C’est l’histoire d’un joueur comme les autres, en apparence. Un de ceux dont on dit que l’on préfère l’avoir avec soi, qu’en face. Un guerrier de tous les instants, droit et loyal. Des valeurs et des qualités héritées de sa famille, militaire. Après avoir porté les couleurs de Vielmur et Sor Agout, plus jeune, il a mis le rugby entre parenthèses pendant plusieurs années, le privant sûrement d’une carrière ovale à un niveau bien plus élevé. Mais c’était pour la bonne cause, pour soutenir ses proches, dans la douleur. Son frère n’est plus là pour le voir jouer, mais il en hérité un surnom : « Ayan ». Dimanche, Florian Prades bataillait donc en 4ème série, avec ce même esprit du sacrifice qui le caractérise sur et en dehors du rectangle vert. Il a versé du sang, comme souvent, et des larmes, bien plus rares, lors de retrouvailles émouvantes. Pour nous, il a fait aussi tomber le masque… (Par Jonah Lomu – photos Serge Gonzalez)
Il est passé par des moments difficiles, avec notamment le décès imprévu et prématuré de son frère, puis celui de son père, vaincu par la maladie, il y a quatre ans. Une période pendant laquelle Florian s’oublie, et se met au service de sa famille. Et puis, ce rugby qu’il avait abandonné, se remet en travers de sa route. Il rechausse les crampons pour le plaisir, et met son gros potentiel au service de Puylaurens, évoluant alors en 2ème série. Comme à son habitude, il donne sans compter et il l’explique : « Quand je fais les choses, je les fais à fond, là, c’était démultiplié, je m’étais sacrifié pendant un certain temps. J’adore le rugby, et je fais tout pour être le meilleur possible, donc je m’entraîne et je joue à 100% ».
Il découvre à Puylaurens un esprit de famille qui lui correspond, mais le groupe séniors malgré sa qualité, est en manque de joueurs. « J’ai fait un match avec une côte cassée. Anthony Trouche aussi a joué avec une cheville cassée. On a tout donné, tous, et on a vécu une belle histoire d’hommes, pendant deux saisons. Son compère du pack et du PAC justement, Anthony Trouche se souvient : « Flo est un très bon joueur, puissant, il va toujours se donner a 100%, même blessé, on peut compter sur lui. »
Quitter Puylaurens sera un crève-coeur : « Il n’y avait plus beaucoup de joueurs, le club pensait arrêter, et j’avais envie de jouer. Alors je suis parti. A regrets. » Il reçoit des appels de Graulhet, de Lavaur, ou d’autres clubs de très bon niveau. Mais il raffûte ces alléchantes propositions pour diverses raisons : « On m’a appelé oui, mais pour me dire que ce serait pour jouer un an ou deux, vu mon âge. Je pouvais le comprendre. Mais tous ces déplacements pour m’entraîner, c’était compliqué. Donc j’ai opté pour une autre destination. » La famille n’est jamais très loin de son parcours. Cette fois, c’est son cousin, Teddy, qui l’embarquera avec lui du côté de Labruguière. Il s’intègre très vite et fait rapidement l’unanimité : « C’est un guerrier comme il y en a peu, un joueur avec d’énormes qualités, toujours propre ballon en main, un vrai sécateur niveau plaquage. Et puis, c’est un mec qui a un cœur plus gros que ses cuisses, c’est dire. » voilà la déclaration remplie de respect et d’admiration signée Nicolas « Plein » Portes, centre de l’Olympique Labruguière XV.
Dimanche dernier, Florian « Ayan » Prades retrouvait ses anciens partenaires de jeu, à Puylaurens, une date qu’il avait cochée depuis la sortie du calendrier : « J’avais à coeur de retrouver ce terrain et mes anciens coéquipiers. Quand je vois ce qu’ils font cette année, ça me rend fier pour eux, ils ont remonté la pente, j’ai beaucoup de respect pour ça et pour tous ceux qui oeuvrent afin d’aider le club à repartir sur de nouvelles et bonnes bases« .
« Un gaillard au grand coeur »
Visiblement, le respect est réciproque. A la fin d’un match âpre, remporté par les locaux, Florian a sué sang et eau pour défendre ses nouvelles couleurs. Il a eu droit à une haie d’honneur, toute personnelle, par des anciens coéquipiers ravis de retrouver un membre de la famille du PAC : « Cette haie d’honneur m’a beaucoup touchée oui, elle me démontre que je serai toujours le bienvenu. Ce qui signifie beaucoup pour moi. »
Guillaume Pradiès, autre compère du huit de devant à Labruguière, a découvert une autre facette de Florian : « Je trouve ce mec énorme. Déjà physiquement, il est quand même sacrément gaillard le type. J’appréhende les oppositions quand il est dans l’équipe adverse, car je sais que ça va piquer. Il doit avoir 10 poumons en plus, je sais pas comment il fait. Il a été titulaire à tous les matches depuis le début de la saison, il a fait les 80 minutes à chaque fois, et il est toujours aussi fort. C’est vrai que dimanche, je l’ai vu aussi très touché après notre défaite à Puylaurens. Ce match lui tenait tellement à coeur, il a laissé s’échapper quelques larmes à la fin, ce qui me fait dire que malgré les apparences, c’est aussi un mec sensible, et au grand coeur. »
« Voir mes anciens partenaires me prendre dans leurs bras, entendre quelques mots très gentils, oui, c’est vrai, les larmes me sont montées. » La sensibilité en bandoulière, « Ayan » met en avant les valeurs militaires héritées de son père et de son frère (à qui il pense très fort au moment de rentrer sur un terrain), chevillées solidement à son corps parfaitement entretenu. Car le 3ème ligne est incontestablement en très grande forme. Ce qui lui avait valu notamment d’intégrer la sélection du Tarn en fin de saison dernière, plutôt composée majoritairement de joueurs évoluant en Honneur. Une petite fierté assurément, mais n’allez pas croire que le solide a dans l’idée de rattraper le temps perdu, et de jouer longtemps encore. Il compte tout simplement raccrocher les crampons à la fin de cette saison : « Je suis en forme, c’est certain. Mes coéquipiers me donnent l’envie de me surpasser chaque dimanche. Je profite de cette occasion rare qui m’est donnée pour les saluer, les remercier, ainsi que tout le club. Mais j’ai 32 ans, et chaque lundi est plus difficile que le précédent pour récupérer. Je reste sur trois saisons pleines, mais j’ai peur de faire la saison de trop. Et puis, j’ai trois enfants qui ont l’âge de faire du sport à leur tour. A eux de profiter. Qu’ils vivent leur passion à fond, qu’ils prennent du plaisir. »
Si les garçons de Florian sont au moins aussi guerriers et valeureux que leur papa, nul doute que les recruteurs du coin auront un œil averti sur eux dans quelques années. Car dans leur sang, coule celui d’un grand homme et d’un grand joueur, respectueux et respecté.
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