Plongé dans l’univers du rugby depuis sa tendre enfance, Clara Breil a choisi de perpétuer la tradition familiale, mais au sifflet. Nous l’avions mise en lumière en début de mois quand elle avait déclinée un bise réclamée par un joueur, avant de subir un plaquage en plein match (voir l’article : « Insolite : Mme l’arbitre met un vent avant de se faire plaquer »). A 20 ans, elle a trouvé sa place dans le petit monde ovale, elle nous raconte son parcours, son point de vue sur le rugby féminin, et quelques anecdotes… (photos Christophe Fabriès)
A quand remonte ta passion pour le rugby ?
Je crois que le rugby c’est souvent une histoire de famille. Pour moi, c’était mon père et mon frère, qui jouaient au TEC, et mon oncle qui arbitrait. Le rugby, le club de rugby ce sont vraiment des souvenirs de mon enfance, j’y ai passé du temps. Mais j’ai attendu d’arriver au lycée pour me lancer, et depuis, je suis toujours-là à arbitrer.
Ton oncle a donc été celui qui t’a inspirée ?
La personne qui m’a inspiré et m’inspire toujours aujourd’hui, au niveau de l’arbitrage, c’est mon oncle oui. C’est d’ailleurs lui qui m’a fait connaitre ce milieu.
Est-ce que tu t’es fixée des objectifs, ou bien, toi aussi, tu prends les matchs les uns après les autres ?
C’est difficile de répondre à cela, si ce n’est de dire que j’irais jusqu’où mes capacités et mon envie m’amèneront.
Comment se passent les matchs quand tu arbitres les garçons, qui plus est, des séniors ?
Les matchs se passent bien dans l’ensemble, il y a des matchs plus compliqués, mais comme pour tous les arbitres je crois. Si on est toujours là, c’est qu’on prend toujours autant de plaisir à aller arbitrer le week-end, que ce soit des filles ou des garçons.
Nous avons parlé il y a quelques semaines, de ta mésaventure avec un joueur qui a voulu te faire la bise avant le match, puis un autre qui t’a plaqué en pleine action (voir l’article). Tu peux nous en dire plus ?
(Rires) Pour le joueur qui a voulu me faire la bise c’était assez drôle oui. Ce n’est pas la première fois que ce genre de situation m’arrive, les joueurs ne comprennent pas toujours que je suis l’arbitre même si je suis à la table avec le président du club et à côté du représentant fédéral. Donc à Briatexte, alors que je buvais un café, le joueur est arrivé pour dire bonjour à tout le monde, et donc à moi également. Après avoir serré la main au représentant fédéral, il s’approche pour me faire la bise et moi, je tends ma main. Mais rien à faire, il tenait absolument à me faire la bise donc je lui ai dit que j’étais l’arbitre. Au moment où il a compris, il était assez gêné, voire très gêné, et il est donc parti (rires). Pour ce qui est du joueur qui m’a plaqué en plein match, je n’ai absolument pas vu qui c’était. Je n’ai pas vraiment compris ce qu’il se passait sur le coup. J’ai essayé de me relever au plus vite. Ce qui est sûr, c’est que le public aura bien ri de ce moment.
Est-ce plus difficile de se faire respecter quand on est une fille ?
Je ne peux pas l’affirmer, cela dépend vraiment des personnes que l’on a en face. Ce que je constate personnellement c’est qu’il n’y a pas de demi-mesure, soit les joueurs sont très respectueux, soit ils « se lâchent » dans l’irrespect. Mais dans l’ensemble, les arbitres sont respectés au rugby, et il ne faut pas que ça change bien sûr.
Justement, quelle est ta vision de l’arbitrage en général ?
L’arbitrage pour moi, au-delà de la passion du rugby, c’est vraiment important dans la vie de tous les jours. Ça nous apprend à prendre une décision, à n’écouter que les remarques constructives. Cela apprend surtout l’expression orale, savoir s’exprimer, savoir être clair. Mais l’arbitrage c’est aussi une passion qui, je pense, n’est pas explicable et pas forcément comprise de beaucoup de personnes. Certes, l’arbitrage ne convient pas à tout le monde mais beaucoup, comme moi, y ont pris goût et, ce qui compte surtout, c’est de prendre du plaisir à arbitrer.
Et ton point de vue sur le rugby féminin ?
Même s’il y a de plus en plus de filles, l’arbitrage féminin n’est pas encore très développé. Pourtant, il faut savoir qu’il y a beaucoup de moyens qui sont mis en place pour accompagner les arbitres féminines, on est vraiment bien encadrés.
Pour terminer, peux-tu raconter une anecdote sympa pour les lecteurs de RugbyAmateur.fr ?
Je n’ai pas beaucoup de choses très marrantes à raconter, puisque le super plaquage en plein match, vous en avez déjà parlé (rires). J’en étais certaine d’ailleurs quand j’ai vu la photo. Sinon, ce que je vais raconter à du arriver à beaucoup d’autres arbitres filles, puisque simplement après un match il y a parfois des joueurs qui lancent des demandes d’amis sur les réseaux sociaux… Une fois, c’est toute l’équipe qui a décidée de m’ajouter. Mais je ne dirai pas laquelle (rires), même pour RugbyAmateur !