Ce weekend, le championnat d’Elite 1 Féminine reprend ses droits. Avec une nouvelle formule à la clé : deux poules de 7 équipes, les quatre premières de chaque poule seront qualifiées pour les quarts de finale. 2020-2021, perturbée par les divers épisodes de Covid, les déplacements de matchs internationaux et les réalignements de calendrier, avait vu l’ASM Romagnat XV remporter son premier titre national aux dépens du Blagnac Rugby Féminin. A quoi s’attendre pour le prochain exercice ? Début de réponse avec les coachs des quatre formations demi-finalistes de la saison passée, qui font cette année encore, figure de favorites… (Par Marco Matabiau)
L’ASM Romagnat
A tout seigneur tout honneur a-t-on coutume de dire. Aux commandes de l’ASM Romagnat XV, on retrouvera cette année encore Vincent Fargeas et Fabrice Ribeyrolles. Ce dernier nous en dit davantage sur l’intersaison des championnes en titre: « Elle a été chargée, avec beaucoup de festivités. Près de trois semaines après la victoire en finale ». Reprise le 4 août, mais là encore, rien n’a été simple: « On a recommencé au compte-goutte. Et là, on a une cascade de blessures ». Et pas des moindres: la deuxième ligne italienne Tounesi, la troisième ligne Touré (péroné et cheville) et la trois-quart centre Pignot (ligaments croisés du genou) sont toutes sur le flanc. Pour le match inaugural à Bobigny, l’équipe devrait être privée d’une douzaine de joueuses.
Côté mouvements, l’effectif est resté relativement stable. Certes, la troisième ligne Chèze a quitté l’Auvergne pour la région lyonnaise, mais le recrutement a été de qualité. La pilier Frachet et la troisième ligne Henry arrivent de Grenoble. Le club s’est également adjugé les services de la pilier internationale irlandaise Djougang, qui joue en ce moment le tournoi de qualification à la Coupe du Monde 2022 (que dispute également la troisième ligne italienne Sgorbini). Il faudra être opérationnel d’entrée (après le match à Bobigny, les Jaunardes recevront le Stade Français) et s’habituer au statut de favori qui accompagne généralement l’obtention d’un titre national. Et à la lumière qui va avec: les filles présenteront ce weekend le trophée gagné de haute lutte au public du Michelin avant la rencontre de Top 14 entre l’ASM Clermont et le Stade Rochelais.
Blagnac
Finaliste malheureux, le Blagnac RF des frères Tranier (Laurent et Nicolas) repart en campagne. Il a d’abord fallu exorciser le spectre de la finale perdue à domicile la saison passée. Laurent Tranier explique: « Il a fallu évacuer la finale perdue. On s’est revus, on en a parlé. Il fallait ensuite passer à autre chose ». Cet autre chose, c’est la saison 2021-2022. Reprise le 9 août, stage à Vendres dans l’Hérault, puis deux oppositions (dont un match en lever de rideau de Blagnac – Nice en Nationale) contre les voisines du Stade Toulousain: « On avait plusieurs objectifs sur ces deux rendez-vous. On a bien travaillé ».
L’effectif a pour sa part été remodelé. La pilier André raccroche les crampons. Il pourrait en être de même pour la féroce deuxième ligne Mugnier, mais rien n’est moins sûr. Côté départs, la trois-quart centre Bastide rejoint la côte basque (et l’AS Bayonne par la même occasion) pour ses études. Son acolyte Puech part elle pour Bordeaux et Vanel (ailier) prend la direction de Lyon. Pour ce qui est des recrues, les troisièmes lignes Simioni (Rennes) et De Andrade (Lille) intègrent les Caouecs, à l’instar de la deuxième ligne layracaise Irigoyen, de la Perpignanaise Ségura (arrière) ou de l’ailière nîmoise Miard. Le groupe semble donc renforcé pour appréhender au mieux les futures échéances (à commencer par le déplacement à Chilly Mazarin et la réception du Lille Métropole RC Villeneuvois) et atteindre les objectifs (« bien figurer dans un premier temps, et jouer la qualification ») dans une poule 2 qui s’annonce relevée avec des concurrents tels que le Stade Bordelais, Lyon ou encore Montpellier.
Montpellier
Le Montpellier HR justement. « Pas une nouvelle histoire, mais un nouveau chapitre », aime à préciser Patrick Raffy, l’entraîneur des Héraultaises. Pour la première année depuis bien longtemps, il ne sera pas associé à Olivier Clessienne, qui devient directeur sportif de la section féminine. C’est David Theillet, déjà au club dans le domaine de la formation, qui reprend le flambeau. Pour sa part, l’emblématique deuxième/ troisième ligne N’Diaye poursuit bien évidemment l’aventure sur le terrain mais aura également d’autres responsabilités liées à la communication avec les entités extérieures au club.
Si l’on en croit le coach montpelliérain, l’intersaison s’est parfaitement déroulée: « Certes, quelques filles sont parties ou ont arrêté. Nous avons donc intégré de nombreuses jeunes filles issues de la formation dans notre groupe de 35 ou 36 joueuses. On a vu lors du match amical contre Romagnat qu’elles pouvaient tenir leur place ». On sait que les expérimentées Troncy et Mignot avaient tiré leur révérence à l’issue de la demi-finale perdue contre l’ASM Romagnat, mais le club a perdu deux autres cadres, à savoir la talonneur Sochat et l’ouvreuse Montserrat (qui n’avait cependant pas trop joué l’an passé, puisqu’avec France VII), toutes deux en partance pour le Stade Bordelais (qui s’est d’ailleurs bien renforcé de son côté). La deuxième ligne Combebias s’est laissée tenter par l’aventure anglaise aux WASPS et l’ailière Baccichet par celle du ballon rond, puisqu’elle devrait s’essayer au football. Les arrivées sont ciblées: Cozar, l’ailière originaire des Côteaux d’Ensérune passée par Béziers, NGambo (ailière, Perpignan) et la troisième ligne Cissoko (Bobigny) se sont engagées. Le MHR reprendra-t-il son bien en fin de saison? « On veut se faciliter la tâche en terminant dans les deux premiers pour jouer notre quart de finale à domicile ». Début de réponse avec la réception de l’AS Bayonne et le déplacement au LOU.
Stade Toulousain
Battues par Blagnac dans les arrêts de jeu d’une demi-finale épique, les filles du Stade Toulousain RF évolueront pour leur part dans la poule 1. Rémi Fabre, jusque-là en charge des Espoirs, prend du galon et intègre le staff. Si Pascal Belaubre conserve son poste d’entraîneur, il n’en a pas été de même pour Anthony Granja. En effet, c’est désormais Olivier Marin qui reprend les rênes de l’équipe. Garant de la « méthode toulousaine », il a pour objectif d’insuffler une nouvelle énergie à un groupe qui avait paru fatigué, voire lassé en fin de dernier exercice: « La reprise s’est bien passée. J’ai trouvé les filles bien, tant physiquement que mentalement, avec beaucoup d’envie, alors qu’en juin, elles étaient sous le choc de leur élimination ». Le stage d’intégration à Seix (près de Saint-Girons) s’est parfaitement déroulé. Pas de rugby mais cohésion, course d’orientation et randonnée au programme. Puis deux oppositions face à Blagnac. Quant au match amical face à l’équipe d’Espagne, « il m’a donné toute satisfaction, notamment dans l’état d’esprit et l’engagement (il a visiblement aussi donné toute satisfaction aux Espagnoles, victorieuses de l’Irlande quelques jours plus tard en tournoi qualificatif à la Coupe du Monde 2022)« .
Du mouvement dans le groupe, mais sans trop: « Le meilleur recrutement qui soit, c’est de conserver son effectif ». Si Boutet part pousuivre ses études à Paris (et s’engage avec le Stade Français), les recrues ont fière allure. L’internationale Bourdon (demi de mêlée) et la trois-quart centre Baguette arrivent de Bayonne alors que la pilier Reulet quitte les Hautes-Pyrénées et Lannemezan pour rejoindre les Rouge et Noir. Autre nouveauté: « Gagou » Hermet succède à Bilon au capitanat de l’équipe. Coach Marin ne cache pas ses ambitions: « Le but est d’aller le plus loin possible bien entendu. Mais bon: ça fait trop longtemps que les filles travaillent dur et butent sur la dernière ou l’avant-dernière marche. Il va falloir que ça paie à un moment donné ». Et pourquoi pas cette année, même si rien ne sera facile dans une poule 1 qui comptera notamment dans ses rangs l’ASM Romagnat XV (championnes en titre), Bobigny, Rennes ou les Béarnaises de Lons, jamais faciles à manoeuvrer. Le championnat débutera par la réception de Rennes avant un déplacement à Grenoble.
LES POULES POUR 2021 – 2022
Poule 1 : Bobigny, Grenoble, Lons, Romagnat, Stade Français, Rennes, Toulouse.
Poule 2 : Bayonne Blagnac, Chilly Mazarin, Lyon, Montpellier, Stade Bordelais, Villeneuve d’Ascq.