Ils ne sont pas beaucoup à s’être assis dans les travées du stade Guy-Borrel de Fonsegrives dimanche. Il faut dire qu’entre la bruine pénétrante, le ciel bas, le vent froid et les derniers résultats plutôt négatifs du RCQF, les raisons étaient nombreuses pour mettre les chaussons plutôt que les crampons. Cette rencontre, ne semblait pas, a priori, évidente pour les riverains de la Saune, lesquels regardent avec anxiété dans le rétroviseur des mal-classés de la poule 4. Quant à leurs adversaires du jour, Verdun, ils regardent carrément vers le haut du classement, avec d’autres ambitions que le souci des affres de la relégation. Une rencontre indécise entre deux adversaires à la recherche d’objectifs que tout oppose… (résumé et photos par Wildon)
Durant l’échauffement, le coach de Quint-Fonsegrives ne cesse d’appeler ses hommes à se taire, à rester maîtres d’eux-mêmes, sans répondre à la provocation ou contester l’arbitre. Et son message va être entendu. Dès le coup d’envoi, ils cherchent à occuper le terrain verdunois et font montre d’une grosse discipline collective tant dans le jeu, qu’ils prennent à leur compte, que dans l’écoute des décisions arbitrales. Verdun est sous pression.
Quint-Fonsegrives fait tomber la défense de Verdun en quatre minutes
C’est tout aussi rapidement qu’ils ouvrent le score par la pénalité d’Eychenne, tapée vent debout (2e, 3-0). Fonsegrives accentue sa pression et continue d’envoyer du jeu ce qui amène les Verdunois à faire de nouvelles erreurs, et une autre faute donnant à Eychenne l’occasion de se mettre en évidence. Le coup de pied est parfait, le cuir monte bien haut et redescend pile sur le haut du poteau droit et rebondit à l’extérieur du montant (19e) ! Qu’importe, quatre minutes à peine plus tard, sur une nouvelle action offensive fonsegrivoise, initiée par les joueurs arrières, c’est Viborg, le talonneur à l’honneur, qui finit sa course dans l’en-but verdunois pour un essai qui n’a rien d’illogique au vu du début de la rencontre, essai qu’Eychenne ne transforme pas (23e, 8-0). On s’attend alors à une réaction de Verdun. Même pas ! Aphones devant comme derrière, aucune ligne verdunoise ne parvient à emballer le match et les coéquipiers de Benjamin Anton bénéficient d’une pénalité justifiée après un placage sans ballon sur Bonnet. Eychenne ne se loupe pas et passe trois points de mieux (36e, 11-0).
Un Verdun sans âme, ni inspiration
Regroupés en cercle sur la pelouse pendant la mi-temps, les joueurs de Verdun se font sermonnés par le staff technique, appelant à réagir, vite et bien. Sitôt le coup d’envoi, c’est pourtant le RCQF qui va tuer le match au terme d’un superbe mouvement collectif dont l’action progresse de rucks en rucks, en ouvrant un coup à gauche, un coup à droite et ainsi de suite, jusqu’à finir dans l’en-but avec l’essai de Turines en conclusion de ce petit bijou bonifié par Eychenne (44e, 18-0). Jouant sans âme ni aucune inspiration, Verdun cherche à donner un sens à son dimanche de rugby. Peine perdue quand huit petites minutes après, Quint-Fonsegrives se retrouve à nouveau devant les perches tarn-et-garonnaises. Alors que le banc demande la pénalité ou la touche, les joueurs décident de jouer le coup à la main. Bien leur en prend puisque sur une poussée des Fonsegrivois, Viborg retourne dans l’en-but pour le troisième essai de l’après-midi, Eychenne en rajoutant sur la transformation (53e, 25-0).
C’est durant le dernier quart d’heure que les Verdunois se mettent enfin à jouer et à initier des offensives plus tranchantes, attaques qui échouent soit en buttant sur une défense maison bien en place et toujours disciplinée, soit par le résultat d’erreurs dans le choix de l’orientation du jeu ou de fautes individuelles. Trop peu, ou beaucoup trop, pour Verdun qui restera « fanny » jusqu’au coup de sifflet final de M. Abrial. Tous sourires, les joueurs du RCQF remportent une victoire remarquée et remarquable qui devrait leur servir de référence pour l’avenir.
Les réactions
Alain Sablayrolles, président du RC Quint-Fonsegrives
R.A. : Président, cette victoire fait du bien tant au moral qu’au point de vue du classement ?
A.S. : C’est certain. Cette équipe a des moyens et du potentiel. Les joueurs ont été solidaires, à la faveur aussi d’un investissement particulier des entraîneurs, on s’est trouvé aujourd’hui. Le résultat est là et je suis heureux tant pour le score que pour la manière. Je dis et je le répète : nous avons des moyens et du potentiel. Ce match doit être un rebond pour aller plus loin dans nos ambitions.
Benjamin Anton, troisième-ligne du RC Quint-Fonsegrives
R.A. : Le coach vous a demandé d’être discipliné en toute circonstance, vous l’avez été de manière remarquable, en pratiquant un très beau jeu collectif : pourquoi ce n’est pas ainsi tous les week-ends ?
B.A. : Je crois qu’on avait à cœur de réussir un truc après avoir subi une série de défaites compliquées, où l’on a perdu de peu à chaque fois, et une défaite à domicile cet après-midi, c’était un peu le début de la fin pour nous. On a voulu montrer à notre public qu’on pouvait s’imposer avec la manière justement. Et c’est ce qu’on a fait.
Mickaël Delestre, entraîneur du RC Quint-Fonsegrives :
R.A. : Pourquoi est-ce que Fonsegrives ne joue pas comme ça toutes les semaines ?
M.D. : Simplement parce qu’on a des difficultés à maintenir un groupe à 22 joueurs identiques tous les week-ends, ce qui nous permettrait de fluidifier notre jeu, de régler nos automatismes. Il faut dire que les gros sont présents de manière régulière ces derniers temps. Cela aide. Par contre, nous avons encore changé de charnière pour la quatrième fois d’affilée, ce qui explique le manque de liaison entre les avants et les trois-quarts. Mais cela va se réguler très rapidement vu les cannes qu’on a derrière.
R.A. : Cette victoire vous fait du bien à tous les niveaux mais est-ce qu’elle vous amène aussi quelques certitudes ?
M.D. : Oh que oui, il nous manquait ça aussi, psychologiquement, pour franchir un pas. Maintenant il nous fait lier tout ça et y’ a plus qu’à… (rires)
Laurent Médale, entraineur de Verdun-sur-Garonne
R.A. : Sur l’ensemble du contenu du match, on a eu l’impression qu’il y aurait pu avoir trois ou quatre mi-temps sans que Verdun n’arrive à emballer ce match, sans marquer de points ?
L.M. : On s’est compliqué la vie oui, parce qu’on n’a pas mis l’engagement nécessaire. Au rugby, si on ne s’engage pas, il n’ y a rien qui va, les passes tombent, les enchaînements ne se font pas. Du coup, il n’y a pas de jeu et donc pas de résultat. On est totalement passé à côté de notre match. On a fait beaucoup de changements cet après-midi, cela a aussi perturbé notre jeu. C’est un non-match qu’il faut effectivement oublier et vite se remettre au travail.
LA FEUILLE DE MATCH
A Fonsegrives (stade Guy Borrel) – RC Quint Fonsegrives – US Verdun 25-0 (Mi-temps : 11-0) – Arbitre : Mr Abrial
Pour Quint-Fonsegrives : 3 essais de Vi. Viborg (23, 53) et de Turines (44), 2 transformations (44, 53) et 2 pénalités (2, 36) d’Eychenne.
Quint-Fonsegrives : Turines (cap), Vi. Borg, Izunsky, Charrie, Noilhan, Ferrucio, Polat, Anton, Castagnino, Eychenne, Maupas, Bonnet, Auguste, Va. Borg, Ancaert – Remplaçants : Thouvenot, Trogant, Nicolas, Le Gall, Laffitte, Prioleau, Izard.
Verdun : Charluet, Lecussan, Martres, R. Lardies, Caron, Brouillet, Rauffet, Lagrange, Médale, Bonhoure, Boichy, Raulet, Michon (cap), R. Lardies, Choulat – Remplaçants : Bernardet, Petit, Béquié, Cazorla, Blanc.
LE PORT-FOLIO