La suspension de tous les championnats liée à la crise du Coronavirus a poussé les instances nationales à envisager plusieurs hypothèses de reprise chez les professionnels. Pour les amateurs, la question se pose aussi. Et même si les enjeux, financiers notamment, ne sont évidemment pas les mêmes, ils restent réels. Nous avons sollicité des présidents et entraîneurs, pour qu’ils expriment leurs points de vue…
Benoît Trey (président de Blagnac, 2ème poule 3 fédérale 1)
Considérez-vous que la saison 2019-2020 soit terminée ?
La santé passe avant le rugby, toute autre considération serait déplacée. Maintenant, pour répondre, il y a deux scénarios possibles car il est difficile de se positionner. Le premier, avec une reprise de saison en mai-juin, avec des phases finales si possible à disputer, important pour les recettes et la montée pour certains clubs concernés. Mais l’autre scénario serait de considérer que la saison est terminée oui. Dans ce cas, il faut repartir de zéro, et officialiser une saison blanche. Mais ce n’est pas notre souhait. Quitte à jouer des phases finales raccourcies, sur terrain neutre.
Au niveau sportif et financier, quelles seraient les conséquences d’une saison blanche ?
Il reste un tiers de saison, donc l’impact financier serait colossal, il nous manquerait 30% du budget environ, sur un budget de 1,2 millions, c’est énorme. On parle d’un manque de 10 à 13% chez les pros. Mais chez les Amateurs, même en fédérale 1, nous serions privés de ressources lors des matchs, mais nous aurions des pertes sèches liées à nos partenaires. Chacun essaye de sauver sa patrie avant de parler de soutien au club, et je peux le comprendre. Mais on travaille en coulisses pour amortir ce choc. On fait le nécessaire pour lancer la suite de la phase 3 de notre projet cap 2022. On a mis une cellule en place pour maintenir le lien entre tous les acteurs concernés le club. On a mis en place un système de visio-conférence chaque vendredi à 11h avec les joueurs et les joueuses, c’est important.
Benoit Sibra (co-président Castelnaudary, dernier de la poule 5 en fédérale 2)
Considérez-vous que la saison 2019-2020 soit terminée ?
La saison semble bel et bien terminée oui. Je ne vois pas comment elle pourrait reprendre dans ce contexte.
Si oui, Pensez-vous qu’il serait préférable d’annoncer cette saison comme « blanche », sans tenir compte des montées, ni des descentes ?
Le plus simple serait de la considérer comme blanche en neutralisant les montées et les descentes. C’est clair que les clubs qui étaient programmés pour monter et qui avaient engagés de gros moyens seraient les premiers impactés, mais comment faire autrement.
Au niveau sportif et financier, quelles seraient les conséquences d’une saison blanche ?
Côté sportif, il faut se recentrer sur l’essentiel, la situation sanitaire dans notre pays, et dans le monde, est bien plus importante qu’un simple résultat sportif. De notre côté, nous souhaitons beaucoup de courage à nos partenaires qui subissent une situation inédite et nous allons repartir au travail pour préparer au mieux la prochaine saison dès que nous le pourrons.
Serge Pratmarty (président Balma, 7 ème poule 5 fédérale 2)
Considérez-vous que la saison 2019-2020 soit terminée ?
Comment après 4 voire 6 semaines d’arrêt des entraînements, nous pourrions demander aux joueurs de se remettre à jouer ? On peut craindre une avalanche de blessés si tel était le cas. Néanmoins, tous les joueurs ont reçu un programme de préparation physique, un peu comme en début de saison. Nous nous préparons le moins mal possible, à une reprise du championnat. Difficile de parler d’un calendrier si on ne sait pas à quelle date les mesures de confinement seront levées. Il reste cinq dates à disputer, voire six pour certains. Si on table sur une levée du confinement le 3 mai, le championnat se termine le 14 juin. Il n’y aura pas de championnat de France. On limite les descentes aux derniers de poule. Les premiers de poules disputent entre eux un barrage le 21 juin et les vainqueurs montent.
Joël Castany (président LEUCATE – 8ème poule 4 de fédérale 2
Considérez-vous que la saison 2019-2020 soit terminée ? Si oui, faut-il la déclarer comme « blanche » ?
Tout cela semble bien dérisoire à côté de ce que nous vivons aujourd’hui, sans parler de la situation économique qui nous attend. Le rugby est un loisir, pour nous les amateurs, il passe après nos devoirs de citoyens. Cependant, je me permets une remarque : après cette crise, rien ne sera comme avant, les moyens économiques consommés par le rugby ne seront plus ce qu’ils étaient. Je veux dire que le fonctionnement de certains dirigeants ne sera plus d’actualité, ils se rendront compte des erreurs commises en matière de financement, abusif. Les professionnels devront réduire la voilure, les amateurs aussi. Mais vous verrez que les joueurs courront aussi vite qu’hier malgré tout.
Juan DUBOST (Co-président Grenade Sports, 6ème poule 12 fédérale 3)
Considérez-vous que la saison 2019-2020 soit terminée ?
La situation sanitaire risque de durer encore une trentaine de jours, il semble donc compliqué de finir la saison, avec les matchs retours et des phases finales. D’autant plus qu’il faut assurer une phase de ré-athlétisation des joueurs, afin d’éviter tout risque de blessures graves.
Pensez-vous qu’il serait préférable d’annoncer que cette saison « blanche », sans tenir compte des montées, ni des descentes ?
Il semble judicieux de déclarer la saison comme blanche. Il y aurait deux options possibles : geler les poules sans montées ou descentes, ou passer les poules à 14 l’année prochaine pour les montées.
Au niveau sportif et financier, quelles seraient les conséquences d’une saison blanche ?
L’économie des clubs amateurs est gravement impacté, car les partenariats sont stoppés, du fait que la crise, économique cette fois, va probablement impacter l’ensemble des entreprises locales. Il n’y a plus de recettes, plus d’entrées de matchs, plus de buvette également. Il faut a minima que la FFR stoppe les divers prélèvement sur les comptes club. Il faut aussi mettre en œuvre un fonds de solidarité pour soulager financièrement les clubs amateurs (subvention spéciale FFR ou jeunesse et sports) pour pouvoir repartir la saison prochaine.
Max Santa (président Servian Boujan Rugby – 1er de la poule 11 de fédérale 3)
Michel KOEHL (président REVEL – 11ème et avant dernier de poule 11 fédérale 3)
Considérez-vous que la saison 2019-2020 soit terminée ?
Difficile de considérer quoi que ce soit, ne sachant pas combien de temps va durer la période de confinement. Sans autre information, nous restons pour le moment dans l’expectative. Dans tous les cas, un redémarrage après la période de confinement sera très compliquée. Plus la période de confinement sera longue, plus la relance posera des problèmes en termes de préparation physique, de motivation, de disponibilité des joueurs, de débordement du calendrier sur la période des congés etc…. Est-ce jouable ? Je ne le crois pas. Il nous paraîtrait raisonnable de considérer la saison comme terminée. Cette décision permettrait à tous les clubs de recentrer tous leurs efforts sur la préparation de la saison 2020-2021.
Dans ce cas, pensez-vous qu’il serait préférable d’annoncer cette saison « blanche », sans tenir compte des montées, ni des descentes ?
Cela serait effectivement une bonne solution même si l’on sait qu’elle ne satisfera pas tout le monde. Mais est-il raisonnable d’annoncer autre chose ? Dans un cas de force majeure et en prenant bien en compte la situation à sa juste valeur, existe-t-il d’autres solutions ?
Au niveau sportif et financier, quelles seraient les conséquences d’une saison blanche ?
Dans les deux cas, les retombées semblent négatives. L’enjeu aujourd’hui restant la lutte contre une pandémie ; dans ce contexte est-ce que parler de conséquences d’une année blanche dans un sport amateur a un sens ?
Franck Mondon (président Vallée du Girou, 6ème, poule 10 fédérale 3)