rebellés. Ils ont été piqués à vif. Quand ils reviennent à 7 points, on savait que ça allait être dur. Ils égalisent par un bel essai, sur une belle action de plus de 60 mètres. Cela se joue sur les détails (…) Fleurance est une belle écurie, avec un paquet d’avants très solide. C’est positif, car on a réussi à les contenir ».
Giorgi Menabdishvili (Pilier, Auch): « C’est un peu bizarre de revenir à Marius-Lacoste. J’ai passé cinq années ici. Je suis fier de l’équipe. On s’est battus jusqu’à la dernière minute. Ce n’est jamais facile de jouer ici, je le sais bien. On doit gommer quelques erreurs et travailler sur des détails, mais je suis satisfait (…) On savait que la mêlée de Fleurance, c’était du costaud. On a bien bossé sur ce point cette semaine. On a fait un gros match, collectivement. On a avancé ensemble. J’en suis content ».
Feuille de match
A Fleurance (Stade Marius-Lacoste): AS Fleurantine et RC Auch font match nul 27 à 27 (mi-temps: 17 à 11 pour Fleurance).
Arbitrage: M. Cyrille Le Gall (Nouvelle Aquitaine) assisté de MM. Philippe Soupre (Nouvelle Aquitaine) et Pascal Vitrac (Occitanie).
Cartons jaunes: à Fleurance, Lanave (40è +1); à Auch, Bosque (59è).
Pour l’ASF: 3 essais Shalamberidze (13è), Parat (34è, 69è), 2 pénalités Bouisset (5è), Lanave (64è), trois transformations Bouisset (2), Lanave.
Pour le RCA: 2 essais (40è + 4, 50è), 5 pénalités (3è, 19è, 46è, 48è, 55è) et 1 transformation Vignes.
Composition ASF: Ducellier; Cantaloup, Espinasse, Andreu, Parat; Bouisset (o), Lanave (m); Reinhard, Courtes (cap), Hill; Shalamberidze, Okeamoa; Verkhvadze, Toradze, Pagoaga.
Sur le banc: Muradore, Durango Herrera, Yborra, Bevilacqua, Rochelle, Bertolissi, Bugeat, Vignasse.
Entraîneurs: Mickaël Carré et Bernard de Giusti.
Composition RCA: Vignes; Vandekerkof, Gaignard, André, Demai Hamecher; Magnoac (o), Massart (m); Thierry, Clauzade (cap), Fossaert; Loutocky, Soufflet; Menabdishvili, Peotta, Lombard Buret.
Sur le banc: Bosque, Janlin, Guerois Galisson, Balagna, Lagardère, Perusin, Gassiot Bitalis, Halzuet.
Entraîneurs: Grégory Menkarska et Julien Briscadieu.