Fin de saison 2022-2023, Clermont La Plaine et Riom-ès-Montagnes se disputaient la victoire du dernier match de la saison régulière. Les joueurs se sont disputés aussi en dehors, stoppés et calmés par les présidents des clubs. Une porte portera les stigmates de cet accrochage viril. Alors les présidents ont donc eu une idée, aussi originale qu’efficace, qui pourrait bien inspirer tous les clubs de rugby amateur. Une porte ouverte vers une nouvelle forme de respect et de fair-play…
Porte close à la violence
Cette histoire trouve donc son origine la saison dernière, lors du match retour entre les deux équipes, le 5 mars 2023, à Riom-ès-Montagnes : les joueurs s’accrochent sur le terrain. La première bagarre est rapidement calmée par le corps arbitral, mais la deuxième doit être interrompue par les présidents de chaque club, comme nous le raconte celui de l’Olympique Rugby Club Riomois, Didier Hanusiak : « Avec Javier Mujica, nous étions en tribune ensemble. On se connaissait déjà, via la Ligue Auvergne-Rhône-Alpes, dont il est le vice-président, et où je suis bénévole. Quand on a vu le deuxième accrochage, on a compris qu’on devait descendre sur le terrain, pour éviter que ça ne dégénère. »
Un geste que Javier Mujica, le président clermontois, invite chaque dirigeant à faire si besoin : « Les bagarres reposent souvent sur des choses insignifiantes et une petite intervention peut totalement calmer le jeu. Lorsque nous sommes descendus sur le terrain, avec Didier, nous avons réuni les deux équipes et, après quelques mots, le match a pu reprendre normalement. Nous devons donc réagir au moindre acte de violence, et ne pas diriger depuis les gradins. »
La rencontre se terminera sur le score de 20 à 12 et un joueur clermontois, énervé et déçu, donne alors un coup de pied dans une porte des vestiaires, et la casse. Cependant, l’incident est vite résolu, comme nous le précise le président riomois : « Le reste de l’équipe nous a directement prévenu et ils se sont excusés. Nous leur avons simplement demandé de la rembourser et il n’y a pas eu de tensions. » Son homologue clermontois tient d’ailleurs a rappeler que l’après-match s’est très bien déroulé : « Les deux équipes se sont bien entendues, comme si rien ne s’était passé. Pour tout vous dire, leur aligot était tellement bon, que nous avons même eu une heure de retard dans le bus (sourire). »
Une idée de réconciliation durable
Alors que les deux présidents échangeaient des papiers d’assurance et des factures, pour le remboursement et clore définitivement cet incident, une idée, brillante, leur est venue pour calmer les tensions. Didier Hanusiak : « J’ai proposé à Javier de peindre une porte en couleur dorée, pour en faire un trophée décalé entre nos deux clubs. Le but étant surtout de nous mettre face à nos responsabilités et de se rendre compte que la violence n’est pas une fatalité, et ne touche pas forcément que les autres. » Ce à quoi Javier Mujica ajoute : « Cette nouvelle tradition resserre également les liens entre nous. D’ailleurs, on s’est engagé à se rencontrer au moins une fois par an, même si on n’est plus dans la même division. Ça devient ainsi notre Calcutta Cup à nous (trophée entre l’Écosse et l’Angleterre). »
En plus de tourner en dérision les violences de la saison passée, la porte dorée a servi d’excuse aux deux présidents, pour faire un discours à leurs joueurs sur le sujet, comme l’explique Javier Mujica : « Ils étaient déjà au courant de la création de ce « trophée », mais ne l’avaient pas encore vu. On a donc débuté la rencontre de dimanche en les rassemblant au centre du terrain. En accord avec l’arbitre et le représentant fédéral. Nous leur avons expliqué que le rugby doit rester simplement une passion, que nous partageons. Autrement dit, les insultes sur la couleur de peau, les fourchettes et les marrons n’ont pas leur place sur le pré. C’est vrai partout, mais encore plus dans nos deux clubs, car malgré une bagarre chez nos féminines il y a quelques années, nous avons une bonne réputation et nous formons de bons jeunes. D’ailleurs, c’est également un enjeu important, car les grands doivent renvoyer une bonne image de notre sport, pour convaincre les parents d’y inscrire leurs enfants. »
Un beau match, porté sur la bonne humeur
Et comme par enchantement, la rencontre de dimanche dernier s’est parfaitement déroulée, sans aucun accroc, signe du succès total de cette initiative. Didier Hanusiak était ravi : « On a eu de la chance, car c’était un très beau match de Régionale 2, accroché sur le terrain, mais pas entre les joueurs. » Son homologue apprécie également le scénario de cette partie : « C’était l’égalité parfaite, on a dominé la première période et eux, la seconde. Les deux buteurs ont même chacun eu une pénalité de la gagne avant la sirène, mais sans réussite »
En plus de partager un bon moment ensemble, les deux clubs se sont donc aussi partagés les points (27-27). Dès lors, à qui remettre la fameuse Porte en Or ? « Nous avons fait ça à pile ou face, et Javier a gagné », sourit le président de l’ORCR, qui avoue : « ça m’arrangeait bien de ne pas ramener ce cadeau empoisonné, et de me le trimballer pendant des mois. D’ailleurs, je ne sais même pas si on avait assez de place dans le bus (rires). »
La Porte en or attend donc patiemment au club-house de Clermont La Plaine, d’être remise en jeu le 4 février prochain, lors du match retour. Le président de la Ligue Auvergne-Rhône-Alpes sera d’ailleurs présent, pour célébrer cette initiative. Un lien durable d’amitié entre les deux clubs est verrouillé. Gageons qu’elle ouvre la porte à d’autres clubs pour lutter contre tous les types de violence dans le rugby amateur.
Fin de saison 2022-2023, Clermont La Plaine et Riom-ès-Montagnes se disputaient la victoire du dernier match de la saison régulière. Les joueurs se sont disputés aussi en dehors, stoppés et calmés par les présidents des clubs. Une porte portera les stigmates de cet accrochage viril. Alors les présidents ont donc eu une idée, aussi originale qu’efficace, qui pourrait bien inspirer tous les clubs de rugby amateur. Une porte ouverte vers une nouvelle forme de respect et de fair-play…
Porte close à la violence
Cette histoire trouve donc son origine la saison dernière, lors du match retour entre les deux équipes, le 5 mars 2023, à Riom-ès-Montagnes : les joueurs s’accrochent sur le terrain. La première bagarre est rapidement calmée par le corps arbitral, mais la deuxième doit être interrompue par les présidents de chaque club, comme nous le raconte celui de l’Olympique Rugby Club Riomois, Didier Hanusiak : « Avec Javier Mujica, nous étions en tribune ensemble. On se connaissait déjà, via la Ligue Auvergne-Rhône-Alpes, dont il est le vice-président, et où je suis bénévole. Quand on a vu le deuxième accrochage, on a compris qu’on devait descendre sur le terrain, pour éviter que ça ne dégénère. »
Un geste que Javier Mujica, le président clermontois, invite chaque dirigeant à faire si besoin : « Les bagarres reposent souvent sur des choses insignifiantes et une petite intervention peut totalement calmer le jeu. Lorsque nous sommes descendus sur le terrain, avec Didier, nous avons réuni les deux équipes et, après quelques mots, le match a pu reprendre normalement. Nous devons donc réagir au moindre acte de violence, et ne pas diriger depuis les gradins. »
La rencontre se terminera sur le score de 20 à 12 et un joueur clermontois, énervé et déçu, donne alors un coup de pied dans une porte des vestiaires, et la casse. Cependant, l’incident est vite résolu, comme nous le précise le président riomois : « Le reste de l’équipe nous a directement prévenu et ils se sont excusés. Nous leur avons simplement demandé de la rembourser et il n’y a pas eu de tensions. » Son homologue clermontois tient d’ailleurs a rappeler que l’après-match s’est très bien déroulé : « Les deux équipes se sont bien entendues, comme si rien ne s’était passé. Pour tout vous dire, leur aligot était tellement bon, que nous avons même eu une heure de retard dans le bus (sourire). »
Une idée de réconciliation durable
Alors que les deux présidents échangeaient des papiers d’assurance et des factures, pour le remboursement et clore définitivement cet incident, une idée, brillante, leur est venue pour calmer les tensions. Didier Hanusiak : « J’ai proposé à Javier de peindre une porte en couleur dorée, pour en faire un trophée décalé entre nos deux clubs. Le but étant surtout de nous mettre face à nos responsabilités et de se rendre compte que la violence n’est pas une fatalité, et ne touche pas forcément que les autres. » Ce à quoi Javier Mujica ajoute : « Cette nouvelle tradition resserre également les liens entre nous. D’ailleurs, on s’est engagé à se rencontrer au moins une fois par an, même si on n’est plus dans la même division. Ça devient ainsi notre Calcutta Cup à nous (trophée entre l’Écosse et l’Angleterre). »
En plus de tourner en dérision les violences de la saison passée, la porte dorée a servi d’excuse aux deux présidents, pour faire un discours à leurs joueurs sur le sujet, comme l’explique Javier Mujica : « Ils étaient déjà au courant de la création de ce « trophée », mais ne l’avaient pas encore vu. On a donc débuté la rencontre de dimanche en les rassemblant au centre du terrain. En accord avec l’arbitre et le représentant fédéral. Nous leur avons expliqué que le rugby doit rester simplement une passion, que nous partageons. Autrement dit, les insultes sur la couleur de peau, les fourchettes et les marrons n’ont pas leur place sur le pré. C’est vrai partout, mais encore plus dans nos deux clubs, car malgré une bagarre chez nos féminines il y a quelques années, nous avons une bonne réputation et nous formons de bons jeunes. D’ailleurs, c’est également un enjeu important, car les grands doivent renvoyer une bonne image de notre sport, pour convaincre les parents d’y inscrire leurs enfants. »
Un beau match, porté sur la bonne humeur
Et comme par enchantement, la rencontre de dimanche dernier s’est parfaitement déroulée, sans aucun accroc, signe du succès total de cette initiative. Didier Hanusiak était ravi : « On a eu de la chance, car c’était un très beau match de Régionale 2, accroché sur le terrain, mais pas entre les joueurs. » Son homologue apprécie également le scénario de cette partie : « C’était l’égalité parfaite, on a dominé la première période et eux, la seconde. Les deux buteurs ont même chacun eu une pénalité de la gagne avant la sirène, mais sans réussite »
En plus de partager un bon moment ensemble, les deux clubs se sont donc aussi partagés les points (27-27). Dès lors, à qui remettre la fameuse Porte en Or ? « Nous avons fait ça à pile ou face, et Javier a gagné », sourit le président de l’ORCR, qui avoue : « ça m’arrangeait bien de ne pas ramener ce cadeau empoisonné, et de me le trimballer pendant des mois. D’ailleurs, je ne sais même pas si on avait assez de place dans le bus (rires). »
La Porte en or attend donc patiemment au club-house de Clermont La Plaine, d’être remise en jeu le 4 février prochain, lors du match retour. Le président de la Ligue Auvergne-Rhône-Alpes sera d’ailleurs présent, pour célébrer cette initiative. Un lien durable d’amitié entre les deux clubs est verrouillé. Gageons qu’elle ouvre la porte à d’autres clubs pour lutter contre tous les types de violence dans le rugby amateur.