Les moins de 20 ans, voire plus, n’ont pas vu jouer Olivier Merle, redoutable deuxième ligne mesurant 1.98m pour 135kg. International à 45 reprises entre 1993 et 1997, période pendant laquelle le mammouth (passé auparavant par Grenoble) a porté haut les couleurs de l’AS Montferrand. Le physique hors normes de l’ancien lanceur de poids lui a valu deux surnoms éternels : le massif central et, par les médias étrangers, celui de « l’homme et demi ». Un surnom qui convient parfaitement à Didier Hoareau, dont le parcours ovale et personnel, est pour le moins, particulier…

« En minimes, on jouait avec des maillots de l’équipe sénior… »
2017, nous vous avions présenté Julien Rivière, l’ouvreur (très) solide au poste (1.68m pour 104kg) plus connu sous le pseudo de Marcassin.
2.07m pour 170kg… 50 et1/2 en chaussure – voilà qui vous pose un homme, le décor, et une balance. Didier Hoareau, natif de la Réunion a fait ses premiers pas dans le rugby, à l’Etang Salé, à 11ans. Et quels pas. Le jeune homme mesurait déjà 1.86m, pesait 100kg : « Je n’étais pas le plus grand de l’équipe pourtant, mon coéquipier en 2ème ligne mesurait par exemple 1.98m pour 115kg, mais comme les autres, il a arrêté de grandir… pas moi. » sourit le grand gaillard, qui rajoute « on jouait en minimes avec des maillots séniors ».
Didier jouera jusqu’à 19 ans sur l’ïle de la Réunion. Une sérieuse blessure à l’épaule, couplée à une arrivée en métropole pour poursuivre ses études en école hôtelière, met un terme à sa carrière ovale. Car oui, le solide devient apprenti dans un restaurant étoilé. Il apprend vite et bien, au point de devenir chef pâtissier. En parallèle, il devient papa de deux enfants. Autant dire que la pratique du rugby n’est plus envisageable.
Mais à 34 ans, le Réunionnais veut donner un nouvel élan à sa carrière professionnelle, et avec sa compagne, prévoit de créer une boutique traiteur sur Châteaurenard. Après la restauration de luxe, le luxe est finalement de pouvoir se dégager du temps, pour soi, en famille. Tout en souhaitant bien nourrir les « Bouches du Rhône ».

« De 180 à 168kg… »
Un changement de vie et une volonté qui ne sont pas passés inaperçus auprès de son ami Geoffrey Teyssier, ancien demi de mêlée, devenu dirigeant du XV Saint-Rémois. Ce dernier, à force de ténacité, parvient à convaincre notre héros du jour de rechausser ses crampons 15 ans après les avoir rangés. Du moins, à en acheter une nouvelle paire, du 50 1/2 s’il vous plaît.
« J’ai signé au mois d’août, mais avec mon boulot, je n’ai vraiment pu commencer à m’entraîner qu’en octobre. Je sui passé de zéro heure de sport par semaine à 8 heures ! C’était très dur… » Il faut dire qu’avec 180kg sur la balance, notre pâtissier a le souffle court, mais voit les progrès après quelques semaines : « A force de m’entraîner, j’ai rapidement perdu du poids, je suis descendu à 168kg aujourd’hui. Mon poids de forme ? 120-130kg… mais ce n’est pas ce que je vise. »
Non, l’objectif de cette saison de retrouvailles avec le ballon ovale, c’est d’abord et avant tout de prendre du plaisir. A 34 ans (bientôt 35, au mois de mai), Didier se fixe ses propres objectifs : « Le plaisir de jouer, bien connaître les règles car elles ont beaucoup changé en 15 ans, et mieux connaître mes coéquipiers aussi, pour vivre avec eux une saison pleine l’année prochaine. »
« Le platane » ou l’accident de voiture ambulant »
En tout cas, ses coéquipiers eux, ont vite appris à connaître « le platane » comme ils l’ont rapidement surnommé : « J’ai cassé deux côtes à un collègue à l’entraînement… du coup, j’ai droit à un autre surnom : l’accident de voiture ambulant. »
Pour la dernière ligne droite de sa saison 2024-2025, Saint-Rémy-de-Provence va éviter l’accident de parcours, car le club bataille pour rester en Régionale 2. A quatre matchs du terme, rien n’est fait, loin de là. Mais le fait que Didier Hoareau retrouve du ballon et surtout, de l’endurance, est sûrement un atout… de poids.
« J’ai joué des bouts de matchs au début, là, j’arrive à tenir 20 minutes. J’entends bien faire une saison pleine l’année prochaine ». La motivation du deuxième ligne – traiteur – Pâtissier à porter le maillot du XV Saint-Rémois ravit tous les supporters de la petite capitale des Alpilles. Enfin, quand il arrive à y rentrer. Comme le mois dernier, avec le deuxième jeu de maillots du club, noir, avec lequel lequel Didier a connu quelques soucis : « L’équipe adverse jouait dans les mêmes couleurs que nous, on a sorti le deuxième jeu, mais je n’y rentrais pas. J’avais un t-shirt noir Marvel, l’arbitre n’était pas très favorable, mais a finalement accepté car je suis rentré en fin de match. »
Aligné en n°19 ce dimanche sur la feuille de match contre Bédarrides, Didier est pourtant entré à l’heure de jeu avec le numéro 23 dans la dos : « C’est le seul dans lequel je rentre de toute façon ». Qu’on se le dise, si vous faites face à l’homme et demi du rugby amateur français, ne lui parlez pas de sa ganache, il pourrait mal vous comprendre. Et alors là, ce ne serait pas du gâteau pour vous…


Les Poids lourds du rugby amateur…
Reportage – Julien Rivière, l’ouvreur (très) solide au poste