Alexandre Martinez, Trésorier de la Fédération Française de Rugby a présenté ce vendredi 7 octobre les comptes annuels de l’exercice 2021-2022, avec un résultat record, qu’il a commenté en exclusivité pour RugbyAmateur…
Alexandre Martinez, vous venez de présenter au Comité Directeur de la FFR, le bilan 2021-2022. Quel est-il et que faut-il en retenir ?
Le résultat est de +7,5 millions d’euros avant impôts, soit 6,6 millions de bénéfice net. Autant dire que c’est un résultat que je vais qualifier de bon, voire d’historique, car il n’a jamais été réalisé auparavant, en dehors de la Coupe du Monde 2007. C’est un record d’autant plus satisfaisant que les recettes enregistrées sont de 137,4 millions d’euros, ce qui est aussi un record. Je précise également qu’il s’agit d’un résultat obtenu par une croissance des produits, et non par une contraction des dépenses. Infirmant par la même occasion, certaines remarques sorties dans la presse ces dernières semaines.
Une presse qui a mis en avant encore récemment les dépenses à venir concernant l’abandon du projet de grand stade dans le grand sud parisien…
A tort encore. L’abandon de ce projet était une promesse électorale et elle a été tenue. Nous avons bien été condamné pour rupture de contrat par le tribunal d’Evry, à verser 3.8 millions d’euros à la communauté d’agglomération Paris Sud Seine-Essonne-Sénart, en juillet 2020, plus 150 000€ au titre de préjudice. C’est beaucoup, mais bien en dessous des sommes réclamées par les parties adverses, soit plus de 60 millions en cumulé. Les sommes dues sont intégrées et réparties dans nos comptes depuis 3 ans déjà, donc il n’y a aucune dette à ce niveau-là. Je rappelle que le projet de grand stade avait un coût estimé à 580 millions ! Et pour être tout à fait précis, la FFR a un seul emprunt lié à la fin des travaux effectués au Centre National de Rugby à Marcoussis, qui est remboursé normalement et sera clôturé en 2023.
Revenons aux résultats présentés aujourd’hui. Comment expliquez-vous ces chiffres record ?
C’est une combinaison de toutes les décisions prises depuis 2016. Bernard Laporte souhaitait réorienter les ressources vers les clubs amateurs et les élites. Il y a eu une politique markéting nouvelle, plus dynamique, tournée vers les supporters du rugby français. Cette embellie coïncide également avec les bons résultats du XV de France, qui reste la vitrine. Cet ensemble contribue à une hausse de licenciés également. Au niveau financier, je peux dire dire que les planètes se sont alignées, au niveau sportif aussi. L’un reste lié à l’autre.
Concrètement, qu’est ce que ce résultat très positif signifie pour le rugby français et les clubs amateurs ?
Tout d’abord, cela signifie que nous reconstituons nos fonds propres, ceux dans lesquels nous avions pioché pendant la crise sanitaire pour aider les clubs lors de notre plan de relance. Donc c’est déjà une très bonne chose. Cela signifie ensuite que nous allons poursuivre l’accompagnement des clubs amateur et élite, avec la présence des CTC, ou les créations d’académies préparatoires au haut niveau. Nous nous étions donnés les moyens de renforcer les filières de formation, à tous les niveaux, et nous allons évidemment continuer dans cette voie.
Lors des deux derniers exercices, vous aviez utilisé le mot « robuste » pour qualifier la position de la FFR face à la crise sanitaire. Comment définiriez-vous la situation actuelle ?
La saison 2021-2022 reste la première saison post covid qui s’est jouée du début à la fin, avec le retour des phases finales dont le rugby amateur a été privé pendant deux ans. L’interruption a été longue, très longue même, nous avons perdu des licenciés, mais le plan de relance au rugby amateur a permis de maintenir l’activité dans les écoles de rugby. Les jeunes ont continué à jouer. Dans ce contexte d’incertitude, je vais reparler de robustesse, car s’il convient de rester prudent, le pilotage financier pendant et après cette crise, semble porter ses fruits. La hausse des licenciés confirmée hier à hauteur de 13% chez les hommes et 19% chez les féminines, en atteste.
C’est moins le cas chez les Moins de 16 ans qui reste une tranche d’âge en perte de licenciés a priori ?
Oui, et à un degré moindre chez les moins de 14 ans aussi. C’est un âge charnière, une bascule entre le collège et le lycée, où les distractions sont plus nombreuses. Mais aujourd’hui, même s’il faut rester prudent sur les chiffres que nous avons, nous constatons une légère hausse par rapport à la même période l’an dernier. Le travail effectué par la FFR, les Ligues et les Comités va payer sur la durée.
Des clubs amateurs sont en difficulté d’effectif et au niveau financier, certains ont déclaré forfait. Quel est votre regard sur cette situation ?
Nous avions mis en place un dispositif d’accompagnement financier pour les clubs en période de covid. Nous l’avons maintenu la saison dernière, et cette année encore. C’est un soutien important pour une très grande majorité des clubs.
Des clubs se plaignent de déplacements trop longs, de coûts plus élevés…
La nouvelle pyramide des compétitions, et la redistribution géographique des clubs a pour but de limiter les distances entre les clubs pendant la saison régulière justement. Il y a et il y aura toujours des clubs qui feront plus de kilomètres eu égard à leur situation géographique. Nous avons et aurons un regard particulier à ce sujet. Nous souhaitons limiter les coûts bien évidemment, qui est en phase avec notre politique RSE (responsabilité sociétale des entreprises). Nous intégrons dans nos choix, les préoccupations économiques et environnementales, nous sommes en phase avec la réalité d’aujourd’hui. Nous savons que la consommation d’énergie est regardée de près, et nous voulons y apporter des réponses fortes et concrètes.
Qu’est ce que le trésorier de la FFR attend de la Coupe du monde 2023 ?
Il est prématuré de répondre à cette question, car je n’ai pas l’habitude de me projeter sans certitudes. Ce que nous savons, c’est la billetterie fonctionne très bien, mais le gros des dépenses n’est pas réalisé, donc il faut se montrer patient, ce qui n’empêche pas d’être optimiste quant à l’engouement grandissant que nous percevons depuis des mois, et qui ne cesse de croître à mesure que la Coupe du monde se rapproche. Et comme tout le monde, il nous tarde d’y être…