Le 26 août dernier, Alain Doucet nous accordait un entretien exclusif au sujet de la situation sanitaire et le lancement de la saison 2020-2021 (voir article : « Nous avons un plan B et C »). Le président de la Ligue Occitanie se montrait confiant, en l’applications des protocoles et la responsabilité de chacun pour permettre au rugby amateur de reprendre dans les meilleures conditions possibles. La reprise s’est effectuée le weekend dernier, les conditions sanitaires se dégradent, et des décisions préfectorales empêchent l’accès au vestiaire, tout en abaissant la jauge des spectateurs à 1000 personnes. L’état d’urgence sanitaire est évoqué à nouveau. Nous avons donc demandé à Alain Doucet son sentiment sur tous ces sujets…
Président, tout d’abord, quel regard portez-vous sur cette première journée de championnat pour les niveaux séries ?
Nous l’attendions avec impatience évidemment. Dans ce contexte particulier, je note que 13 rencontres ont été reportées, ce qui n’est pas beaucoup au vu de l’ensemble des rencontres programmées. Cela signifie que 85% des matchs se sont bien déroulés, donc je vois le verre à moitié plein. L’important, c’était de commencer, il y aura d’autres reports, nous le savons tous, mais nous rattraperons toujours le retard, d’une manière ou d’une autre.
Vous faîtes référence aux péréquations ?
Oui, mais pas seulement. Lors de l’Assemblée Générale de la Ligue à Lavelanet, nous avons fait voter par les clubs, le système de péréquation en effet, quel que soit le nombre de matchs disputés. J’ai fait acter qu’il n’y aurait pas de forfait général après trois forfaits, ceux dus au Covid bien entendu. Nous avons également validé un autre point de règlement sur la possibilité de reporter un match plus de deux fois, ce qui n’était pas possible auparavant, et toujours sur présentation de justificatif bien sûr.
Nous vous avions interrogé il y a un mois, vous étiez optimiste quant à la suite de la saison. Et aujourd’hui ?
Tout ce que je viens d’évoquer me rend optimiste pour aller au bout d’une saison, qui est forcément particulière. Je vous avais dit que j’ai toujours été un combattant. Mais cela ne m’empêche pas d’être très attentif à l’évolution de la situation.
Que pensez-vous des interdictions d’accès aux vestiaires, qui font beaucoup réagir au sein des clubs ?
Il y a beaucoup à dire oui, vous en avez parlé dans vos colonnes en milieu de semaine il me semble bien (voir article). Le décret auquel vous faîtes donc allusion stipule que les vestiaires des piscines sont ouverts, alors que l’on peut y croiser n’importe qui, sans le connaître. Il me semble que dans une équipe de rugby, on se connaît, les présidents de clubs sont des gens responsables, dévoués, et font tout leur possible pour respecter tous les protocoles. Donc je pense qu’avec un peu de bon sens, nous pourrions laisser les joueurs se changer dans un vestiaire, et les autoriser à se doucher, quatre par quatre ou cinq par cinq, sans que cela dure deux heures ! C’est en ce sens que je vais écrire au préfet d’Occitanie pour savoir si l’on peut faire bouger les lignes. Je comprends que les pouvoirs publics ouvrent le parapluie, mais on va demander un assouplissement à ce sujet.
Vous n’êtes donc pas forcément en phase avec cette mesure de précaution ?
Comprenons-nous bien, la santé est notre priorité absolue, et la gestion de cette crise est tout, sauf évidente. Nous sommes bien placés pour le savoir. Mais l’accès aux vestiaires est un sujet sensible. Les clubs et les dirigeants sont responsables je le répète, ils sont courageux aussi. Ils ne vont prendre aucun risque inutile. Mais quand ils font le nécessaire et même plus, pour nettoyer les vestiaires, s’assurer que tous les protocoles sont respectés, il faut leur faire confiance. Pour permettre aux joueurs de se doucher, de monter dans un bus, propre, et de ne plus voir ces jeunes se doucher au jet d’eau. Surtout que l’été est bien terminé !
La Haute-Garonne et le Tarn doivent se soumettre à ces interdictions de vestiaires, pas les autres départements de la région. Vous avez donc préconisé une inversion des rencontres… (voir article : « La Ligue s’adapte et… »)
A saison particulière, décisions particulières oui. Nous avons mis en place une cellule de crise pour gérer quotidiennement les évolutions et les décisions les plus justes selon nous. Nous sommes au cas par cas. Concernant cette inversion des rencontres, c’est un moyen en effet d’éviter des reports. Cela peut impacter aussi la jauge de 1000 personnes dans certains cas. Tout se passe entre les clubs concernés, qui doivent être d’accord entre eux avant de nous en faire la demande.
Vous avez déclaré que vous souhaitiez plus de cohérence dans toutes les décisions émanant des autorités de santé. Que vouliez-vous dire ?
Je reprends l’exemple des vestiaires : je comprends le risque pour des clubs qui sont sur Toulouse, intra-muros, mais je veux qu’on m’explique les dangers en zone rurale. Boulogne sur Gesse ne peut pas jouer en étant dans le 31, et à quelques kilomètres de là, Castelnau Magnoac, parce que nous sommes dans le 65, peut ouvrir ses vestiaires. Idem pour Villefranche de Lauragais et Castelnaudary, L’Isle-en-Dodon et Lombez, etc… Le département de la Haute-Garonne est tout en longueur, je pense que tout le monde ne doit pas être logé à la même enseigne oui.
La situation sanitaire ne va pas forcément dans le bons sens. L’état parle de restaurer l’état d’urgence sanitaire, si tel était le cas, le sport serait mis à l’arrêt. Vous nous aviez parlé il y a un mois d’un plan B et C, pour démarrer la saison en décalée. Ces plans sont rangés définitivement dans les cartons depuis dimanche dernier ?
La saison a commencé dimanche, et tout le monde a envie de jouer bien sûr. Donc on ne parle plus de ces plans B et C consistant à décaler le début de la saison à la Toussaint ou pire, en début d’année prochaine. On sait bien que ce n’est pas une saison « normale ». Il faut être solidaire et compréhensif. Je veux croire en une lutte collective contre cette crise extrêmement grave.
Il n’est pas rare de voir des tribunes remplies, avec des gens qui ne respectent pas toujours la distanciation sociale préconisée, ou pire, qui ne portent pas le masque, pourtant obligatoire…
(Soupir) On adore le rugby, mais on veut vivre, donc même si nous sommes garants de la sécurité, même si nous faisons de la pédagogie, les gens doivent être responsables, en portant un masque, prendre un verre à la buvette et ne pas y rester. Dimanche, j’ai assisté au derby entre Bagnères et Lannemezan, l’organisation était parfaite. Mais je sais et j’ai vu sur d’autres terrains, des comportements qui ne sont pas toujours responsables en effet. On ne peut pas être derrière chacun pour vérifier qu’il respecte tout, nous pensons que les gens n’ont pas besoin de nous pour porter un masque et penser à leur sécurité, comme à celle de leurs proches. Je me répète et je le redis ici à l’attention de tout le monde : pour que notre rugby continue, soyons tous responsables !
Une dernière question, un peu brutale certes, mais est-ce que secrètement, vous imaginez que cette saison, comme la dernière, n’aille pas à son terme ?
Arrêter la saison est tout simplement inenvisageable !