Quatrième journée d’Élite 1 Féminine. En poule 2, choc au sommet doublé d’un derby. Dans le coin gauche, le Blagnac Sporting Rugby Club (2ème, 13 points). Trois matchs, trois victoires, et moins de 12 points encaissés par rencontre. Dans le coin droit, le Stade Toulousain (1er, 15 points). Trois sorties, trois succès (tous bonifiés), et une attaque explosive avec 35 unités inscrites en moyenne. Restait donc à savoir lequel de ces deux poids lourds du championnat allait réussir la passe de quatre ? … (Par Marco Matabiau/ Photo Alain Montségur)
Après une belle prise dans l’alignement de la deuxième ligne Augé, la rencontre débutait par une séquence de conservation blagnacaise, bien contenue par la solide défense toulousaine menée notamment par la trois-quart centre internationale Filopon. Un échantillon de ce qu’allait être cet affrontement. Pour leur premier ballon d’attaque, les Stadistes écartaient jusqu’à Murie, mais celle-ci était reprise par sa vis-à-vis Lainé (4ème). Blagnac tentait de dynamiser : pénalité jouée vite par la demi de mêlée Lenoir, puis nouvelle pénalité pour un plaquage haut d’Hermet sur l’ouvreuse Queyroi. Néanmoins, aucun point ne venait sanctionner la domination « caouec ».
Vernier attaque la ligne de défense toulousaine. Pas une mince affaire.
Dans la foulée, l’arrière visiteuse Barrat grattait au sol sur la troisième ligne Berthoumieu. La pénalité obtenue permettait au Stade de venir pour la première fois dans le camp adverse. Coup gagnant puisqu’après un bon ballon porté autour de l’ex-Blagnacaise Escudero, Bordes (replacée en 10) jouait au pied côté gauche. A la réception, Lainé se ratait, ce dont profitait immédiatement Murie. Ballon ramassé pour un essai empreint d’opportunisme (0-5, 11ème).
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Bourdon alerte sa ligne de trois-quarts.
Blagnac repartait de l’avant. Relance orchestrée par Lainé et Boulard, relais de la troisième ligne centre Khaiza, puis retour côté droit jusqu’à Lainé, décidément dans tous les coups en ce début de match. Pénalité glanée, sur laquelle l’option pénaltouche procurait une belle occasion. Maul porté dominateur, Viarouge venait en percussion, puis Berthoumieu. Servie dans la ligne, Queyroi jouait par-dessus pour Boulard, mais l’arrière internationale ne pouvait contrôler le ballon et Toulouse se dégageait.
Dès les premiers instants, beaucoup d’envie et de générosité pour Berthoumieu.
Sans pour autant se montrer réellement inquiété, le Stade Toulousain subissait. Grattage de Viarouge sur Barrat (16ème), puis carton jaune pour Roboam, pas sorti assez vite de la zone de plaquage (18ème). Les Blagnacaises trouvaient alors quelques espaces : percée de Lenoir, relais de Boulard, qui optait elle aussi pour le jeu au pied par-dessus la défense. L’arrière-garde toulousaine assurait la couverture, concédant toutefois un renvoi sous les barres (24ème). Nouvelle offensive locale, nouveau grattage visiteur, celui-ci de Lapoujade sur Belebbad.
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Chaud devant : Lapoujade à la charge.
Quelques instants plus tard, Toulouse perdait son arrière Barrat, touchée à la cheville droite. Elle était remplacée par Vergnaud. Autre changement, plutôt tactique : la gauchère Cros cédait son poste à Dedy. Malgré tous ces changements, la machine toulousaine ne se déréglait pas. Mieux : elle trouvait encore la faille. Grattage de Dedy, ballon écarté, long jeu au pied transversal de la trois-quart centre Fernandez sous lequel se précipitait Arbey. L’ailière rattrapait le ballon de volée et inscrivait le deuxième essai de sa formation (0-10, 33ème).
Replacée à l’ouverture, Bordes a parfaitement usé de son pied droit pour occuper le camp des « Caouecs ».
Sentant le vent du boulet, les banlieusardes se devaient de marquer avant la pause. Touche dans les 22 mètres toulousains. Nouveau maul porté, derrière lequel démarrait Khaiza. La troisième ligne s’arrachait, raffutait et marquait en force (comme quoi, tout n’est pas affaire d’hérédité), ramenant son équipe dans la partie. Queyroi rajoutait les deux points de la transformation (7-10, 38ème). Dans les arrêts de jeu, Blagnac lançait une nouvelle attaque. Servie côté droit, Boulard était victime d’un plaquage jugé haut de la part de Deschamps. Carton jaune pour la talonneuse des Rouge et Noir (40ème). Plus rien à signaler jusqu’à la pause.
Ballon bien calé sous le bras, Khaiza file inscrire l’essai de l’espoir en fin de premier acte.
Blagnac s’échine sur la défense stadiste
Toujours pleines de bonnes intentions, les Caouecs investissaient le camp toulousain grâce à une superbe « 50 – 22 » de Boulard (43ème). Malgré deux contres consécutifs en touche de la deuxième ligne Zago, les visiteuses ne parvenaient pas à se dégager et concédaient une mêlée à 5 mètres. On se disait que c’était la chance de Blagnac, mais le paquet stadiste faisait l’effort et glanait une pénalité. Sans doute l’un des tournants de la rencontre. A peine revenues à 15, les Toulousaines écopaient d’un troisième carton jaune, celui-ci pour Lapoujade après une obstruction (doublée d’un choc à l’épaule) sur Queyroi (50ème).
Les Blagnacaises ne sont pas trop de deux pour arrêter la progression de Dedy, très en vue ce samedi.
Les grandes manœuvres débutaient alors pour les Rouge et Bleu. Lenoir et Queyroi cédaient leur place aux plus expérimentées Martin et Abadie à la charnière. A l’aile, Aguado remplaçait Lainé. Pas de baisse de rendement pour autant. Nouvelle progression axiale, mais ballon échappé à proximité de l’en-but. Le contre toulousain s’organisait grâce au jeu au pied de Bordes. Boulard, trompée par le rebond, se voyait griller la politesse par Arbey. L’action s’amorçait bien, mais la talonneuse Bigot y mettait un terme grâce à un superbe grattage au sol (54ème).
Bigot tente de se défaire de son homologue Folituu.
Les 20 dernières minutes voyaient les Blagnacaises essayer de repasser devant. Néanmoins, la défense toulousaine contrôlait bien le jeu de ligne, ne concédant que peu de terrain. Au contraire, grâce au bon jeu au pied de Bordes, les Toulousaines occupaient le camp de leurs adversaires et n’étaient pas réellement mises en difficulté. En fin de match, les Stadistes géraient leur avance, en particulier grâce aux expérimentées Hermet et Bourdon, laquelle dégageait un dernier ballon en tribunes avant que Madame Robert ne donne l’ultime coup de sifflet de l’après-midi.
Le Stade tout sourire après son succès chez le voisin blagnacais.
Disputée sur un terrain très gras, cette opposition entre deux des ténors du championnat d’Élite 1 Féminine aura tenu ses promesses, tout au moins quant aux intentions des deux équipes et à l’intensité qu’elles auront mise dans le combat. Maitresses du ballon en première période, les joueuses des frères Tranier (Nicolas et Laurent) n’auront, tout au long de la partie, jamais pu déborder le rideau défensif toulousain et se seront montrées peu pragmatiques, ce malgré l’activité de Bigot et Berthoumieu et l’animation de Lenoir.
Le point de bonus défensif est un maigre lot de consolation. La trêve des confiseurs va faire le plus grand bien pour reposer les têtes. La reprise s’effectuera le weekend du 28 janvier sur la pelouse du Stade Rennais.
L’expérimentée Abadie, entrée en jeu en seconde période, n’a pas trouvé la clé pour faire sauter le verrou toulousain.
Pour sa part, le Stade Toulousain, malgré une grande indiscipline (trois cartons jaunes, 18 pénalités concédées), aura été d’une redoutable efficacité défensive, ne laissant que très peu d’espaces aux attaquantes adverses. Offensivement, les filles du trio Olivier Marin – Laure Sansus – Céline Ferer se seront montrées cliniques, inscrivant deux essais dans le premier acte.
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A noter les performances de la deuxième ligne Zago (impériale dans l’alignement), de la pilière Dedy (qui a créé de l’avancée sur chacune de ses portées de balle) et de l’ailière Arbey, créditée d’un superbe essai et très solide sur le plan défensif. Avec ce succès, les Rouge et Noir confortent leur première place. De quoi passer les fêtes de fin d’année bien au chaud avant de recevoir, fin janvier, les Amazones de Grenoble.
La deuxième ligne toulousaine Zago a plané sur la conquête en touche.
Réactions
Olivier Marin, entraîneur de Toulouse :« Très content de la victoire et du cœur qu’ont mis les filles. On a passé 30 minutes à 14 contre 15. On a été très indiscipliné, on prend 18 pénalités. On a tenu grâce à une défense de fer dans ce derby, dans des conditions compliquées face à une belle équipe de Blagnac qui n’a pas lâché le morceau ».
Olivier Marin (ici en discussion avec Céline Ferer), ravi de ce court mais précieux succès stadiste.
Nicolas Tranier, entraîneur de Blagnac : « Rencontre entre deux équipes qui se valent. Toulouse a pris le dessus en conquête. Sans ballon, c’est difficile de pouvoir marquer des essais. On a des occasions mais on perd des ballons. Elles sont plus réalistes que nous. Elles viennent deux fois dans notre camp en première période, elles marquent dix points. Ensuite, plus rien. Elles ont gagné aujourd’hui. On a du travail. On va se focaliser sur l’année 2024 ».
Nicolas Tranier rageait après le manque d’efficacité de ses joueuses.
Léa Murie, ailière de Toulouse :« Jamais évident de venir jouer à Blagnac. On s’est battu à fond. Un écart de trois points au final. Ce n’est pas grand-chose. Deux formations qui avaient autant envie l’une que l’autre. On est très fier de venir gagner ici, notamment grâce un rideau défensif quasiment infranchissable ».
Léa Murie a fait preuve d’opportunisme pour inscrire le premier essai toulousain.
Feuille de match
A Blagnac (Stade Ernest-Argelès) : Stade Toulousain Rugby bat Blagnac Rugby Féminin 10 à 7 (score acquis à la pause).
Arbitrage : Madame Sophie Robert (Ligue Nouvelle-Aquitaine) assistée de MM. Thomas Tornel et Hippolyte Maffre (Ligue Occitanie).
Pour Toulouse : deux essais Murie (11ème), Arbey (33ème). Cartons jaunes : Roboam (18ème), Deschamps (40ème), Lapoujade (50ème). Pour Blagnac : 1 essais Khaiza (38ème), 1 transformation Queyroi.
