Né en 2010 d’une entente entre cinq villages du Tarn-et-Garonne (Donzac, Dunes, Saint-Loup, Saint-Cirice et Sistels), limitrophes avec le Lot-et-Garonne, le Brulhois a connu une belle ascension. Les Vignerons (Le brulhois est un vin français AOC, anciennement labellisé VDQS sous le nom de côtes-du-brulhois, produit dans trois départements, le Lot-et-Garonne, le Tarn-et-Garonne et une petite partie du Gers) sont arrivés en 1/4 du championnat de France dès la première saison, avant de décrocher le titre de champion Midi-Pyrénées de 4ème série dans la foulée, suivie d’une 1/2 finale régionale en 3ème série, et d’une nouvelle montée. Tout semblait bien se passer donc pour les Rouge et Noir. Mais on le sait, la vie d’un club amateur est fragile, soumise à la volonté de quelques personnes, de bonne volonté, et d’éléments extérieurs, parfois contraires…
Car oui, la saison dernière a ressemblé à un chemin de croix. Un effectif réduit, un manque d’implication aussi, des premiers matchs compliqués, assortis de défaites plus ou moins lourdes, pour finalement jeter l’éponge en février dernier et déclarer forfait général. Une décision pénible qui mettait fin au calvaire certes, mais tellement à contre coeur pour un noyau dur de joueurs forcément déçus d’une telle issue.
Alors ce noyau dur s’est retrouvé, quelques semaines plus tard, pour tenter de faire repartir la machine, grippée. Avec l’aide de Christian Barthélémy, l’ancien président fondateur, toujours prêt à donner un coup de main. C’est un ancien joueur qui reprend alors la présidence, Jean-Baptiste Magnoux. Avec 8 autres compères, ils se lancent le défi de remonter une équipe séniors. Par le jeu du bouche à oreille, l’information se propage, des copains arrivent. « Même des copains qui n’avaient jamais joué » sourit Dimitri Delsol, l’ailier et éducateur des U6-U8 à Valence d’Agen, le grand club voisin. Le groupe grandit, jusqu’à 33 licences sont déclarées.
« Aici es lo Brulhès ! »
L’ambiance est bonne, saine, le week-end de cohésion prometteur. Mais le début de saison est marqué par une défaite cinglante, 96-0 à Grisolles, le favori de la poule, voire du niveau. Le deuxième match (le premier à la maison donc) se solde par un 16-52 sévère. Pour la troisième journée, l’équipe se déplace chez l’autre gros de la poule, Reyniès. Résultat ? 63-0 ! Autant dire que pour avoir un goal average équilibré, il faudra repasser. Mais peu importe ce détail, il est difficile d’aligner 22 noms depuis le début, voire impossible. Des progrès se font jour néanmoins. La défaite à domicile contre Brignemont (3-20) reste encourageante. Celle encaissée à Montastruc le 21 octobre dernier, en revanche, l’est moins, et fait mal aux têtes. 71-0, et des questions qui se posent. 5 matchs, zéro point pris, pas même un bonus défensif. Le groupe bosse aux entraînements pourtant : Stéphane Lafforgue, coach des avants, et Xavier Dutour, coach des arrières (et joueur aussi), mobilisent les troupes. Il y a indéniablement du mieux, mais trop d’approximations pour rivaliser.
Dimanche dernier, le Brulhois recevait Puy L’évêque. Les Lotois, avant derniers, venaient avec l’intention de remporter un deuxième succès. Oui, mais voilà, l’envie est du côté tarn-et-garonnais durant un premier acte joué sous la pluie. Comme pour arroser l’arrivée du petit Ilan (comblant de bonheur ses parents, Romain Dubau et sa femme). Le Brulhois, qui alignait enfin 22 noms sur la feuille de match, se donne sans compter, et finit par inscrire un essai par le centre Marc Maillet. Xavier Dutour, l’entraîneur joueur, est aussi buteur. Mais pas dans un grand jour. Il rate la transformation, puis plusieurs pénalités. Anthony Delsol prend alors le relais et enquille trois point de plus juste avant la pause. 8-0, l’espoir est permis.
Mais au retour des vestiaires, Puy l’Evêque s’enhardit et domine. A l’heure de jeu, les Lotois trouvent l’intervalle et filent à l’essai, non transformé. 8-5, il va falloir tenir pour les locaux. Qui font mieux que se défendre et arrachent la victoire, au terme d’une rencontre disputée dans un très bon état d’esprit ! La première depuis plus d’un an et demi. Les vignerons sautent de joie, chantent un Pilou-pilou resté aux oubliettes tant de temps, et font honneur à leur slogan : « Aici es lo Brulhès ! ». Ici c’est le Brulhois !
Voici donc le récit de la vie (presque) ordinaire d’une équipe amateur, qui avec de l’envie, l’amour du maillot et une bonne dose d’amitié, a relevé un défi pas gagné d’avance. Et maintenant ? « On va essayer de continuer à se faire plaisir, que ce redémarrage soir pérenne, et pourquoi pas, aller chercher une sixième place pour se qualifier » conclut Dimitri Delsol. Comme une bonne bouteille de vin, les supporters du RCB 82 espèrent aussi que ce groupe va se bonifier avec le temps…