Du côté du stade Guy-Borrel, c’est le grand silence. Depuis l’imposition du confinement, finis les matches, finies les embrassades et les accolades, finis les réjouissances et les derniers potins autour de la main-courante et de la buvette. C’est le grand calme. Le grand blanc. Mais surtout, impossible de fêter comme il se doit la promotion du RCQF en Première Série au terme d’une saison régulière plutôt maîtrisée…
D’où la joie mesurée en forme aussi de frustration des dirigeants, face à un présent heureux certes, mais aussi un avenir incertain. Ce que Christian Texier, président en exercice du club, confirme : « Pour le moment, c’est l’inconnu total ». L’incertitude du lendemain et des semaines à venir ne ternissent pourtant pas le parcours accompli par le RCQF, dont l’accession était l’objectif avoué. « Je l’avais dit à nos joueurs dès notre stage en Andorre. La 1ere Série était notre objectif numéro 1 de la saison. Objectif atteint, même si la poule 3 comportait de nombreuses inconnues. Car, à part Labastide-Beauvoir, la poule était composée de clubs qu’on ne connaissait pas. On a réellement plongé dans l’inconnu. Ce qui donne plus de relief à notre accession. »
Avec quatorze succès en seize rencontres, difficile de ne pas aller dans le sens du président, même si Sébastien Lugardon, co-entraîneur et éternel insatisfait comme il se définit lui-même, pense que les choses auraient pu être meilleures encore : « On aurait pu se mettre à l’abri bien plus tôt oui. On avait un groupe avec du potentiel, mais on a parfois montré de la suffisance. On a assuré notre accession lors du dernier match, alors que nous n’en avons perdu deux en tout ! C’est sur ça qu’on a travaillé durant la saison. Nous sommes supérieurs, mais on s’est trop souvent mis au niveau de nos adversaires. On pouvait mieux faire, c’est certain. »
Les deux seules défaites, à Montréal-du-Gers (36-12) et à Adé (24-15), les deux déplacements les plus lointains, ont encore du mal à passer. Mickaël Delestre, coach des avants, confirme : « On a complètement déjoué. C’est bien simple, on n’a pas reconnu notre équipe. Contre Adé, on n’est pas rentré assez rapidement dans le match, et on a pris une bonne leçon. »
Mais au-delà de ces deux défaites finalement salutaires, il n’en reste pas moins que les riverains de la Saune et du Grand-Port-de-Mer ont maîtrisé leur saison. « Notre préparation estivale a été bonne » soulignent les deux entraîneurs, « Tous les joueurs étaient concernés avec des entraînements à quarante, sans oublier l’aide des deux coaches de la réserve [Geoffrey Eychenne et Guillaume Cesses]. Le groupe s’est construit petit à petit. Il n’y a pas eu seulement quinze joueurs qui ont fait la saison. Il y avait quarante mecs derrière. »
Plus qu’un état d’esprit, le RCQF s’est donc d’abord appuyé sur une force collective. « On a parfois fait preuve de suffisance, c’est vrai, mais on n’a jamais lâché un match. Il y a toujours eu un sursaut de caractère », analyse Sébastien Lugardon. Ce que confirme Mickaël Delestre : « On a un groupe homogène, avec un pack, très solide, mais aussi avec nos lancements de jeu derrière ».
Autre satisfaction cette année, le renfort des juniors dans l’équipe première : « On a eu de bonnes pioches avec l’intégration de nos jeunes oui, notamment dans la seconde partie de la saison où l’on avait toujours un ou deux juniors dans notre groupe et sur le terrain », confirme Mickaël Delestre. Sujet pour lequel le président Texier voit bien plus qu’un simple présent : « Il nous faut surtout remonter une équipe juniors parce que c’est l’avenir de notre club. Mais la proximité avec Toulouse ne nous aide pas… entre les sorties, les études et… les copines (rires). »
De quoi sera fait l’avenir proche du RCQF avec toutes les incertitudes liées au coronavirus ? Les trois hommes soupirent en cœur :« On espère qu’on va au moins disputer le titre départemental [le Bouclier du Terroir probablement contre Hers-Lauragais] et l’Occitanie, car il n’y a plus rien à espérer du côté du championnat de France. » Sébastien Lugardon considère l’accession acquise, et espère que son groupe « pourra se faire plaisir. On essaiera de décrocher quelque chose, que ce soit la finale territoriale ou régionale. On est un des « gros » de la 2e Série, il va falloir l’assumer et assurer », finit-il dans un sourire.
Quand viendra l’heure de redémarrer les matches, le RCQF connaîtra sans doute les conditions qui détermineront la fin cette « drôle » de saison. Viendra alors le temps de fêter l’accession en 1e Série. Et plus si affinités…
Réaction
Jean-Pierre Gasc, maire-adjoint, délégué aux sports, loisirs, associations et jeunesse et nouveau maire élu de Quint-Fonsegrives (*)
« J’étais présent lors du match qui leur a permis de valider leur montée, et je ne peux que me réjouir de cette promotion, c’est un bel exemple pour l’école de rugby et pour les jeunes. Le RCQF est un club de village, et de formation, très implanté localement avec des joueurs qui viennent de chez nous, mais aussi des villages alentours. Ils y trouvent une belle ambiance et de la compétence. Il y a une école de rugby extraordinaire, avec des dirigeants passés et présents qui ont tous apporté leur brique à cette réussite. En tant que nouveau maire de Quint-Fonsegrives et avec toute mon équipe, nous souhaitons que tous les clubs sportifs portent haut les couleurs de la commune, comme le rugby cette année. Maintenant, la situation est particulière et nous devrons patienter pour fêter cette promotion. En attendant, félicitations à l’ensemble du club. »
(*) Tête de la liste élue le 15 mars, installée dès l’autorisation du Préfet du fait des mesures de confinement liées au coronavirus.