En ce dimanche d’élections, deux vieilles connaissances se retrouvaient en 1/8 aller de Fédérale 1 à Ernest-Argelès. Ayant évolués au sein de la poule 3 en phase régulière, le Blagnac SCR (4è de poule, 11è national) et l’U.S. Cognac (2è de poule, 6è national) n’avaient plus vraiment de secrets l’un pour l’autre. Si les banlieusards toulousains l’avaient emporté de justesse à domicile au match aller (32-26), les Cognaçais avaient, au match retour, pris une éclatante revanche sur leurs terres (38-7), il est vrai face à une équipe visiteuse rongée à l’époque par les blessures. Pour leur retour en phases finales, les protégés du président Trey se devaient donc de faire front face à des Charentais semble-t-il bien «outillés» pour se qualifier au second tour… (par Marco Matabiau – Photos Itata’e).
Si les Blagnacais, face à un léger vent, démarraient timidement la rencontre, les Cognaçais n’hésitaient pas à relancer du fond de terrain, soit par l’arrière Prat-Marty, très efficace et difficile à mettre au sol, soit par le troisième ligne Jenkins, toujours bien placé en repli défensif. Les visiteurs inauguraient d’ailleurs le «planchot» sur une pénalité de leur ouvreur anglais Roberts (3 – 0, 6è). Loin de démoraliser les bleu et rouge, ces premiers points encaissés semblaient au contraire les galvaniser. Ils enchaînaient quelques beaux mouvements autour du capitaine Vachon et de De Freitas et récoltaient une pénalité. Ducousso ramenait les deux équipes à égalité (3 – 3, 9è). A la 17è, l’ouvreur caouec doublait la mise suite à une faute de la mêlée charentaise, mise sous pression par son homologue (6 – 3). Cognac, malgré l’appui du vent, s’attachait à conserver le ballon et jouait tous les coups, les trois-quarts proposant un jeu plutôt fluide et varié. Au contraire, Blagnac se servait du long jeu au pied de l’arrière Vernetti (le fils du «Yéti») pour repousser les Cognaçais dans leur camp.
Après le «water break» de la 20è minute, les locaux, notamment grâce aux conquêtes en touche de Van Blerk et au dynamisme retrouvé de Mignonat, avaient la main mise sur le jeu. Le capitaine rouge et blanc Letellier écopait d’ailleurs d’un carton blanc pour faute répétée dans le jeu au sol. Dans la foulée, après une nouvelle prise du seconde ligne sud-africain, Tolofua venait se mêler aux «gros» et, avec l’appui de tout le pack, inscrivait en force le premier essai du match. Ducousso transformait (13 – 3, 27è). Même si Cognac revenait rapidement au score grâce à Roberts (13 – 6, 31è), c’est Blagnac qui marquait les derniers points avant la pause, à nouveau grâce au pied de son ouvreur (16 – 6, 40è), mettant ainsi un terme à une première période plutôt bien maîtrisée.
Pagès remet Blagnac d’attaque… et Cognac craque…
Pas de changement de physionomie à l’entame du second acte. Cognac continuait de faire des fautes, notamment un plaquage haut à proximité des perches. Ducousso ne se faisait pas prier (19 – 6, 43è). Néanmoins, les Charentais pointaient le bout de leur nez, sollicitant enfin leur centre Tabualevu, mais imprécisions et autres fautes de mains les empêchaient de conclure. Après l’entrée en jeu du pilier visiteur Devisme, le rapport de force s’inversait en mêlée. Blagnac souffrait et concédait un essai en coin inscrit par le bien nommé Alerte en débordement (19 – 11, 51è). C’est le moment que les coachs blagnacais choisissaient pour faire entrer Pagès à la mêlée. Un choix qui allait s’avérer payant. En effet, il dynamisait et permettait aux siens de multiplier les temps de jeu et de mettre leurs adversaires en difficulté. Un premier tournant allait se produire à la 58è: récupérant un long renvoi aux 22, Dauraubedin transperçait le rideau cognaçais et cadrait le dernier défenseur. Il servait Vernetti qui n’avait plus qu’à aplatir… mais qui laissait échapper le ballon dans l’en-but. On pouvait penser que les locaux allaient accuser le coup, mais il n’en était rien.
Le staff faisait entrer le pilier Belhaouari. Effet immédiat : sur sa première mêlée, Blagnac gagnait une pénalité… et maintenait la pression, ratant de peu un nouvel essai par le virevoltant Charrueau. Baudin (Cognac), tout juste entré en jeu, recevait un carton blanc (60è). Sept minutes plus tard, le jaune était de sortie pour l’ailier Graulout, coupable d’un plaquage en l’air sur le même Charrueau. En infériorité numérique, les hommes de Devich et Cabannes continuaient de subir. A la 72è, ils concédaient une nouvelle pénalité à cinq mètres de leur ligne. Plutôt que de la tenter, les Blagnacais jouaient vite par Tolofua, et le centre Laguerre, d’une longue passe sautée, envoyait Dauraubedin inscrire en coin le deuxième essai des siens (24 – 11, 72è). Suite à une nouvelle mêlée martyrisée, Ducousso (auteur de 17 points ce dimanche) donnait une plus grande ampleur au succès des hommes du président Trey (27 – 11, 76è). Le score n’évoluerait plus.
Après un début hésitant, Blagnac a réalisé un match plein. Globalement solides en conquête, bien structurés défensivement, les hommes du duo Deylaud – Mercadier (opéré du genou droit vendredi mais bel et bien présent en béquilles sur le bord du terrain) ont également su donner de l’ampleur à leur jeu autour des omniprésents Dauraubedin, Vachon et De Freitas (auteur de deux «grattages» décisifs en fin de match), notamment après l’entrée en jeu de Pagès. Dommage pour eux qu’ils aient laissé une bonne dizaine de points en route. Ils se déplaceront en Charente avec un matelas de 16 points, une avance qui ne sera pas de trop si l’on considère le jeu complet produit par les Cognaçais, à qui tant l’indiscipline (30 minutes à 14) que les imprécisions techniques ont joué de mauvais tours ce dimanche. Ils possèdent cependant les armes tant offensives (l’ex-Rochelais et Albigeois Maxime Le Bourhis, en délicatesse avec une cuisse, pourrait même être de retour) que défensives pour réaliser une bien meilleure performance et contrarier les plans blagnacais la semaine prochaine au Parc des Sports.
Réactions
Eric Mercadier (Entraîneur, Blagnac): «On s’impose mais on peut avoir quelques regrets car tout n’a pas été parfait. On a fait tomber beaucoup de ballons, ce qui ne nous a pas permis de mettre des temps de jeu. On a eu beaucoup de déchets au pied. Deux choses plutôt inhabituelles. On laisse aussi deux essais tout faits en route. Ça aurait été mieux de scorer (…) Avant le match, on avait demandé aux gars de jouer, de mettre du rythme, de relever le défi voire de l’imposer puisqu’on avait «chargé» là-bas au match retour (…) Ce qui fait la différence, c’est déjà le fait d’être à domicile, notre état d’esprit depuis trois semaines, le fait de vouloir se retrouver, aller loin ensemble… ainsi que le travail effectué depuis le début de la saison.»
Nicolas Cabannes (Entraîneur, Cognac): «On a surtout pêché au niveau de la discipline. On passe trente minutes à 14. Ils marquent leurs deux essais en supériorité numérique. On n’a pas su mettre notre jeu en place, on a été rarement dangereux. On n’a pas enchaîné offensivement. Eux ont su se servir de nos fautes, faire enfler le score petit à petit. Ils finissent avec un +16, un beau capital en vue du match retour (…) On a eu des soucis en conquête, on est parfois mal sortis de note camp, on a multiplié les imprécisions. On n’a pas été au niveau pour les mettre en danger (…) Cette semaine on va bien travailler. Dimanche prochain, il faudra jouer tous les coups à fond pour pouvoir marquer des points peu à peu. Ensuite, on verra ce qui se passera au bout des 80 minutes.»
Matthieu Vachon (Troisième ligne, Blagnac): «On a certes globalement maîtrisé le match même si on aurait sans doute pu mieux faire et faire un plus gros écart. On n’a que 16 points d’avance. On doit rater deux ou trois essais en bout de ligne. J’espère que ça ne nous portera pas préjudice. On a mis du rythme, avec beaucoup de volume de jeu. On voulait déplacer cette équipe, certes très complète mais assez lourde devant, en profitant aussi de la chaleur. On sait comment il faudra aborder le match retour et que l’on sera attendus. Il faudra s’en tenir aux consignes et ne pas jouer petit bras. Si on le prend comme aujourd’hui, je pense qu’on a les moyens d’aller chercher la qualification là-bas.»
Adrien Prat-Marty (Arrière, Cognac): «Il est vrai que nous n’avons pas fermé le jeu, peut-être à tort. On n’arrivait pas à franchir cette ligne défensive. Il aurait sans doute fallu essayer d’occuper un peu plus. On venait avec des intentions mais on n’a jamais réussi à casser les plaquages, à prendre le dessus et gagner cette ligne d’avantage. A partir de là, ça devient vite compliqué. C’est aussi compliqué d’avoir des coups de sifflet en sa faveur quand on recule. Aujourd’hui le score est lourd et ça relèverait de l’exploit de «faire quelque chose» à Cognac (…) Contrairement à nous, ils sont restés à quinze tout au long du match. Je ne sais pas si on peut parler d’envie, mais ils avaient un petit plus qui a fait la différence sur chaque point chaud, sur chaque impact.»
Feuille de match
A Blagnac (Stade Ernest-Argelès): Blagnac S.C.R. bat U.S. Cognac 27 à 11 (mi-temps: 16 – 6)
Arbitrage: M. Pierre Courbin assisté de Didier Dayre et Régis Apparicio (Comité Côte d’Argent)
Pour Blagnac: 2 essais Tolofua (27è), Dauraubedin (72è), 5 pénalités (9è, 17è, 40è, 43è, 76è) 1 transformation Ducousso
Pour Cognac: 1 essai Alerte (51è), deux pénalités Roberts (6è, 31è)
Cartons jaunes: à Cognac, Graulout (67è)
Cartons blancs: à Cognac, Letellier (27è), Baudin (60è)
Composition Blagnac: Vernetti ; Charrueau, Laguerre, Tolofua, Dauraubedin ; Ducousso (o), Brun (m) ; De Freitas, Vachon (cap), Jouve; Mignonat, Van Blerk ; Lebrequier, Piffero, Raynaud.
Sur le banc: Salhi, Otal, Banière, Cazabat, Pagès, Ochoa, Ferre, Belhaouari.
Entraîneurs: Christophe Deylaud et Eric Mercadier.
Composition Cognac: Prat-Marty ; Graulout, Chamoulaud, Tabualevu, Alerte ; Roberts (o), Tardy (m) ; Jenkins, Bray, Decubber ; Busso, Letellier (cap) ; Acosta, Campergue, Martin.
Sur le banc: Richard, Devisme, Causson, Baudin, Gatuingt, Lafite, Williams, Schiano.
Entraîneurs: Esteban Devich et Nicolas Cabannes.