Saint-Girons et Sor Agout, c’est une longue histoire, une sorte de classico de la région Midi-Pyrénées. Mais cette fois, les deux formations devaient en découdre pour s’ouvrir les portes d’une finale de championnat de France. Mêmes acteurs, même intensité, mais pas le même enjeu donc… (par David Campese, photos Pascal Villalba, Chris Bravo et Adeline Faral)
Pas de round d’observation dans cette demi-finale qui se jouait à Pamiers. Les avants Sor Agoutois prennent le ballon pour le cacher, le porter et mettre à la faute leurs homologues. Pénalité jouée rapidement, que Maxime Barthas, l’arrière tarnais, concrétise en essai. Escolano transforme : 7-0, on ne joue pas encore la 5ème minute. Saint-Girons, plus habitué à faire la course en tête, qu’à subir, va réagir au coup par coup, obtenant des pénalités, que Guillaume Lazerges, l’artificier en chef, valide en trois fois trois points. A 9-7 (20ème), les Lions Verts vont même marquer leur premier essai par l’inévitable Bonzom. L’ailier inscrit un essai en coin, que Lazerges transforme. 16-7, puis 16-10 avec une pénalité réussie d’Escolano, score à la pause. Tout reste jouable pour les deux formations.
Ce même Escolano, qui passe les trois premiers de la seconde période. 16-13, les débats sont plus que jamais équilibrés. Laurent Rietbroek, le pilier ariégeois, sonnait la charge à la 50ème et marquait un essai que l’on aurait pu croire libérateur (21-13). Mais Escolano ramène les siens à cinq longueurs (21-16). Bonzom sort alors de son chapeau son deuxième essai personnel, celui-là, synonyme de qualification. Car à l’heure de jeu, et à 26-16, plus rien ne sera marqué. L’envie était là pour les Sud tarnais, mais les jambes sûrement un peu moins avec notamment des prolongations jouées le week-end dernier. Le carton rouge du capitaine Jacky Burdalski, en fin de partie, ôtant les derniers espoirs tarnais.
Sor Agout tombe les armes à la main, et la certitude d’avoir réalisé une saison exemplaire. Avec, sous réserves de confirmation par la FFR, une grande possibilité d’évoluer en fédérale 3 la saison prochaine. Pour Saint-Girons, le parcours 2018 ressemble à s’y méprendre à celui de 2014, année du doublé. Les Ariégeois étaient annoncés grands favoris en début de saison. Ils ont non seulement assumer leur statut au niveau régional, mais sont en passe d’écrire une nouvelle grande page de leur très grande histoire. Il faudra pour cela venir à bout de Chalon-sur-Saône, tombeur de Saint-Nazaire.
Réactions
Raymond Frede (co président de Sor Agout) : « Evidemment quand on perd, on est un peu déçu. Je pense qu’on est tombé sur une équipe plus en place que nous. On ne les a pas assez pris dans l’axe sans doute. On a voulu écarter sur l’extérieur, mais ils étaient très bons. Il faut un gagnant et un perdant… On doit remarquer un essai sur la fin et les inquiéter, mais on a fait quelques erreurs qui nous empêchent. C’est dommage mais on a réussi un très beau parcours. »
Éric Charavel (co-entraîneur Sor Agout) : Je veux d’abord féliciter l’équipe de Saint-Girons. Je crois qu’on peut avoir quelques regrets parce qu’on a laissé tomber quelques ballons importants. Pour moi, l’année a été riche en émotion parce que je revenais dans ce club, j’ai retrouvé des hommes avec lesquels j’avais joué et une équipe de bénévoles toujours là, les présidents aussi. Cela m’a fait énormément de bien de revenir à Sor-Agout et de vivre une saison comme ça. Il y a eu des hauts, des bas, mais personne ne nous voyait en demi-finale du championnat de France, une place qu’on n’a pas volée».
Lionel Heymans (manager de Saint-Girons) : Comme on s’y attendait, on est tombé sur une très belle équipe de Sor Agout qui pratique un jeu simple, et ce n’est pas péjoratif, mais qui le maîtrise à la perfection : un paquet d’avants redoutable et un milieu du terrain qui avance en permanence. On savait que ce match là serait le plus compliqué depuis le début de la phase finale entre 2 équipes qui se connaissent très bien. Pour notre part on avait choisi des options de jeu un peu différentes par rapport à nos dernières confrontations, notamment de disputer les touches au risque de subir des ballons portés comme celui qui a amené leur 1er essai, mais c’est le seul que nous avons subi en 80 minutes. Ensuite on avait vu une certaine difficulté de leur part à reprendre la largeur en défense et on avait travaillé dans cette idée. Notre premier essai est le reflet de ce travail. Enfin, face à cette équipe, on savait qu’il fallait être capable de défendre pendant de longues séquences, ce qui a été le cas en 2ème mi temps lorsqu’ils ont eu le vent. Ma plus grande fierté comme je le dis souvent aux joueurs, c’est d’avoir assumer, dès le début de la saison, on a affiché nos ambitions avec beaucoup d’humilité. Le dire et le faire est une grande fierté. Maintenant on est à 80 minutes du rêve ultime de tout joueur de rugby. Et comment ne pas évoquer notre magnifique colonie verte et noire, quel plaisir d’être soutenue de la sorte, ils méritent de pouvoir toucher du bois avec nous…
Album photos du match (©photos Pascal Villalba, Chris Bravo et Adeline Faral)