Eric Lanau (président Bordeaux Etudiants Club) : « Ecœuré de voir notre club house et notre terrain saccagés » –
Depuis avril dernier, le Bordeaux Étudiants Club (BEC, Régionale 1) fait face à un envahissement de terrain dont le club se serait bien passé. Un groupe de gens du voyage, a décidé de transformer le club, en « Bordeaux Étudiants Camping ». Une situation très difficile à vivre, de par la durée de cette occupation forcée depuis de longs mois, ainsi que par les conséquences directes. Le président Eric Lanau déplorant en effet la dégradation totale des installations, mais aussi, une baisse du nombre de licenciés. Les explications… (par Ax les Termes)
« Des carcasses de voitures et de machines à laver »
S’il est fréquent depuis des années que les gens du voyage s’introduisent dans l’enceinte de l’Université de Bordeaux, en avril dernier, ils ont décidé pour la première fois de s’installer sur le terrain du BEC, situé tout au sud du campus. Le président du club, Éric Lanau, revient sur cette arrivée mouvementée : « Pour rentrer, ils ont d’abord déplacé de gros blocs de pierres avec une tractopelle, avant de découper les barrières à la disqueuse. Ensuite, les caravanes se sont accumulées et ils ont pris possession des lieux. »
S’il précise qu’il tient à n’accuser personne sans preuve apparente, Éric Lanau constate depuis de nombreuses détériorations de ses locaux : « L’accès au club-house a été forcé et tout le matériel qui s’y trouvait a été vandalisé. Nos coupes exposées ont également été brisées, toutes ! Surtout, il semble que nos salles aient servi de toilettes collectives, car le sol est jonché d’excréments. Même l’arceau portant le nom du stade : André Lasserre (ancien joueur et entraîneur béciste) a été mis à terre. En fait il y a de quoi être écœuré de voir notre club house et le terrain saccagés. C’est triste. »
Bien évidemment, le terrain n’a pas résisté non plus à plusieurs mois d’occupation : « Il ressemble aujourd’hui plus à un circuit de motocross ou un terrain vague qu’à un terrain de rugby », ironise tristement le président, « Il reste même des carcasses de voitures et de machines à laver. Autant dire qu’il ne suffira pas de planter quelques grains de pelouse pour le remettre en état, ça va prendre du temps. »
« Toute la vie d’un club de 250 licenciés est complètement gelée »
Heureusement, pour ses matchs et entraînements, le BEC a une solution de repli, avec les terrains synthétiques de l’université et les vestiaires de l’athlétisme, situés juste derrière. En revanche, depuis le début de la saison dernière, les Bordelais doivent faire sans club-house. En effet, avant même l’arrivée des gens du voyage, il avait été déclaré non-conforme et l’occupation illégale a empêché de faire des travaux de rénovation.
Dans ces conditions, compliqué de mener une vie de club normale, selon Éric Lanau : « Nous devons faire tous nos rassemblements et nos réceptions d’après-match dans le hall des vestiaires ou dehors. C’est vraiment dommage pour nos joueurs, qui ne profitent donc pas totalement de ces moments. Par exemple, certains d’entre eux sont actuellement dans leur deuxième année de junior et n’ont toujours pas pu faire de vraie 3ème mi-temps avec leur équipe. Nos réunions de dirigeants ont également été impactées. Nous nous retrouvons sur le bord du terrain ou chez même directement chez moi, pas les meilleures conditions pour travailler sereinement. C’est toute la vie d’un club de 250 licenciés qui est complètement gelée. »
« Je ne sais pas si on pourra tenir longtemps comme ça… »
Sans club-house, la survie économique du club est également mise en danger : « Nous avons absolument besoin de tenir une buvette et d’organiser des réceptions, pour assurer la pérennité financière du BEC. » alerte Éric Lanau. « Sans ces éléments, nous n’avons actuellement aucun revenu, à part les cotisations des joueurs. Je ne sais pas si on pourra tenir longtemps comme ça… »
L’école de rugby est également touchée de plein fouet par ces événements, car les enfants ne disposent plus d’un cadre rassurant pour leurs entraînements. « Les gamins doivent changer leurs habitudes pour s’adapter à la situation. Par exemple, ils avaient tous l’habitude de passer à côté du terrain, pour se rendre au tramway et rentrer chez eux. Mais c’est devenu trop dangereux, car en plus des nombreux chiens et des tas de déchets, il y a des fils électriques partout. Même sous la pluie, ses fils sont dehors et les dominos sont à l’air libre. Au fur et à mesure, on perd des jeunes licenciés et on a du mal à en recruter. »
« Nous ressentons une forme de découragement… »
Après le départ des caravanes fin octobre, le BEC pensait enfin voir le bout du tunnel. Une commande de constructions modulaires était même prévue pour servir de club-house provisoire. Mais mercredi dernier, le président a eu une mauvaise surprise : « Nous devions recevoir les Algecos vendredi dernier, mais deux jours avant, les caravanes ont fait leur retour, pile à l’endroit où on devait les installer. Elles sont en effet cette fois sur le parking, seul endroit disposant des branchements nécessaires pour mettre les Algecos. En résumé, nous n’avons pas pu faire les rénovations à cause de l’occupation des lieux, donc nous avons pris des solutions temporaires, qu’on ne peut désormais même plus installer. »
Le BEC et son président, Éric Lanau, n’ont donc pas d’autre choix que d’espérer un départ rapide des caravanes. « Nous ne pouvons pas faire grand chose, car nous sommes simplement locataires. Nous travaillons très bien avec nos amis de l’université et de la mairie pour résoudre le problème, mais c’est compliqué d’expulser ces gens. Nous ne voulons d’ailleurs absolument pas faire de politique, et je crois que c’est un sujet qui dépasse largement le BEC et l’université de Bordeaux. On constate simplement une situation difficile pour nous. Aux dernières nouvelles, les gens du voyage ont dit rester au moins jusqu’après les fêtes, mais nous ne savons pas réellement combien de temps ça va encore durer. Face à tout ça, nous ressentons quand même une forme de découragement… »
L’Université de Bordeaux réagit également
Interrogée sur la même problématique, en septembre, lors des WURIT (compétition internationale entre universités, dont la finale était prévue sur le terrain du BEC), Blandine Laccassagne, en charge de la communication de l’université de Bordeaux, expliquait les difficultés à lutter contre ces occupations illégales de leurs infrastructures : « Depuis avril, les gens du voyage viennent et repartent par intermittence, empêchant ainsi tout travaux de rénovation. L’université a bien tenté de les empêcher de revenir, notamment en creusant des tranchées sur le terrain, mais nous sommes un lieu de recherche et d’enseignement, pas un site ultra-sécurisé. Il y a donc des brèches et, chaque année, ils parviennent à s’installer dans notre enceinte. On sollicite des huissiers, mais on ne peut pas faire grand chose de plus. Certains maires tentent d’empêcher les caravanes de se garer sur leurs terrains… et se font molester. On ne veut pas en arriver là. En revanche, dès qu’on récupère un espace qui a été occupé, on le sécurise avec des barrières. D’ailleurs, les terrains synthétiques sont juste à côté et n’ont pas été envahis, car ils ont été rénovés il y a quelques années. »