Après une fin de saison qu’il qualifie lui-même de « charnière », Gilles Sicre, dirigeant du groupe séniors, parle de son club en toute franchise, des jeunes, sur qui il compte beaucoup, mais aussi de la Fédérale 1, qui sera retouchée pour la saison 2015-2016. Avec l’envie d’être régulièrement dans le top 10 de l’antichambre professionnelle. Entretien vérité (par Jonah Lomu)
Gilles, Blagnac ne s’est pas qualifié en phases finales en avril dernier, considérez-vous que cela soit un échec ?
Pas du tout, compte tenu des changements au niveau des joueurs et du staff, c’était une année de reconstruction. Une saison charnière même, car elle a jeté les bases du projet initié par Fabrice Bassaber (manager sportif). Il y a eu beaucoup de changements en interne ces dernières années, trop, l’heure de la stabilité a sonné, et de la construction sur du long terme aussi.
En vous appuyant notamment sur les jeunes ?
Bien sûr, quatre d’entre eux, issus de l’école de rugby évoluent déjà en équipe première. Notre équipe Belascain a de très bons résultats et des éléments qui ont le niveau pour jouer au dessus. Mais encore faut-il qu’ils aient véritablement envie de jouer au haut niveau…
Vous semblez en douter ?
Disons qu’il y a une différence entre vouloir jouer en fédérale 1 et vouloir se faire mal pour y jouer. C’est un niveau très élevé, avec quatre entraînements par semaine, qui nécessite une hygiène de vie sérieuse et une implication de tous les instants. Cela fait deux ans que certains, qui avaient pourtant le niveau, ont préféré partir pour jouer en fédérale 2 ou 3. Il faut savoir faire preuve de patience parfois, et apprécier la chance de pouvoir évoluer dans un club de fédérale 1.
La Fédérale 1 ferait-elle peur aux jeunes ?
Je crois surtout qu’ils ne sont pas assez informés. Notamment à cause des centres de formation qui ne véhiculent pas les bonnes infos. J’ai eu une discussion avec Paul Goze à ce sujet d’ailleurs. Sur 1200 joueurs qui jouent à ce niveau, il y en 220 qui ont un contrat pro. Une moitié a un contrat pluri-actif, et le reste est amateur. Les clubs proposent du travail bien sûr. Mais il faut arrêter de faire croire à ces jeunes qu’ils pourront vivre uniquement du rugby en fédérale 1. C’est déjà peu évident pour certains joueurs de Pro D2. En plus, à compter de la saison 2015-16, les équipes qui auront gagner le droit de monter en Pro D2 sur le terrain, devront respecter un cahier des charges strict : avoir un centre de formation labellisé, avoir des fonds propres solides et 15 contrats homologués au minimum. j’ai rencontré Pierre Camou et Patrick Battut pour parler de ce dossier, dont je suis un fervent défenseur.
Parce que Blagnac rentre dans ces critères ?
C’est vrai que notre club répond à ces attentes, oui. Mais non, ce n’est pas pour cela. On connaît à l’avance les 5 ou 6 équipes qui vont se battre pour monter. Il en reste 35 qui disputent une saison pour au mieux se qualifier, passer un tour et puis s’en va. Ou au pire, lutter pour le maintien toute la saison. Nos amis de Castanet, qui se qualifient régulièrement depuis 6 ans, ne peuvent raisonnablement pas rêver d’un titre de champion de France, car la marche est souvent trop haute quand vous arrivez en 1/4 de finale. Le nouveau championnat qui se prépare va donc redonner une vrai chance, aux « vrais » clubs de fédérale 1 de devenir champion de France. Une grand majorité avait critiqué la mise en place du nouveau championnat et le resserrement de l’élite. Certes l’annonce avait été faite de manière maladroite et trop rapide, mais au final, le niveau de fédérale 1 est monté d’un cran. Tout comme ceux de fédérale 2 et 3, y compris pour les réserves. Et cela fait deux ans que le maintien ou la qualif’ se jouent sur la dernière journée.
Votre objectif est donc de devenir un jour Champion de France de fédérale 1 ?
L’objectif est de faire partie des 40 meilleurs clubs du pays, donc d’être dans le top 10 de notre niveau. On est passé d’un staff qui voulait jouer en Pro D2 à un autre qui veut se stabiliser en fédérale 1 ! Et avec le concours de nos jeunes, ce qui est déjà un beau défi.
Un mot sur le BSORF pour terminer (entente féminine Blagnac – Saint-Orens) ?
Notre président, Philippe Humery, est bien mieux placé que moi pour en parler car il est le grand acteur de ce dossier. Tout ce que je peux vous dire à mon niveau, c’est que la première année d’entente est plus que satisfaisante. Même si le rugby féminin me renvoie au rugby d’ il y a trente ans au niveau des moyens. Mais il y a un véritable engouement autour des filles. On l’a vu ici lors de l’organisation du match France-Italie pendant le Tournoi des VI nations, et plus récemment, au niveau des audiences de l’équipe nationale en Coupe du Monde. Elles soufflent un véritable vent de fraîcheur dans notre sport, et les partenaires s’y intéressent de plus en plus. Il y a du travail, mais des gens de qualité contribuent à faire bouger les choses.
Les mouvements de l’inter-saison
Arrivées : CHARRUAU Maxime (Colomiers), LANE Nathan (Albi), SIMON Loïc (Castres), LLEDOS Mathias (Colomiers), DACHARY Maxime (Lavaur), SIRBE Marius (Tarbes), KWARAZFELIA Nicolas (Albi), MARTIN Jean-Baptiste(Colomiers), PUNCH Cyril (Colomiers)
Départs : SALES Loic, ETCHEGARAY Arnaud (Périgueux), GRATTON Matthieu ( Lavaur), ARIF Nassim (Tournefeuille), GUIRAL Benjamin (Tournefeuille), GARAUD Benjamin (Tournefeuille), REVAILLER Jordi (Graulhet)