La montée en Fédérale 2 acquise depuis le weekend dernier, les huitièmes de finalistes de Fédérale 3 n’avaient plus qu’une idée en tête: poursuivre le plus loin possible l’aventure dans les playoffs. L’opposition proposée sur le pré de Gaston-Sauret mettait aux prises deux ex-pensionnaires de la poule 12. D’un côté, le Saint-Girons Sporting Club Couserans, qui avait éliminé les Béarnais de Navarrenx avant de sortir victorieux du derby face à Saverdun. De l’autre, Saint Sulpice la Pointe, successivement vainqueur de deux clubs gersois, Nogaro et l’ES Gimontoise. Lors de la saison régulière, les Ariégeois s’étaient imposés deux fois face aux Tarnais. Réaliseraient-ils la passe de trois ou les phases finales nous réserveraient-elles une surprise dont elles seules ont le secret ? (par Marco Matabiau/ Photos Chris Farmer).
Le ton était donné d’entrée sur la première charge du Tarnais Noyer : l’intensité n’allait à coup sûr pas manquer dans ce match. Néanmoins, une certaine tension régnait sur Gaston-Sauret et les deux équipes se montraient tour à tour quelque peu maladroites. Saint Sulpice héritait d’une première pénalité pour un plaquage jugé haut sur l’ouvreur Sirven, mais Bensalla, pourtant en bonne position, ratait la cible des 35 mètres (4è). Quelques minutes plus tard, les bleu et blanc lançaient à nouveau le jeu autour de Noyer, puis Sirven décochait une superbe passe au pied transversale que son ailier Roos ne pouvait contrôler à quelques centimètres de la ligne (9è). Contre toute attente, ce sont les Ariégeois qui ouvraient le score sur une pénalité de Zorzi, consécutive à une faute tarnaise dans un maul (3 – 0, 13è). Sur le renvoi, l’arrière saint-gironnais faisait apprécier tout son savoir-faire: servi par Caubère côté gauche, il s’engouffrait dans la défense, raffutait un adversaire et perçait sur plus de trente mètres avant de parfaitement négocier un deux contre un pour son ailier Lacroix, qui n’avait plus qu’à sprinter pour marquer le premier essai de cette rencontre (8 – 0, 15è).
Cependant, sans s’affoler, les Saint-Sulpiciens revenaient dans la partie: après une mêlée gagnée sur introduction adverse, ils obtenaient une nouvelle pénalité quand un défenseur ariégeois ne se sortait pas de la zone de plaquage. Bensalla réglait enfin la mire (8 – 3, 22è). Les Tarnais ne s’arrêtaient pas en si bon chemin. Sur une nouvelle pénalité, consécutive à une faute sur le troisième ligne Galinier, ils optaient pour la pénal touche. Décision gagnante: bien calée au fond de la « cocotte », Bensalla profitait du travail de ses avants pour marquer en bonne position. Il transformait lui-même sa réalisation (10 – 8, 30è). « Saint Sul », vent dans les voiles, remettait le couvert: sur une mêlée aux 40, Sirven jouait par-dessus pour lui-même, récupérait après rebond et servait son ex-compère vauréen Noyer à son intérieur. Le troisième ligne s’échappait, se débarrassait de Zorzi et filait sous les perches. Bensalla transformait à nouveau (17 – 8, 34è). Malgré ce coup sur la tête, Saint-Girons ne désarmait guère et revenait au score sur une nouvelle pénalité de Zorzi après une faute en mêlée des Tarnais (17 – 11, 39è). Quelques secondes pus tard, M. Beuriot envoyait les trente acteurs se mettre à l’abri de l’étouffante chaleur pour dix petites minutes.
Saint-Girons avec dynamisme, Saint Sulpice avec pragmatisme
A la reprise, Saint Sulpice réorganisait sa ligne arrière : Roos sortait pour laisser sa place à Beneyton, qui entrait à la mêlée. Bensalla décalait en 10, Sirven à l’arrière, Pignol à l’aile et Lyet passait au centre. Pour leur part, les Ariégeois revenaient sur la pelouse avec autant d’intentions qu’avant le break. Ils mettaient leurs adversaires sous pression, multipliant les pénal touches dans les 22 adverses. Sur une nouvelle pénalité, Lazerges jouait vite pour Incamps, récemment entré en jeu. Le travail préparatoire du talonneur profitait à Jaen: en effet, le seconde ligne ramassait le cuir et plongeait derrière la ligne. Zorzi transformait et « Saint Gi » repassait devant (18 – 17, 45è).
Pourtant, l’expérience de certains « vieux » briscards saint sulpiciens allait faire la différence: après un échec de Bensalla (57è), le long renvoi aux 22 échouait dans les mains de Noyer. Ce dernier gratifiait le nombreux public d’une nouvelle percée plein axe avant de se faire reprendre. Peu importe: le ballon, vite éjecté par Beneyton, volait de mains en mains. Bensalla servait Sirven, qui plaçait magistralement Lyet, venu à hauteur, dans l’espace. L’ex-Tournefeuillais faisait parler ses jambes et inscrivait le troisième essai des siens, encore une fois transformé par Bensalla (24 – 18).
Les vert et noir réagissaient par leur pack: deux pénalités gagnées en mêlée sur introduction adverse, notamment grâce au bon travail du gaucher Gomes sur son vis-à-vis Jaud (65è, 67è). Des 30 mètres, la seconde était convertie par Zorzi (24 – 21, 68è). Saint Sulpice subissait davantage en cette fin de rencontre. La mêlée ariégeoise prenait à nouveau le dessus sur son homologue, récoltant une nouvelle pénalité, mais Zorzi manquait la cible une première fois (73è), puis une seconde (80è), des 40 mètres en face. Dans les arrêts de jeu, « Saint-Gi » enchaînait les temps de jeu pour essayer de déborder les Tarnais mais rien n’y faisait: c’est bien Saint Sulpice la Pointe qui se qualifiait pour le tour suivant.
Au terme d’un match enlevé et très plaisant joué sous une chaleur accablante, les deux équipes auront rivalisé jusqu’au coup de sifflet final, s’appuyant chacune sur ce qui avait fait leur force tout au long de la saison. Comme à son habitude, Saint-Girons s’est dépensé sans compter, multipliant les séquences. Auteurs d’un début canon, les hommes de Benoit Tessarotto et Lionel Heymans ont ensuite eu plus de difficultés à trouver des solutions. Ils ont néanmoins crânement joué leur chance jusqu’au terme de la rencontre, s’appuyant sur l’excellent travail des infatigables troisièmes lignes Rietbroek et Maurette ainsi que sur les jambes de Zorzi, certes malheureux dans ses tentatives de but mais terriblement efficace et dangereux balle en mains. A noter également les entrées convaincantes de Gomes et Incamps, qui ont redonné de l’allant au pack ariégeois. Certes déçus sur le match, les promus vert et noir auront tout de même réalisé une superbe saison, couronnée par une montée en Fédérale 2.
Pour sa part, Saint Sulpice a su faire le dos rond et frapper aux moments clés de la rencontre. Auteurs de 14 points en quatre minutes lors du premier acte, les hommes du trio Eric Roca – Pascal Fontes – Grégory Ségur se sont montrés bien plus réalistes que leurs adversaires du jour. Parfois malmenés, ils ne se sont jamais affolés et ont su faire corps, même si ce sont bel et bien les talents individuels qui ont fait la différence: Bensalla a été précieux (14 points inscrits), Lyet a trouvé quelques espaces dans la défense ariégeoise et Sirven a, comme à son habitude, parfaitement géré le jeu des siens. Enfin, comment ne pas parler de Noyer: le troisième ligne centre a tout simplement été royal, remettant son équipe sans cesse dans l’avancée et créant des brèches dans lesquelles ses coéquipiers se sont empressés de s’engouffrer. Les Tarnais devront désormais bien récupérer pour affronter, en quarts de finale, le RC Auch, vainqueur au forceps de Soustons (29-27).
Réactions
Grégory Ségur (Entraîneur, Saint Sulpice): « 2 à 1 ! Je suis super content. On nous prend pour ce que l’on n’est pas (référence à un recrutement XXL à l’intersaison), c’est pénible. On va tout faire pour démontrer que ce n’est pas vrai. Les gars bossent vraiment, avec nos moyens. Pour la suite, on verra dimanche prochain (…) On a la chance d’avoir de nombreux joueurs d’expérience qui ont déjà goûté à ce genre de rencontres. On s’est appuyés sur notre défense, comme on l’a fait au cours de la saison. Félicitations aux gars, aux supporters. On continue. »
Lionel Heymans (Entraîneur, Saint-Girons): « Des regrets bien sûr. On a deux fois la possibilité d’égaliser dans les dernières minutes. Après, il faut marquer quand on a les occasions en phases finales. Le gros regret vient des séquences défensives. On n’a pas réussi à défendre sans faire de fautes. Cela fait deux semaines que ça dure, alors que c’était notre gros point fort jusque là. Là, après trois ou quatre temps de jeu, on fait des fautes. Avec une telle indiscipline, tu ne peux pas gagner. Il ne faut rien donner. On prend un essai sur un ballon axial alors qu’on avait expliqué qu’il fallait éviter de leur donner ce type de ballons. Physiquement, les deux équipes étaient émoussées mais si on avait pu aller en prolongations, ça aurait pu nous sourire. On va tout de même repartir en Fédérale 2. Il faut être fier de ce que l’on a fait, fier des joueurs. A nous aussi de garder cette manière de vivre le rugby et de le vivre ensemble. »
Luc Sirven (Demi d’ouverture, Saint Sulpice): « Une victoire qui fait vraiment plaisir. On est tombés face à une très belle équipe de Saint-Girons, qui a envoyé beaucoup de jeu au large. On n’a pas lâché. Un début de match compliqué. On a été réalistes. Leur buteur est malheureux, cela nous fait aussi du bien. Les phases finales, ça se joue aussi à cela. Les remplaçants ont fait ce qu’il fallait. Pourvu que ça dure. »
Guillaume Lazerges (Demi de mêlée et capitaine, Saint-Girons): « On a vu un match très agréable. On les connaissait, c’est une grosse équipe, très structurée, gaillarde devant. Ils nous ont fait mal avec leur numéro 8 qui nous a percés deux ou trois fois dans l’axe. On a envoyé énormément de jeu, mais cela ne suffit pas. On peut selon moi marquer un autre essai sur un coup mais on ne finit pas bien. C’est la loi du sport, il faut un gagnant et un perdant. Je suis très fier des joueurs, on vient de très loin, ce n’étaient pas vraiment nos objectifs en début de saison. On arrive néanmoins à créer un groupe très solide. Malgré tout, une grande fierté de jouer au Sporting et d’être soutenu par tous ces supporters. »
Feuille de match
A Saint Sulpice sur Lèze (Stade Gaston-Sauret): Rugby Club Saint Sulpice XV bat Saint-Girons Sporting Club Couserans 24 à 21 (mi-temps: 17 à 11).
Arbitrage: M. Benjamin Beuriot assisté de MM. Mickael Roche et Sylvain Rougier (Auvergne Rhône Alpes).
Pour Saint Sulpice: 3 essais Bensalla (30è), Noyer (34è), Lyet (59è), 1 pénalité (22è) et 3 transformations Bensalla.
Pour Saint-Girons: 2 essais Lacroix (15è), Jaen (45è), 3 pénalités (13è, 39è, 68è) et 1 transformation Zorzi.
Composition Saint-Sulpice: Lyet; Roos, Pignol, Diez, Sirven Léo,; Sirven Luc (o), Bensalla (m); Noyer, Salinier, Galinier; Gauthier (cap), Jaussely; Bazet, Galy, Marty.
Sur le banc: Tonon, Rachmann, Jaud, Zahnd, Carmouze, Beneyton, Carayon.
Entraîneurs: Eric Roca, Pascal Fontes et Grégory Ségur.
Composition Saint-Girons: Zorzi; Lacroix, Bonzom, Bocchese, Palobart; Caubère (o), Lazerges (m, cap); Maurette, Augistrou, Rietbroek L.; Pujol, Jaen; Valente, Pons, Estaque.
Sur le banc: Gomes, Incamps, Seille, Soum, Rietbroek T., Desbiaux, Antras, Siret.
Entraîneurs: Benoit Tessarotto et Lionel Heymans.
On nous sert régulièrement que l’enjeu tue le jeu. Il n’en a rien été hier après midi. Félicitations aux deux équipes pour l’esprit de la rencontre, aucune amorce de « générale », aucun carton excellent esprit de part et d’autre; malheureusement il fallait un vainqueur et un vaincu.