Promu cette saison en Nationale 2, le Stade Nantais (4ème, 48 points) recevait samedi soir dernier son voisin et rival du Rennes Etudiant Club (1er, 57 points). Un derby de l’ouest aux allures de choc du haut de tableau entre des Éléphants nantais, surprenants quatrièmes de poule pour leur grande première à cet échelon, et le solide leader breton, vainqueur de son dauphin Orléans la semaine passée (13-9). Un duel tout aussi prometteur qu’attendu entre Nantes, meilleure attaque de la poule, et Rennes, défense la plus hermétique… (Par Loulou / Photos Matéo Bidaud – Stade Nantais)
Le public nantais, venu en nombre dans les travées de Pascal Laporte, redécouvrait le parfum de ce derby de l’ouest (que certains nomment derby breton), cinq ans après le dernier ici même. Malgré le froid de canard qui sévissait sur la préfecture de Loire-Atlantique ce samedi soir, le record d’affluence de la saison était battu, avec 2400 spectateurs présents, illustrant l’importance de ce duel entre voisins…
Le match
En tribune, la banda dictait un rythme festif. Pourtant, l’atmosphère se refroidissait après deux petites minutes de jeu, lorsque le paquet d’avants rennais s’écroulait derrière l’en-but. Le talonneur Alexandre Fau, le ballon bien calé sous le bras, pilotait ce groupé pénétrant jusqu’à atteindre la ligne et Benjamin Noble ajustait la transformation (0-7, 3ème).
La réaction des locaux était immédiate. L’ouvreur nantais, Dylan Pierre, formé non loin à Saint-Nazaire, récompensait cette offensive en passant sa première pénalité de la soirée (3-7, 11ème). Mais sur le coup d’envoi qui suivait, Nantes ne confirmait pas ses points en se mettant à la faute. Face aux perches, Benjamin Noble redonnait immédiatement sept longueurs d’avance aux siens (3-10, 12ème).
En invité courtois, le REC rendait la politesse en cafouillant à son tour le renvoi, ce qui offrait l’opportunité à Dylan Pierre de sévir de nouveau (6-10, 14ème). Pour tenter de mettre la pression sur l’arrière-garde adverse, une partie de « ping-pong rugby » débutait. Un jeu de dépossession remporté par le Stade Nantais et conclu par trois nouveaux points du buteur maison (9-10, 18ème).
La conquête bretonne, souveraine, poussait les locaux à la faute et le deuxième ligne Lewis Johnson écopait d’un carton jaune. En supériorité numérique, les visiteurs embrayaient avec un nouveau maul gagnant, qui envoyait pour la seconde fois le talonneur casqué Alexandre Fau derrière la ligne. Noble, toujours aussi précis, se chargeait de transformer (9-17, 26ème).
À un de moins, les Nantais repartaient tout de même à l’assaut. Une belle combinaison des arrières permettait à Arthur Onesime de s’engouffrer dans un intervalle. L’ailer était repris à 5 mètres de la ligne et une longue séquence de défi physique s’engageait alors. Mais les « Noir et Blanc », arc-boutés en défense, tenaient bon, puis parvenaient à se dégager grâce à leur mêlée, toujours dominatrice.
Quelques instants plus tard, on retrouvait ces mêmes Bretiliens de l’autre côté du terrain. Le demi de mêlée Come Berrod animait parfaitement le jeu pour resserrer la défense des Éléphants, puis envoyait le cuir vers les extérieurs où les espaces fleurissaient. L’arrière Edwin Vérité pouvait aplatir sans opposition et du bord de la touche, Noble ajoutait deux points supplémentaires pour conclure cette leçon de réalisme (9-24, 38ème).
Réalisme et bonus…
Au retour des vestiaires, les Ligériens sonnaient la révolte, mais butaient une nouvelle fois sur une défense hermétique, la meilleure du championnat. La deuxième ligne rennaise, dans l’avancée, faisait quant à elle vivre le ballon jusqu’à Noble qui, d’une claquette sur un pas, offrait un décalage aux gazelles. Les arrières bretons traversaient une grande partie du terrain synthétique et pénétraient dans la zone de marque. Le ballon rebondissait ensuite jusqu’à l’aile de Clément Cavalière pour un essai imparable (9-29, 52ème).
Avec le bonus offensif en poche, on pensait que le leader se dirigeait vers un cavalier seul. C’était sans compter sur l’abnégation du Stade Nantais devant son public, puisqu’en une petite minute, la rencontre basculait. Joffrey Gauzins, l’arbitre du soir, sortait deux jaunes successifs à l’encontre du REC, tout en accordant un essai de pénalité pour maul écroulé (16-29, 60ème).
Les Nantais ne tardaient pas à profiter de cette double supériorité en marquant un deuxième essai dans la foulée. Une grande sautée vers le grand large envoyait Arthur Onesime en terre promise. Dylan Pierre transformait en coin (23-29, 66ème) et le public local, quelque peu refroidi jusqu’alors, retrouvait des couleurs.
D’une efficacité toujours redoutable, le REC reprenait de l’air grâce à une pénalité convertie par Quentin Lalarme (23-32, 70ème), tandis qu’entre-temps, Nantes gâchait encore une belle munition. Pour se payer un point de bonus défensif, les troupes du capitaine Georges Souvent poussaient jusqu’au bout et obtenaient une ultime pénalité au bout du temps règlementaire. Dylan Pierre, autour d’un 100% au pied, ne tremblait pas et offrait une maigre récompense aux Éléphants : 26-32, le score final de ce derby.
Le Stade Nantais (5ème, 49 points) peut nourrir quelques regrets, après cette fin de partie totalement à son avantage. Ce point glané face au leader lui permet tout de même d’avancer et de continuer à ambitionner les phases finales. Le week-end prochain, un déplacement sur le terrain de Vienne (4ème, 50 points), qui vient de leur passer devant au classement, est prévu au calendrier.
Le Rennes Etudiant Club (1er, 61 points), d’une efficacité clinique, a réalisé le coup parfait à l’extérieur en prenant des points sur chaque incursion dans le camp adverse. La réception d’Aubenas (11ème, 36 points) se profile samedi prochain pour les Bretons qui font plus que jamais office de grands favoris dans cette poule 1.
Les réactions
Florent Bonnefoy, manager du Stade Nantais : « On a fait face à une équipe hyper pragmatique, hyper réaliste. Ce qui m’embête, c’est que c’est quelque chose que l’on avait ciblé et je trouve qu’on leur a donné beaucoup d’opportunités faciles, notamment en première mi-temps. On les a laissés trop facilement entrer dans notre camp et, une fois en position de marque, on s’exposait face à cette très bonne équipe de Nationale 2.
Je retiens toutefois l’état d’esprit de mes joueurs : les changements ont apporté une vraie énergie positive en deuxième période, on a remis la main sur la conquête et cela nous a permis d’aller chercher un point de bonus défensif qui reste une bonne opération au vu du scénario. Je regrette que l’on n’ait pas pris les points lorsque l’on était à moins neuf, on avait vraiment le Momentum. On est encore une jeune équipe en construction qui ne va rien lâcher pour aller chercher la qualif. Dans cette poule ultra serrée, peut-être que ce point-là comptera à la fin. »
Vincent Brehonnet, entraîneur des arrières du REC : « On fait un match un peu à deux vitesses. On n’est pas tout à fait raccord sur la stratégie mise en place par nos joueurs en début de partie, notamment sur le jeu au pied. On sort à la mi-temps avec un matelas d’avance assez conséquent, et après, il y a ce tournant avec les deux cartons jaunes en une minute. Dans le contenu, il y a toujours à redire, mais ça reste important de pouvoir s’imposer dans ce derby, de surfer sur la victoire du week-end dernier face à Orléans en attendant la venue d’Aubenas.
Je pense que ce qui a fait la différence, c’est que l’on a dominé les affrontements, en attaque comme en défense. Et en zone de marque, on a su scorer à chaque fois. En plus des mauls, on arrive à marquer sur des séquences bien maîtrisées. On attend le résultat d’Orléans pour voir si l’on prend un peu d’air au classement (Orléans s’est imposé 16-14), car l’objectif est de s’assurer une des deux premières places du groupe. »
La feuille de match
À Nantes (stade Pascal Laporte) : Stade Nantais 26 – 32 Rennes Etudiant Club (mi-temps, 9-24)
Affluence : 2400 spectateurs
Arbitres : Joffrey Gauzins assisté de Fabrice Alejo et Romuald Le Roux
Pour Nantes : 2 essais de pénalité (60e) et par Onesime (66e); 1 transformation par Pierre (67e) ; 4 pénalités par Pierre (11e, 14e, 18e et 80e).
Pour Rennes : 4 essais par Fau (3e et 26e), Vérité (38e) et Cavalière (52e); 3 transformations par Noble (3e, 26e et 38e); 2 pénalités par Noble (12e) et Lalarme (70e).
Composition Stade Nantais :
Entraineurs : Florent Bonnefoy (manager et coach des arrières) et Sébastien Zamia (coach des avants)
Composition Rennes :
Résultat des espoirs : Nantes 26 – 23 Rennes