Au coup d’envoi de ce match en retard comptant pour la 12e journée de la poule 1 de 2e Série, les données des deux adversaires sont simples mais opposées. Une victoire pour Lacaune et les Tarnais regardent vers le haut; une victoire pour les Haut-garonnais et ils cessent de regarder vers le bas. Ca, c’est sur le papier. Encore faut-il faire en sorte que ces désirs deviennent des réalités. Un encombrant hôte de marque s’est invité sur la pelouse du stade Guy Borrel : le vent d’Autan. Une semaine après la tempête Marcel, rebelote avec le vent du sud qui va souffler en fortes rafales (110 km/h parfois), s’érigeant en enquiquineur de buteurs et « souffleur » de stratégie avec les coachs… (résumé et photos par Wildon)
Il reste un long moment, seul, appuyé sur la main-courante à l’opposé des tribunes. Yeux dans le vague, mâchoires crispées, tête engoncée dans la capuche de sa parka, Eric Audibert, le coach de Quint-Fonsegrives, ne dit rien dans un premier temps lorsqu’il s’agit de répondre à la traditionnelle interview d’après-match. Il sait que ce match et le vent d’Autan ont sérieusement mis à mal l’objectif maintien en seconde série.
Quatre vingt minutes plus tôt. L’après-midi commence mal pour les locaux avec la sortie de Izard, dès l’entame de match, le « trois-quarts » fonsegrivois étant sévèrement sonné sur un regroupement. Le joueur sort en vertu du protocole « commotion cérébrale », on ne le reverra plus de la partie (5e). Profitant d’avoir le vent dans le dos, les Tarnais ouvrent le score sur pénalité par Pujol (10e, 0-3). Les débats s’équilibrent, même si le jeu, est rendu compliqué par un « zef » terrible au point de faire danser une belle gigue aux perches. Les deux équipes jouent essentiellement à la main malgré de nombreuses fautes et autres « turn-over » de part et d’autre. Lacaune essaie de profiter d’avoir le vent en sa faveur mais c’est bien à la main que Pujol, inspiré et parfait dans la lecture du jeu, surprend la défense du RCQF dans l’intervalle, et s’en va aplatir dans l’en-but malgré le retour de deux joueurs fonsegrivois. Le même Pujol transforme son propre essai et porte la marque à 0-10 (28e).
Le RCQF tente bien de revenir au score et fait preuve de coeur dans la conquête du ballon et du terrain, mais manque de réalisme et joue à l’envers. Si leur défense est agressive et bien en ligne, en revanche, leurs attaques sont totalement décousues, le porteur du ballon partant seul au contact, sans aucun appui immédiat. Une fois, deux fois, trois fois et ainsi de suite, le scénario « téléphoné » se reproduit, faisant le jeu de Tarnais qui n’en demandent finalement pas tant. Les hommes d’Eric Audibert sont quand même récompensés par une pénalité d’Anton réussie face au vent (36e, 3-10), une bien maigre consolation…
Le froid réalisme de Lacaune…
Au terme d’une mi-temps vite expédiée, les trente acteurs reprennent le combat contre le temps et le vent, qui filent tous les deux. Fonsegrives joue désormais avec le vent dans le dos et l’on se dit qu’il va être l’heure de mettre en batterie l’artillerie à longue portée. Malgré le renfort de la nature, les joueurs de la Saune ne sont toujours pas inspirés. Ils restent vaillants mais jouent sans idée ou inspiration malgré une certaine domination territoriale. Anton expédie même une pénalité réussie entre des poteaux étant plus proches d’une chorégraphie de « Stayin’ Alive » que de leur immobilité altière coutumière de juges de paix (55e, 6-10). La tribune commence enfin à frémir autrement qu’à cause du froid. Et si Fonsegrives revenait dans la partie ? Sur le banc tarnais, Eric Averouse commence lui aussi à craindre un retour offensif de Verts jouant leur survie en Seconde Série (cf interview ci-dessous). D’autant que Lacaune perd Calas, touché à un genou. Mais Fonsegrives pèche toujours par manque de réalisme et laisse échapper deux magnifiques occasions d’essai. Tout d’abord lorsque ce diable d’Anton file avec le cuir sous le bras, pique un sprint le long de la ligne de touche avant de décaler Izunsky. Mais le pilier, au lieu de fixer le défenseur qui lui fait face et de servir un coéquipier à l’intérieur, se montre trop gourmand et se fait bloquer à cinq mètres de la ligne d’essai (70e). C’est ensuite le grand Marouby qui file vers l’en-but tarnais sur le côté opposé mais l’arbitre siffle un retour sur faute au lieu de laisser jouer l’avantage, provoquant la bronca de la tribune (76e).
Dominer n’est pas gagner, l’adage est bien connu, et c’est Lacaune qui va faire preuve, une fois de plus, d’un réalisme froid en concrétisant un temps fort dans les vingt-deux mètres fonsegrivois. Duvernay s’extrait d’un maul effondré, percute les défenseurs face à lui pour marquer son essai sous les barres. Et le toujours impeccable Pujol de transformer les cinq points en sept (78e, 6-17). La messe est dite, Lacaune entrevoit le paradis de la qualification quand Fonsegrives, malgré ses pavés empreints de bonnes intentions s’enfonce un peu plus vers l’étage inférieur. Pourtant il reste encore un espoir, à condition de battre Viviez et Marssac à domicile, tout en espérant un faux pas, voire deux de leurs concurrents directs (Briatexte, Marssac et Viviez, qui compte un match en moins)…
Réactions
Eric Audibert (entraîneur RCQF)
R.A. : Vous étiez presque revenus à hauteur de Lacaune et tout craque sur la fin…
E.A. : Oui… (il soupire et cherche ses mots). On a fait une bonne première mi-temps contre le vent mais ensuite, avec le vent, on ne sait pas jouer avec, on devait jouer au pied et voilà…R.A. : Vous ne manquiez pourtant pas de collectif ni de coeur, mais votre jeu ne manquait-il pas d’idées ?
E.A. : Si tout à fait, ça manquait d’idées, de création, de prises d’intervalle, de soutiens… Et puis on se met dans le doute parce qu’on a toujours joué avec la peur au ventre. On n’a jamais su se libérer dans ce match qui était à notre portée pourtant.Eric Averous (entraîneur des Monts de Lacaune)
R.A. : Cette victoire vous permet de regarder à nouveau vers le haut du classement ?
E.A. : Oui tout à fait. Elle nous relance après notre match nul contre Vabre. J’avais surtout demandé aux gars d’être dans le combat, avec de l’abnégation et de la solidarité. On a fait un gros match dans l’engagement, même s’il y a toujours des choses à revoir.R.A. : Lorsque Fonsegrives est revenu à 10-6, est-ce que vous avez eu peur que le match bascule en leur faveur ?
E.A. : Oui parce qu’à ce moment-là, on subit leur pression et on s’est fait un peu peur…R.A. : Et qu’est-ce qui fait que ce match ne bascule pas contre vous ?
E.A. : On a su se reprendre en conquête justement, dans les mêlées, sur deux ou trois ballons en touche. On a eu cinq minutes de flottement mais on a su se ressaisir face à une équipe de Fonsegrives qui n’a pas démérité.
Feuille de match
A Fonsegrives (Stade G. Borrel)- RC Quint-Fonsegrives – Monts de Lacaune 6-17
Mi-temps : 3-10 – Arbitre : Mr Aillères
Pour RCQF : 2 pénalités d’Anton (36e, 55e)
Pour Monts de Lacaune : 2 essais de Pujol (28e) et Duvernay (78e), 2 transformations (28e, 78e) et 1 pénalité de Pujol (10e)
RC Quint-Fonsegrives : Gayraud, Latour, Izunsky (cap), Anton, Marouby, Busiakiewicz, B. Le Gall, Borg, Bompail, Cochepin, Blaque, Castagnino, Ferruccio, Izard, Larrieu – Rempl. : Berjoan, Lescot, Bousquet, Le Gall, Eychenne, Noël, Nadaud
Lacaune : Seguin, Devic, Milhau, Vargas, Duvernay (cap), P.L. Rul, Costes, Tracana, Nayral, Pujol, Cabanes, Calas, Viala, Cambon, Ambert – Rempl. : Aldie, Barthez, T. Rul, Salvignol, Assemat, Maury