L’équipe réserve de Sor Agout partie dans la Drôme pour disputer sa demi-finale contre le Servette de Genève, les supporters tarnais étaient moins présents que ceux de l’Isle-en-Dodon, à remplir la tribune du stade Alain Mondon, à Pechbonnieu. Mais l’ambiance de ce quart de finale entre deux équipes occitanes était aussi chaude que la température dans l’air, et sur le pré… (résumé par Jonah Lomu, photos Adeline Faral)
On attendait beaucoup de ce bras de fer entre deux des meilleures équipes de la région Occitanie, qui de fait, pouvaient postuler pour le devenir sur l’ensemble du territoire. L’entame montre rapidement que les intentions sont manifestes, mais la fébrilité ou le stress aussi. Mathieu Gratton, l’ouvreur tarnais, se verra offrir trois tentatives de but, longue distance, en dix minutes, et en convertira deux. L’Isle-en-Dodon, inhabituellement maladroit en touche, et dans ses lancements de jeu, vient, pour sa première incursion dans le camp adverse, gratter un ballon au sol et hériter d’une pénalité, que Daran, d’un maître coup de pied gauche des 35m, convertit (6-3, 11ème).
Mais l’USL balbutie son rugby. Un en-avant sur ses propres 22, offre une belle munition aux Sor Agoutois. Ces derniers aussi se montrent maladroits en conquête. Ce n’est que partie remise, car quelques instants plus tard, une attaque en première main envoie Nazarenko en terre promise. Gratton transforme (13-3, 20ème). La réaction isloise est immédiate, avec un ballon porté ravageur, suivi d’une première action d’envergure grand champ, annihilée par un en avant volontaire de l’arrière Santanach, qui écope logiquement d’un carton jaune. M. l’arbitre, Evan Urruzmendi, maître des débats, consulte son arbitre de touche, et accorde un essai de pénalité (13-10).
Sor Agout à 14, va même se retrouver à 13 après le carton jaune adressé à Barthélémy. Loin d’être tétanisée pour autant, l’équipe tarnaise se montre même plus agressive, avec en fer de lance Burdalski et Delpy, permettant à Gratton de tenter une pénalité du bord de touche, qui passera de peu à côté. Daran n’aura guère plus de réussite à la 38ème, ni deux minutes plus tard alors que son équipe venait de lancer une action d’envergure mêlant avants et trois quarts. A l’inverse, Gratton lui, passait les trois derniers points de ce premier acte (16-10) plutôt décevant dans le jeu, mais pas dans l’engagement, malgré une forte chaleur.
Sor Agout prend le large, l’USL réagit… trop tard
Au retour des vestiaires, Sor Agout hérite d’une nouvelle pénalité, qui heurte le poteau droit. Les Tarnais récupèrent le ballon, qu’ils portent et bonifient par un essai en bout de ligne de Paul, entré en cours de jeu. 23-10, le break est fait. L’isle en Dodon met plus de vitesse dans son jeu, maintes fois réclamée par Christophe Lafforgue sur le banc. Le centre Arieu exploite une brèche mais l’arrière garde tarnaise veille au grain. Cédric Daignan, entré à la mêlée de l’USL dynamise le jeu de son équipe, mais ces prises d’initiative se brisent sur une défense soragoutoise de fer. A l’heure de jeu, les remplacements vont bon train, Charlas, le généreux troisième ligne centre islois, sort, épuisé. Malet, son compère évoluant au centre, sort lui, sur blessure. Les organismes souffrent, le public applaudit les sorties des deux combattants de l’ombre en seconde ligne qui méritent amplement d’être mis dans la lumière : Gilibert pour l’Isle, et Antoine-Dom pour Sor Agout.
Au moment où l’on croit que l’USL va s’essouffler, ils marquent l’essai de l’espoir par l’intermédiaire du tonitruant Gilibert. Essai non transformé, le score passe à 23-15, à moins d’un quart d’heure du terme, tout reste jouable donc. L’Isle en Dodon retrouve le jeu qui a fait son succès cette saison, celui qui les a porté en finale régionale, et promu en fédérale 3. Les hommes de Charlas et Lafforgue poussent pour forcer le verrou tarnais, mais celui-ci restera fermé jusqu’à la fin d’un match dont la seule fausse note sera une altercation plus bête que méchante, mais qui privera Barthélémy, en pleurs, de la demi-finale, après avoir reçu un carton rouge. Gratton passait une dernière pénalité pour sceller le score à 26-15. Un succès mérité, où l’expérience aura primé, et sorti les larmes, de joie celles-là, des présidents David Escolano et Raymond Frede. Unbe émotion légitime. Sor Agout s’invitait dans le dernier carré national (et affrontera Argelès-Gazost, pour un nouveau bras de fer intense), tandis qu’au même moment, la réserve venait à bout du Servette de Genève.
Les réactions
Olivier Charlas (co-entraîneur L’Isle en Dodon) : On veut toujours plus, aller toujours plus loin, mais aujourd’hui Sor Agout s’est montré plus fort, je regrette juste qu’on ait pas pu mettre notre rugby en place, celui qui nous avait propulsé en finale de la Ligue Occitanie. On ne l’a jamais retrouvé pendant les phases finales de ce championnat de France. On n’est pas rentré dans ce match, on a rendu des ballons, on a fait des fautes inhabituelles, notamment en touche, qui est normalement notre point fort. Mais on a fait honneur à notre maillot je crois, et je tire un grand coup de chapeau à nos joueurs. Je souhaite bonne route à Sor Agout.
Patrick Dedieu (entraîneur Sor Agout) : Très heureux oui, mais que ce fut dur. J’ai demandé aux joueurs de ne pas hésiter à s’engager car on a eu du mal à rentrer dans cette partie, on était moins agressifs dans les rucks. Mais on s’est ressaisis, même quand on a été à treize contre quinze. Le sentiment qui domine là, c’est… (silence, les larmes montent)… C’est la joie pour tout un groupe, tout un club. On refait ce qu’on a fait l’an passé en revenant en demi finale du championnat de France, la réserve vient de se qualifier en finale, c’est quand même beau pour un club comme Sor Agout, qui a vraiment de très belles valeurs.
Captain Burdalski (troisième ligne centre Sor Agout) : On n’était pas sereins avant le match, on savait qu’on allait jouer une grosse équipe, mais on a fait le boulot, même si on a été un peu fébriles en début de partie. On s’était arrêté en demie l’an dernier, espérons qu’on aille jusqu’en finale cette fois.
Cédric Daignan (demi de mêlée remplaçant, qui jouait son dernier match) : Comment être déçu ? On a encore vécu une saison magnifique, on ne s’en pas compte je crois. Pour ma dernière, le match a été énorme, on me porte en triomphe en plus, les adversaires nous font une belle haie d’honneur, j’ai vécu cinq saisons superbes, riches en émotions, au milieu de mecs incroyables, devenus une belle bande d’amis, qui te donnent l’envie d’aller t’entraîner, d’aller jouer des matchs et de tout donner, sur et en dehors du terrain. On a déplacé tout un canton encore pour cette campagne 2018-2019, c’est magnifique.
Gaëtan Marrou (pilier L’Isle en Dodon) : C’est ma cinquième année dans ce club fabuleux, on est partis de 1ère série, RugbyAmateur en a été le témoin depuis le début, et voilà qu’aujourd’hui on est éliminés en quarts de finale du championnat de France Honneur, avec une nouvelle montée à la clé. Donc même si je suis déçu, j’appréhende cette déception différemment, on est tombés sur une belle équipe, on les savait dense devant, on voulait les faire courir, mais ils ont été plus forts que nous tout simplement. Il y avait peut être la place de faire mieux, mais il faut avoir conscience d’où on vient et ce qu’on a fait. A titre personnel, j’ai été suspendu pendant sept semaines, donc je suis content d’avoir pu rejouer. On a vécu de bons moments encore, et on en vivra d’autres, j’en suis sûr.
Matthieu Gratton (ouvreur Sor Agout) : Après une entame hésitante, on a pris le jeu à notre compte, en posant la main sur le ballon tout en envoyant du jeu. On a mis notre adversaire à la faute, on a su marquer quand il le fallait, et en prenant le score, on a su le gérer ensuite. Malgré des passages compliqués, on a tenu. On sait qu’on a une bonne défense, et je pense que l’expérience a compté aussi pour remporter ce match. A nous d’en faire autant pour la demie.
Paul « le poulpe » Fabiani (demi de mêlée Sor Agout) : c’est déjà un honneur pour nous les jeunes de jouer avec une star internationale espagnole, comme monsieur Gratton, qui malgré quelques difficultés capillaires, garde une patte droite légendaire (rires). Non, plus sérieusement, on a réussi à prendre notre adversaire sur ses points forts, notamment devant, car nos gros se sont envoyés comme des morts de faim. On n’est pas les meilleurs, mais on donne tout, et ça paye, c’est génial. Les deux équipes de Sor Agout sont qualifiées, je ne pense pas que ça arrive si souvent. C’est une juste récompense pour nos dirigeants, en or.
Alex Barthélémy (Ailier de Sor Agout, suspendu pour la demi finale) : Sur le carton rouge que je prends, après plusieurs coups, plusieurs cravates, j’ai le tort de réagir… Je suis évidemment content pour l’équipe, c’est beau de se qualifier, mais je dois avouer que j’ai du mal à admettre que je ne jouerai pas cette demi-finale. J’espère donc que les copains feront le boulot, et que je pourrai jouer la finale…
Christophe Lafforgue (co-entraîneur de l’Isle en Dodon) : Je n’ai pas trop de regrets car Sor Agout a dominé globalement ce match, ils ont été meilleurs sur les fondamentaux, l’occupation, la conservation, et ils ont su être pragmatiques et réalistes. Mon seul regret sera qu’on a pas joué notre rugby pendant cinquante minutes, c’est dommage. On a joué dans les trente dernières, mais quand tu cours après le score, c’est un peu tard. On avait de la fraîcheur physique pourtant, je sentais le groupe réceptif aux consignes de vitesse et de conservation, mais l’expérience de notre adversaire a parlé, un adversaire qui a les épaules d’un champion je pense. J’ai un peu d’amertume à titre personnel, car j’avais annoncé au groupe que j’arrêtais à la fin de saison, pour me consacrer à mes activités professionnelles et à ma famille aussi. Mais les jeunes que j’ai connus il y a longtemps , ont pris de la maturité, ils seront bien encadrés, et j’irai les voir évoluer avec plaisir en fédérale 3 pour défendre ce beau maillot de l’USL.