Christelle le Duff a découvert le rugby dès l’âge de 8 ans au centre de loisirs puis au club de Conflans Sainte Honorine qui fusionnera plus tard avec Soisy sous Montmonrency (2ème division). A 18 ans, elle rejoint Gennevilliers et goûte à la 1ère division. Après 4 ans de bons et loyaux services, la demi d’ouverture déménage dans le sud, en 2002, à Toulouges (66), qui deviendra l’USAP en 2010. Elle y restera jusqu’en 2015, le temps de glaner pas moins de 6 titres de championnes de France en Elite 1. Elle rejoint ensuite le Stade Olympique Villelonguet comme co-entraîneur, avec un nouveau titre national à la clé. 75 fois internationale entre 2001 et 2017, 9 Tournois des 6 Nations disputés, 4 Grands Chelems (2002, 2003, 2005 et 2014), 1 titre de championnes d’Europe (2004), 3 Coupes du monde à XV disputées (2002, 2006 et 2014), sélectionnée en équipe de France à 7 (de 2010 à 2016), dont une coupe du monde en 2013, elle ratera les JO de Rio pour une blessure à 3 semaines de s’envoler pour le Brésil. Reste un CV impressionnant, que Christelle enrichit désormais comme CTC (Conseiller Technique de Clubs) au sein de la Ligue Occitanie…
Christelle, avant toute chose, question très simple : que représente le rugby pour vous ?
C’est un sport que j’adore, parce qu’il est collectif, qu’il impose des codes et des valeurs. Je peux même dire qu’il m’a extirpé d’un monde social compliqué, de ma cité quand j’étais adolescente en banlieue parisienne. Le tout grâce à des personnes qui sont venues nous proposer une initiation rugby. En quelques séances, j’ai accroché de suite, et je me suis inscrite en club.
Vous vous attendiez à devenir internationale et avoir un palmarès aussi fourni ?
Ce serait tellement prétentieux de répondre oui. Disons que l’on gravit les marches une à une, et qu’on espère toujours en gravir une de plus.
Après une telle carrière comme joueuse, entraîner, c’était une suite logique pour vous ?
J’ai été éducatrice dans différentes écoles de rugby pendant quelques années, j’ai passé les différents brevets fédéraux allant des -7 ans aux équipes jeunes. J’ai même entraîné la Côté Vermeille, équipe séniors masculine, car cela me plaisait de transmettre mes connaissances rugbystiques. Mais je me suis rendu compte que j’aimais plus transmettre aux enfants dans les écoles primaires et aux jeunes dans les clubs. C’était une suite logique oui.
Comment êtes-vous devenue CTC (Conseillère Technique de Clubs) ?
En 2014, j’ai passé mon DEJEPS lorsque j’étais employée au Comité départemental du Pays Catalan sous la présidence de Paul Foussat. Mon rôle était de développer le rugby féminin dans le département avec Dorothée Pérez, alors présidente de la commission féminine du département. Je faisais des interventions dans différents clubs pour travailler sur la technique individuelle avec les joueurs et joueuses. Je participais à la formation des éducateurs avec Jordy Selva et Eric Planes qui étaient conseillers techniques du département. J’ai beaucoup appris sur les différentes missions d’un(e) conseiller(e) techniques. J’en garde un très bon souvenir. En 2017, la Fédération Française de Rugby a annoncé le projet de déployer des conseillers techniques de club sur tout le territoire, avant 2020, j’ai tout de suite été très intéressée et j’ai postulé. J’ai attendu 3 ans car c’est en 2020 que les postes de CTC sont arrivés en Occitanie. Entretemps j’ai été éducatrice de sports adaptés avec des personnes en situation de handicap, directrice d’un point informations jeunesse avec des 11-17 ans. Je savais ce que je voulais : faire de ma passion, mon travail de tous les jours.
« Des retombées positives »
Quels sont les objectifs affichés d’une CTC ?
Nous avons pour objectif(s) d’accompagner les clubs à se structurer et à se développer. Nous avons donc plusieurs missions. Former nos éducateurs bénévoles en leur donnant des outils pédagogiques et/ou techniques afin d’encadrer une équipe en sécurité, et de suivre un plan de formation du joueur en fonction de la catégorie d’âge et du niveau. Nous devons aussi mettre en place des actions de découverte du rugby dans les écoles primaires/collèges/lycées afin d’amener le plus grand nombre de pratiquant(e)s dans les clubs. Nous nous devons de faire découvrir du rugby partout et pour tous. Car aujourd’hui il existe plusieurs formes de pratique pour le rugby, du rugby à 5 à toucher, du rugby à 7, du rugby à XV, du niveau loisir au niveau de compétition, il y en a pour tout le monde.
Vous avez pris vos fonctions au début de la crise covid. Quelles sont les principales difficultés liées à cette crise sanitaire ?
Notre rôle sur cette période très particulière est d’encourager, de soutenir les clubs et tous les bénévoles qui y font un travail remarquable. Les éducateurs ont dû s’adapter à cette crise, il a fallu proposer de nouvelles choses et organiser les séances d’entrainements différemment. Mais ils s’accrochent, ce sont des passionnés. Il ne faut pas oublier que les éducateurs chez les jeunes sont souvent des papas ou des mamans bénévoles qui donnent de le leur temps, chaque weekend. La moindre des choses est de les épauler comme il se doit.
Comment voyez-vous la suite dans les semaines et les mois qui arrivent ?
Comme tout le monde, nous sommes en attente des directives sanitaires déjà, tout en restant à l’écoute des clubs. Il faut leur amener de la joie, des idées. Les CTC sont devenus le lien privilégié entre la FFR, les Ligues et les clubs, qui nous appellent en direct pour nous poser des questions. C’est du concret, et ils apprécient. Depuis août 2020 que je suis en place, je peux noter les retombées positives.
Pour conclure, comment est-ce que l’on s’organise quand on est un CTC du Pays Catalan ?
Nous sommes deux… et demi. Deux sur le département des Pyrénées Orientales, Jordy Selva et moi-même, et un qui chevauche entre les PO et l’Aude, Yannick Salvador. Pour ma part, je couvre un secteur qui va de Perpignan à Font-Romeu, soit 14 clubs et 8 écoles de rugby. J’ai un planning de visites. C’est ainsi que je vais en Haute Montagne deux jours par mois. J’évite aux dirigeants de Font-Romeu de descendre en plaine, c’est moi qui m’organise pour aller les retrouver en montagne. Ils en sont très contents. Et moi aussi.
Le club de Conflans a en fait fusionné avec celui d’Herblay pour former le Rugby Conflans
-Herblay Val de Seine. Bises à Christelle de la part d’Annick et Daniel Labat