En ce weekend de Pâques, la poule 2 du championnat Elite Espoirs voyait s’affronter deux formations aux trajectoires bien différentes. Sur sa pelouse, l’Union Sportive Colomiers Rugby (6è, 19 points) avait alterné depuis quelques semaines le bon (succès à l’UBB) et le moins bon (revers à domicile face à cette même UBB et au Racing 92). Avec un bilan certes équilibré de 4 victoires, 4 défaites et un nul, il s’agissait désormais d’entrer dans une spirale plus positive. Face aux Bleu et Blanc se présentait le Stade Français Paris Rugby (9è et dernier, 14 points), à créditer de seulement 3 victoires en 10 rencontres. Les hommes du manager Pascal Papé, battus lors d’un match aller très médiatisé lors du fameux « bubble gate » (13-28), entendaient prendre leur revanche et jouer les trouble-fêtes… (Par Marco Matabiau/ Photos Franck Perrin).
Malheur aux retardataires en ce dimanche de Pâques au Stade Bendichou (ou Selery pour les plus anciens). Coup d’envoi, relance éclair long de ligne de l’ailier bleu et blanc Paulien, relais de Peysson et le demi de mêlée Graulle inscrivait les cinq premiers points. L’arrière Deleuze transformait (7-0, 1è). Colomiers continuait de tenir le ballon et d’asphyxier les Parisiens, lesquels faisaient le dos rond et récupéraient un ballon au sol sous leurs barres par l’intermédiaire du talonneur Jutge, le régional de l’étape (fils d’Eric, neveu de Joël et petit-fils de Christian, tous passés comme lui par le club à la colombe). Les locaux doublaient néanmoins la mise quand suite à un bel enchainement, Séguela trouvait Peysson à son intérieur sur les 22. Le troisième ligne traversait la défense et retrouvait son ouvreur à hauteur. « La Sègue » n’avait plus qu’à conclure, et Deleuze à transformer (14 – 0, 11è).
Peu après, Paris sortait un peu de sa torpeur quand l’ouvreur Barré prenait l’intervale et allongeait pour son ailier Bastardie, mais ce dernier laissait échapper le ballon alors que l’essai semblait se profiler (13è). Dans la foulée, le Stade Français obtenait une touche à 5 mètres, mais la combinaison Jutge/ Percillier/ Spring ne donnait rien. Les débats s’équilibraient et Colomiers se mettait davantage à la faute, ce qui occasionnait un carton jaune pour le pilier Bellemand (18è). La pénalité obtenue était transformée par l’arrière visiteur Monin (14-3, 19è). Sur le renvoi, les Haut-Garonnais récupéraient et enclenchaient côté droit, mais la passe intérieure du trois-quart centre Ducos à destination de Séguela était interceptée par Monin. Regaillardis, les stadistes trouvaient enfin la faille quand, au terme d’une action d’envergure, Barré et Wolf manoeuvraient pour libérer le deuxième ligne Vincent côté gauche. L’essai était imparable. La transformation, pourtant pas facile, était également réussie par Monin (14-10, 25è).
Colomiers reprenait sa marche en avant, se procurant des occasions, sans pour autant réussir à concrétiser. La mêlée se montrait aussi à son avantage, gagnant une pénalité à cinq mètres de sa ligne (31è). Pour ne rien arranger, Paris perdait son gaucher Camara, touché aux côtes. Pindor sortait de sa boîte pour le remplacer (34è). L’USC se procurait une nouvelle occasion quand Séguela se voyait offrir une pénalité bien placée, mais l’ouvreur ratait la cible (37è). Ce sont au contraire les Parisiens qui scoraient les derniers points de la première période quand, consécutivement à un hors-jeu de ligne, Monin transformait une pénalité depuis la ligne des 22 mètres (17-13). La pause était ensuite sifflée par M. Reymond Laruina.
Du jeu, encore du jeu, toujours du jeu…
Les deux équipes effectuaient les premiers changements à la pause citrons, le deuxième ligne Maurel suppléant Zaitri (USC) et Spring cédant sa place à Ribeiro dans le camp d’en face. A peine la seconde période avait-elle débuté que Pindor écopait d’un carton jaune (41è). Quelques minutes plus tard, les Parisiens se retouvaient même à 13 quand ils faisaient entrer Meite, talonneur de formation, à gauche. La règle de la carence s’appliquait: les mêlées étaient simulées pendant les dix minutes suivantes. Colomiers perdait ensuite Maurel, touché à la cheville. Ce contre-temps ne ralentissait en rien le rythme columérin: Peysson perçait, le pilier Pacheco le relayait, puis Graulle servait Séguela qui, d’un maitre coup de pied transversal, trouvait son ailier Cordier lancé à pleine vitesse le long de la ligne de touche côté gauche. L’arrière-garde parisienne ne pouvait empêcher l’ailier des bleu et blanc d’inscrire le troisième essai de sa formation. Deleuze transformait à nouveau (24-13, 52è).
Malgré les 11 points de retard, Paris ne désarmait pas, tenant le ballon sur la largeur, sans toutefois parvenir à franchir le rideau défensif haut-garonnais. C’est sur un contre que les joueurs du manager Pascal Papé revenaient dans la partie: Séguela maitrisait mal son jeu au pied et trouvait… le Parisien Barré. Ce dernier, en moins de temps qu’il ne faut pour le dire, organisait le contre. Le trois-quart centre Wolf, ne loup..ait pas l’opportunité et dévorait la distance qui le séparait de l’en-but columérin. Barré transformait (24-20, 58è). Quelques secondes plus tard, la première ligne des locaux était intégralement remplacée: faisaient leur entrée Murello, Duplantier et Fricou. Ce dernier se signalait immédiatement: pression à proximité de la ligne parisienne, Kolokilagi mobilisait deux défenseurs, Fricou ramassait et scorait en force. Avec la transformation de Deleuze, l’USC reprenait ses distances (31-20, 63è). Le Stade Français ne s’en laissait pas compter et réalisait un bel enchainement: sur le dernier temps de jeu, le ballon volait de mains en mains, notamment celles de Pasquet et Mignot, avant d’échoir dans celles de l’ailier Champ, qui redonnait l’espoir aux visiteurs, d’autant plus que Barré transformait (31-27, 67è).
Un espoir de courte durée cependant. Sur une touche lobée, Murello récupérait le ballon après moult rebonds et s’engouffrait, puis Graulle trouvait à son intérieur Peysson, lequel se sortait d’un plaquage avant d’aller pointer le cinquième essai de ses couleurs (38-27, 69è). Quelques petites chamailleries émaillaient la fin de rencontre, ce qui valait à Fricou et au Parisien Dreno de laisser terminer leurs camarades à 14 contre 14 (79è). Les Columérins cherchaient leur sixième essai, synonyme de bonus offensif. Ils pensaient le tenir quand Kolokilagi passait la ligne, mais « Kolo » ne pouvait aplatir (80è + 4). Ce n’était que partie remise puisqu’à la suite d’une nouvelle série de « pick and go », Graulle ramassait, allongeait le bras et marquait son deuxième essai personnel. Deleuze, sur la transformation, parachevait son sans-faute (45-27, 80è + 8). M. Reymond Laruina mettait alors un point final à la rencontre.
En ce dimanche de Pâques ensoleillé, les deux équipes ont proposé un jeu ouvert et plein d’alternance. Cueillis à froid, les Parisiens ont peu à peu sorti la tête de l’eau mais n’ont jamais été en mesure de réellement mettre leurs adversaires du jour en danger. Ils auront trainé les 14 points encaissés dans les 10 premières minutes comme un boulet tout au long de la partie. Le manque de rythme (pas de match en un mois et demi) aura au final eu raison des protégés de Pascal Papé, Boris Bourahoua et Xavier Perron. Néanmoins, Jutge (propre sur ses lancers et performant dans le jeu au sol pour sa reprise) et le deuxième ligne Rixen (très disponible) ont été les plus en vue devant alors que Barré, Mignot et Wolf ont su animer le jeu derrière et trouver quelques brèches. Englué à la dernière place de la poule, le Stade Français devra donc absolument s’imposer face à Mont-de-Marsan lors de la prochaine journée.
Avec ce succès bonifié, les joueurs de Romain Mémain et Christophe Pigozzo remontent à la 3è place et peuvent désormais se permettre de regarder vers le haut. Auteurs d’une entame électrique, solides en conquête et le plus souvent inspirés en attaque, les bleu et blanc ont rapidement pris leurs distances et semblé en contrôle de bout en bout, même quand le Stade Français est revenu à quatre petits points en fin de match. Dans ce collectif bien rodé, outre l’arrière Deleuze, auteur d’un sans faute au pied (15 points à 7 sur 7), Séguela (parfait dans sa gestion et son animation) a joué une superbe partition. Et que dire de Peysson (le fils d' »Anne-Marie »), à la fois perforant, passeur et régulateur, de très loin le meilleur des 44 acteurs. Prochaine étape: le déplacement au Stade Armandie pour y affronter le SU Agen.
Réactions
Romain Mémain (Entraîneur, Colomiers): « Satisfait de la victoire, après la contre-performance de la semaine passée. Le bonus, c’est la cerise sur le gâteau. On se replace au classement. C’est tellement ultra serré entre la 3è et la 9è place. On ne va pas fanfaronner non plus. Très content de l’état d’esprit des joueurs qui sont allés chercher ce bonus offensif (…) Le gros point négatif, c’est qu’à chaque fois qu’on marquait, on prenait des points derrière. On se remettait la pression. On a fait un gros début de match. Après on s’est relâché. On les savait revanchards après le match aller. On a fait ce qu’il fallait ».
Pascal Papé (Manager, Stade Français): « Beaucoup de déception. On était venus sur ce match avec des ambitions. Au moins revenir avec des points et se garantir un état d’esprit pour la fin de la saison. Déçu sur ces deux points-là. On lâche trop vite sur l’état d’esprit. Même si ça a été difficile, qu’on a même joué à 13, je n’ai pas remarqué cet éta d’esprit qui nous aurait permis de rester dans le match. Après, on a des occasions plutôt bien amenées. Un match de reprise pour nous: cela faisait un mois et demi qu’on n’avait pas joué. On sort d’une période « Covid ». On n’a pu s’entraîner que 4 fois tous ensemble. On se tourne directement vers la réception de Mont-de-Marsan la semaine prochaine ».
Pierre Jutge (Talonneur et capitaine, Stade Français): « Une défaite très difficile à avaler. Amère. Il nous reste un sprint final de cinq ou six matchs. Au classement, on n’est pas bien placés. A nous de nous reconcentrer et de repartir de l’avant (…) On prend 14 points d’entrée. Cela nous pèse tout le match. On passe le match à courir derrière la score ».
Feuille de match
A Colomiers (Stade Michel-Bendichou): Union Sportive Colomiers Rugby bat Stade Français Paris Rugby 45 à 27 (mi-temps: 17 à 13).
Arbitrage: M. Gautier Reymond Laruina (Ligue Auvergne Rhône Alpes) assisté de MM. Tanguy Gau et Aurélien Fontez (Ligue Occitanie).
Cartons jaunes: pour Colomiers, Bellemand (18è), Fricou (79è); pour le Stade Français, Pindor (41è), Dreno (79è).
Pour Colomiers: 6 essais Graulle (1è, 80è + 8), Séguela (11è), Cordier (52è), Fricou (63è)et Peysson (69è), 1 pénalité (39è) et 6 transformations Deleuze.
Pour Paris: 3 essais Vincent (25è), Wolf (57è), Champ (67è), 2 pénalités (19è, 40è + 2) et 1 transformation Monin, 2 transformations Barré.
Composition Colomiers: Deleuze; Paulien, Ducos, Serrano, Cordier; Séguela (o), Graulle (m); Peysson (cap), Tostain, Perrin; Descoux, Zaitri; Bellemand, Marty Ryback, Pacheco.
Sur le banc: Murello, Fricou, Maurel, Berhamel, Kolokilagi, Cascara, Carrère, Duplantiier.
Entraîneurs: Romain Mémain et Christophe Pigozzo.
Composition Stade Français: Monin; Champ, Wolf, Mignot, Bastardie; Barré (o), Percillier (m); Spring, Dreno, Grelier; Rixen, Vincent; Cretu, Jutge (cap), Camara.
Sur le banc: Meite, Pindor, Mortier, Ribeiro, Ortoli, Chayla, Pasquet, Dakaj.
Entraîneurs: Pascal Papé, Boris Bourahoua et Xavier Perron.