En pleine bourre depuis le début de la saison, avec deux victoires en autant de matches, Finhan réussit plutôt bien sa rentrée en 2e Série. La réception du RC Rougier de Camarès allait-elle confirmer cette tendance pour les pensionnaires du stade Mas Amouroux ? Ou, au contraire, les gars de l’Aveyron allaient-ils venir sur les bords du ruisseau de la Rode pour y conquérir les lauriers d’une première victoire ? Sur le plan du classement et de la dynamique, l’avantage est à Finhan. Mais sur le plan physique et de la dynamite, le curé de Camarès a baptisé, en son temps, de beaux bébés formant une mêlée en forme de cocotte blindée, prête à tout faire exploser devant elle. L’affiche était donc incertaine, et c’est bien ce qui la rendait alléchante à l’heure où Mr Fourquet donnait le coup d’envoi de la rencontre… (Résumé et photos par WilDon)
C’est avec une certaine pression que les débats démarrent au quart de tour, chacun essayant de prendre l’ascendant sur l’autre. Le réglage des buteurs n’est pas encore à la hauteur, Vaissac ratant sa pénalité dès l’entame pour Rougier (1e), Mirailh ne faisant pas mieux de son côté (6e). Il faut attendre la dizaine de minutes jouées pour que Reynès débloque le score d’une pénalité parfaitement ajustée pour Rougier (10e, 0-3). Toujours pas passé en mode « sniper », Mirailh manque encore les perches dans la minute qui suit (11e). D’autant que la pression aveyronnaise se fait de plus en plus forte, notamment au niveau des impacts. Rougier met en avant le physique de son pack d’avants dont les percussions font résonner les côtelettes et les mâchoires de quelques-uns.
Cette pression trouve son aboutissement lorsque sur une phase de jeu mal comprise entre deux joueurs de Finhan et une passe très mal assurée, Nouvel s’envole, ballon sous le bras, droit vers les poteaux finhanais pour un essai sous la barre, ce qui facilite la transformation de Reynes (16e, 0-10). Totalement à l’agonie dans le jeu, méconnaissables entre eux, la pause fraîcheur arrive à point nommé pour stopper l’hémorragie d’un quinze qui subit complètement la domination aveyronnaise.
« A quelle heure vous comptez jouer, les gars ? A quelle heure ? » demande Bertrand Molina à ses hommes en train de s’abreuver et cherchant leur respiration. L’effet semble porter et Finhan entame alors un gros temps fort qui va s’étirer sur les dix dernières minutes de la mi-temps. Les Tarn-et-Garonnais campent littéralement dans les « vingt-deux » aveyronnais mais, sans idées et dans un jeu « téléphoné », ils se heurtent systématiquement à la muraille de Camarès. Chaque attaquant de Finhan est retourné par la défense de Rougier et recule de plusieurs mètres. La pénalité réussie de Loïc Mirailh, juste avant la mi-temps, résonne comme une maigre consolation pour tous les efforts déployés par ses coéquipiers (39e, 3-10)
Il faut alors entendre le coup de gueule monumental du coach des arrières, Bertrand Molina, et celui des avants, Rémy Bergue, envers leurs joueurs, et dont on a sûrement pu entendre les remontrances jusqu’à Montech voire Montauban avec un vent favorable : « On se fait découper devant. On n’est pas ensemble ! On fait que se plaindre ! » Des mots sur des maux comme autant de baffes pour les Finhanais, têtes basses, alors qu’à quelques mètres de là, le cercle de Rougier reste dans un calme olympien. Devant la domination physique de Camarès, c’est même à se demander comment le score n’est pas plus large pour les Aveyronnais.
Piqués au vif, les hommes des co-présidents Boué, Mazana et Bacqué rallument la lumière cinq minutes après le coup d’envoi de la seconde période, avec une superbe attaque qui démarre au centre du terrain et finit avec un essai en coin signé Cros mais réalisé de haute lutte par tous les joueurs de Finhan, même si Mirailh ne bonifie pas l’action (45e, 8-10).
Qu’importe car le destin joue au chat et à la souris avec les uns et les autres. Finhan ? Rougier ? Mais il semble que les Finhanais prennent alors l’ascendant sur des Aveyronnais en difficulté sur le plan physique. Sans doute cramés par leurs efforts de la première période, les hommes de Daniel Auriol peinent à contenir les poussées adverses. Surtout que Finhan entame un nouveau temps fort (50e à 54e) mais Rougier résiste bien. Mais les Aveyronnais sont acculés à la faute et c’est Julien Espitalier qui se fait prendre par la patrouille, l’arbitre infligeant dix minutes de repos forcé au joueur (56e). C’est dans ce temps d’infériorité numérique que Finhan va appuyer là où ça fait mal quand, sur une belle attaque, Mirailh adresse un amour de chistera dans son dos à Mailhol qui s’en va slalomer dans la défense aveyronnaise jusque sous les poteaux adverses pour un magnifique essai. Le même Mirailh transforme le tout et voici les Tarn-et-Garonnais qui virent en tête au tableau d’affichage (61e, 15-10).
Trois minutes plus tard, pénalisé pour une position de hors-jeu, Camarès prend trois points de plus au score par le même Mirailh décidément en veine (64e, 18-10). L’écart devient important entre les deux formations et les Aveyronnais semblent à la recherche d’un second souffle physique pour renverser le cours du match. Un renversement qui ne viendra jamais, en dépit d’une pénalité obtenue en toute fin de rencontre et signée Reynes (80e, 18-13).
Finhan signe donc une victoire à l’arrachée, au terme d’une « remontada » quasi inespérée au vu d’une première mi-temps totalement ratée. Les hommes de Bertrand Molina et Rémy Bergue en sont donc à trois victoires consécutives et désormais seuls en tête de la poule 4. Quant à l’équipe de Rougier, elle pourra nourrir des regrets de n’avoir pas su « tuer » le match en première période quand elle avait l’ascendant total sur le match. Le bonus défensif n’est qu’une bien maigre consolation…
LES RÉACTIONS
Bertrand Molina, co-entraîneur de Finhan (avec Rémy Bergue en charge des 3/4)
Rugby Amateur : Avez-vous l’impression de revenir de loin ?
BM : (rires) De très loin, même ! On fait un match où clairement rien ne va. On fait une entame catastrophique, aucun combat, aucune agressivité, on tombe tous les ballons qu’on veut et les seuls qu’on a, on les leur rend. Maintenant, on tombe sur une équipe très vaillante, et très solide devant. On est clairement passé à côté de notre match.
RA : En fait, vous rallumez la lumière parce qu’il y a votre coup de gueule à la mi-temps ou parce que les gars d’en face sont cramés de leur effort ?
BM : Vous avez de la chance parce que je n’ai pas vu qu’on l’avait rallumé la lumière (rires). Plus sérieusement, je pense sincèrement qu’ils sont cramés. Et heureusement qu’ils le sont, parce que sinon, on se fait « empailler », qu’il n’y avait rien à dire…
RA : Justement, sur quoi vous allez pouvoir vous appuyer sur un tel match pour continuer votre série positive ?
BM : Sur ce qu’on a vu aujourd’hui ? Mais rien ! A part la victoire, il n’y a rien de positif. Au vu des deux premiers matches, aujourd’hui, on a été méconnaissable. Sur quoi on va travailler ? D’abord, chacun va se regarder dans une glace, se demander ce qu’on veut faire parce que là, on a montré un visage triste et vraiment pas à notre image. Vous l’aurez compris, je ne suis pas content. Vraiment pas.
Laurent Mazana, co-président de Finhan (au centre, entouré de Philippe Boué et Marcel Bacqué)
Rugby Amateur : Président, avez-vous la sensation que votre équipe a échappé « au pire » cet après-midi ?
LM : Oui, on n’a pas fait une bonne entame de match. Il ne faut pas oublier que cette équipe de Rougier a joué il y a deux ans la finale du championnat de France de 3e Série. Ils ont élaboré un jeu classique et ils ont été beaucoup plus vaillants et performants que nous dans les impacts. Le fait de jouer avec le vent en seconde période nous a un peu plus souri. On a fait un match qui va nous demander, maintenant, une décision importante sur la stratégie, sur la préparation des jeux, c’est-à-dire le sérieux, faire vivre le ballon faire marquer son copain, c’est l’intérêt du rugby, pas de marquer soi-même. Je suis heureux d’avoir gagné mais je ne suis pas très heureux du match qu’on a vu. Aujourd’hui, on retiendra juste le gagnant : c’est Finhan.
RA : Sur la base du premier bloc de matches, vous faites la passe de trois, avec trois victoires en trois rencontres. Vous voici même premiers. Est-ce que c’était dans vos prévisions ou est-ce que c’est une situation tout à fait inattendue ?
LM : (Il réfléchit) On a fait un bon petit recrutement. On est monté en 2e Série alors qu’on ne devait pas monter. On analyse tout actuellement. Et notamment la montée. Mais, vous savez, monter, c’est bien, à condition de pas prendre quarante points tous les dimanches. Il faut un effectif pour cela. Si on doit monter, on va se le créer, on doit se le fabriquer, se le travailler. Maintenant, on verra en fin de saison, on verra si on a le niveau pour monter. Si on ne l’a pas, on ne doit pas le regretter. Mais tout se joue sur une saison et elle est loin d’être terminée…
Daniel Auriol, entraîneur de Rougier Camarès
Rugby Amateur : Coach, votre équipe n’a-t-elle pas laissé filer une victoire qui vous tendait les mains ?
D.A. : Il est certain qu’en première période, on aura pu faire le nécessaire, c’est évident. Tout se joue là pour nous. On mène 0-10 et on n’a pas su le gérer. Après on a manqué de maîtrise et de lucidité. Il ne faut pas oublier que c’est seulement notre deuxième match de la saison, qu’on n’a pas eu de matches amicaux pour la préparation, cela nous perturbe pas mal. Certains joueurs ne sont pas trop encore en place. Après, il y a une belle équipe à Finhan, qui a montrée qu’il y avait aussi du monde devant. Chacun a eu sa mi-temps.
FEUILLE DE MATCH
A Finhan (Stade Mas Amouroux) – Finhan – Rougier Camarès 18-13 (Mi-temps : 3- 10)
Pour Finhan : 2 essais de Cros (45) et Mailhol (61), 2 pénalités (39, 64) et 1 transformation de Mirailh (61)
Pour Rougier : 1 essai de Nouvel (16), 2 pénalités (10, 80) et 1 transformation de Reynès (16)
Arbitre : Mr Fourquet
Finhan : Albano, Pedroza, Lespinasse (cap), Guilhard, Emboulas, Cassagnau, Mankowski, Roque, Labasse, Mirailh, Ginestet, Mailhol, Ferrié, Cros, Resplandy. – Remplaçants : Perrier-Pasquet, Porcheron, Auge, Pénavaire, Domairon, Marty, Xaixo.
Rougier : Beleymet, Gomez (cap), Barbe, Mamier, Paliès, Prieu, Espitalier, Bosc, Reynès, G. Cambon, Y. Cambon, Nouvel, Vaissac, Vayssière, Jean – Remplaçants : Arvieu, Merviel, Felices, Fabre, Rouanet.
Carton jaune : Espitalier (56)