Depuis le 16 août, la Bretagne est le décor du championnat du monde militaire de rugby à XV. Une belle fête rugbystique qui suscite un engouement populaire notable. En préambule de la Coupe du Monde, cette compétition fait donc office de lever de rideau idéal… (par Loulou, ©photos Louis Jamin, et World Defence rugby)
Après une phase de groupe menée de main de maître, nos Français se sont hissés dans un dernier carré magique où les trois autres favoris (Nouvelle-Zélande, Royaume-Uni et Fidji) étaient au rendez-vous. Ces demi-finales se sont enchaînées ce dimanche, au stade du Commandant Bougouin de Rennes. Une enceinte que se partagent habituellement le Rennes Étudiant Club (Nationale 2) et le Stade Rennais rugby féminin (Elite 1).
Dans un premier temps, les Fidjiens, champions en titre, ont assuré leur place en finale en disposant du Royaume-Uni 41 à 29. Dans la foulée, l’équipe de France montait sur scène, pour affronter la Nouvelle-Zélande, à la conquête de son premier ticket de finaliste de son histoire.
Focus sur ce France – Nouvelle-Zélande militaire, un avant-goût de Coupe du Monde…
Les deux équipes aux visages fermés, prêtes à en découdre, pénètrent dans “la Rennes”, ce terrain bordé d’un vélodrome couleur ocre. Sous un beau soleil breton (si, si), les tribunes ont fait le plein. Une minute de silence précède le coup d’envoi, en hommage à un militaire de la Royal Navy décédé en marge de la compétition, ainsi que pour un militaire français disparu en Irak. Les joueurs portaient pour cette occasion un brassard noir. Les All Blacks sont All White pour l’occasion, ce qui ne les empêche pas de proposer le traditionnel Haka qui lance les hostilités.
Une première mi-temps cadenassée
Une première mêlée ravageuse des Français emporte le pack adverse dès les premières minutes. On s’attend alors à voir des Tricolores déchaînés, mais l’enjeu va prendre le pas sur le jeu. La pression est palpable dans cette entame et les deux équipes enchaînent les erreurs.
Une faute au sol dans les 22 mètres français permet au buteur des Blacks d’ouvrir le compteur (0-3, 15ème). Une domination territoriale récompensée à laquelle répond dans la foulée l’ouvreur des Bleus, Romain Lombard, sur une pénalité longue distance (3-3, 17ème). Ce premier acte est fermé, les fautes nombreuses. Aucune équipe ne semble prendre le pas sur son adversaire. Les mêlées se succèdent et les grandes envolées se font rares.
Trop pénalisés, les Bleus ne peuvent mettre leur jeu en place. Deux fautes consécutives permettent aux Blacks d’investir le camp des Tricolores. Aux abords de la ligne, un long défi frontal va resserrer la défense. Les Néo-zélandais en profitent pour aller chercher le large alors dégarni et planter le premier essai, transformé (3-10, 32ème).
Grâce à une bonne conquête, les Français restent dans le match. Romain Lombard réduit le score par deux fois (aux 35 et 39ème), et ramène les siens à une unité. Rien n’est fait donc après ce premier acte très poussif.
Une deuxième mi-temps tout en maîtrise
L’équipe de France démarre la seconde période tambour battant avec une belle séquence qui aboutit à une pénalité. Cette dernière est convertie par Romain Lombard, le pensionnaire de Nuits-Saint-George en fédérale 1 qui continue sa moisson au pied. Les Bleus passent devant pour la première fois (12-10 à la 44ème).
Le temps fort français se poursuit. On retrouve enfin le jeu de mouvement qui leur avait réussi lors des premières rencontres. Le ballon atteint les ailes et les passes dans la défense se succèdent. Un en-avant volontaire des Néo-zélandais vient interrompre cette action, puni logiquement d’un carton jaune et de trois points supplémentaires (15-10, 46ème). Les Blacks sont asphyxiés dans ce second acte et n’arrivent plus à entrer dans le camp français.
La recette gagnante : un pack dominateur et un buteur impérial
Le fameux dicton anglais « No scrum no win » (pas de mêlée, pas de victoire) se vérifie une nouvelle fois, et semble donner un net avantage aux Français qui mettent sur le reculoir leurs adversaires lors de chaque poussée. Bien qu’elles ne soient pas systématiquement sanctionnées par l’arbitre irlandais de la rencontre.
Les contacts se font rudes. Le premier centre surpuissant Lucas Vaccaro fait des ravages au centre du terrain. Le joueur passé par Aurillac casse régulièrement la ligne d’avantage et met son équipe dans l’avancée. Romain Lombard ajoute 3 points, (18-10 à la 62ème) et permet à son équipe de se mettre à l’abri d’un essai transformé.
Les esprits s’échauffent et cette fin de match devient plus débridée, que les Français gèrent parfaitement. Une longue séquence sera conclue par un drop de l’inévitable Romain Lombard, décidément sur un nuage. Portant la marque à 21-10, à la 71ème et permettant d’entrevoir la Rabine.
Contrés en touche par deux fois, les Néo-Zélandais peinent à mettre la défense française en danger. Un dernier baroud d’honneur va finalement leur permettre d’inscrire un essai en trouvant la solution sur le large. Et bien que l’essai ne soit pas transformé, les Blacks reviennent à une marque d’écart (21-15, 79ème). De quoi jeter une dernière sueur froide dans les tribunes et dans le clan français. Sans conséquence pour autant, puisque les Tricolores récupèrent le ballon et s’imposent sur ce score.
Très appliqués et patients, les Bleus ont construit leur victoire grâce à un pack dominateur dans les fondamentaux et un buteur efficace face aux perches. L’entame de match est à corriger certes, mais la performance globale est réussie et l’essentiel assuré. Une Marseillaise descend des tribunes, la France est en finale de son championnat du monde et défiera le grandissime favori, les Fidji, à la Rabine de Vannes.
Les joueurs – Mention spéciale à Jimmy Peuchaud qui participe à sa 4ème édition, une belle longévité qu’on se doit de souligner. À ce pilier droit à la barbe blonde, Alexandre, poutre essentielle de la mêlée française, qui est resté 75 minutes sur le pré.À la puissance de Lucas Vaccaro, qui a assis de nombreux adversaires. Enfin à Romain Lombard, chef d’orchestre de l’animation offensive et grand artisan de la victoire avec un 5 sur 5 face aux perches et un drop. Bravo à tous les joueurs de l’équipe de France, au manager Laurent Sclafer et à son staff.
Une finale qui sent déjà la poudre pour un duel au sommet, ce dimanche 10 septembre à 18h. Sur leurs terres, nos militaires français sont en mission. Et auront dans un coin de la tête de faire aussi bien que leurs homologues féminines à l’automne dernier…