Elections à la Fédération Française de Rugby : Patrick Buisson et Florian Grill, le face à face
Depuis la condamnation, puis la démission de Bernard Laporte en janvier dernier, la présidence de la Fédération Française de Rugby est entre les mains d’Alexandre Martinez, nommé président intérimaire. Patrick Buisson, désigné par Bernard Laporte pour lui succéder, avait vu sa nomination rejetée par les clubs. Mais le vice président en charge du rugby amateur s’est déclaré candidat à la tête de l’équipe majoritaire sous le nom de « Tous unis derrière le XV de France ». 15 jours après les élections pour compléter les 12 sièges laissés vacants au sein du Comité Directeur, remportée par Ovale Ensemble, liste opposante menée par Florian Grill (11 sièges sur 12 possibles) et à une semaine des élections présidentielles, la situation s’est tendue, à grand renforts de messages interposés et de lettres ouvertes visibles sur les réseaux sociaux. Le rugby français pouvait-il se passer de ces élections à 3 mois de la coupe du monde et attendre comme prévu, fin 2024 ? Une cohabitation est elle vraiment envisageable ? Quel est le programme de chaque candidat ? Nous avons interrogé Patrick Buisson et Florian Grill sur les sujets principaux du rugby amateur. Voici leurs réponses…
La nouvelle Pyramide des compétitions : bilan des Nationales et Fédérales
Patrick Buisson : La Nationale est bien installée aujourd’hui. Les clubs, que nous consultons régulièrement, nous disent que ce niveau correspond à leurs attentes, et à leurs exigences aussi. Il n’y a pas eu de catastrophe financière comme annoncé ici ou là, donc c’est très positif. L’objectif initial était de préparer au mieux les meilleurs clubs amateurs à devenir semi-professionnels, puis professionnels pour les meilleurs d’entre eux, sans avoir un trop grand fossé avec la Pro D2, l’objectif est atteint.
La Nationale 2 a vu le jour l’an dernier. Il faut donc lui laisser le temps de s’installer à son tour, cela peut prendre deux ou trois saisons pour que tout soit bien calé. Encore une fois, les clubs qui ont accédé à ce niveau se montrent satisfait du niveau sportif, de l’intérêt manifesté par les supporters et les partenaires.
La Fédérale 1, délesté de 24 clubs montés en Nationale 2, permet aux clubs restants de disputer enfin, une saison avec de réelles ambitions. Il n’y a plus cet écart de niveau trop important entre clubs semi-pro et les vrais amateurs. Ce qui rend la compétition plus juste, et particulièrement attractive. Il en va de même pour la Fédérale 2. Ces deux niveaux fédéraux ont une formule qui convient aux clubs.
En revanche la Fédérale 3 n’a pas encore son format définitif. Nous allons passer de 200 équipes à 180, puis à 160 sous deux ans, avec 16 poules de 10. C’est un gros chantier, nécessaire, pour continuer à tirer le le rugby français vers le haut.
Florian Grill : J’ai voté 80% des réformes sans état d’âme, car elles allaient dans le bon sens, celui de l’intérêt général du rugby amateur français. La Nationale en fait partie, c’est un niveau qui était nécessaire, et il a trouvé son rythme de croisière semble-t-il.
La Nationale 2 en est à sa première année, mais je suis plus sceptique, car on voit bien les refus de monter, les repêchages pour maintenir, cela met en lumière l’instabilité financière au sein des clubs amateurs, qui craignent de faire les dépenses de trop. On l’a vu récemment avec Mazamet qui refuse de monter, car il faudra trouver au moins 30 à 40% de budget en plus, à cause des déplacements, des contrats, etc…
Le problème financier touche tous les niveaux de toute façon. Je plaide pour que l’on retrouve de la raison : à force de miser sur l’argent, le rugby n’existera que dans les villes. Se pose alors la question du salary cap dans le rugby amateur. Le sujet est d’actualité au plus haut niveau, et le barème de rémunération en Top 14 induit celui de Pro D2, qui lui-même dicte celui de Nationale, etc, etc….
Il est facile de dire qu’il y a trop d’argent dans le rugby, sans rien faire. Mais gouverner, c’est anticiper. En Angleterre, un troisième club est en faillite, et dépose le bilan. Il y avait 13 clubs en début de saison, ils ne sont plus que 10. La bulle financière a explosé outre manche, elle peut tout aussi bien exploser en France. Il y a eu des cas par le passé, il y en a encore aujourd’hui, et à tous les niveaux. Le rugby amateur subit les dérives du rugby professionnel, quand les présidents de clubs cèdent à une certaine forme de facilité. Il faut être vigilant.
La nouvelle Pyramide des compétitions : bilan des Régionales
Patrick Buisson : Ces équipes de fédérale 3 qui descendront vont naturellement garnir et renforcer la Régionale 1, avec un effet cascade vers la régionale 3. Le niveau va s’améliorer, et là aussi, tout doit s’emboiter avec le temps. Se pose la question d’une éventuelle Régionale 4… Je sais que les Ligues Occitanie et Nouvelle-Aquitaine s’interrogent, mais ce sont deux grandes ligues, par le nombre de kilomètres carrés et par le nombre de clubs. Je crois qu’il faut savoir être patient, le temps de digérer la version définitive de la Fédérale 3, pour en voir les conséquences aux niveaux inférieurs. Car une Régionale 4, si elle paraît évidente dans certaines ligues, ne l’est pas chez celles qui sont le moins fournies en clubs. Ce qui est valable au niveau des fédérales l’est tout autant pour les régionales, attendons deux saisons pour y voir plus clair avant de tirer des conclusions trop hâtives.
La réforme des compétitions était ma et notre priorité. Nous avons annoncé nos intentions, et appliquons, en concertation avec les clubs, des changements nécessaires, malgré les critiques émises par l’opposition.
Florian Grill : La réforme de la régionale 1, 2 et 3 est un échec. Mélanger des équipes de 2ème et 4ème série a créé des écarts de niveaux trop importants. Celles qui jouaient en 4ème série, qui est le niveau « débutant séniors » en théorie, pouvaient espérer jouer des phases finales en fin de saison, ce qui est quand même un objectif majeur. Or là, ces équipes prennent 40 points chaque weekend, dans des tiers ou des demies poules. Les joueurs sont rapidement dégoûtés car fin octobre, ils comprennent que la saison est déjà finie. Cette régionale 3 est une machine à perdre des licenciés, voire des clubs, puisque certains ont déclaré forfait.
La solution ? Créer une régionale 4 pour rééquilibrer les niveaux. Je ne crois pas aux équipes réserves de régionale 2 pour compléter les poules d’une régionale 4, il y aurait trop de frais en double, de bus, de besoins humains, de bénévoles et de joueurs, puisque certains doublent aussi déjà. Je crois plus aux équipes 3 en revanche, même composées d’anciens copains qui ont joué au dessus, et qui ont un attachement à leur club formateur. Tout en étant attentif aux équipes qui restent en bas de l’échelle pour jouer les titres. Il faut éviter les clubs champignons, qui investissent uniquement sur une équipe Une, et pas sur la réserve, ni sur la formation, ce qui déséquilibre les compétitions, et fait grimper les enchères aussi, on y revient. En clair, il faut favoriser les clubs citoyens.
Et puisque j’évoquais les titres et les boucliers, qui motivent les joueurs, les clubs, il faut les remettre en place. On les a divisés par deux depuis cette nouvelle pyramide des niveaux et l’arrivée des régions plus vastes. Une équipe avait en gros une chance sur 80 de devenir championne, maintenant, c’est une chance sur 160. Il ne faut pas priver les joueurs de phases finales, de ces aventures humaines uniques.
Le Rugby féminin
Patrick Buisson : Le rugby féminin poursuit sa croissance, le nombre de licenciées aussi. De ce point de vue, nous pouvons être ravis. Cette progression nous impose aussi d’avoir une profonde réflexion sur les actuelles compétitions. Brigitte Jugla, vice présidente en charge du rugby féminin, et Mathieu Codron, Cadre Technique National, planchent sur de nouvelles formules, pour resserrer l’élite et éviter les écarts de niveau. De fait, il y aura un meilleur équilibre pour l’Elite 2, et les fédérales.
Florian Grill : La FFR a supprimé les indemnités de formation, par conséquent, les internationales sont concentrées en 3 ou 4 équipes de l’Elite 1, les autre équipes sont désavantagées et ne peuvent pas lutter. C’est même dangereux parfois d’opposer des internationales à des filles qui s’entraînent bien moins, et finissent par se blesser. On a même vu avec Chilly-Mazarin que l’équipe a été contrainte de déclarer forfait tellement il y avait de blessées.
Solution : une poule unique de 12 clubs, en assumant les doublons internationaux, car les clubs concernés recruteront en fonction, pour garder leur niveau sans les internationales. Et pour les clubs qui n’en ont pas, elles pourront mieux rivaliser et progresser. Il faut arrêter avec ces championnats avec des matchs trop espacés dans le temps, ou trop rapprochés. L’explication des forfaits est la somme de tout ça.
Pour les niveaux inférieurs, la problématique est similaire Des poules avec des équipes trop éloignées géographiquement, aux niveaux parfois trop différents aussi. Il n’y a qu’à voir les scores du weekend, et des phases finales. Le développement du rugby féminin passe par le 7. Il est plus facile de créer des équipes à 7 qu’à 10 ou 15. On contraint des filles à s’éloigner pour pouvoir jouer. Il faut rétablir la proximité, celle qui permettra de favoriser la pratique féminine, entre copines. A la campagne ou en ville, il faut trouver un meilleur maillage, jusque dans les cités. Il faut se structurer par la base. Il vaut mieux commencer par la création d’une école de rugby, de cadettes, avant de lancer une équipe séniors. On va ainsi créer un attachement plus fort au maillot, aux couleurs de son clubs.
Il y a un gros travail à effectuer dans le milieu scolaire jusqu’au niveau universitaire.. Beaucoup de filles démarrent à l’UNSS, et si le rugby n’est pas dans l’offre globale, elles ne seront jamais tentées par un ballon ovale et s’orienteront vers des sports comme le hand ou le basket.
Sécurité – Commotions – prévention :
Patrick Buisson : Sur ce sujet, nous analysons les blessures et anticipons pour qu’elles ne surviennent plus. Nous avons beaucoup travaillé, initié le programme « Bien joué » pour la sécurité de toutes et tous. Nous avons abaissé la zone de plaquage. La France est même devenue une nation test pour World Rugby. Néanmoins, le rugby est un sport de contact, avec des risques de blessures. A nous de faire en sorte de les minimiser.
Florian Grill : Le rugby est un sport de combat, qui appelle donc des chocs et des blessures parfois. Je crois que les décisions prises ces dernières saisons vont dans le bon sens, je suis plus interpelé par les phénomènes de violences sur le terrain et en tribunes, qui débouchent parfois sur des blessures, autres que sportives.
Violences, physiques et verbales, homophobie et racisme :
Patrick Buisson : Je suis issu d’une région réputée violente, à raison parfois. Quand j’étais président du Comité de Provence, j’ai dû prendre des décisions radicales à l’encontre d’équipes qui dépassaient les limites, à savoir de les exclure des championnats. La violence est un vrai sujet, dans notre société et donc sur nos terrains. Elle se déplace, se propage, et se manifeste plus encore depuis la reprise post-covid. La réponse à ces violences verbales et physiques passe par des sanctions plus strictes, plus radicales, interdire des gens de jouer tout simplement.
Nous avons démontré notre intransigeance déjà, avec une Commission de discipline, aussi stricte que sollicitée. Nous nous devons d’être vigilants, nous le savons. La création d’une cellule de prévention et de protection des populations du rugby, gérée par Laëtitia Pachoud, présidente du comité départemental du Gers, vice-présidente de la FFR en charge des solidarités, a pour but d’aider les clubs dans leur gestion des violences quelles qu’elles soient. »
Les violences sont aussi dans les tribunes, sur les réseaux sociaux, où l’on se donne rendez-vous pour des bagarres, c’est insupportable.
La Cadet a aussi été créé pour dénoncer toute agression à caractère raciste et/ou homophobe. Le Ministère des Sports nous cite en exemple sur notre gestion des actes de violence, ce qui, vous me l’accorderez, est à souligner.
Le rugby est un sport noble, avec de belles valeurs, il faut savoir mettre dehors les personnes licenciées (joueurs et dirigeants) qui ne les partagent pas. il faut avoir le courage de sanctionner fermement. Je l’ai fait au niveau régional, nous saurons le faire au niveau national.
Florian Grill : 10% des sportifs ont été confronté à des violences sexuelles, ce chiffre est colossal. Pour s’en prémunir chaque club doit avoir un référent, du type colosse au pied d’argile, pour assurer une formation. Cela coûte 30€ pour une demie journée. Cela doit faire partie d’un label
Concernant la violence sur les terrains, c’est une réalité qu’il faut combattre. Dans la ligue Ile de France que je préside, on a développé une application i-arbitre très efficace. On demande aux 240 arbitres présents sur les terrains chaque weekend d’évaluer trois choses : le banc de touche, les tribunes et le capitaine, en indiquant « très bien » – « bien » – « moyen » – « pas bien ». Simple, rapide, et efficace, cette appréciation, cumulée à toutes les autres permet de créer une base de données rapide et concrète. On voit vite quels sont les clubs dans l’esprit et ceux qui ne le sont manifestement pas. Dans ce cas, cela nous permet d’envoyer des Représentants expérimentés sur des terrains « chauds », plutôt que d’en envoyer au hasard. Cela permet aussi de valoriser les équipes les mieux notées.
De toute façon, la violence est une réalité dans notre société. Les gamins sont des buvards, ils voient l’exemple des adultes et reproduisent sans avoir une réelle capacité de réflexion sur leurs paroles ou leurs gestes. Donc l’éducation est primordiale, à la maison, et sur un terrain, qui est notre champ d’action. Il faut sensibiliser par tous les moyens. En Ile de France, nous avons fait un petit film, suivi d’une conférence, avec l’intervention du Raid. Un des hommes du Raid explique que, malgré la peur et l’excitation, le calme et la maîtrise de soi sont nécessaires pour garder la lucidité, pas besoin de s’exciter collectivement pour aller au combat. C’est à méditer je pense.
Il faut échanger entre les Ligues, chaque semaine. Si je suis élu président de la FFR, j’instaurerai ce rendez-vous avec les présidents de Ligue, installeront des groupes de travail, sur tous les sujets. Des propositions en ressortiront, passeront par le filtre de chaque président, avant d’être traitées et proposées au niveau national. Une information descendante et montante pour mieux répondre aux attentes et besoins du terrain.
On a failli mettre sous cloche le rugby amateur pendant la durée de la coupe du monde. La raison a fini par l’emporter mais nous aurions pu nous éviter toute cette perte d’énergie et de temps si les présidents avaient été entendus.
Les Arbitres et l’arbitrage :
Patrick Buisson : On a mis un outil en place avec la charte d’arbitrage – le club doit trouver son arbitre, il faut revaloriser l’arbitrage. UN Jeune arbitre doit avoir une idée de sa trajectoire, jusqu’où il veut et peur aller. Il sera plus serein s’il est encadré, donc plus performant. Il y aura un suivi de carrière, en place dès la saison prochaine. Cette volonté qui colle avec la pyramide des compétitions et avoir des arbitres de qualité.
Dans nos échanges avec les clubs, on nous signale que certains arbitre sont trop jeunes pour arbitrer en fédérale 1 par exemple. Ces arbitres ont été accompagnés, sélectionnés et ont progressé. Les clubs, en deuxième partie de championnat ont reconnu ces progrès et de bien meilleurs résultats. Et puis, pour terminer sur ce chapitre, nous allons prendre en charge un tiers des frais d’arbitrage, soit 3 millions d’euros sur la saison. C’était une promesse de campagne de Bernard Laporte, qui avait été repoussée à cause du Covid, ce sera mis en place dès la saison prochaine.
Florian Grill : On a perdu des arbitres, certains à cause d’une prétendue limite d’âge, alors qu’un test physique pourrait leur permettre de continuer. Il y a une vraie urgence à recruter des arbitres, il en manque environ 15%. Des rencontres ne sont plus couvertes, on ne donne pas envie, et quand on perd des arbitres, on perd aussi des joueurs. Il faut valoriser les arbitres, les mettre dans la lumière, les médiatiser, leur donner la parole.
Nous avions 4 arbitres à la coupe du monde 2019, et ils étaient au sifflet des matchs les plus importants. Ils ne sont plu que deux, en 2023.
Un sujet de votre choix :
Patrick Buisson : Plus qu’un sujet, un souhait : notre mandat se termine fin 2024, nous espérons que les clubs, nous offrent la possibilité d’aller au bout, de terminer les réformes engagées. Notre bilan est positif, il est reconnu par les clubs. Que le rugby français évolue dans la sérénité, que le XV de France soit dans les meilleures conditions lors de notre Coupe du monde. souhaite aller à la fin 2024.
Florian Grill : Nous devons être plus proches du terrain, concrètement. En Ile de France, nous avons lancé des job dating spécifiques, entre chefs d’entreprises et chômeurs, sans savoir qui est qui. Ces personnes participent à des activités sportives puis échangent, un lien a été créé, et peut permettre de favoriser l’embauche. Un club de rugby est un acteur de citoyenneté locale, il a un rôle éducatif pour les plus jeunes, puis sociétal, on donne du boulot, on donne à manger, on donne du sens, du lien. J’entends que ‘obésité est une cause nationale. Tant mieux, nous accueillons tout le monde et à bras ouverts dans le rugby.
Votre message à l’attention des clubs amateurs
Patrick Buisson : Il est normal qu’en période électorale, chacun défende son bout de gras comme on dit, il y a eu et il y a encore des échanges via les réseaux sociaux oui, quelques tensions, mais ce n’est rien de bien méchant. L’enjeu est important, et la période, tout le monde s’accorde à le dire, plutôt malvenue à quelques mois de la coupe du monde. Florian Grill avait parlé de « cohabitation mortifère » en janvier, avant de « tendre la main » pour une… cohabitation en mai. Chacun jugera.
Je souhaite que les clubs permettent à l’actuelle mandature d’aller au bout de notre programme jusqu’à la fin 2024, il sera alors temps de juger de toutes nos promesses, devenues actions, pour défendre et soutenir le rugby amateur comme cela n’avait jamais été fait auparavant. Les échanges que je peux avoir avec les clubs, les discussions que je peux avoir avec les présidents, me démontrent que nous sommes dans le vrai. Une fois ces élections passées, retrouvons de la sérénité pour vivre une belle coupe du monde, et bien sûr soyons « tous unis derrière le XV de France.
Florian Grill : Ovale Ensemble, c’est une équipe qui travaille dur, besogneuse, qui va au contact, sur le terrain, avec des convictions. On est prêts, et pas dans la politisation comme j’ai pu le lire ici ou là. La cohabitation se fera naturellement, j’en suis convaincu. Oui, j’avais dit que la cohabitation n’était pas à l’ordre du jour en début d’année, et puis, je me suis rendu compte après avoir démissionné, que les discussions étaient plus apaisées. Rétroactivement, je pense que d’avoir démissionné était une bonne décision, j’ai pu constater qu’il y avait plusieurs courants et des avis parfois différents au sein du camp d’en face. Quand je perds, j’accepte la défaite, c’est la démocratie. Quand je gagne, j’attends la même réaction de mes adversaires. Le rugby français a besoin d’unité, plus que jamais, et de transparence. Je le redis, nous avons voté 80% des propositions faites par Bernard Laporte, puis ses successeurs.
Donc nous savons être critiques mais uniquement sur 20% de sujets qui nous paraissent incompatibles avec le bon développement du rugby français. Exemple, le remboursement des frais kilométriques par exemple, 1km est 1km, quel que soit le niveau il me semble, il faut arrêter avec cette histoire de forfait qui ne convient à aucun club. Les frais d’avocat de Bernard Laporte, qui ne sont toujours pas remboursés, il n’y a aucune raison que le rugby français les paye. Et si vous me permettez une réflexion hors rugby amateur, je parlerai du Tournoi des 6 Nations. Je veux bien vivre avec mon temps, mais le Tournoi des 6 Nations, pas touche, ou alors avec des gants blancs. Un Tournoi avec le Japon et l’Afrique du Sud, c’est un non sens sportif, écologique et historique. On a vu les effets négatifs des club sud africains sur la Coupe d’Europe déjà, avec des joueurs fatigués, usés, blessés, des impasses, etc… Le Tournoi, c’est un héritage à préserver, l’entrée de CVC, fonds d’investissement, n’est pas une bonne nouvelle. Ils avancent l’argent, renflouent, et veulent repartir avec une plus value. La Coupe Davis, autre compétition sacrée, du tennis, est tombée en lambeaux en quelques années à cause de cela. Donc oui, prêt à combattre et prêt à soutenir aussi.