Après deux descentes consécutives, Castelginest a posé le pied en 4ème série, et traversé une inter-saison mouvementée : arrêt du président en place, départ massif de joueurs vers d’autres horizons, arrêt des plus anciens et une situation sportive plus que compromise. Par la volonté de Laurent Soum et Patrick Beille, revenus aux commandes d’un navire laissé quasiment à l’abandon, le club a pu repartir en début de saison. Mais toutes les conditions n’étaient pas réunies pour l’aborder avec sérénité. Ils ont alors fait appel à un certain Patrick Etenor, joueur expérimenté passé par Pau, Dax, Blagnac et Lombez notamment, pour entraîner un groupe en totale reconstruction. Une première expérience comme entraîneur qui a tentée le guadeloupéen. Il nous raconte ces débuts difficiles, jusqu’à ce premier succès dimanche dernier, face à Brignemont, après sept défaites d’affilée…
Patrick, tout d’abord, comment vous-êtes vous retrouvé à Castelginest ?
Les nouveaux présidents ont pensé à moi, et j’ai trouvé le challenge intéressant. Même si je savais que ce serait très difficile.
Vous n’avez pas hésité ?
Non, je suis quelqu’un de déterminé dans tout ce que j’entreprends. Ce qui n’empêche pas de rester lucide. Quand on commence avec huit joueurs novices, qui découvrent un ballon de rugby, des jeunes, des plus anciens, qu’on part pratiquement d’une feuille blanche, on se prépare à vivre des moments difficiles
Avec sept défaites en sept matchs avant la trêve, que ressentiez-vous ?
J’entraîne comme je jouais, avec beaucoup d’envie. Maintenant, pour exister dans le sport en général et dans le rugby en particulier, il faut un minimum de condition physique, travailler la cohésion aux entraînements. Or, tout le monde ne jouait pas le jeu pour venir en semaine. On avait 39 licenciés en août, mais on était seulement 20 pour s’entraîner. J’ai donc pris une décision stricte : faire jouer ceux qui s’entraînaient. C’est plus respectueux vis-à-vis des présents. Ainsi, les « meilleurs » ou les mecs d’expérience, qui avaient plus de mal à trouver le chemin du terrain le mardi, l’ont retrouvé assez vite. Grâce aussi au soutien de Genarro Zigler, qui me soutient pour entraîner et mobiliser les troupes, on a trouvé un équilibre je crois.
Travailler le physique est une chose, mais pour ceux qui découvraient le rugby, il a bien fallu leur apprendre les bases ?
Oui, mais là-aussi cela passe par du travail, régulier, il n’y a pas de secret. La gestuelle et les combinaisons demandent de la répétition. Comme par hasard, en étant plus nombreux aux entraînements, on a gagné en fluidité, en technicité, on tombait moins de ballons. Et puis les gars ont vu aussi qu’ils finissaient les matchs en meilleure condition. Il y a eu une prise de conscience générale. C’est ce qui explique certainement ce premier succès dimanche dernier face à Brignemont (11-6)
Qu’avez-vous ressenti au coup de sifflet final dimanche dernier ?
De la joie bien sûr, de la fierté, car certains disputaient leur premier ou leur deuxième match de leur vie. J’ai ressenti du soulagement aussi. Cela montrait aux joueurs que leurs efforts étaient récompensés. Et vous savez quoi, mardi à l’entraînement, il y avait plus de monde, les joueurs m’ont même demandé de les faire travailler encore plus le physique (rires) ! Une victoire comme celle-ci, c’est forcément un coup de fouet positif pour le moral de tout le monde.
« On ne prendra plus de rouste ! »
On imagine que cette première expérience d’entraîneur est particulière, vous n’avez jamais douté ?
Pas de moi en tout cas, car je sais ce que je donne. Je suis toujours motivé et je l’ai toujours été. Sinon, je ne ferai pas les 30km qui me séparent de mon domicile pour venir à Castelginest trois fois par semaine. Non, j’ai plus douté du bon vouloir des joueurs à travailler, à garder la motivation et l’espoir. le rugby est un sport dur, il faut du physique, mais aussi du mental. J’avais peur que le mental ne suive pas parfois.
Quel est l’objectif que vous vous fixés désormais ?
Que chacun sur le terrain donne le maximum, prenne du plaisir et on verra bien à la fin des matchs. On va sûrement en perdre encore, c’est évident, mais je peux vous garantir qu’on ne prendra plus de « rouste » comme ces derniers mois. Nos adversaires vont affronter une équipe motivée, qui ne lâchera rien, et qui aura plus les moyens de ses intentions.
Castelginest est donc sauvé ?
Je peux juste dire que je trouvais dommage qu’un village comme celui-ci, qui a une histoire tout de même, n’ait plus d’équipe. Si ce que l’on fait aujourd’hui permet de maintenir le club en vie, j’en serai très heureux. Je suis confiant.
Il aurait été dommage aussi que le village qui abrite le bar de Trévor Brennan n’ait pas d’équipe sur place, non ?
(rires) Ah ça oui ! Mais plus sérieusement, et puisque vous en parlez, j’en profite pour le saluer et le remercier. Trévor nous a beaucoup aidé, il est venu nous voir pour nous délivrer des discours que les joueurs ne peuvent pas oublier. Et c’est très bien ainsi.