C’était ce samedi la cinquième journée du championnat Élite Crabos. Le deuxième qui reçoit le premier, c’est déjà annonciateur d’une affiche de haute volée. Quand en plus cette rencontre se double d’un historique derby, on a déjà hâte d’y être. A domicile, l’Union Sportive Colomiers (2ème, 15 points) espérait se relancer après sa courte défaite (20-21) sur la pelouse aurillacoise. Pas une mince affaire, puisque le visiteur du jour n’était autre que le Stade Toulousain, toujours invaincu cette saison et leader de la Poule 5. Un derby du 31 à suivre de près donc… (Par Marco Matabiau/ Photos Alain Sabathier)
Le match
Après une entame équilibrée, les Toulousains se montraient les premiers dangereux. Touche à 5 mètres, prise du troisième ligne Kouassi, et ballon porté. Une belle progression s’en suivait, mais le demi de mêlée Montero maitrisait mal le ballon et concédait une mêlée (5ème). Bis repetita quelques instants plus tard après la « 50-22 » de l’ouvreur Capus. Nouvelle prise de Kouassi, nouveau maul. Encore une fois la défense glanait une mêlée, rapidement suivie d’un coup franc (9ème).
Les Stadistes avaient la mainmise sur ce début de rencontre, mais la défense columérine ne lâchait rien, dans les pas du troisième ligne Jalet. Les Bleu et Blanc se retrouvaient enfin en position d’attaque. Deux touches successives dans les 30 mètres adverses. Sur la seconde, Worczynski lançait le jeu, mais le ballon était échappé. L’ouvreur se couchait pour le récupérer avant que Kouassi ne se jette sur lui au sol. Pénalité, que Worczynski, des 30 mètres, se faisait lui-même un plaisir de transformer (0 – 3, 13ème).
Les Rouge et Noir repartaient de l’avant et investissaient à nouveau le camp adverse. Une maladresse faisait cependant avorter l’action dans les 15 mètres. L’USC contrait, jouant au près autour du pilier Lam et du troisième ligne Haddad. La pénalité obtenue était tentée par Worczynski, mais le ballon fuyait les barres (20ème). Au contraire, c’étaient les Toulousains qui revenaient à hauteur grâce à la botte de leur trois-quart centre Amati (3-3, 24ème).
Les locaux filaient un mauvais coton quand le trois-quarts centre et capitaine Letisse écopait d’un carton blanc (cinq minutes seulement en Crabos) pour avoir entravé une belle offensive initiée par Capus et poursuivie par Mirande et Thibaut (26ème).
En supériorité numérique, les visiteurs optaient pour le jeu à la main. Défi au près, puis ballon écarté pour Capus, qui commettait un en-avant, mettant un terme à l’action. A quelques minutes de la pause, le Stade Toulousain remettait le bleu de chauffe par son capitaine et talonneur Saint Cyr Aguilar et son troisième ligne Labarthe.
A nouveau, Capus héritait du cuir, tentait de percer le rideau, mais concédait une pénalité pour ne pas avoir lâché le ballon au sol (33ème). Dans la foulée, un ultime lancement columérin voyait Perrier mettre en débordement Le Saux, lequel était finalement repris en bout d’aile. Il était alors temps pour Monsieur Ogrodowyczyk de siffler la pause.
Colomiers fait de la résistance, le banc stadiste fait la différence
A la reprise, les joueurs à la colombe tiraient les premiers. Ballon pris de volée par Perrier, reprise d’appuis et relance immédiates. Pétillant, l’arrière cassait trois plaquages et s’enfonçait dans les 22 adverses. La défense stadiste s’arc-boutait et gagnait une mêlée. En confiance, l’USC initiait une nouvelle relance, mais Labarthe grattait au sol (41ème). Le paquet d’avants toulousain prenait alors les choses en mains. Pénaltouche, belle progression du maul, dont le deuxième ligne Brennan (oui, un de plus!) profitait pour inscrire en coin le premier essai des siens. En position pourtant délicate, Amati rajoutait deux points (10 – 3, 47ème).
Les deux formations commençaient alors à intégrer des joueurs frais, notamment Laffont (pour Montero) à Toulouse et Semedo (pour Dejean) à Colomiers. La mêlée columérine glanait alors une pénalité, notamment grâce au bel effort du gaucher Lam face à Tinnirello. Nouveaux changements en masse côté visiteur, avec les entrées de Cendrier Fluxa, Barrie, Francoual et Guiral. En face, Perrier s’essayait au « petit par-dessus » mais l’arrière-garde adverse veillait et lançait le contre par l’intermédiaire de Laffont et Capus, bien relayés par Mirande. Un nouveau ballon échappé mettait un terme à l’offensive.
Si les Bleu et Blanc continuaient de rivaliser en mêlée fermée (notamment Semedo face à Gallardo), le ballon restait toulousain, forçant les joueurs à la colombe à défendre bec et ongles. En revanche, ils ne pouvaient empêcher les Rouge et Noir d’obtenir une nouvelle pénalité qu’Amati se chargeait de convertir en points (13 – 3, 57ème). Le break semblait fait. L’USC ne désarmait pas. Joli grattage au sol de Castellarin sur Soubre. Des 40 mètres, Worczynski tentait sa chance. Sans réussite (60ème). Quelques instants plus tard, l’ouvreur columérin était suppléé par Labau.
Dans les ultimes minutes, Amati, des 20 mètres en face, accentuait l’avance des siens (16-3, 67ème). Colomiers faisait son possible pour revenir au moins dans le bonus défensif, obtenant une pénaltouche à 10 mètres de l’en-but adverse. Haddad progressait balle en mains. S’en suivait une série de « pick and go », qui ne donnait rien, le ballon étant échappé près de la ligne. Le ton montait, les esprits s’échauffaient et une bagarre éclatait le long de la main courante.
Tout ce petit monde se calmait, mais trop tard. Bourdette (USC) et Benherrou étaient exclus (70ème + 2). La pénalité obtenue sous les barres était jouée à la main. La défense toulousaine ne cédait rien et faisait perdre le ballon aux attaquants columérins. Monsieur Ogrodowyczyk donnait alors son dernier coup de sifflet de l’après-midi.
Disputée devant un nombreux public, cette rencontre entre les deux premiers de la Poule 5 n’a pas déçu, tant par l’intensité des débats que par la qualité du jeu proposé. Féroces en défense, notamment dans les pas des troisièmes lignes Jalet (qui jouait là contre ses anciens coéquipiers) et Haddad, les joueurs d’Eric Lacroix et Thomas Larrieu ont soutenu la comparaison plus de 50 minutes avant de céder du terrain dans le dernier quart d’heure.
Quinze minutes au cours desquelles ils n’ont pas beaucoup vu le ballon et ont davantage subi. Après ce deuxième revers consécutif, il s’agit de se remettre la tête à l’endroit afin de bien préparer la réception du SU Agen, désormais deuxième après son large succès (56-15) contre le RC Auch ce weekend.
Reçu cinq sur cinq. En effet, avec ce succès acquis de haute lutte en terre columérine, le Stade Toulousain enregistre sa cinquième victoire (en autant de sorties) de la saison. Tout d’abord bousculés et maladroits, mis sous pression par le rideau défensif bleu et blanc, les protégés d’Olivier Baragnon et Louis-Benoît Madaule ont peu à peu pris l’ascendant, notamment dans le sillage de Brennan, Soubre et Labarthe.
Derrière, Amati, tout comme contre Agen la semaine passée, a été le catalyseur du jeu des siens (sans oublier ses 11 points au pied). Plus leaders de cette Poule 5 que jamais, les Stadistes se déplaceront à nouveau la semaine prochaine, cette fois sur les terres de l’US Montauban, vainqueur ce samedi (16 – 11) face à Aurillac.
Réactions
Olivier Baragnon (Entraîneur, Toulouse): « Content du match, de la production. On aurait peut-être se montrer plus réalistes. Il me semble qu’on ne concrétise pas certaines actions. On n’a pas pris d’essai. On a montré du caractère sur la fin de match, ce qui est plutôt positif pour nous ».
Eric Lacroix (Entraîneur, Colomiers): « Je crois que la profondeur de banc et la dimension physique de Toulouse ont fait la différence aujourd’hui. Sur la seconde période, on ne voit pas trop le ballon. Je suis néanmoins satisfait de la générosité et du courage démontrés par le groupe. On ne s’est pas sortis. Maintenant, il faut tirer un trait rapidement. Le match contre Agen a lieu la semaine prochaine, et la victoire à domicile est impérative ».
Lukas Amati (Trois-quart centre, Toulouse): « Un match très engagé. Nous avons eu des difficultés à concrétiser en zone de marque. On a ensuite eu le courage pour bien défendre et ne pas prendre d’essai à la fin (…) Une meilleure maitrise en seconde mi-temps. On a un un bon discours à la pause et on a su rester concentrés pour bien repartir ».
Feuille de match
A Colomiers (Stade Michel-Bendichou) : Stade Toulousain bat Union Sportive Colomiers 16-3
(mi-temps : 3-3).
Arbitrage : M. Jean-Marc Ogrodowyczyk (Ligue Occitanie).
Cartons blancs : à Colomiers, Letisse (26ème).
Cartons rouges : à Toulouse, Benherrou (70ème + 2); à Colomiers, Bourdette (70ème + 2).
Pour Toulouse: 1 essai Brennan (43ème), 3 pénalités (24ème, 57ème, 67ème) et 1 transformation Amati.
Pour Colomiers: 1 pénalité Worczynski (13ème).
Composition Toulouse : Traille; Violle, Mirande, Amati, Thibaut; Capus (o), Montero (m); Labarthe, Kouassi, Soubre; Brennan, Portat; Tinnirello, Saint Cyr Aguilar (cap), Gallardo.
Sur le banc: Cendrier Fluxa, Barrie, Lafarge, Marsyniac Garcia, Laffont Ga., Francoual, Benherrou, Guiral.
Entraîneurs: Olivier Baragnon et Louis-Benoît Madaule.
Composition Colomiers : Perrier; Le Saux, Letisse (cap), Iglesias, Pousson; Worczynski (o), Laffont Gu. (m); Pourquet, Jalet, Haddad; Clément, Sauveur; Dejean, Ober Loreaux, Lam.
Sur le banc: Léon Renner, Bourdette, Combier, Julien, Labau, Castellarin, Rougie, Semedo.
Entraîneurs: Eric Lacroix et Thomas Larrieu.