« Chères Rugbywomen, de France et d’ailleurs,J’ai réalisé le rêve de nombreuses joueuses, celui de jouer avec ma fille. Pas un mois sans que Rugby Amateur ne publie de belles histoires familiales, mais rarement féminines. Je suis donc très fière de pouvoir y contribuer, et de vous raconter notre parcours.Bretonne, née sur une terre de foot et dans une famille de pro-marseillais, j’ai découvert le rugby sur le tard à Paris pendant mes études universitaires. J’ai signé ma première licence de rugby à 27 ans comme Pink Rocket lors de la création de l’équipe féminine du Stade Français en 2011. Léa avait 6 ans, quand elle a débuté.
Toulousaines depuis dix ans, nous avons connu différents clubs, le TCMS, Tournefeuille, le rugby universitaire pour moi, le Lycée Bellevue pour Léa, et puis Blagnac. Depuis le Stade Français, c’est 13 licences en continu, malgré le COVID, les grossesses, avec les naissances de Milo en 2012, et Noah en 2021, les mutations professionnelles, je n’ai pas abandonné, pour seul objectif annoncé et répété depuis 12 ans : « je n’arrêterai pas le rugby tant que je n’aurai pas joué avec Léa ». Il y a eu de nombreux Beach Rugby à Gruissan et Anglet, des tournois au Rugby Five, mais je savais qu’un match officiel de championnat aurait plus de saveur.
Ma fille a eu 18 ans cette année. Le projet est devenu imminent et rapidement concret. La question s’est posée de savoir où nous allions vivre ce moment. Nicolas Tranier, manager de Blagnac, a parfaitement compris l’importance d’immortaliser ce moment mère-fille. Après deux mois de reprise, l’annonce du groupe à l’entrainement du jeudi a entraîné les premières larmes. Et pas les dernières du weekend ! Entendre nos deux noms de famille à la suite a permis de concrétiser ce que j’avais espéré des centaines de fois depuis toutes ces années.
C’était sans compter sur l’implication incroyable du club, et en particulier de Laura Ferré, la coach des avants, qui avait entraîné Léa en minimettes, a rendu ce jour de match mémorable. Une pseudo réunion en salle de vie, avec diffusion d’une vidéo de nos années rugby passées à deux, des messages d’encouragement des « tatas reloues », la présence de mon conjoint et de Noah, une remise de maillots épique, une mise à l’honneur à deux sur le terrain avant le coup d’envoi, une entrée commune à la 50ème minute, une victoire bonifiée, et le tout couronné par de nombreuses larmes de joie et de bonheur par tant d’émotion et d’amour pour cette journée qui restera gravée à vie.
A toutes les filles, à toutes les mamans, n’ayez pas peur de pratiquer ce sport. Il n’est plus réservé aux hommes. C’est un sport noble où la femme y a sa place. Et à l’aube de mes 39 ans, non seulement il n’y a pas d’âge pour commencer, mais il n’y a pas non plus d’âge pour continuer. Ce sport a changé ma vie, dans bien des domaines. A toutes celles et ceux dont j’ai croisés la route sur les terrains, dans les tribunes, aux troisièmes mi-temps, merci pour ces moments de vie uniques. La famille du rugby est belle. Nous se sommes pas les premières mère-fille à jouer ensemble mais, nous marquerons l’histoire du rugby féminin à notre manière…. »