Vainqueurs d’une poule A de la phase régulière particulièrement disputée, les Suricates ont donc obtenu le droit de disputer ce quart de finale à domicile. Face aux Tarn-et-Garonnaises se sont présentées les joueuses de Rodez, secondes d’une poule B dominée, justement, par les deux clubs de l’Aveyron engagés dans la compétition (Millau terminant invaincu devant Rodez). Et devant un public venu nombreux malgré un temps froid et couvert, restait à savoir si la logique d’une victoire tarn-et-garonnaise allait l’emporter ou si les Black Ruthènes allaient nous renverser la table et créer la surprise de ces quarts de finale… (Texte et photos Wildon)
Il n’aura fallu que trois minutes pour que les Suricates mettent leur patte sur le match et entament leur hymne à la joie par un essai de Berlèse, bonifié par le soulier de Tissinie (3e, 7-0). Cette entame se traduit ensuite par une domination tant dans le jeu que dans la possession de balle, tant et si bien qu’il faudrait attendre la 35e minute pour voir les Ruthénoises venir enfin visiter l’autre moitié du terrain et obtenir une pénalité qui adoucira quelque peu l’avance des Tarn-et-Garonnaises à la marque, après que Tissinie, via son essai (26e) et la pénalité de Duport (32e), ont porté le score à 15-0.
Faisant preuve d’un courage et d’une volonté de fer, les Aveyronnaises ont aussi su se montrer parfois intraitables en défense, grattant ici et là quelques ballons bien sentis dans des rucks âprement disputés mais sans que ces turn-overs ne puissent se traduire en essai. Rodez pourra regretter aussi d’avoir manqué une pénalité dès le début de la deuxième période (47e).
Car derrière, après un long temps fort, les Suricates envoient leur capitaine à l’essai, Tissinie parachevant l’œuvre de ses coéquipières de deux points de mieux (56e, 22-3). Et huit minutes plus tard, dans un essai en force parfaitement appuyé par l’élan du pack tarn-et-garonnais, Passaga plonge en terre promise et « tue » définitivement cette rencontre. Malgré l’échec de la transformation, l’avance au score et l’emprise des Suricates sur la rencontre sont telles que les Ruthénoises ne seront jamais en mesure de revenir au score et d’inquiéter les Tarn-et-Garonnaises.
On notera seulement que les coéquipières d’Amanda Ageron se sont quelques fois obstinées à venir vainement ferrailler face aux solides avants ruthénoises au lieu de s’appuyer sur leur qualité première, à savoir leur vitesse d’exécution qui a fait la différence à trois reprises dans ce match. Le reste de la rencontre devient dès lors tactique, avec des multiples changements de joueuses de part et d’autre, sans aucune conséquence sur le destin final de ce match.
Au coup de sifflet final de Mr Guigou, jeune arbitre impeccable dans la conduite de la rencontre et dans ses décisions, on pouvait lire la déception des Aveyronnaises, déception teintée d’une certaine fierté d’avoir atteint les quarts de finale de la compétition, pendant que les Suricates pouvaient célébrer, à juste titre, leur qualification pour le tour suivant. Et rêver plus fort à un destin de championnes d’Occitanie de Fédérale 2.
Les réactions
Patrick « Raoul » Terrenne, manager des Suricates MCV
Rugby Amateur : Vous avez dit aux filles qu’elles avaient réalisé leur plus beau match de la saison. Vous retenez donc la manière plutôt que la qualification en elle-même ?
PT. : Un petit peu les deux mais le contenu du match est pour nous très intéressant. Si on avait obtenu une victoire sans contenu, cela aurait été compliqué pour nous de voir plus loin. On a fait un jeu propre, on a proposé de l’alternance, ce qu’on n’a pas l’habitude de faire et à enchainer du jeu à la main et au pied, à l’avant comme à l’arrière. Là, on est en demi-finale, je crois qu’on se l’est bien gagnée cette qualification…
Amanda Ageron, trois-quarts centre et capitaine des Suricates MCV
Rugby Amateur : Que faut-il retenir de ce match : la qualification ou bien la prestation d’ensemble ?
A.A. : La prestation en premier parce qu’on avait un challenge en ne sachant pas contre qui on allait tomber. On ne connaissait pas ces Aveyronnaises, on voulait reproduire le match d’il y a quinze jours contre Auch. Et on a fait encore mieux. Malgré quelques pénalités où l’on n’est pas exemplaire, je suis très fière des filles parce qu’elles ont rempli leur engagement.
R.A. : On a le sentiment que dès que vous élargissiez le jeu, vous pouviez alors vous appuyer sur votre vitesse d’exécution. C’est la clé de votre force ?
A.A. : Dès le début de la saison, on savait que c’était notre point fort. Malheureusement, on n’en profitait pas assez et on s’est rendu compte lors de nos deux derniers matches, que c’était vraiment notre force et qu’on devait s’appuyer sur ça, bien que nous ayons un très bon groupe d’avants.
R.A. : Lors des dix dernières minutes, on a eu le sentiment d’un « hourra rugby » où vous avez perdu un peu de votre lucidité. Est-ce que ce n’est pas quelque chose à corriger en vue des demi-finales ?
A.A. : Oui, on l’a vu aussi au début du match où toutes les filles voulaient aller marquer leur essai. C’est de l’engagement mais on a été trop gourmandes. A la fin, je pense que nous étions sous tension puisqu’on prenait pénalité sur pénalité et on n’avait plus la main sur le ballon. Mais on va surtout retenir le résultat final (sourire).
Jonathan Châtelain, entraîneur de Rodez
Rugby Amateur : Est-ce que vous éprouvez de la déception ou est-ce ce résultat était attendu ?
J.C. : De la déception, oui, parce qu’on travaille toute l’année pour ce genre de match. Maintenant, il n’y a pas de regrets parce qu’il y avait une belle équipe en face. Il y avait des filles vaillantes et qui avançaient. Nous, on n’a pas avancé. On a subi. Maintenant, on n’a pas à rougir parce qu’on s’est défendu jusqu’au bout…
R.A. : Quel est le bilan de la saison de Rodez ?
J.C. : C’est un belle saison parce que depuis deux ans, on ne s’entrainait pas. On a eu beaucoup de nouvelles filles, débutantes parfois, avec un superbe état d’esprit et on arrive à se qualifier quand même en quarts de finale. Oui, c’est une belle saison, pleine de promesses.
Justine Guyon, demi de mêlée de Rodez
Rugby Amateur : Après 4 années, c’était ton dernier match avec Rodez. Que retiens-tu de ce dernier match, et de ces dernières saisons avec les Black Ruthènes ?
J.G. : Nos adversaires ont été très fortes devant, on a été moins à la hauteur mais on a fait une belle saison, tout le monde ne se qualifie pas en quart de finale, c’était notre première fois. Il faut donc retenir le positif même si on a perdu. Pour ma part, je vais rejoindre une autre équipe et essayer d’aller jouer en Fédérale 1. J’ai des contacts dans le Tarn mais je ne sais pas encore dans quelle équipe j’irai.
LA FEUILLE DE MATCH
A Valence d’Agen : Suricates MCV – Rodez 27-3 (MT : 15-3) – Arbitre : Mr Guigou
Pour Suricates MCV : 4 essais de Berlèse (3), Tissinie (26), Ageron (56) et Passaga (64), 2 transformations de Tissinie (3, 56) et 1 pénalité de Duport (32)
Pour Rodez : 1 pénalité de Garcia (35)
Suricates MCV : Maguelonne, Passaga, Saffores, Carrie, F. Gaillard, Détroit, Guyard, Saout, Coureau, Duport, Lavergne, Ageron (cap), Bru, Berlèse, Tissinie – Rempl. : C. Gaillard, Saad, Durand, Paillex, Hocq, Salgues, Baron, Cailliet.
Rodez Rugby : Cambiayre, Fardin, Combacau, Vadot, Dajean, Vernhet (cap), Dupraz Bardou, Nayraguet, Lasbouygues, Damiens, Garcia, Lauray, Couvignou, Trémolières, Rodrigues – Rempl. : Leloup, Perez, Debonne, Guyon, Chabellard, Girard