Il y a beaucoup d’exemples dans le rugby, de clubs devenus ambitieux grâce à un homme d’affaires, un mécène, un partenaire fortuné, mais qui au final, ont déposé le bilan, comme Lille, ou Rodez. Vous comprenez que les gens puissent être méfiants à votre égard et aux effets d’annonce…
Bien sûr, mais je demande juste à être jugé après, pas avant. Mon rôle est de trouver des solutions, j’ai conscience que ma façon de les aborder est clivante. Mais je suis un entrepreneur, pas un diplomate. Un président de club doit prendre des décisions, c’est ce que je fais.
Justement, vous avez créé plusieurs start-up, que vous avez revendu ensuite. En expliquant que ce n’était pas votre motivation première, mais lié plutôt à une frustration de ne pas pouvoir progresser plus vite. Si vous êtes frustrés de ne pas réussir de suite avec Sarlat, peut-on imaginer que vous quittiez le navire ou « revendiez » le club à une tierce personne ?
Vous avez raison, je suis quelqu’un de très impatient et donc facile à frustrer. Mais la frustration de ne pas avancer assez vite est une bonne chose, car ça me pousse à aller de l’avant, c’est une opportunité pour devenir meilleur. Si le constat d’échec est avéré, que je ne vois pas la solution, je pourrais être amené à laisser ma place oui, mais je garantis à tous les supporters de Sarlat que si cela arrivait, je laisserai le club à un meilleur niveau qu’il ne l’est actuellement.
Vous vous appuyez sur d’autres personnes pour atteindre vos objectifs ?
Je n’ai pas la prétention de connaître le rugby, en revanche, je crois bien connaître la vie d’entreprise. J’ai conseillé bon nombre d’entrepreneurs sur des décisions stratégiques à mener. Je sais donc que parfois, il faut s’appuyer sur les bonnes personnes aux bons postes pour atteindre ses objectifs. Quand je me suis penché sur la vie du club, nous avons dressé un inventaire de ces points de friction, ils étaient nombreux. Il me semblait évident qu’il fallait être plusieurs pour trouver les solutions qui étaient identifiées, et nous sommes passés à l’action.
Comme le choix de l’entraîneur, et pas des moindres, que vous officialisez aujourd’hui : David Ellis ?
Absolument ! C’est une grande nouvelle pour notre club que de pouvoir compter sur un entraîneur qui présente un tel CV ! C’est une compétence reconnue, qui va nous aider à progresser, c’est évident.
Comment s’est passé le premier contact ?
Tout simplement, il m’a écrit un message sur Linkdin fin décembre. Il a vu passer un article, et m’a dit qu’il se reconnaissait dans notre projet. Qu’il avait des offres de clubs situés à un meilleur niveau, mais que la perspective de bâtir un club, lui parlait beaucoup plus. Ce qu’il a réussi à faire par le passé. Nous avons échangé à plusieurs reprises, trouvé un accord et c’était acté.
Vous allez vous exposer à de nouvelles critiques, teintées de jalousie…
Quand je me lance dans un projet, je ne m’occupe pas de la perception des autres, la jalousie, je la laisse de côté aussi. La seule chose qui me dérange, ce sont les commentaires déplacés, non argumentés, de personnes qui restent anonymes. Je préfère la franchise et la transparence. Vous me laissez la chance aujourd’hui de m’exprimer réellement pour la première fois sur votre média, et je vous en remercie, les gens du rugby amateur me comprendront peut-être mieux. Qu’ils m’apprécient ou pas, peu importe, je sais que le club, et donc moi-même, serons jugés sur les résultats. L’être humain a pour habitude de critiquer par nature, c’est ainsi…
La critique, le débat, c’est d’actualité avec le Pass sanitaire. Quel est votre point de vue à ce sujet ?
Pour tout vous dire, je ne suis ni pro ni anti vaccin. Je sais juste que nous voulons tous retrouver notre vie d’avant, et la vaccination est le seul moyen d’y parvenir à ce jour. A moins qu’on me démontre une autre méthode. Donc je suis vacciné, parce que c’est du bon sens.
Quel discours tenez-vous aux joueurs concernant cette vaccination ?
On ne peut pas imposer de se faire vacciner, mais on le recommande fortement, quotidiennement. Je crois pouvoir dire que 90% de l’effectif est vacciné, les 10% restants sont des joueurs qui ont été positif au covid, donc en attente pour être vacciné. Ceci dit, si nous n’avons pas le droit d’imposer de se faire vacciner, nous avons le droit de refuser l’accès aux installations à celles et ceux qui n’auraient pas leur pass sanitaire à jour. Si ce n’est pas le cas, la personne sera interdite d’accès.
Puisque vous avez apprécié cette interview, nous vous laissons le soin de la conclure à votre guise…
J’en profite alors pour dire qu’il faut se réjouir de pouvoir reprendre la saison, même si ce sera difficile, selon les conditions imposées. Il faut soutenir le rugby amateur, quels que soient les moyens humains ou financiers. Je veux dire aussi que la France a un extraordinaire potentiel. Il faudrait juste dire maintenant, que la France a d’extraordinaires résultats. C’est la grande différence avec la mentalité anglo-saxonne. Vous savez, en Alsace, si on cherche un bon mécanicien, on va en Allemagne, si on veut un bon fromage on va en France. C’est aussi simple que ça, saisir les opportunités. Et je m’applique à faire la même chose pour le club de Sarlat. Donc on se dit à très bientôt.